dimanche, mai 04, 2014

Disparition

J'ai lu il y a quelque temps un roman policier qui se passe en Islande, pays au climat "violent" et dans lequel on retrouve le héros de la série, qui a autrefois "perdu" son petit frère dans une tempête; Quand je dis perdu, c'est au sens fort, car cet enfant n'a jamais été retrouvé, malgré toutes les battues possibles et imaginables. 

Dans ce même roman, il y a aussi un autre personnage qui a disparu sans laisser de trace. Est elle morte, s'est elle sauvée pour faire une nouvelle vie? On ne le saura qu'à la fin du livre. 

Mais ce qui m'a donné du grain à moudre, c'est que lorsque que quelqu'un meurt, il est très important de voir le corps, de faire ce qu'il faut pour cette dépouille, et ne pas pouvoir le faire complique énormément les choses. On dit que le deuil est impossible. Mettre quelqu'un en terre, c'est savoir où il est.. Une disparition en mer reste d'après ce que je sais quelque chose d'insupportable pour une famille. Comment lui rendre les derniers hommages comme on dit. 

Alors cela m'a ramené à ce matin de Pâques où les femmes viennent justement pour s'occuper du corps, pour pouvoir peut-être lui redonner une apparence humaine à cet homme mis en pièce par le fouet, par la couronne d'épines, par les clous, par la lance. Et de corps il n'y en a pas, et je pense que cela a dû être affreux pour elle. Si Marie -Madeleine, dit au jardinier "dis moi où tu l'as mis et j'irai le chercher", c'est bien que cette absence de corps est de l'ordre de l'insupportable. 

Il y a bien la phrase d'Isaïe: là où est le corps, là se rassemblent les vautours..D'accord il y a des anges là où était le corps, mais de corps il n'y en a plus.

Et pourtant il y a bien un corps, mais lui aussi est appelé à disparaitre pour devenir autre. Je veux dire que quand le soir du repas avec les Apôtres, Jésus dit: ceci est mon corps, le pain devient signe de la présence, de sa présence, or ce pain une fois en nous, il est appelé à disparaître, à se transformer (ou à nous transformer). Il en va de même du vin, il est signe du sang versé, il fait mémoire de l'Amour, mais il est absorbé par nous, il disparait. 

Alors il me semble que ce qui se passe depuis la Résurrection c'est que comme pour les disciples d'Emmaüs, dès que le Corps est là, et dès qu'il est reconnu  (et je pense que le coeur brulant était le signe de la présence du Souffle de l'Esprit, de l'Amour qui dilate et qui ouvre), Jésus est à la fois là et pas là. Il ne se laisse pas "attraper" (le vent souffle, tu ne sais ni d'où il vient, ni où il va), et que ce symbolisme entre Présent/ Absent , montre bien que ne pas mettre la main sur Lui, permet justement de garder vivant le désir de le suivre, tout en sachant que mettre la main sur Lui n'est possible et que c'est cette alternance de présence et d'absence qui permet parce qu'il y a du vide que l'Esprit Saint là pour révéler ce qu'il en est de la Gloire du Fils dans le Père, Gloire que nous sommes appelés à partager. 

Les rituels liturgiques permettent alors de vivre cette Absence qui pourtant est Présence pendant certains temps. 


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