Ce petit texte, où Jean le Baptiste prend la parole, se veut comme une conclusion du cycle qui se déroule entre le début de l'Avent et la fin du temps de Noël, temps qui se conclut par le Baptême de Jésus et ouvre la vie publique.
Le temps de Noël s'achève par le baptême de Jésus, baptême rendu possible par le ministère de Jean. Or, même si on admet que le choix des rédacteurs des évangiles est de montrer qu'il n'y a pas deux doctrines, celle de Jean avec le baptême de pénitence (ou de conversion), et le baptême de Jésus dans l' Esprit (et que c'est bien ce baptême là qui a fait de Jésus réellement le Saint de Dieu, le Fils), il n'en demeure pas moins que Jean attend celui qui doit venir, et que Jésus ne prend sa stature qu'après le baptême, comme si quelque chose s'était, non pas réveillé en Lui, mais éveillé.
En lisant ce matin le début de l'évangile de Marc, où il est dit que Jésus enseigne avec autorité, et qu'il chasse les esprits impurs, je ne peux que constater combien la différence avec Jean est manifeste. Et l'envie d'écrire m'est venue, comme pour conclure ce petit cycle de textes qui sont venus s'imposer à moi durant ce temps de Noël - enfin durant cette grande période qui s'étale sur presque un mois.
Jean raconte
Je savais bien que ça allait arriver, qu'il allait venir, que je le reconnaîtrais.
Lui c'est cet homme qui a presque le même âge que moi, le fils d'une petite cousine de ma mère, donc un cousin, un frère, sauf que je ne l'ai jamais rencontré.
Il faut dire que mes parents, qui m'ont eu tardivement, qui m'ont reçu comme un cadeau - car à leur âge avoir un enfant c'était impensable, m'ont raconté pourquoi ce miracle avait eu lieu pour eux et que je serais un jour celui qui annoncerait sa venue.
Ma mère m'a raconté que quand Myriam, cette petite cousine de Bethléem, la fiancée de Joseph, est arrivée, alors que rien, mais vraiment rien, ne pouvait faire imaginer qu'elle attendait elle aussi un enfant, moi, j'avais comme tressailli en elle, qu'elle avait senti que l'Esprit tombait sur elle, tombait sur moi. Elle avait ressenti une joie intense, joie de me savoir bien vivant, mais aussi une autre joie, celle de savoir qu'une autre vie était en route, et que celui là serait le Sauveur que nous attendions; et que moi, je serai celui qui préparerait sa voie.
Mais la vie a fait que cet enfant, je ne l'avais jamais rencontré. Je savais qu'un jour il serait là, mais c'est tout ce que je savais. J'imaginais que lorsqu'il prendrait la parole, il serait comme une faucille qui vient faire la moisson, et qu'il séparerait le bon grain du mauvais, qu'il purifierait le peuple. Et moi, la voix qui crie dans le désert, j'appelais le peuple à la conversion.
Comme j'avais vécu dans le désert et rencontré les les Esséniens, ces hommes qui se purifient pour accueillir celui qui doit venir, j'avais compris que je devais demander à ceux qui comme moi attendaient le Messie et qui voulaient être prêts, un geste fort. Ce geste c'était de faire comme jadis Naaman le Syrien, de se plonger des eaux du Jourdain, pour que ces eaux saintes les débarrassent de la lèpre du péché; et qu'en sortant de ces eaux ils changent de vie. Très vite j'ai eu des disciples qui sont venus me rejoindre, mais ils savaient que je n'étais pas le Messie.
Un jour, pendant que je priais, j'ai eu comme une vision. J'ai vu un homme jeune, qui venait pour être plongé dans les eaux du fleuve. Et tandis qu'il remontait, je voyais comme une colombe qui venait d'en haut et qui se posait sur lui. Et cette image de la colombe, cet oiseau qui montrait à Noé que la terre portait à nouveau du fruit, était là. Et j'espérais que cela adviendrait.
Et le temps a passé, et j'attendais.
Et voilà qu'un jour, je l'ai vue la colombe. Elle s'est posée sur cet homme qui disait se nommer Yéshoua de Nazareth; et j'ai vu les cieux qui s'ouvraient, la terre et le ciel enfin réunis, et une voix qui disait: "Celui ci est mon fils bien-aimé, celui en qui j'ai mis toute ma joie, tout mon amour". Comment un être humain peut-il être comme le réceptacle de l'Amour du Très Haut? Cela je ne le sais pas, je ne le comprends pas, mais je sais que c'est vrai. En Lui, Dieu est présent. Cette voix, je ne sais pas qui l'en entendue, mais en moi, elle a résonné.
J'ai aussi compris en un éclair que celui-là, celui qui venait de faire comme tous les pécheurs, de se plonger dans les eaux du Jourdain, n'était pas un pécheur, et serait comme l'agneau qui en Egypte avait permis au peuple de ne pas être confronté à la mort des premiers-nés; et que son sang donnerait la vie à notre peuple. Et moi, je sais que je ne suis pas digne de toucher même la courroie de ses sandales. Il est le Saint.
Cela, je l'ai transmis à mes disciples; certains m'ont quitté pour aller vers lui, et je m'en réjouis, car je suis comme l'ami de l'époux et ma joie est parfaite. Certains de ceux qui le suivent m'ont raconté qu'après son baptême il avait été conduit par l'Esprit dans le désert, qu'il avait rencontré l'Adversaire et qu'il l'avait vaincu, et qu'il annonçait que le Royaume était tout proche.
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