La fuite en Égypte
En lisant ce récit de ce que l'on appelle la fuite en Egypte, j'ai été frappée par les verbes utilisés par l'Ange, car de fait ce sont les mêmes que ceux que Jésus utilisera pour un certain nombre de guérisons: se lever, prendre et aller vers. Pour le paralytique de Capharnaüm, c'est se lever, prendre son grabat et marcher (se mettre en route). Parfois, ce sera, se lever, prendre sa croix et suivre. Parfois encore ce sera, prendre, manger et faire mémoire. Et c'est aussi ce qui a été demandé à Abraham, Gn 12.
Alors si Matthieu dans son évangile nous montre que c'est comme cela que l'Ange du Seigneur (le Seigneur) s'adresse parfois aux hommes, c'est qu'il veut aussi nous montrer que c'est comme cela que Jésus, dans nos aujourd'huis, s'adresse à nous: se lever, prendre (sa croix, ses richesses, sa famille), et aller là où nous n'avions peut-être pas envie d'aller: sur ce chemin que nous avons à découvrir et qui n'est pas un chemin d'exil, mais le chemin vers celui qui est le chemin, la vérité et la vie.
Joseph raconte
Quand les sages sont venus chez nous, à Bethléem, ils nous ont apporté de l'or, de l'encens, et de la myrrhe. Je ne savais pas trop que faire avec ces présents; mais aujourd'hui, alors que nous sommes en route vers l'Egypte, je suis bien content d'avoir avec nous ces trésors qui vont nous permettre de vivre.
Il faut dire que nous avons quitté notre maison en catastrophe. Les étrangers nous avaient dit qu'ils avaient eu un songe leur disant de ne pas retourner à Jérusalem pour voir Hérode, et ils étaient partis sans se faire remarquer. Et j'étais très inquiet, car Hérode est un roi méchant et cruel, capable de tout pour garder le pouvoir; s'il se sent menacé par mon fils, il est bien capable de le tuer, et nous avec. Je n'arrivais pas à vraiment me reposer, je me sentais dans un état de trouble, un peu comme lorsque Marie était venue me parler de cet enfant qu'elle attendait et qui n'était pas le mien. Et comme cette fois là, j'ai entendu une voix, très ferme qui me disait de partir immédiatement; car le danger était là. Alors je me suis levé, j'ai réveillé ma femme et mon fils, j'ai pris les trésors, j'ai pris mon âne et nous sommes partis vers Alexandrie, en Egypte, car là j'ai de la famille.
Je crois que j'ai alors compris ce que notre père Abraham avait pu ressentir lorsqu'il a entendu l'appel du Seigneur à quitter son pays, le lieu où ses pères avaient vécu, et de partir, de tout laisser. Je sais qu'il est parti avec ses richesses, et moi je n'ai rien que cet enfant, ma femme et les dons des étrangers. Je suis devenu un exilé, nous sommes devenus des exilés; mais obéir aux ordres du Très-Haut, c'est le plus important.
Nous avons appris à vivre autrement durant ces mois passés en exil, mais nous avons été accueillis, entourés, et j'ai même pu m'installer; nous commencions à nous y trouver bien. Puis, j'ai appris qu'Hérode était mort. J'avais aussi appris que ce roi sanguinaire avait mis à mort tous les enfants de l'âge de mon fils, tellement il avait peur de perdre sa couronne, comme si mon fils avait l'intention de la lui prendre. Je me disais qu'il serait peut-être possible de rentrer chez nous. J'en parlais avec Marie mais elle ne savait pas trop.
Et un songe est advenu.. A nouveau cette présence d'un être tout autre, qui me donnait l'ordre de rentrer chez moi. Et là, je me disais que mon fils, il était un peu comme Moïse, qui après son exil à Madian était revenu vers son peuple pour le faire sortir de l'esclavage, pour lui redonner sa liberté, pour en faire un peuple. Car mon fils, il ne sera pas un roi, pas comme Hérode pouvait le croire, mais il sera celui qui donnera la vraie liberté, celle qui affranchit du péché.
Et j'ai obéi, nous sommes rentrés, étape après étape. Mais nous ne sommes pas revenus à Bethléem, nous sommes allés en Galilée, à Nazareth, dans cette petite ville, proche d'une ville grecque, ce qui allait me permettre de trouver du travail, et de faire vivre ma famille dans l'honneur.
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