samedi, juin 08, 2019

Si je veux qu'il demeure jusqu'à ce que je vienne, que t'importe.. (Jn 21, 22)


Finale de l'évangile de Jean. Quand j'entends ce verset: "Si je veux qu'il demeure jusqu'à ce que je vienne, que t'importe", je ne peux que penser au Cid et au "que m'importe" du Comte Gomès. En fait je trouve que Jésus ferme le caquet de Pierre d'une belle manière.  

Mais il y a aussi ce "retournement" de Pierre, qui pour moi, même si c'est de la curiosité de la part de Pierre, évoque le retournement de Marie au tombeau de Jésus. Pierre se retourne, se détourne, et découvre la présence d'un autre; et on ne sait pas trop comment il vit cela. Mais il ne peut s'empêcher de parler, de poser une question, qui laisse à penser qu'il n'a pas compris grand-chose de ce que Jésus a annoncé de son futur. Sacré Pierre! Mais comme je le comprends.

Car je crois que ce que dit le rédacteur, c'est que Pierre est le berger, et qu'il est appelé comme Jésus à donner sa vie. Jean, qui semble ne pas vouloir perdre une miette de ce qui se passe entre Jésus et Pierre, sera un autre témoin, qui permettra à ces autres brebis, qui cherchent et qui attendent, de trouver ce Jésus, qui est le chemin, la vérité et la vie. 

Alors, comment raconter cette "finale"? Peut-être en laissant la parole à Jean.

Jean, le disciple que Jésus aime, raconte:

On avait bien mangé, on était bien sur le bord du Lac. Et puis Jésus, par trois fois, avait questionné Simon, enfin Pierre, pour savoir si ce dernier l'aimait plus que nous, s'il l'aimait plus que tout, bref s'il l'aimait... C'était un peu curieux cette insistance, mais trois fois, c'est important. Et puis il lui avait fait une sorte de prédiction pour le futur, mais je dois dire que je n'ai pas compris. Par contre, quand il lui a dit de le suivre, ça, c'était clair. Et ils sont partis.

Pourquoi est-ce que je les ai suivis, je ne sais pas. Peut-être que je voulais entendre encore le son de la voix de Jésus, parce que je sais bien qu'il va disparaître, puisque c'est cela qui lui permettra de nous envoyer en plénitude celui qu'il appelle le Défenseur, le Consolateur, l'Avocat, l'Esprit d'Amour.

Pierre a dû entendre mon pas, et il s'est retourné. Il m'a vu et il s'est tourné vers Jésus, pour savoir quel serait mon avenir à moi. C'est là que j'ai pensé à mon amie Marie qui s'était retournée, et à sa joie quand elle a compris que celui qu'elle prenait pour le jardinier c'était son Rabbi à elle. 

Pourquoi ai-je pensé à cela, je ne le sais pas, mais qu'est ce que Pierre voulait savoir en se retournant?

Alors il a demandé à Jésus ce qui allait m'arriver. Je pense que lui n'avait pas compris ce qui allait lui arriver à lui, quand les années auraient passé. Sauf qu'à Jésus, la question ne lui a pas plu.. Il lui a cloué le bec en lui disant: "Si je veux qu'il demeure jusqu'à ce que je vienne, que t'importe". Du coup, Pierre m'a regardé, et a suivi Jésus; et une fois de plus Jésus a disparu, il nous a laissés. 

Mais du coup, moi, j'ai compris ce qu'il attendait de moi.

Je ne sais pas si je verrai son retour, mais je sais que j'ai à transmettre ce que j'ai vu et entendu. Que j'ai à parler de celui que j'ai touché. Je sais que je dois aider les brebis dont Pierre a la charge, à comprendre le dessein du Père et son amour pour nous. Je sais que dois permettre à d'autres brebis de rejoindre les brebis de la première heure, et leur annoncer que Jésus est venu dans le monde, dans notre monde, pour nous faire passer des ténèbres à la lumière; qu'il est le chemin, la vérité et la vie; et qu'il nous a donné en plénitude son Esprit, pour que tous nous soyons ses frères, quel que soit le chemin qu'il a prévu pour nous.

Un jour j'écrirai tout cela, et j'aurai besoin de la présence de cet Esprit pour comprendre ce que nous avons vécu, et aussi pour l'exprimer et le transmettre.

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