Les serviteurs parlent…
On était au deuxième jour de la noce, on commençait à en avoir plein les bottes et on s'est rendu compte qu'il n'y avait plus de vin. Par certains côtés cela nous arrangeait, mais ce n'était pas à nous de nous occuper de cela. Il y avait une jeune femme, enfin peut-être pas si jeune, mais elle le paraissait, et aussi son fils. Lui, c'était un très bel homme. Il ne buvait pas comme les autres. Il avait avec lui des amis qui s'étaient invités avec lui à la noce. Ces cinq là, ils n'étaient pas comptés, mais ces grandes fêtes là, elles sont ouvertes à tous.
Elle, elle s'était rendue compte que nous étions soucieux, et puis nous avions un peu peur de la réaction du maître du repas. Lui, il n'est pas drôle, il contrôle tout, il est partout et pas question pour nous de ne pas être attentifs aux besoins des uns et des autres et quand les gens comment à être un peu ivres, ce n'est pas facile.
Elle a attrapé son fils par la manche et comme on n'était pas loin on a entendu qu'il lui disait- et cela nous a surpris, parce que ce n'est pas comme cela qu'on répond à la mère qui vous a porté dans son ventre, qui vous a mis au monde, qui vous a élevé -, " femme que me veux-tu, mon heure n'est pas venue". C'était étonnant cette phrase.. Et qu'est ce qu'il voulait dire par "mon heure n'est pas encore venue"? Qui était-il ce galiléen? Et pourtant lui, il n'avait pas bu, donc il ne pouvait pas être pris par la folie des grandeurs. Bref on n'a pas compris. Elle, elle s'est approchée de nous et elle nous a dit que s'il nous demandait de faire quelque chose, nous devrions le faire. Après tout pourquoi pas.
Et lui, il est arrivé un peu plus tard, et vraiment pour le vin, il n'en restait plus. Les outres se vidaient les unes après les autres. Il nous a demandé de remplir d'eau, les grandes cuves qui servent aux ablutions. Là on n'était pas très contents, parce que l'eau, il faut aller la chercher à la source, mais bon c'était comme ça. Et on a rempli les six cuves. On était fatigué.. On se demandait ce qui allait se passer. C'était bien gentil d'avoir de l'eau, mais ce n'était pas ça qu'on avait besoin.
Il nous a demandé d'en puiser un peu, et de l'apporter au maître du repas et là, on a vu que l'eau limpide avait changé de couleur. On n'en croyait pas nos yeux. On avait l'impression que quelque chose avait changé en nous, autour de nous, et nous ne sentions plus la fatigue.
Bref, on a apporté de cette eau changée en vin à celui qui était le régisseur, il l'a goûté, (nous on se demandait un peu quel goût ça allait avoir) et sans nous regarder il s'est dirigé vers le marié et on avait l'impression qu'il n'était pas content. On a su qu'il lui avait reproché d'avoir gardé ce vin qu'il trouvait excellent pour la fin de la noce, à un moment où convives n'étaient plus capables de faire la différence entre un bon vin et de la piquette. Mais bon, c'était comme ça, sauf que nous, on savait que c'était un vin mystérieux.
La noce s'est terminée, et nous les serviteurs, nous sommes allés trouver ce Jésus et nous lui avons dit que nous voulions le suivre, et il a bien voulu. C'était le premier miracle qu'il faisait, et cela nous avait fait penser à Moïse qui transforme les eaux du Nil en sang. Et nous ne savions pas qu'un jour il donnerait son sang pour nous, mais ce jour là, nous étions dans la joie de pouvoir le suivre.
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