Au chapitre 27 de la Genèse, Jacob grâce à la complicité de sa mère (qui le préfère parce qu'il est un homme tranquille Gn25,27) reçoit une bénédiction qui ne lui est pas destinée.
Isaac qui a des doutes sur l'identité de celui qui lui apporte le repas demandé finit par dire::
28 “Que Dieu te donne la rosée qui tombe du ciel,
les riches produits de la terre, du blé et du vin en abondance.
29 Que des nations soient à ton service,
que des peuples se prosternent devant toi.
Sois le maître de tes frères, qu'ils s'inclinent devant toi !
Maudit soit celui qui te maudira, béni soit celui qui te bénira ! ” »
Ce qui est étonnant c'est que la première partie de cette bénédiction semble bien s'accorder à Jacob qui n'est pas un chasseur comme son frère, mais un cultivateur ( comme Caïn). Et d'une certaine manière la prospérité des troupeaux de son beau-père Laban, ainsi que la postérité de sa descendance sont des réalisation de cette bénédiction.
Seulement cette bénédiction Jacob l'a volée, elle ne lui appartient pas vraiment.
Pourtant au chapitre 28, il reçoit une bénédiction en bonne et due forme avant de partir chez son oncle Laban pour y trouver femme mais surtout pour protéger sa vie.
Isaac appela Jacob et le bénit. Il lui donna cet ordre : « Tu n'épouseras pas une fille de Canaan, lui dit-il. 2Debout ! Va en plaine d'Aram à la maison de Betouël, le père de ta mère. Prends là-bas pour femme une des filles de Laban, le frère de ta mère.
3 « Que le Dieu Puissant te bénisse, te rende fécond et prolifique
pour que tu deviennes une communauté de peuples !
4Qu'il te donne la bénédiction d'Abraham,
à toi et à ta descendance,
pour que tu possèdes le pays de tes migrations,
le pays que Dieu a donné à Abraham. »
5 Isaac fit partir Jacob pour la plaine d'Aram auprès de Laban, fils de Betouël l'Araméen, frère de Rébecca, la mère de Jacob et d'Esaü.
6 Esaü vit qu'Isaac avait béni Jacob et l'avait envoyé en plaine d'Aram pour y prendre femme et qu'en le bénissant il lui avait donné cet ordre : « Tu n'épouseras pas une fille de Canaan. »
Seulement là encore cette bénédiction est obtenue par la ruse de Rébecca qui se plaint des mésalliances d'Esaü et non pas du désir de vengeance de ce dernier.
Il me semble que ce qui se passe lors du combat avec l'Ange (YHWH) et qui se termine par une demande de bénédiction permet à Jacob de devenir celui que Dieu attend pour être un des pères de son peuple.
Peut-être que la bénédiction reçue (et gagnée de haute lutte) ainsi que le nouveau nom répondent à ces deux bénédictions qu'il n'aurait pas du recevoir.
Je cite le texte dans la traduction de la TOB:
23 Cette même nuit, il se leva, prit ses deux femmes, ses deux servantes, ses onze enfants, et il passa le gué du Yabboq.
24 Il les prit et leur fit passer le torrent, puis il fit passer ce qui lui appartenait,
25 et Jacob resta seul. Un homme se roula avec lui dans la poussière jusqu'au lever de l'aurore. 26Il vit qu'il ne pouvait l'emporter sur lui, il heurta Jacob à la courbe du fémur qui se déboîta alors qu'il roulait avec lui dans la poussière.
27 Il lui dit : « Laisse-moi car l'aurore s'est levée. » — « Je ne te laisserai pas, répondit-il, que tu ne m'aies béni. »
28 Il lui dit : « Quel est ton nom ? » — « Jacob », répondit-il.
29 Il reprit : « On ne t'appellera plus Jacob, mais Israël, car tu as lutté avec Dieu et avec les hommes et tu l'as emporté. »
30 Jacob lui demanda : « De grâce, indique-moi ton nom. » — « Et pourquoi, dit-il, me demandes-tu mon nom ? » Là même, il le bénit.
31 Jacob appela ce lieu Peniel — c'est-à-dire Face-de-Dieu — car « j'ai vu Dieu face à face et ma vie a été sauve ».
32Le soleil se levait quand il passa Penouël. Il boitait de la hanche. 33C'est pourquoi les fils d'Israël ne mangent pas le muscle de la cuisse qui est à la courbe du fémur, aujourd'hui encore. Il avait en effet heurté Jacob à la courbe du fémur, au muscle de la cuisse.
On peut dire si on colle au texte que Jacob qui a peur des réactions de son frère (et à juste titre) une fois de plus invente un stratagème. Il met entre son frère et lui-même sa famille et tous les biens (versets 23-24). Ce n'est pas très très brillant.
Lui, il ne passe pas le Yabboq, il reste en arrière presque à l'abri. Après tout si la rencontre avec Esaü se passe mal; il pourra toujours repartir en arrière en laissant en otage ses biens, lui aura la vie sauve. Jacob ne brille pas par son courage.
Or cette nuit là, il va être obligé de se battre pour défendre sa vie. Seulement il ne sait pas contre qui il se bat. Simplement il lutte dans la poussière. Avant le lever du soleil l'homme pour essayer de vaincre Jacob termine la lutte par un coup bas (ce que Jacob a fait d'ailleurs par deux fois à son frère.
Le combat avec l'homme (ange) se termine par une bénédiction (dont nous n'avons pas les paroles) qui appartient désormais en propre à Jacob.
Je pense que l'on peut peut-être combler le blanc en y mettant la bénédiction donnée à Abraham après la ligature d'Isaac, puisque tous deux ont été vainqueurs de l'épreuve qui leur a été proposée.
15 L'ange du SEIGNEUR appela Abraham du ciel une seconde fois
16 et dit : « Je le jure par moi-même, oracle du SEIGNEUR. Parce que tu as fait cela et n'as pas épargné ton fils unique,
17 je m'engage à te bénir, et à faire proliférer ta descendance autant que les étoiles du ciel et le sable au bord de la mer. Ta descendance occupera la Porte de ses ennemis ; 18 c'est en elle que se béniront toutes les nations de la terre parce que tu as écouté ma voix. »
Mais non seulement Jacob n'est plus un usurpateur, la bénédiction lui appartient en propre, il l'a gagnée, il ne l'a pas volée, mais surtout il reçoit un nom qui deviendra celui de tout ses descendants: Israël.
Donner un nom c'est faire de l'autre un nouvel être et toute naissance d'un homme nouveau est bénédiction. Cette bénédiction là, elle appartient en propre à Jacob personne ne pourra la contester.
Voir aussi mon autre billet: http://giboulee.blogspot.com/2008/11
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