mercredi, mars 03, 2021

Matthieu 20, 24 "les dix autres s'indignèrent contre les deux frères".

J'ai déjà écrit un texte à partir de cet événement, raconté par Matthieu au chapitre 20. Il s'agit de la demande de la mère des fils de Zébédée, Jacques et Jean, pour qu'ils aient une place de choix dans le royaume. Il s'agit bien du royaume, de ce lieu dont on ne sait pas grand chose, mais qui doit advenir. 


Le texte précédent - Zébédée https://giboulee.blogspot.com/2013/02/madame-zebedee.html - m'a semblé un peu chaotique à la relecture. 


Le texte d'aujourd'hui se veut plus lisse, et centré sur la manière dont Jésus se montre un véritable Rabbi, qui sait utiliser la moindre chose pour permettre à ses disciples de grandir; et de comprendre que, comme lui, celui qui veut être grand doit devenir serviteur. 

 


Madame Zébédée raconte... 

 

Moi, le Jésus, je le connais depuis longtemps, enfin depuis qu'il est venu à Capharnaüm et que mes fils ont tout laissé en plan pour le suivre. Alors il est un peu comme un fils pour moi, et souvent je pense à sa maman, qui n'est pas avec lui tous les jours. Elle doit s'en faire du mauvais sang. Sous la pression de la famille, elle est même venue pour qu'il rentre à Nazareth, mais ça n'a pas marché. Ils en ont vu des choses mes fils, depuis qu'ils sont partis avec lui.

 

Là, il y a quelques jours, ils  m'ont raconté que Jésus est allé avec eux et avec Simon sur une montagne; et que là, devant eux, il est devenu lumineux. C'est le mot qu'ils ont employé: comme le visage de Moïse était lumineux car il reflétait la Gloire de Dieu. Mais lui, c'était tout entier, comme s'il était une sorte de diamant étincelant.

 

Ensuite Moïse et Elie leur sont apparus, eux aussi resplendissants de cette lumière. Ils parlaient de ce qui allait arriver, de quelque chose qui se passerait à Jérusalem. Et Pierre, qui comme toujours a besoin de faire le malin, a demandé à Jésus s'il ne devrait pas leur construire trois tentes; comme si on pouvait les mettre sous cloche! Il a reconnu ensuite qu'il ne savait pas trop ce qu'il disait. 

 

Mes fils à moi, eux, se sont tus. Je pense qu'ils étaient sous le choc, complètement retournés. 

 

Puis une nuée, un nuage d'ombre et de lumière, est venu recouvrir le lieu où ils étaient; et ils ont entendu une voix très douce, un peu comme le murmure que le prophète Elie avait entendu lorsque la brise légère s'était levée sur le Mont Horeb, qui leur disait que Jésus était le Fils bien-aimé du Dieu de notre peuple, et qu'il fallait l'écouter. L'écouter, ouvrir les oreilles du cœur, et faire ce qu'il dirait. 


Ensuite Jésus leur avait dit quelque chose, mais ça, ils n'avaient pas le droit d'en parler. Bon ça m'énerve un peu les cachotteries, mais c'est comme ça, et Jésus c'est le Patron.

 

Quand ils m'ont raconté cela, je me suis dit qu'ils avaient bien de la chance. Déjà ils avaient été les seuls à assister à la résurrection de la fille de Jaïre; et alors là, voir ça, sûr qu'ils auront un bel avenir!

 

Et ils ont pris la route qui monte à Jérusalem. Je dois dire que ça m'ennuie. Déjà en Galilée, beaucoup lui en veulent et veulent sa peau, mais à Jérusalem... Et il a pris les Douze à part. Je me suis approchée en douce, et j'entendu qu'il leur disait que les religieux allaient l'arrêter et le livrer aux païens, et que ceux-ci le mettraient à mort. Mais qu'il reviendrait à la vie le troisième jour... Revenir à la vie?... Qu'est ce qu'il veut dire?  Mais si ça doit se finir comme ça, cela m'inquiète énormément. 

 

Alors je me suis dit que c'était le moment de demander quelque chose pour mes garçons. Après tout, si Jésus allait avoir des ennuis, peut-être qu'eux aussi en auraient; mais d'un autre côté comme il parle de son royaume, peut-être que là, mes fils pourraient avoir un grand rôle, une belle récompense d'avoir tout quitté. 


Je me suis prosternée devant lui. Il m'a demandé ce que je voulais: et je lui ai dit que je voulais que mes fils aient des places de choix dans son royaume, l'un à sa droite et l'autre à sa gauche. 

 

Vu la tête qu'il a faite, je me suis rendue compte que j'aurais du me taire. Il ne m'a pas regardée; il s'est tourné vers mes fils en leur demandant s'ils se rendaient compte de ce qu'ils demandaient, s'ils seraient capables de boire la même coupe d'amertume qui l'attendait. Ils ont dit que oui. Jésus semble avoir été content de leur réponse, mais il a ajouté que les places honorifiques, ce n'était pas de son ressort. 

 

Là-dessus les autres ont commencé à crier sur mes fils, et comme ils sont "grandes gueules" ça montait pas mal, ça se disputait ferme; pourtant, c'était moi qui avait demandé, pas eux. Jésus est intervenu; et comme souvent, et en cela je l'admire, il s'est servi de ce qui était en train de se passer pour leur faire comprendre quelque chose que moi, je n'avais pas imaginé. 

 

Il leur a dit que celui qui désirait être le plus grand... ne devait pas commander, mais se mettre au service du groupe, et même être comme un esclave. Vous vous rendez compte? Et il a ajouté que lui, lui qui se nomme le Fils de l'Homme, il n'était pas venu pour être servi comme un prince, mais pour servir comme un serviteur tout simple. Et là j'ai pensé à ce que le prophète Isaïe a écrit; et en particulier à ce récit du serviteur, méprisé de tous.


Jésus a alors ajouté qu'il était celui qui allait donner sa vie en rançon pour les multitudes; et là j'ai un peu compris qui il était: le Serviteur, celui qui va changer le monde, et qui va lui permettre de réfléchir la Gloire du Très Haut.

  

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