Je ne pense pas que "délivre nous du mal" veuille dire, enlève le malheur ou ne laisse pas le "malin" s'insérer à l'intérieur de nous, par ruse. Je crois que le Mal est quelque chose qui est présent en permanence, qui habite en nous et en dehors de nous, qui nous rend parfois sourd et aveugle à tout ce qui nous entoure et qui nous enferme sur nous même. Le mal, nous sommes tellement dedans que nous ne le voyons pas ou plus. Quand on est habitué à vivre dans le brouillard, on ne peut plus voir le contour du monde qui nous entoure.
On dit souvent que l'enfer est pavé de bonnes intentions et je crois que cela est très vrai et dit autrement la phrase de Paul: quand il se plaint de ne pas arriver à faire le bien qu'il veut.
Nous sommes dans un monde où pour "voir" réellement ce qui se passe en nous et autour de nous, il faut que notre regard change ou qu'il soit changé par ce que je nomme l'Esprit Saint. Je ne dis pas que le bien ou le bon n'existe pas, mais en général nous nous en rendons compte, alors que le mal dans lequel nous baignons, nous ne nous en rendons même pas compte. Et cela nous rend malgré notre bonne volonté, notre désir de faire du bien, peut-être pas aveugles, mais certainement mal voyants.
Je repensais ce matin (encore me direz vous) au texte de la genèse qui rapporte ce que l'on appelle la "chute". Le Serpent a proposé aux humains de devenir "comme des Dieux". Cela c'est notre illusion (et même quand nous essayons d'être bons, c'est un peu notre désir: être comme, imiter). Or ce qui advient au couple primitif c'est une désillusion totale:" leurs yeux s'ouvrirent et ils virent qu'ils étaient nus". La désillusion qui va avec l'ouverture des yeux nous confronte à la perte, à la frustration, au mal. Ce n'est pas mal d'être nu, mais c'est dangereux d'être fragile, vulnérable, de se voir dans sa petite réalité mortelle.
Quand les religions orientales parlent du moyen de sortir de la souffrance qui serait d'être sans désirs, je pense aujourd'hui qu'il s'agit davantage de sortir de l'illusion qui est source inévitable de souffrance mais qui est aussi un moteur de l'être humain.
Le bien à l'état pur n'existe pas dans notre monde, le mal est toujours là qui masque les choses, les transforme, les défigure sans que nous en soyons réellement conscients.
Seul la présence de l'Esprit peut nous ouvrir les yeux et nous permettre de nous rendre compte combien notre vision est déficiente. Il ne s'agit pas de s'en sentir coupable, parce que cette cécité est le propre de l'humain, mais d'apprendre petit à petit, doucement, humblement à reconnaître le mal pour pouvoir en être délivré.
"et la lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne l'ont pas saisie" Jn1, 3
2 commentaires:
Je me demande parfois si le Mal que parle souvent la Bible, c'est en réalité le Déni, avec un grand D ? déni individuel, déni collectif...
Est ce inhérent au fait qu'on soit des êtres humains, dotés de gros cerveaux pour réfléchirn et donc de capacités de refuser de voir la Réalité, des choses qui ne nous auraient pas plu ?
ainsi l'un peut nier les souffrances de son enfant, l'autre nier la dtersse du voisin, une autre nier qu'il va mal etc... ?
Mélie
Je suis contente d'avoir découvert votre blog sur internet. J'apprécie vos analyses pas trop traditionalistes-Par exemple l'analyse après le péché: "Et ils virent qu'ils étaient nus"Ils veulent être comme des dieux (cela est si vrai de l'homme) et la désillusion les attend.
www.toutregard.blogspot.com
TOURNESOL
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