dimanche, septembre 11, 2011

B comme Bénédiction

Bénédiction.
Lors d’un stage de « prière du cœur » nous avons eu l’occasion de nous bénir les uns et les autres, de poser la main ou les mains sur l’autre et de prononcer des paroles. Dire « je te bénis un tel » est un acte fort. C’est très différent du « que Dieu de bénisse ».

Bien sûr on peut toujours demander à Dieu de bénir, puisque en dernier ressort il est le maître, mais on oublie souvent que nous avons cette chance là, de pouvoir bénir, désirer le bon le bien pour l’autre et que notre parole peut être agissante.

Maintenant je crois que nos formules de bénédictions sont très restrictives. Il me semble que les juifs ont à leur disposition une centaine de bénédictions en fonction des différents actes posés dans la journée et je me suis demandée quelle bénédiction Jésus avait prononcé  au moment de la multiplication des pains et au moment de la cène, car dans ma mémoire le déroulement est assez identique.

En Marc (j’ai choisi cet évangile)  pensant que s’il rapporte la catéchèse de Pierre, il était peut être le plus « fidèle » on peut comparer les deux épisodes.

Marc 6, 41
Marc 13, 22

41Jésus prit les cinq pains et les deux poissons,


et levant son regard vers le ciel, il prononça la bénédiction,



rompit les pains

 et il les donnait aux disciples pour qu'ils les offrent aux gens.









Il partagea aussi les deux poissons entre tous.

















42Ils mangèrent tous et furent rassasiés
Pendant le repas, il prit du pain



 et, après avoir prononcé la bénédiction,



il le rompit,

 le leur donna





et dit : « Prenez, ceci est mon corps. »




23Puis il prit une coupe et, après avoir rendu grâce, il la leur donna et ils en burent tous.




24Et il leur dit : « Ceci est mon sang, le sang de l'Alliance, versé pour la multitude. 












25En vérité, je vous le déclare, jamais plus je ne boirai du fruit de la vigne jusqu'au jour où je le boirai, nouveau, dans le Royaume de Dieu.
Importance de l’action : prendre, toucher, saisir.


Se tourne vers le Tout autre, le dispensateur .
C’est aussi une bénédiction dite à haute voix,pour que Dieu l’entende.
Encore de l’action.

C’est Lui qui partage et qui donne dans la totalité.
Revecoir le même fait du fraternel.

Peut être est il important de penser là à l’agneau pascal : partage de la chair dans les familles : fraternité.

Pas de parole en Mc 6.
Parole en Mc 13

Le sang de l’agneau pascal, il « sauve » de la mort, il met à l’abri.


Le poisson est remplacé par une coupe de vin, la même pour tous.

Le Sang, signe de vie , signe aussi de ce qui va rendre les disciples frères (frères de sang si on peut dire).


En Mc 6, on a la notion de de plénitude,



En Lc 13 cela débouche sur le départ, l’absence, et le vin nouveau.

Il y a une similitude de geste, prendre se tourner vers Dieu,  bénir (rendre grâce), rompre (partager) distribuer (donner) mais si dans le premier cas il n’y a pas paroles (en Jean 6,  c’est Jésus qui distribue, contrairement à ce qui est rapporté par les synoptiques) les paroles viendront bien après dans ce que nous appelons le discours sur le pain de vie, dans le second cas, il y a ces mots que nous entendons à chaque eucharistie.

Un article publié par Golias http://www.golias-editions.fr/article4943.html, travaille à expliquer les coupes dans le rituel du Seder, mais cela me gêne un peu car nous ne savons pas quel rituel Jésus a observé. Le temple n’étant pas détruit le partage de l’agneau immolé restait possible (et pas un simulacre d’agneau avec un os comme cela se fait aujourd’hui). Quant au rituel qui consiste à rompre le troisième pain azyme, à l’envelopper d’une serviette et à le cacher en attendant la question du plus jeune de l’assemblée, l’aphikomen  (il est venu) que symbolise t il ?

Je me suis posée des questions sur cette bénédiction, cette action de grâce prononcée jusqu’à 100 fois par jours par tous les juifs pratiquants, qui font ainsi des liens permanents entre le profane et le sacré.

Et dans un site bien documenté j’ai trouvé une comparaison entre les bénédiction dans la religion juive et dans le religion chrétienne : http://www.sfa-auvillar.com/JETE/2006_Berlin/documents/JETEBerlinMijoBenediction.pdf . J’ai trouvé cela passionnant.

Je cite : « L’action de bénir se manifeste par la parole et par le geste. L’important n’est pas ce qui se voit, mais ce qui se passe entre deux personnes, Dieu et l’homme, un homme de Dieu et un autre homme ouvert à Dieu ».

Et surtout dans une longue citation de Franz Rosenzeig, « Tout ce qui se produit en lui comporte une double relation, d’une part à ce « monde-ci »et d’autre part, au « monde à venir »[1]. Cette présence simultanée des deux mondes, celui-ci et l’autre, détermine tout ; la chose qui prend vie dans la bénédiction pro- noncée sur elle a une détermination double : dans ce monde-ci, elle sert à l’usage commun, à peine autrement que si elle était demeurée sans bénédiction, mais simultanément, la voilà devenue l’une des pierres sur laquelle se construit le monde « à venir ». La béné- diction divise le monde en deux pour le réunir de nouveau à l’avenir » or si on relit les texte de Marc, on trouve bien cette double dimension.

Il y a du pain rompu, qui renvoie aux pains mangés en hâte par les hébreux le soir de la Pâque (ce pain qui n’a pas eu le temps de cuire) ce pain qui béni et partagé, est (sera) une autre nourriture. Mais la différence c’est que pour nous chrétiens cela est déjà là, c’est du présent. Le spirituel et le profane sont réunis, car par le don la mort a été vaincue.

Dans toute bénédiction il y a me semble-t-il un rappel de ce que Dieu a déjà fait, déjà dit, déjà donné, déjà manifesté. Puis un appel à sa présence et enfin la demande de la bénédiction pour que le sacré se manifeste et soit signe d’un futur.

Si on reprend le rituel de l’eucharistie, (qui finalement est - ce qui me fait parfois sourire un rappel à Dieu le Père de ce que son Fils a fait pour sauver l’humanité comme s’Il pouvait l’oublier !- on trouve bien cette démarche. Dans l’offertoire, mais sous une forme minimaliste lors de la présentation du pain et du vin,il y a souvenir de ce que Dieu a fait pour que ce pain et ce vin soient là aujourd’hui.  Peut être faudrait il remercier parce que Dieu a donné le vent la pluie, le soleil la terre le travail pour que le pain et le vin puissent être là en ce jour.

Je me disais que lors d'un mariage la bénédiction des alliances pourrait mettre aussi en valeur l'or tiré du minerai, le travail de l'orfèvre, pour arriver à ces anneaux... 

 Puis il y a la demande « envoie ton esprit pour que ce pain et ce vin deviennent corps et sang de ton fils ». Il y a là un acte de foi : oui cela tu l’as fait et ensuite le partage du don. Et peut être que là encore pourrions nous bénir Dieu.. Le bénir justement pour ce don de l’Esprit.

La consécration est bien comme je l’ai analyse la reprise des bénédictions prononcées par Jésus, de ses gestes, qui créent le vin nouveau (si je puis dire). 

Quant à la communion, peut être devrions nous être d’avantage dans le bénédiction que nous le sommes, car action de grâce et bénédiction ne sont pas loin l’une de l’autre. La louange est somme toute bénédiction et c’est peut-être à cela que nous serons appelés dans le royaume où Jésus boira avec nous vin nouveau.  


[1] Peut être que cela pourrait expliquer la notion de vin nouveau dont parle Jésus. 

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