mardi, mai 13, 2008

Petite histoire (vue par un bout de la lorgnette) de Saül.

L’histoire de Saül, premier roi des 12 tribus d’Israël, est rapportée dans le premier livre de Samuel. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce brillant jeune homme n’a pas de chance. Il fait tout faux, car en n’obéissant pas, il se disqualifie comme roi. Car et c’est certainement là un des enseignements donné par le ou les rédacteurs, pour perdurer en Israël, il faut d’abord accepter d’obéir (c’est bien ce qui sera valorisé par la suite dans les chants du serviteur). On peut presque se demander ce que  Dieu avait en tête pour choisir, certes un bel homme (qui dépassait tout le monde d’une  tête), mais qui très rapidement sera amené, alors que l’Esprit avait pourtant fondu sur lui, à prendre des décisions qui provoqueront sa mise à l’écart.

 

Nous sommes habitués dans nos livres d’histoires à avoir des représentations un peu merveilleuses de nos rois. Là il n’en est rien. D’ailleurs, même en ce qui concerne David, le rédacteur n’est pas tendre, car David chef d’une bande de petits malfrats (Robin de bois avant l’heure) est menteur comme un arracheur de dents ( voir mon billet : plus menteur que moi).

Alors voici une histoire de Saül .

Moi Saül je suis de la tribu de Benjamin, le dernier fils de Jacob. Le nom de ma tribu veut dire fils de la main droite, et si vous vous souvenez de l’histoire de notre installation dans ce pays, vous devez vous souvenir que même les gauchers (ceux qui ont la main –droite-liée) sont chez nous des combattants d’élite. N’est ce pas Ehud, le gaucher, qui assassina le roi de Moab et nous fit sortir de l’asservissement au roi de Moab ?

 

En fait, il y a de nombreuses années, ma tribu a failli être exterminée par les autres tribus d’Israël, pour une sombre histoire de concubine dont les benjaminites qui vivaient à cette époque là dans la ville Gibéa auraient abusé. Toutes les tribus se sont alors liguées contre nous, y compris bien sûr celle de Juda qui a été la première à donner l’assaut que nous avons repoussé ce jour là. Notre ville a été mise à sac et s ‘il n’y avait pas eu 600 hommes pour prendre la fuite et se cacher dans le désert, ma tribu aurait été exterminée. Mon arrière arrière grand pèreAphiap a été un des ces survivants. On raconte que comme toutes leurs femmes avaient été tuées, et que les tribus avaient fait le serment de ne pas nous donner de filles de leur tribus, il nous a fallu (en fait avec leur aide, car ils se repentaient de ce serment) dévaster la ville de Yabesh en Galaad pour « capturer » uniquement les filles vierges, puis de commettre une rapt sur les danseuses de Silo lors d’une fête. Nous avons ensuite rebâti nos villes, mais ce passé, nous ne pouvons pas l’oublier facilement. Tout ça à cause d’un lévite, un de ces hommes sans terre que nous devons entretenir. Ce passé, il a existé et ce n’est pas simple pour moi, encore aujourd’hui de me sentir en union avec les frères. 

Le peuple, après les défaites infligées par les Philistins qui nous réduisaient en esclavage, a demandé un roi, pour avoir un chef comme tous les autres peuples. Le juge (en titre) Samuel n’était pas chaud du tout, car pour lui avoir un roi cela voulait dire que notre Dieu des armées ne serait plus le roi de notre peuple. Mais j’ai été choisi. Je me demande encore pourquoi, car le jour où les tribus se sont réunies pour répondre à la convocation de Samuel, moi je me suis caché dans les bagages, tellement j’avais peur d’être l’élu. Certes j’avais reçu l’onction grâce à mon serviteur qui connaissait l’existence de Samuel et voulait le consulter pour savoir où nos génisses avaient disparu. Les génisses ont été retrouvées et moi j’ai été choisi. J’avais même été rempli par l’Esprit qui a fondu sur moi et m’a rendu un peu fou. Etre choisi, cela veut dire représenter notre peuple et être obligé de me battre contre ces Philistins de malheur. Certes il y a des avantages à la royauté mais Samuel ne semble pas du tout décidé à abandonner sa charge de « juge et de prêtre » et moi, là dedans comment vais-je être le Roi de ces 12 tribus qui bien souvent ne s’entendent pas du tout?

 

Même si j’ai été vainqueur, très vite j’ai fait ce qui déplait à notre Dieu et voilà la liste de tout ce que j’ai mal fait. En fait je crois qu’il s’agissait d’épreuves, comme jadis pour notre père Abraham. Je n’ai pas eu sa sagesse (d’ailleurs je suis un homme jeune) et j’ai fait ce qui me semblait « politiquement correct ».

Samuel m’avait fixé un rendez vous à Gilgal (1SM 11) pour offrir un holocauste à l’Eternel, et de mon point de vue (je l’ai attendu me semble t il le temps fixé), il fallait agir et offrir cet holocauste. Et surtout je voyais que les hommes convoqués pour aller se battre retournaient tous chez eux. Alors un roi doit être capable de prendre des initiatives, et là je ne sais pas trop si c’est Samuel ou si réellement Dieu s’est adressé à lui, mais d’après lui, j’aurais désobéi et de ce fait il m’a dit que ma royauté ne tiendrait pas. Et pourtant j’ai des fils, qui doivent me succéder, alors cela m’a fortement déplu, et j’ai fait la sourde oreille.

Et puis par la suite, il m’a semblé que le Seigneur était avec moi, car il a permis des victoires inespérées en semant une confusion totale chez nos adversaires qui se sont entre tués eux-mêmes sans que nous ayons rien à faire.

 

Ensuite J’ai failli tuer mon fils de ma propre main car il avait transgressé un ordre dont il n’avait pas eu connaissance. Je ne sais pas si cela est aussi une faute, mais le peuple m’en a voulu, car c’est grâce à l’initiative de Jonathan que nous avions remporté une grande victoire sur les Philistins. Heureusement le peuple ne m’a pas suivi et m’a permis d’éviter la mort de mon fils. Mais parfois je me suis demandé si cela n’aurait pas simplifié la suite de ma vie, car mon fils, mon héritier est devenu un traître à son propre père en faisant alliance avec ce David, cet petit berger de la maison de Juda que Dieu a décidé de choisir pour prendre ma place. Pourtant autrefois les juges avaient droit de vue ou de mort sur leur descendance (Jephté), pourquoi ai-je du plier ?

 

Yahvé nous a demandé d’exercer contre le roi des Amalécites une sorte de vengeance car ils ne nous avaient pas aidés lors de notre passage sur son territoire au temps de Moïse. (1Sam 15). Mais je n’ai pas mis à mort cet homme et tous leurs biens n’ont pas été donnés à Yahvé. Il fallait quand même que mes hommes y trouvent leur compte. A nouveau c’est ma désobéissance qui a été mise en avant et là il m’a été dit, que parce que j’avais rejeté la parole de YHWH, je n’étais plus roi. Et pourtant j’avais reçu l’onction et tout le peuple croyait en moi.

C’est à partir de ce moment que je suis devenu soupçonneux envers tous ceux qui me servaient et qui auraient pu prendre ma place. Ce David, qui a tué le philistin Goliath avec une fronde (comme si nous n’étions pas capables de faire la même chose, puisque même des gauchers sont des frondeurs d’élite), celui-là il m’inquiète et si la main de Yahvé n’avait pas été sur lui, il aurait du mourir. J’ai même du lui donner ma deuxième fille, mais cela ne suffit pas pour en faire mon successeur.

Comme David, s’est caché pour que jen e puisse le mettre à mort (ma propre fille a même aidé à son évasion) diverses personnes pour se faire bien voir de moi me disent où il se cache; c’est ainsi que j’ai appris que le prêtre de Nob l’avait aidé dans sa fuite et surtout lui avait fourni l’épée de Goliath (1Sam 22).  Alors lui et sa famille et tous les prêtres de son sanctuaire, je les ai fait mettre à mort. Yahvé m’en voudra-t-il ? Mais moi je dois protéger ma descendance et David ne doit pas régner à ma place ou à celle de Jonathan.

J’avais voulu et j’espère que cela me sera retenu comme quelque chose de bien par Yahvé, ôter de mon peuple toutes ces pratiques de divinations et de nécromancie. Mais quand j’ai vu que les Philistins se préparaient à nous envahir et que les prêtres qui consultaient notre Dieu pour moi, n’avaient pas de réponses, alors j’ai cherché une femme qui me mettrait en relation avec Samuel (1Sam 28 ). Moi le roi, je me suis déguisé et je me suis fait passer pour un autre. J’aurais mieux fait de ne rien faire, car certes Samuel m’est apparu, mais il m’a redit que Yahvé s’était détourné de moi, que la royauté serait donnée à David et à sa descendance et que moi et mon armée serions livrés aux Philistins.

 

Personne ne sait vraiment comment je suis mort au combat. Ce qui est certain c’est que je ne voulais pas tomber vivant dans les mains des Philistins (et donner ensuite une occasion de victoire à David, ce qui m’aurait humilié comme il l’a fait par deux fois en me laissant la vie sauve). Alors j’ai demandé à mon écuyer de me donner la mort. Il a refusé et je me suis jeté sur mon épée, ce qui en soi est un suicide (1Sam31), donc encore une faute, mais qui est une belle mort. Mais le suicide n’est pas permis.

 

Finalement je ne suis peut-être plus à une faute près. J’espère que David aura bien du mal à trouver sa place et que les tribus n’accepteront pas de servir ce petit berger, ce petit brigand, cet intriguant. J’espère aussi qu’Abner mon chef de guerre restera de mon côté et permettra à ma descendance de régner sur Israël.  


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