mercredi, juillet 04, 2018

"Si je ne vois pas la marque des clous…" Jn 20, 25.

"SI je ne vois pas la marque des clous…" Jn 20, 25.

Une fois de plus, en entendant ce texte: "Si je ne vois pas la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas ma main dans son côté, je ne croirai pas" je me dis qu'il y a peut-être autre chose à tirer de ce texte, tellement connu, que l'incrédulité de Thomas. Sortir des sentiers battus...

Bien sûr, Jésus lui reproche son incrédulité à Thomas, bien sûr Jésus appelle bienheureux ceux qui croiront sans voir, mais la question que je me pose c'est: qu'est ce que Thomas a vu, pour qu'il proclame la divinité de Jésus?"

Le texte oppose le "nous avons vu "des apôtres à ce que répond Thomas et qui est du style, "vous pouvez me dire ce que vous voulez, des esprits moi je sais que ça existe, et vous savez comme moi que les esprits savent vous faire prendre des vessies pour des lanternes; alors moi, même si vous êtes sûrs de vous, je ne suis pas rassuré pour autant. Et je veux des preuves. Vous dites qu'il a montré ses mains et son côté, mais des illusions c'est possible et moi je veux voir et je veux toucher. Je veux en quelque sorte sentir le trou, sentir le vide sous mon doigt, parce que mon doigt, il ne me racontera pas d'histoires".

Je pense que pour comprendre ce qui se passe dans cette première finale de l'Evangile de Jean, pour aller un peu au-delà, il faut mettre en parallèle avec ce qui s'est passé lors du dernier repas pris par Jésus avec ses disciples et en particulier en Jn 14, parce qu'il s'est passé quelque chose entre Jésus et Thomas. 

A ce moment là, Jésus annonce qu'il va partir préparer une place pour ses amis (disciples) et que le lieu où cette place sera préparée, ils le connaissent. N'empêche que pour Thomas, qui à cet instant est plus ou moins le porte parole des autres, c'est loin d'être évident, puisqu'il affirme ne pas savoir où va Jésus et donc ne pas pouvoir en connaître le chemin. A quoi Jésus répond par cette phrase que nous connaissons si bien: "Je suis le chemin, la vérité et la vie. Nul ne vient au Père que par moi" (Jn 14,5-6).

Et là, il est question d'un chemin; et ce chemin que Thomas dit ne pas connaître, c'est maintenant qu'il va l'explorer.

Thomas a vu son maître mort. Comme les autres, il vit dans la peur du futur. Et voilà qu'on lui raconte que Jésus, comme les femmes l'avaient dit, est revenu d'entre les morts, qu'il leur a montré ses mains et son côté (pas les pieds) et qu'il leur a donné le pouvoir de remettre les péchés, ce qui est quand même l'attribut de Dieu. Alors, on peut comprendre que c'est de l'ordre du discours de fou.. Il est complètement perdu. Je pense qu'il voudrait bien les croire les autres, qu'il s'en veut de ne pas avoir été là, et que le chemin, lui, il l'a complètement perdu..

Alors que se passe-t-il? Il voulait voir. Alors Jésus lui donne à voir..

Mais la question qui se pose, c'est qu'est ce que Thomas a vu, parce que finalement il n'a pas touché. 

Pour avoir travaillé en milieu chirurgical, j'ai vu beaucoup de trous, et je me permets d'imaginer que ce qui est donné à voir à Thomas, ce n'est pas un simple trou qui est en train de cicatriser, non c'est autre chose, parce que le corps de Jésus a changé.

Ce qu'il lui est donné de voir, c'est quelque chose qui renvoie à la transfiguration. Il y a le trou, oui, il y a la marque de la plaie, mais il y a aussi un jaillissement de lumière, un jaillissement d'énergie qui fait comme un puits de lumière autour de ce trou, autour de ces trous. Ces trous, j'ose dire que c'est un peu le buisson ardent: c'est la présence du Seigneur. 

Et le cri de Thomas, c'est de reconnaître, en celui qui est devant lui, la Présence du Père. On pourrait presque dire que ses yeux s'ouvrent: pour lui le chemin qui, par Jésus, mène au Père, est devenu réel. 

Alors son cri: "Mon Seigneur et mon Dieu", c'est le cri de la "re-connaissance", en prenant ce mot dans le sens du voir enfin ce qui était fermé.

Pour Thomas, il y a révélation, comme il y aura révélation pour Paul sur le chemin de Damas. 

Des chemins, nous en avons tous; pour chacun d'entre nous ils sont différents, mais ils nous mènent tous au Père.

Contempler les plaies/cicatrices de Jésus, ces trous qui sont remplis de vie, qui ne ne renvoient pas à la mort mais à la vie, qui sont lumière, c'est un chemin qui fait de nous des visionnaires, des voyants, des croyants, des témoins. Il ne s'agit plus de voir, plus de toucher, mais quelque part de rentrer dans ce ballet de lumière qui révèle la Présence.


Aucun commentaire: