Dans le premier testament et même dans le second, ce mot est fréquent et il traduit en général un début de révolte.
Dans l'Exode, le peuple qui en assez de ne pas avoir une nourriture comme celle qu'il connaissait en Egypte, murmure, et murmure tellement fort que Moïse prend peur. Murmurer, c'est se révolter,c'est grogner , c'est râler. Et le murmure quand il s'amplifie devient grondement et parfois révolution.
On retrouve un peu cette dimension dans les évangiles où certains auditeurs "récriminent". Ce verbe est plus violent que murmurer, mais c'est la même idée. On n'est pas d'accord, alors on rouspète, on râle, on se fâche.
Mais pourtant il y a un autre sens qui lui renvoie à la douceur. Il y a le murmure du vent, le murmure d'un ruisseau, le murmure du "fin silence" entendu par Elie à l'Horeb (1R 19, 11). Ce murmure là il est ténu, il est présent, il dit la vie, mais parfois il faut tendre l'oreille de son coeur pour l'entendre.
Il y a quelque temps, les deux derniers versets du psaume 19, se sont mis à chanter en moi:" Que les paroles de ma bouche, que le murmure de mon coeur soient agrées en ta présence, Seigneur mon roc mon défenseur".
Quand je dis chanter, je veux dire que les mots: "le murmure de mon coeur" m'ont donné à penser peut être un peu autrement. Effectivement quand je prie, je prie avec des mots, même s'ils ne sont pas prononcés à haute voix. Je prie avec les mots de la prière du coeur. Bien sur ils sont répétitifs, mais curieusement parfois ils chantent..
Ces mots j'espère que Dieu les entend, et en même temps je me dis que ces mots comme un petit ruisseau murmurent au coeur de Dieu en permanence, au delà des mots eux-mêmes.
Ce murmure de mon coeur, même si je ne suis pas explicitement en train de dire des mots de prière, il est là.
C'est comme si de fait l'Esprit Saint en moi, en agitant doucement l'eau du puits qui est en moi et où Il demeure, murmurait en permanence des mots que je ne connais pas, mais qui existent et qui se mêlent à d'autres murmures, et qui montent tout doucement vers cet ailleurs où repose celui que mon coeur aime. Pour reprendre encore le Cantique des Cantiques la phrase: je dors mais mon coeur veille, traduit ce que je ressens.
Même si je ne suis pas prise par un temps de relation avec le tout Autre, il y en en moi de l'eau qui coule, qui murmure qui chante. Et quand j'en suis consciente, alors de la Joie vient en moi et cette Joie c'est cadeau. Je veux dire que je sais que en moi, il y a ce murmure, cette relation.
Alors oui, il y a en moi et ce murmure qui se met si facilement place quand ça ne va pas comme je le veux et aussi cette "murmuration"en moi au plus profond, qui me permet peut être de moins murmurer et plus d'écouter ce silence dans lequel Dieu parfois parle.
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