samedi, mai 24, 2008

Une histoire de petit chaperon rouge: 2Sam 13.


Il était un fois un fils de roi, qui se nommait Amnon (Fidèle). Il était l'aîné des fils du roi David. Sa mère était Ahinoam de Yisréel. Un de ses demi-frères, Absalon avait pour mère une princesse, ce qui n'était pas son cas et il espérait  bien, maintenant que la royauté de son père semblait affermie et qu'il avait son propre palais à Jérusalem, faire un beau mariage, un mariage princier.

Seulement, dans le palais de son père, il y avait tous les enfants du roi et en particulier la soeur d'Absalon, la belle Tamar qui était la petite fille du roi de Geshur. 

Et Amnon en était devenu amoureux fou. Il la voulait, n'osait pas le dire et en perdait l'appétit. Il se mourait d'amour pour elle. Des amoureux transis, nous en connaissons tous. Mais il ne peut faire comme son père le roi David avec Betsabée. Lui ne peut l'envoyer chercher pour la connaître. 

Alors cela le travaille et il en perd le sommeil et l'appétit. 

Un de amis (qui semble plutôt être un oncle) cherche à comprendre ce qui se passe et lui conseille de faire le malade (comme le loup de la fable qui se transforme en grand-mère affaiblie et malade), et de demander au roi David que sa soeur vienne chez lui pour lui donner à manger. 

Un ordre du roi ne se transgresse pas, de même que le petit chaperon rouge ne met pas en question l'ordre de sa maman d'aller apporter de quoi manger à la grand-mère, même s'il faut pour cela traverser une forêt dangereuse.

Et voilà Tamar qui va chez son frère, avec ce qu'il faut pour faire des gâteaux, qui les prépare devant lui, les fait cuire et le sert. Mais ce n'est pas cette nourriture là qui intéresse le jeune homme. Ce qu'il veut c'est comme le loup: croquer du corps. 

Alors il lui demande de passer dans sa chambre (loin du regard des autres) ce qu'elle fait (peut-être que cela elle aurait du le refuser) et ce n'est pas les gâteaux qui sont saisis, mais la jeune femme (et le loup se jeta sur elle et la mangea). C'est elle qui est consommée. 

Malheureusement il n'y a pas de chasseurs pour ouvrir le ventre du loup (il y en aura un mais ce sera Absalon et il ne rendra pas à sa soeur l'honneur volé). Et l'histoire finit mal pour le petit chaperon rouge, d'autant que par un mécanisme psychologique elle devient objet de dégoût: Amnon n'en veut plus. Il refuse de l' épouser (ce qui aurait permis un "avenir" à cette jeune fille). 

Ce retournement m'a toujours paru très finement observé. Ce qui compte pour Amnon c'est de posséder un objet, mais une fois l'objet possédé, il perd tout son attrait et il devient mauvais, et menaçant car il va pouvoir révéler ce qui a été fait. De ce fait il devient impératif de le faire disparaître (de le tuer).  L'objet du désir devient objet de répulsion car il devient porteur de toute la violence interne d'Amnon. 

Que peut faire une femme face à un homme désirant qui de plus va la rendre responsable d'avoir suscité son désir?  Et qui du coup va se mettre à la haïr pour cela? 

Mais si on reprend la "geste davidique" racontée dans le deuxième livre de Samuel, de David, cet épisode qui conduira à la mort d'Amnon, puis à celle d'Absalon frère de Tamar est la conséquence de la convoitise de David pour la femme de Urie le hittite et de la mise à mort de ce dernier (même si David ne le fait pas de sa propre main). Car il lui a été signifié par le prophète Natan que même si la maison de David subsistera à jamais, l'épée ne se détournera plus jamais de sa maison (2SAM12,10). 

Il y a donc une logique qui n'est pas forcément celle qui nous plait: si YHWH fait mourir l'enfant de Bethsabée, pourquoi faut-il encore atteindre toute la dynastie? Mais la mort de cet enfant et les luttes entre les fils permettront l'avènement de Salomon, l'enfant remplacement...  

Ce texte, nous l'avons lu en groupe et c'est en le lisant avec d'autres que cette analogie avec les contes de Perrault (repris par les frères Grimm) m'est apparue, comme quoi la bible est un livre plein de surprises. 

 

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