samedi, février 06, 2010

Abondance...

Jn 10, 10 « Je suis venu pour qu’on ait la vie et que vous l’ayez en surabondance ».


"Quand le silence devient créateur de plénitude"

Quand on lit les évangiles, on (je) est souvent frappé par la notion d’abondance. Jésus guérit « tous les malades, tous les possédés », il se laisse toucher (à la limite de l’étouffement) par tous, il nourrit toute la foule et il y a des restes, et il donne sa vie pour la multitude.

Or même si j’ai la chance d’être dans l’église du 21° siècle, souvent le rituel sacramentel ne me semble pas aller dans le sens de cette abondance qui symboliquement renvoie pour moi à l’ une des caractéristique de Dieu Père.

Je sais très bien que la communion quotidienne des laïcs n’est pas si ancienne que cela et je me réjouis de cette possibilité. Mais ce petit morceau qui colle parfois au palais, absolument sans saveur (je parle des hosties blanches par rapport aux hosties brunes qui ont du goût et un certain craquant) d’une certaine manière me laisse sur ma faim, même si je sais que ça n’a pas d’importance. Seulement je suis un être humain et les signes utilisés sont importants. Je voudrais relater ce que j’ai vécu lors d’une assemblée eucharistique du dimanche il y a quelques temps, et comment j’ai pu vivre cette divine abondance.

Au moment le la consécration, le célébrant a laissé un silence important s’installer entre « prenez et mangez », et « ceci est mon corps livré pour vous». En fait aujourd’hui je me demande même si le « et » de la première phrase n’a pas été remplacée par un premier silence (le temps d’un soupir en solfège).

Cette scansion et la manière dont ces deux mots étaient dits : « prenez »c’est à dire servez vous, il y en a pour tout le monde et « mangez » à savoir vous pouvez vous sentir remplis par ce pain, rassasiés en quelque sorte, m’a fait immédiatement penser à la multiplication des pains et à cette abondance donnée par Jésus (ils en remplirent 12 couffins), abondance qu’il nous a promise : Jn 10, 10 « Je suis venu pour qu’on ait la vie et que vous l’ayez en surabondance ». Cette image de surabondance, de plénitude étant fréquente dans le quatrième évangile. Je pouvais me représenter Jésus,disant cela à ses disciples.

Il me faut aussi dire que les frères bénédictins du prieuré d’Etiolles, ne consacrent pas une hostie, mais en général trois si ce n’est plus, et que celles ci seront rompues pendant le chant de l’agneau de Dieu. Il y a différentes tailles et chacun peut choisir ce qui lui convient et passe ensuite le plat à son voisin ce qui permet réellement d’être dans le partage. Il n’y a pas surabondance mais abondance et le fait de prendre son temps et pour choisir le morceau d’hostie consacrée et pour la présenter à son voisin étaye en quelque sorte cette manière de prononcer les paroles de la consécration.

Mais dans les eucharisties aux quelles je participe habituellement il n’en est rien, et du coup je me suis posée une question sur cette abondance que Jésus dit nous donner. J’ai parfois l’impression qu’il traîne une image de l’être humain qui est si mauvaise, (il est si pécheur, il est si mauvais) qu’il ne faut jamais lui donner quelque chose qui pourrait le rassasier parce qu’il pourrait s’y habituer et réclamer toujours plus. Loin de moi de faire l’apologie de la gloutonnerie, mais quand jésus se donne il ne retient rien et parfois les signes permettent de mieux rentrer dans le mystère.Parfois j'ai un peu l'impression que'il traîne dans une certaine église la peur de donner des perles à des cochons..

Bien sûr dans la célébration à laquelle je fais référence, il en a été de même pour le vin. Dans le « Prenez et buvez », il y avait cette idée qu’il n’y a pas à se restreindre, qu’il y en aura pour tous.

Quand Jésus se donne, Il fait totalement, Il ne retient rien par devers Lui (et c’est bien en cela aussi que sa divinité et sa différence se manifeste). Ce n’est pas la peine de se dépêcher, de vouloir être servi le premier, non Il se donne et même s’Il se donne et est détruit, il demeure « entier », Il ne diminue pas. Et là encore j’ai ressenti cette même impression de plénitude. Une sorte de permis qui s’oppose tellement au défendu (ne pas toucher, ne pas lever les yeux comme si on allait être foudroyé par cette présence qui se réduit juste à un morceau de pain et à un peu de vin coupé d’eau).

Même si nous le consommons, même s’il devient partie intégrante de nous, même si dans la réalité il est détruit comme son corps a été détruit sur la croix, Il demeure inchangé, lui le Ressuscité. Il y a une plénitude, une totalité que cette minuscule hostie, souvent si fine ne permet pas de restituer.

Et puis dans la réflexion qui a suivi cette perception de plénitude, je me suis dit que ce pain, ce pain azyme au moment du repas pascal devait être servi chaud, et qu’il devait y avoir de quoi se nourrir. Je veux dire que ce devait être « bon » même s’il ne s’agit pas de pain levé. Jésus est l’agneau pascal qui va être immolé le lendemain.

L’agneau de la Pâques (celle de la sortie du pays d'esclavage) d’après ce qu’on peut lire dans l’Exode entièrement consommé, il ne devait rien en rester. Quant au sang de l'agneau de cet agneau, contrairement à ce qui se passe dans les sacrifices des prêtres dans le temple où le sang de l'animal est laissé à Dieu, il devait servir (en enduire les linteaux des maisons)t de signe pour que l’Ange exterminateur ne s’en prenne pas aux premiers nés du peuple choisi.

Désormais le sang tout signe de la vie qu'il soit n'est plus interdit à l'être humain. La permission de prendre la coupe et de boire ce qui représente le sang de celui qui va se donner me semble très important. C’est à la fois la fin d’un interdit de la première alliance (ce qui montre peut être que l’ancien monde s’en est allé Ap 21, 4) et que le signe que le salut "couvre" tous les hommes et les mets en relation avec le Père.

Maintenant quand on prononce d’un coup, "prenez et mangez, ceci est mon corps livré pour vous", ce que j’entends c’est " livré pour vous » parce souvent la voix du célébrant appuie sur la finale. Et peut être que je n’ai pas trop envie d’entendre cela parce que même si c’est vrai c’est un peu culpabilisant.

Je sais que j’exagère, mais je crois que je suis bien plus sensible à l’Amour de Celui qui donne et se donne qu’à me voir toujours de manière négative. Se savoir l’objet d’amour de quelqu’un change complètement aussi le regard que l’on porte sur soi.

Parfois j’aimerai que les mots de la consécration reprennent ceux de l’épitre aux corinthiens 1 Cor 11, « 23 « En effet, voici ce que moi j'ai reçu du Seigneur, et ce que je vous ai transmis : le Seigneur Jésus, dans la nuit où il fut livré, prit du pain, 24et après avoir rendu grâce, il le rompit et dit : « Ceci est mon corps, qui est pour vous, faites cela en mémoire de moi. » 25Il fit de même pour la coupe, après le repas, en disant : « Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang ; faites cela, toutes les fois que vous en boirez, en mémoire de moi. » 26Car toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur, jusqu'à ce qu'il vienne. ».




Puis le temps passant il m’est apparu autre chose. A savoir que le fruit de ce corps donné et de ce sang versé ( la passion et la croix) c’est l’Esprit Saint et que cet Esprit Saint il nous suffit de le demander pour le recevoir en abondance.

L’esprit saint désormais n’est plus l’apanage de certains qui seraient appelés à une fonction particulière comme les premiers rois d’Israël (1 exemple les premiers rois d’Israël,: 1 Sam 13,9-10 ou 1SAM 16 13 ou l’esprit de Dieu, fond sur les futurs Rois. Certes cet Esprit les prophètes en parlent mais il s’agit d’un futur.

Aujourd'hui, Il est là pour tous ceux qui reconnaissent que Jésus est l’Oint, celui qui nous permet d’être vivants même si la mort physique reste la butée. La vie éternelle est déjà commencée aujourd’hui et maintenant. Désormais l’Esprit Saint nous est donné, nous pouvons avoir ses dons en abondance, alors tant pis si nous ne sommes plus rassasiés physiquement par le petit morceau de pain azyme. L’esprit qui unit le père et le Fils nous est donné en plénitude et nous rend ministres, participant à cette Vie qui est celle qui nous a été promise et donnée.

Jésus ne dit Il pas: Lc 11, 13 " Combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui l’en prient".Et là, nous retrouvons bien le Dieu qui donne et se donne en abondance. A nous d’ouvrir les yeux et de comprendre les signes et de ne pas hésiter à demander ce qui nous proposé gratuitement...

1 commentaire:

TOURNESOL a dit…

Il se donne en abondance, il est vrai afin que nous soyons capables d'avancer sur notre chemin de vie "à sa façon". Et chaque chemin de vie a une croix de douleur comme LUI, c'est à cela que je pense en communiant.