samedi, juillet 23, 2011

IV: Gn 3,23: et Dieu le renvoya pour cultiver le sol d'où il avait été tiré.

Quatrième partie.


Le jardin de l’Eden peut être vu comme un lieu crée pour que l’homme soit dans un environnement favorable, environnement qui aurait pu lui permettre de se construire et peut-être comme le pensent les rabbins d'avoir le droit de goûter au fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal. Or cela n'a pas fonctionné. Bien sûr le serpent est venu contrecarrer le projet de Dieu, mais pourquoi l'humain s'est il laissé séduire? 

On sait aujourd'hui que pour se développer le plus harmonieusement possible, le bébé puis l’enfant a besoin d’un environnement dans lequel ses besoins élémentaires sont comblés mais aussi dans lequel il a son content de relation.


Or dans le début du chapitre 2 de la Genèse, Dieu est très présent (comme un bon père). Dès que l’homme respire, Dieu lui parle et lui donne sa tâche : cultiver le jardin, et des interdits : disposer de tout sauf de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Puis il crée les animaux, mais c’est l’homme qui crie leur nom. Ensuite c’est la création de la femme, et c’est là semble-t-il que Dieu s’absente un peu trop vite, ce qui donne le champ libre au serpent, puisque le jardin et le monde extérieur communiquent.



Pour qu’un petit d’homme devienne autonome, il faut du temps, beaucoup de temps et la présence des parents est indispensable. Il y a un moment où le bébé devient capable de rester seul sans peur d’abandon car il y a en lui une représentation des parents. Mais pour cela il faut du temps et peut-être que c’est là où il y a eu méprise. La femme donnée à Adam ne pouvait pas compenser l’absence de Dieu.Il y a la relation à Dieu et la relation avec le semblable, mais la relation est différente et l'une ne peut se mettre à la place de l'autre. 

Ce que je veux dire c'est qu'entre le premier homme et Dieu la relation de filiation n'est pas allée assez loin (peut-être que justement Satan voulait que cette relation ne se fasse pas). La filiation crée la lignée, l'appartenance, l'identité. Or curieusement Adam est mis dans le jardin pour cultiver et garder, pas comme fils. Et sa réaction quand Dieu l'appelle, peut aussi se comprendre comme celle d'un serviteur qui sait qu'il a désobéi autant que comme celle d'un enfant qui sait qu'il a fait une grosse bêtise. .  

Je me demande donc si Dieu s’est absenté trop tôt. Peut être a-t-il pensé que puisque l’homme avait un alter ego, lui pouvait s’absenter… Or le problème de l’absence c’est la peur de l’abandon. Dire à la femme que manger de ce fruit ferait d’elle comme un Dieu, c’était justement lui faire croire qu’elle ne se sentirait plus abandonnée, qu’elle serait toute puissante et  si on croit le récit, elle est seule quand le serpent vient éveiller en elle la convoitise.. 



Il me semble que l’ouverture des yeux (conséquence de la transgression)qui permet la différenciation des sexes, indique que dans un premier temps cet homme et cette femme n'étaient pas réellement différenciés:qu'ils étaient comme des petits enfants qui se savent de la même famille, issus des mêmes parents, un peu de la même portée si j’ose m’exprimer ainsi.


L'environnement privé (même partiellement) de la présence de Dieu n'est pas suffisant pour permettre à l'humain de résister à la convoitise. Autrement dit, est ce que donner à un être humain un environnement parfait va stopper la convoitise qui est en lui. La réponse est non tant que l’humain n’a pas en lui une représentation forte de celui qui l’a mis dans ce lieu.


Or ce qui est frappant c’est que tout le cheminement du peuple choisi sera de rendre Dieu présent à chaque instant et cela quelle que soit la qualité de l'environnement. petit à petit chaque membre du peuple choisi va apprendre (et cela prendra du temps) que son Dieu est un père pour lui. En Jésus cela sera porté à la perfection et il nous est possible aujourd'hui par le don de l'Esprit de devenir pleinement frère du Christ et enfants du Père.Peu importe la qualité de l'environnement si on devient "demeure".



1 commentaire:

Anonyme a dit…

Très intéressant ce texte, on imagine tellement la scène alors que tout se passe à l'intérieur du cœur.
Mais l'autonomie du petit enfant et l'angoisse d'abandon me parlent beaucoup.
Merci Catherine
MCM