C comme consolation
Dans nos bibles, un certain nombre de mots
sont écrits avec des majuscules, il y a par exemple le mot Colère (la colère de Dieu
qui est une destruction et une punition) la Vengeance, là encore celle de Dieu,
puisque la vengeance est interdite à l’homme , le Péché lorsqu’il est
personnifié et qu’il cherche à posséder l’homme et ce mot de Consolation,
employé par Syméon er rapporté dans
l’évangile de Luc : Lc 2, 25 » Or,
il y avait à Jérusalem un homme du nom de Syméon. Cet homme était juste et
pieux, il attendait la Consolation d’Israël et l’Esprit Saint était sur lui ».
Je dois dire qu’en lisant ce qu’on appelle le Cantique de Syméon (j’y
reviendrais) je me demande toujours si Jésus est vraiment la Gloire du peuple Israël (la gloire des juifs), mais cela c’est une autre histoire.
Nous
avons tendance quand nous lisons de mot à y mettre de l’affectif, à y voir le
petit enfant qui vient après un bobo de faire consoler par sa mère . On a
mal, on est triste, alors il y a quelqu’un qui vient nous consoler, nous dire qu’il
nous comprend, que nous avons mal et que nous allons ne plus avoir mal, qui essuie nos larmes, qui s'occupe de nos blessures. Souvent
c’est à notre mère qui nous console.
Parfois, nous associons consolation (ces moments
où l’on est en phase avec l’Esprit Saint, ces moments de plénitude intérieure)
et désolation, (ces moments de doute, de vide, d’abandon).
Mais
je pense que si l’affectif est une approche possible, il en est une autre, qui
est d’ailleurs donnée dans la suite du texte, ce que l’on appelle le
« cantique de Syméon » et qui est la sortie de l’humiliation, du
deshonneur, de la honte. Car si la Consolation attendue est cet enfant qui sera la
lumière pour éclairer les nations et la gloire de ton peuple Israël », c’est
bien de cela qu’il s’agit, redonner à la nation occupée la place d’honneur que
Dieu a prévu pour elle, la première place, puisque toutes les nations monteront
à Jérusalem nous disent et le prophète Isaïe, ainsi qu'un certain nombre de psaumes.
En d’autres termes, si on lit bien ce qui est
annoncé, il s’agit de quelqu’un qui sera illustre (la lumière des nations) et
qui permettra à Israël de retrouver une gloire qu’il a peut-être eu du temps du
roi Salomon (si on en croit les écrits bibliques mais non les découvertes
archéologique), gloire qu’il a perdu en subissant de nombreuses défaites qui
ont conduit à la destruction du temple et à l’exil.
Être la gloire d’Israël, cela peut s’entendre
comme faire honneur à sa nation, être celui qui fait lui rend l’honneur perdu,
qui la fait sortir de la honte. Car une nation occupée, est une nation qui même
si elle ne vit pas trop mal, est quand même une nation humiliée (l’évangile en
rend compte quand il parle des impôts à payer).
Pour étayer cette manière de voir les choses,
c’est à dire de ne pas prendre le mot de Consolation uniquement dans un sens
affectif, il suffit de relire le deuxième livre du prophète Isaïe qui commence
par ces mots : « Consolez, consolez mon
peuple, dit
votre Dieu, 2 Parlez au cœur de Jérusalem, criez lui que son combat est
terminé, qu’elle s’est acquitté de sa faute, qu’elle a déjà reçu du Seigneur le
double de ce qu’elle méritait pour ses péchés » .
S’il s’agit d’un combat, cela veut bien dire
que de ce combat elle était sorite vaincue, humiliée et que désormais elle va
pouvoir retrouver son honneur et sa Gloire. Les textes qui parlent de
Jérusalem, vers laquelle monte et monteront tous les peuples de la terre vont
dans ce sens. Jérusalem ne sera plus humiliée, elle sera consolée, elle sera
restaurée et sa restauration montrera la Gloire de son Dieu.
Bien souvent à la lecture de ces versets, je
me dis que si Dieu a donné une telle punition au peuple pour ses infidélités,
s’il l’a condamné à l’exil, si le Temple a été détruit et profané, oui, le
peuple a bien besoin d’être consolé de toutes ces morts, de tous ces
arrachements, de tous ces deuils. Je me dis aussi que si l’on imagine Israël
comme un enfant qui vient de subir une punition effroyable, il n’est pas
certain qu’il ait envie d’accepter des câlins de ce Dieu qui l’a laissé être
bafoué, humilié, exécuté. Ce qu’il attend de son Dieu, c’est de sortir de son
humiliation, c’est de retrouver son honneur. Je ne dis pas que la tendresse de
Dieu n’existe pas, loin de là, mais la Consolation c’est autre chose. La tendresse de Dieu, Jésus la montre dans la
parabole du fils prodige Luc 15 : le fils retrouve sa place, mais aussi
son honneur et cela c’est tout à la Gloire du Père.
Quand Jésus parle de l’Esprit qu’il nous
donnera après son départ, il le nomme défenseur et consolateur. Le Paraclet
(l’avocat) est quand même un terme juridique. Celui qui va défendre les
disciples fera que ceux ci ne perdront pas leur honneur, quoiqu’ils aient à
subir, et qu’ils seront fortifiés par une présence (et là ce serait la jonction
avec l’affectif).
Consolation, Jésus le sera parfaitement. Il rendra
à l’homme (l’Adam de la Genèse), l’honneur qu’il avait perdu en se soumettant à
la voix du tentateur, il le sortira de sa honte, etpar le don de l’Esprit il permettra à ceux qui sont remplis de sa présence d’accomplir leur humanité au
sens plein du mot, donc de devenir des fils de Dieu. Alors oui Jésus est bien
la Consolation. Il nous permet d’accéder à notre humanité et il fait de nous
des vivants. La mort sur la Croix ne devient plus signe d'humiliation et de honte, mais de la Glorification.
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