« Offrez des offrandes
justes et faites confiance au Seigneur » Ps 4,6
C’est le psaume est lu toutes les
semaines le samedi soir pour l’office des complies. Avant de dire pourquoi j’ai
choisi d’en parler, je voudrais le commenter très brièvement.
PSAUME : 4
2Quand je crie,
réponds-moi, Dieu, ma justice !
Toi qui me libères dans la détresse,
pitié pour moi, écoute ma prière !
Toi qui me libères dans la détresse,
pitié pour moi, écoute ma prière !
SI ce psaume est écrit par David, j’aime bien son interpellation à
Dieu : Je crie, j’ai des ennuis, réponds moi, car je sais que tu me libère
quand je suis dans les ennuis (pour ne pas dire autre chose).
3Fils des hommes,
jusqu'où irez-vous dans l'insulte à ma gloire, *
l'amour du néant et la course au mensonge ?
3Fils des hommes,
jusqu'où irez-vous dans l'insulte à ma gloire, *
l'amour du néant et la course au mensonge ?
Puis David interpelle ceux qui lui veulent du mal, (d’après les
commentaires, les partisans de son fils Absalon) et il les attaque si l’on peut
dire, ce qui permet à l’agressivité de s’exprimer en mots, ce qui en soi est
très libérateur. Il n’y a pas de d’insultes, juste un constat.
4Sachez que le Seigneur a mis à part son fidèle,
le Seigneur entend quand je crie vers lui.
4Sachez que le Seigneur a mis à part son fidèle,
le Seigneur entend quand je crie vers lui.
David rappelle que c’est lui qui reçu l’onction, qui a été fait roi de Juda
et d’Israël, et que le Seigneur est avec lui.
5Mais vous, tremblez, ne péchez pas ;
réfléchissez dans le secret, faites silence.
L’admonestation de David, nous pouvons l’entendre. Faire silence pour
prendre le temps de passer du temps avec soi-même, prendre le temps, se
remettre aussi en cause, ne pas être sûr de son bon droti..
6Offrez les offrandes
justes
et faites confiance au Seigneur.
et faites confiance au Seigneur.
Offrir des offrandes qui soient agrées par le Seigneur, et lui faire
confiance. Normalement c’est ce que fait David. Moi aujourd’hui qu’est ce que
ce verset peut me dire ?Qu’est ce qu’une offrande
« juste » ?
7Beaucoup demandent :
« Qui nous fera voir le bonheur ? » *
Sur nous, Seigneur, que s'illumine ton visage !
8Tu mets dans mon cœur plus de joie
que toutes leurs vendanges et leurs moissons.
Pour David, la quête du bonheur est peut-être une des caractéristiques de
l’humain, mais sa réponse (et pourtant il en a obtenu des choses lors de son
règne), c’est que seule présence ressentie de dieu, donne le bonheur et que ce
bonheur est au delà de ce que peuvent donner les réussites humaines.
9Dans la paix moi aussi, je me couche et je dors, *
car tu me donnes d'habiter, Seigneur,
seul, dans la confiance.
Le dernier verset
montre que celui qui fait confiance en Dieu, ce qui doit être le cas de David
qui est pourtant dans la tourmente, reste dans la paix.
C’est un psaume que j’ai toujours
aimé, surtout le verset 8, pour lequel ça « chante « autrement pour
moi « tu as mis en mon cœur plus de
joie qu’au jour où leur froment, leur vin nouveau, débordent ». Et j’aime cette notion d’abondance. Avoir en soi une joie
plus grande qu’au moment de la récolte, montre qu’il y a une joie supérieure à
celle liée à la réussite, à la possession. Cette joie là est don de Dieu.
Pour en revenir à la notion
d’offrande « juste », c'est l'adjectif ajusté qui m'a paru le meilleur: une offrande ajustée à ce que Dieu attend. Car cette offrande, ce cadeau, c’est à
Lui qu’on l’offre, mais se pose bien la question de savoir ce qu’Il attend et que Lui offrir.
Mais en lisant ce psaume, le verset 6 s’est fait mystérieux.
Quand je bute que un mot, sur un verset, je sais par expérience que quelque
chose doit se creuser en moi. Ce verset le voici : « Offrez les
offrandes justes et faites confiance au Seigneur ». Ce verset je l’ai lu,
relu, re relu, mais il résistait, parce que je me demandais que ce que pouvait
être pour moi, dans mon aujourd’hui, une offrande juste.
Si du temps de David et durant bien des siècles il était normal
d’offrir des sacrifices aux dieux, pour se les concilier, pour les remercier,
pour les honorer, qu’est ce que je peux aujourd’hui mettre sous ce mot
offrande. Quel cadeau puis-je faire à Dieu, qui comme il dit dans un psaume :
« si j’ai faim irai-je te le dire, tous les animaux sont à moi » !
Si je peux donner un cadeau à quelqu’un que j’aime (ou n’aime
pas) quand il s’agit de Dieu, du Tout Autre, de celui qui c’est très
poétiquement rapporté dans le livre de Job est le créateur des levers et des
couchers de soleil, que puis-je lui offrir qu’il ne possède pas ?
Et pourtant à chaque messe, le prêtre offre au Père le corps
du Fils, de son Fils, ce corps nouveau du fils dans la Gloire, mais je
reviendrai sur cela, parce que je crois que le cadeau que m’a fait ce psaume
est à ce niveau là.
J’ai alors repensé au début du
livre de la Genèse au chapitre 4 et aux offrandes des deux frères. Il y a des
offrandes végétales de Caïn et des
offrandes animales d’ Abel. Mais ces dernières sont plus des sacrifices que des
offrandes car les bêtes sont tuées elles sont réellement sacrifiées et
manifestement Dieu semble avoir une préférence pour l’offrande animale qui est
acceptée alors que l’offrande de Caïn est rejetée. Une offrande est juste,
l’autre ne l’est pas. Si on se réfère à
ce qu’écrit Marie Balmay dans « la
divine origine » pour comparer les deux offrandes, il semble évident
qu’une des offrandes est faite avec le cœur, et l’autre pas. L’offrande de Caïn
(et les rabbins expliquent cela très bien), est faite à contrecœur, et elle est
refusée ; cette offrande n’était pas une offrande juste. Si le péché a
pour signification « manquer sa cible », d’emblée cette offrande là,
qui manque sa cible, c’est à dire la relation avec Dieu, cette offrande « pas
acceptée » renvoie au péché et le dialogue de YHWH avec Caïn se comprend
encore mieux. Mais cela me renvoie à mon questionnement qu’est ce qu’une
offrande juste ?
Mais si je prends la différence
entre les deux dons, il semble que l’offrande ou le sacrifice juste est quelque
chose qui est donné avec son cœur, dans l’idée de donner le meilleur et de le
donner avec plaisir et avec joie.
Il y a dans le psaume 50 un
verset qui conclue en partie le psaume et qui dit : « d’un
cœur broyé , brisé tu n’as pas de mépris « . Alors l’offrande va avec ce
qui se passe dans le cœur et ce cœur on peut l’offrir, enfin en principe, parce
que moi qui me sens toujours les mains vides, qu’est ce que je peux
offrir ?
Alors quelque chose s’est passé
pour moi, quelque chose dont je peux témoigner ici. Quand on participe à
l’eucharistie le prêtre offre à Dieu, le pain et le vin (le froment et le
raisin comme dans le psaume), puis il demande que l’Esprit Saint fasse de ces
offrandes le corps et le sang du Fils. Le prêtre étend les mains sur les
offrandes, et demande à l’Esprit Saint de transformer ces « espèces
naturelles » en autre chose à savoir la présence du Fils dans on corps de ressuscité. Or en participant à une eucharistie matinale au Prieuré
d’Etiolles, où nous nous mettons en cercle autour de l’autel, au moment où le prêtre
a prononcé ces paroles, je me suis dit que je ne voyais pas pourquoi l’Esprit
Saint se cantonnerait au pain et au vin, parce qu’Il souffle où II le veut, et
pourquoi Il ne ferait pas de nous à ce moment là comme des petits morceaux de Celui
dont nous célébrons la présence.
Alors dans cette optique de
partage, je me dis que ce qui est offert là au Dieu que nous nommons Père, est
une offrande juste et que nous pouvons le louer de nous accepter avec notre
pauvre cœur, parce que notre pauvre cœur il est comme assimilé à celui de son
Fils et ce cœur là, il est parfait.
Il a fallu presqu’un mois de
« remâchage » de ce verset, d’écriture, de réécriture pour qu’il
s’imprime en moi. Que grâces soient rendues, car il y a en eu en mon cœur plus
de joie qu’au jour où le vin nouveau déborde !
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