samedi, janvier 07, 2023

Matthieu 2, 13-15, 19-23. Fuite en Égypte. Temps après Noël.

 Mt 2, 13-15, 19-23 Fête de la Sainte Famille (exceptionnellement vendredi après Noël, décembre 2022)

 

J'ai écrit sur ce texte en 2019 - https://giboulee.blogspot.com/2019/12/leve-toi-prends-lenfant-et-sa-mere-et.html, et j'avais été sensible au verbe "se lever". Mais en retravaillant de ce texte, j'ai été prise dans la réflexion par un autre verbe, le verbe prendre. Dans le billet de mai, il n'y a pas d'analyse du texte. 

 

Or en regardant et en travaillant ce texte ce matin, outre la coupure qui correspond au massacre des petits enfants de Bethléem, je me suis rendue compte que ce texte qui rapporte donc le départ de Joseph et son retour, est un texte beau, sobre, et qui montre bien ce qui a été de lui au début de l'évangile de Matthieu: un homme juste, un homme à qui l'Ange du Seigneur s'adresse en songe, et qui comprend que c'est le projet de Dieu pour lui. 

 

Si on remet ce texte dans son contexte, il vient après la visite de mages, qui ont apporté les trois présents, l'or, l'encens et la myrrhe. On peut imaginer que, dans cet évangile, la famille vit dans la maison de Joseph, et qu'elle a une vie "normale"; que Joseph travaille comme charpentier, et que la naissance a été somme toute une naissance banale, un non évènement en quelque sorte, mais que l'arrivée des savants a quand même dû faire un peu de bruit. Mais ils sont repartis sans passer par Jérusalem, ce qui va provoquer la colère d'Hérode, qui n'a jamais pensé à venir adorer celui qu'il considère comme un rival et qu'il faut exterminer comme il l'a fait avec ses propres fils. Et c'est là que l'ange va intervenir, à nouveau pendant la nuit. Et pour moi les verbes: prendre, partir, se retirer…

 

Et surtout la phrase de l'Exode Ex 24, 7: "nous le ferons et nous obéirons". Ou "nous ferons et nous l'écouterons", puisque je crois que le verbe hébreu peut se traduire soit par écouter, soit par agir. Et c'est ce que fait Joseph tout au long de sa vie; en cela il est bien un homme juste, selon le cœur de Dieu.

 

Travail sur le texte.

 

13 Après le départ des mages, voici que l’ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph et lui dit : « Lève-toi ; prends l’enfant et sa mère, et fuis en Égypte. Reste là-bas jusqu’à ce que je t’avertisse, car Hérode va rechercher l’enfant pour le faire périr. »

 

Il y a ce verbe prendre, qui a été mon fil de prière ce matin. 

 

Prendre et agir. Prends ton fils et fuis (ou va). Il ne s'agit pas de prendre pour recevoir mais d'agir. Comme prendre son grabat et marcher, comme prendre sa croix et suivre Jésus. Il y a de l'actif dans ce verbe. On se met debout, on est dans la vie, et on agit pour être dans la logique de Dieu. Et là il faut faire vite. Car on entend bien l'urgence dans ce texte. Et il y a une durée: je te dirai quand tu pourras revenir, mais pour le moment fuis, et protège cet enfant, qui n'est pas le tien, comme s'il était le tien; car il est précieux.

 

14 Joseph se leva ; dans la nuitil prit l’enfant et sa mère, et se retira en Égypte,

15 où il resta jusqu’à la mort d’Hérode, pour que soit accomplie la parole du Seigneur prononcée par le prophète : ‘D’Égypte, j’ai appelé mon fils.’

 

Là encore j'aime les verbes: se lever, prendre, se retirer, rester.

 Se retirer, comme la mer se retire. On ne peut pas la saisir la mer qui se retire, on ne peut pas arrêter son mouvement; et c'est que qui a dû exaspérer Hérode: il ne sait pas où est cet enfant; cet enfant lui a échappé, à lui qui contrôle tout. Alors on comprend sa fureur homicide. 

 

La référence au prophète n'est pas évidente. Peut-être s'agit-il d'Osée Os 11,1: "Quand Israël était jeune, je l'aimais. Et j'appelai mon fils hors d'Égypte"; ou bien le livre des Nombres Nb 24,8: "Dieu l'a fait sortir d'Égypte, il est pour lui comme la vigueur du buffle". Mais cela ne semble pas si évident que cela, sauf que le peuple a bien été appelé par le Seigneur pour quitter l'Égypte, sortir de l'esclavage et s'établir en terre de Canaan. Maintenant, comment ont-ils vécus en Égypte, c'est le silence; mais les communautés juives étaient importantes en Égypte, Joseph a un métier, et peut-être que de la famille a pu les accueillir. 

En fait si je dis cela, c'est que partir ainsi en pleine nuit, c'est dur, dur pour une jeune maman, dur pour un tout petit. Trouver un itinéraire en étant dans la crainte, c'est épuisant; mais de là à faire de Jésus le modèle de tous les exilés, de tous les sans-abris, il me semble que cela ne va pas. 

 

 

19 Après la mort d’Hérode, voici que l’ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph en Égypte

20 et lui dit : « Lève-toi ; prends l’enfant et sa mère, et pars pour le pays d’Israël, car ils sont morts, ceux qui en voulaient à la vie de l’enfant. »

21 Joseph se leva, prit l’enfant et sa mère, et il entra dans le pays d’Israël.

 

Prendre et entrer. Et non plus prendre et se retirer. Curieusement ce n'est pas, du moins dans la traduction liturgique, "rentrer " mais "entrer"; comme si quelque chose de neuf était là. 

 

Ce que j'aime bien, c'est que Joseph est un peu un nouveau Josué, qui entre dans le pays d'Israël, lui dont le fils porte presque le même prénom. Et on peut imaginer Joseph arrivant peut-être au Mont Nébo, et présentant cette terre à son petit garçon.

 

22 Mais, apprenant qu’Arkélaüs régnait sur la Judée à la place de son père Hérode, il eut peur de s’y rendre. Averti en songe, il se retira dans la région de Galilée

23 et vint habiter dans une ville appelée Nazareth, pour que soit accomplie la parole dite par les prophètes : ‘Il sera appelé Nazaréen.’

 

Là, il y a la prudence de Joseph, le vrai père de famille, et à cette prudence répond le songe qui lui conseille de se retirer (à nouveau ce même verbe) en Galilée. Le choix de la ville Nazareth vient-il de l'Ange ou de Joseph? Difficile à dire. Mais la prophétie ne se trouve pas dans la Bible, du moins je ne l'ai pas trouvée. Peut-être est-elle dans un Talmud? Et il me semble aussi, qu'il y a des traductions qui disent: il sera appelé Nazoréen. 

 

On retrouve ce même verbe se retirer, qui renvoie au besoin d'éviter quelque chose de mauvais. Mais en même temps, c'est perdre quelque chose pour être à l'abri. Il a fallu à nouveau ne pas retourner à Bethléem, ne pas retrouver sa maison, mais est ce que cette maison existe encore? Et tout recommencer dans ce village de Galilée, somme tout avec une nature bien plus riante que celle de la Judée.

 

Comme je l'ai écrit, j'aime ce verbe "prendre". 

Prendre et ne pas garder pour soi, prendre et agir, prendre et obéir; et cela peut aller aussi pour la phrase de Jésus, "prenez et mangez". Deux ordres. Mais pas seulement pour vous nourrir, mais pour être nourri, pour devenir semblables à moi et aller ensuite vers les frères.

 

 

Maintenant, il s'agit pour moi de raconter ce que la liturgie nous demande de contempler. Mais par qui le faire raconter? C'est un peu ma question. Je peux bien entendu commencer par Joseph, car c'est lui qui reçoit en rêve la visite de l'Ange, mais pourquoi pas par Marie, réveillée en pleine nuit et qui doit préparer en grande hâte le minimum, pendant que Joseph prépare l'âne (enfin c'est comme cela que l'on représente ce voyage); par Jésus, qui est arraché à la quiétude de nourrisson, ou encore plus tard par un habitant de Nazareth qui se demande quelle est cette famille, qui vient s'installer dans son village? Je ne sais pas vraiment.

 

Et par ailleurs, il faut aussi se dire que dans les évangiles de l'enfance, l'un est centré sur Joseph et l'autre sur Marie, et les récits, ou du moins les chronologies sont différentes et il est difficile de suivre l'un, sans que l'autre ne résonne en arrière fond. 

 

Et puis, comment vraiment donner la parole à Joseph, "le taiseux" finalement, car il ne parle pas, il ne raconte pas, il agit. 

 

 

Comparaison Luc et Matthieu

 

Chez Luc, Marie vit à Nazareth. Elle doit aller à Bethléem,  où elle donne naissance à son fils, puis elle retourne ou ils retournent à Nazareth et la vie s'écoule tranquillement jusqu'au premier pèlerinage à Jérusalem pour la Pâque, et normalement jusqu'au la prédication de Jean-Baptiste et au baptême de Jésus.

 

Mais chez Matthieu, qui veut peut-être montrer que Jésus est bien le Messie annoncé par les prophètes, le nouveau Moïse (qui doit venir d'Égypte), le nouveau Josué qui permet la traversée du Jourdain et l'entrée dans la terre promise, les évènements rapportés sont très différents. On sait que Joseph est de la descendance de David, et apparemment il ne vit pas à Nazareth, mais vraisemblablement à Bethléem, la ville d'origine de David. C'est là où Jésus vient au monde, et où arrivent les mages quelque temps après la naissance, qui est une naissance comme tant d'autres. Puis il faut fuir, parce que les mages en allant à Jérusalem ont provoqué la jalousie et la peur d'Hérode, et donc aller en Égypte, car il faut que la prédiction des écritures "d'Égypte j'ai appelé mon fils" soit accomplie mais surtout que l'enfant ne soit pas victime d'un roi sanguinaire. 

 

L'installation à Nazareth, même si elle accomplit une prophétie que nous ne trouvons pas - du moins telle quelle, est suggérée par un ange. Mais il a fallu que Joseph renonce de retourner dans sa ville d'origine. Alors peut-être que pour raconter ce temps de la fuite en Égypte, il faut certes donner la parole à Joseph, mais après le retour en Israël. 

 

Cela pose aussi la question de la date de naissance de Jésus, et de son âge lors du retour. Si on se base sur une possible conjoncture des 3 planètes qui a eu lieu en -7 ou -6, mais il a peut-être fallu aux mages le temps d'arriver, ce qui donnerait à Jésus entre zéro et un an lors de la fuite et donc de l'ordre de 2 ans lors du retour puisque Jésus serait rentré en l'an -4 (mort d'Hérode). Quelles traces cet exil a-t-il laissé?

 

Joseph raconte

 

Nous voilà installés à Nazareth, une bourgade de Galilée, qui est proche de la ville de Séphoris, ce qui me permettra certainement de trouver du travail, car ce n'est pas dans ce village que je trouverai suffisamment de quoi faire pour nous faire vivre. Comme j'aurais aimé retourner à Bethléem, ma ville à moi, la ville du Roi David, ce village si proche de Jérusalem la ville Sainte. Mais cela n'a pas été possible, car Jésus, mon petit garçon, il me faut le protéger; et avec cet Arkélaüs, digne descendant du roi Hérode, tout pouvait arrive: être près du pouvoir ce n'est jamais bon, avec les espions qui circulent partout. Et après ce qui s'est passé après notre départ, je pense que notre place ne pouvait plus être là. Comment regarder ces femmes dont les enfants ont été mis à mort? Mon petit garçon a maintenant presque trois ans. 

 

Comment suis-je arrivé là, moi qui suis de la tribu de David et qui étais installé à Bethléem? Je dois dire que c'est une longue histoire et je ne pensais pas, que moi, un simple artisan, un charpentier je vivrais tout cela; que notre Dieu, celui en j'ai mis toute ma foi, me demanderait une telle confiance. Cela a commencé avec ma fiancée, Myriam. Je l'aimais, je la respectais et elle est venue m'annoncer qu'elle attendait un enfant, alors que nous ne nous étions pas connus. Cela m'a retourné, je ne savais que faire. Et durant la nuit un songe m'a été envoyé, me disant de ne pas craindre de prendre ma fiancée pour épouse, que l'enfant qu'elle attendait était engendré par l'Esprit Saint et que cet enfant sauverait Israël de ses péchés. Et que je devais lui donner le nom de Jésus; et là, l'ange a cité une phrase du prophète Isaïe, cette phrase où il est question de l'enfant Emmanuel; j'avais toujours pensé à ce prénom pour mon fils. Alors j'ai fait ce que m'avait été dit, j'ai pris Myriam chez moi et nous avons eu notre fils. Un peu de temps a passé, et voilà qu'une après-midi, tout le village a été mis sens dessus dessous. Imaginez que des sages, des savants, sont venus nous trouver, nous les plus humbles de notre village, qu'ils se sont prosternés devant notre tout petit, qu'ils lui ont offert des cadeaux que nous avons reçu avec respect, et qu'ils ont parlé avec nous d'une étoile qui les avait guidés jusqu'à nous. Ils ont reçu eux aussi un songe, et sont repartis dans leur pays, sans retourner par Jérusalem pour parler de nous et de l'enfant au roi Hérode.  

 

Quelques jours après leur départ, j'ai fait un songe qui m'a terrorisé. L'ange du Seigneur, celui qui m'avait parlé en me disant de prendre ma fiancée sans me poser de questions, m'a dit de me lever tout de suite, de prendre ma femme et l'enfant et de partir, tout de suite, de fuir en Égypte, car Hérode voulait tuer notre fils. Je suis allé préparer l'âne, j'ai réveillé Myriam, je lui ai dit que nous devions fuir, vite et loin, elle a pris ce qu'il fallait pour le petit, qui heureusement ne pleurait pas, et nous avons tout quitté pour aller en Égypte. Heureusement nous avons de la famille, mais le voyage a été rude, et ne connaître personne, c'est bien dur. L'ange m'avait dit qu'il me préviendrait quand arriverait le moment favorable pour rentrer dans notre pays. 

Et ce jour est arrivé, ou plutôt cette nuit. J'étais heureux, heureux de rentrer, heureux de retrouver le sol de notre terre. Notre fils avait grandi, il marchait, il était sevré, il parlait si bien. Souvent je le prenais sur mes genoux pour lui lire la Tora, pour que les mots se gravent en lui. Et nous avons pris le chemin du retour. Nous nous étions fait des amis, et partir ce n'est pas si facile, mais sur le chemin du retour, je pensais à Moïse qui avait fait sortir nos pères de l'esclavage, qui avait contemplé la terre promise du Mont Nébo et je voulais que mon fils puisse lui aussi contempler cette terre comme Moïse l'avait fait. Je voulais aussi que comme Josué, dont il porte le nom, il franchisse le Jourdain pour rentrer chez nous. 

 

Seulement, quand j'ai appris que c'était Archélaüs qui régnait sur la Judée, j'ai eu peur. Peur qu'il ne soit comme son père qui avait fait massacrer après notre départ tous les petits enfants de moins de deux ans, tellement il était en colère parce que nous lui avions échappé, et je suis allé, comme je l'ai dit, en Galilée; dans la petite ville de Nazareth. En même temps c'est un pays bien plus riant que la région de Bethléem et je me dis que pour notre fils, ce sera mieux. 

 


Je me rends compte, en relisant, que ce texte omet finalement pas mal d'événements. Il n'insiste pas sur le massacre des innocents qui, si on raisonne logiquement, exclut toute réinstallation à Bethléem. Comment affronter le regard des mères dont les enfants ont été tués? 

 

Alors peut-être laisser raconter par Marie. 

 

Mais avant de commencer je sais qu'il existe à Bethleem une grotte, la grotte du lait, où un pan de rocher serait devenu blanc en recevant une goutte du lait de Marie, quand elle a dû quitter Bethléem en grande hâte pour s'enfuir. Que ce soit dans une grotte ou dans une maison, la hâte a dû être la même et aussi l'inquiétude qui va avec. Mais si je respecte le récit de Joseph, qui est très concis, il est difficile de trop broder…

 

Marie raconte

 

Nous venions de vivre quelque chose d'inimaginable, enfin des choses inimaginables. Maintenant que je sais que rien n'est impossible à Dieu, je ne devrais plus m'étonner: des savants venus de Perse sont arrivés dans notre village, ils sont entrés dans notre petite maison, se sont prosternés devant mon bébé, car ils savaient qu'il serait le roi attendu, le roi du peuple choisi, le roi selon le cœur du Très Haut. Ils nous apporté des présents, de l'or, de l'encens et de la myrrhe. Ils nous ont dit avoir vu dans le ciel de chez eux une étoile très brillante et que cette étoile qu'ils attendaient depuis des années, annonçaient la naissance d'un roi en Israël. Ils avaient suivi un long chemin, étaient arrivés à Jérusalem, avaient rencontré le roi Hérode et lui avaient demandé où était le roi qui venait de naître. Quand ils nous ont raconté cela, la peur nous a étreints, car nous savons bien que ce roi, qui n'a pas hésité à tuer ses propres fils, n'acceptera jamais que quelqu'un prenne la place de sa dynastie. Les scribes consultés ont parlé de notre village, et l'étoile qui avait disparu est réapparue et leur a indiqué le chemin jusqu'à nous. 

 

Voir ces hommes se prosterner devant mon fils, devant notre fils, cela m'a émue très profondément. Sa naissance est passée inaperçue ici, mais les lointains en ont été avertis, et ces hommes ont tout quitté pour voir de leurs yeux le roi promis, le roi attendu. 

 

Quelque temps après, ils nous dirent qu'ils allaient rentrer sans passer par Jérusalem, car un songe les avaient avertis de ne rien dire à Hérode, de ne pas lui révéler le lieu où nous vivions. 

 

Cela a confirmé nos craintes. La nuit même Joseph m'a réveillée. Il avait préparé notre âne, rassemblé quelques bagages, quelques outils et m'a dit qu'un ange lui était apparu en songe, le même ange qui lui avait dit qu'il ne devait pas craindre de me prendre chez lui, de m'épouser; et qu'il fallait fuir en Égypte, car Hérode allait chercher à tuer l'enfant. L'enfant dormait. J'ai préparé ses vêtements et mes vêtements, et nous avons pris le chemin de l'exil. 

 

Tant que nous étions en Terre d'Israël, nous vivions avec la peur des espions d'Hérode, et cela a continué un moment au désert. Puis nous avons pu commencer à respirer un peu. Nous savions bien que le Très Haut veillait, que des anges nous protégeaient, mais ces jours furent des jours bien sombres. 

 

Nous avons pu aller jusqu'à Alexandrie, où nous avons été reçus par la communauté des frères de notre race. Joseph a trouvé du travail, nous avons pu avoir une petite maison, et mon petit garçon a passé là les premiers mois de sa vie. Moi, je faisais des travaux de couture pour les riches femmes égyptiennes, qui aiment les broderies de notre pays. 

 

Et les mois ont passé; Jésus a appris à marcher, à parler, mais bien sûr je le nourrissais comme toutes les mamans du monde. Il était si beau notre fils. Les pèlerinages à Jérusalem nous manquaient, mais nous avions la synagogue. Nous avons appris aussi, et cela nous avait fendu le cœur, que tous les petits de l'âge de notre fils avaient été mis à mort par Hérode.

Et le temps a passé. Hérode est mort. Cela fut un grand soulagement. Et nous pensions pouvoir rentrer, mais l'ange avait dit d'attendre. 

 

Et nous avons attendu. Un matin Joseph m'a dit que l'ange était venu lui dire que nous pouvions rentrer.  mais qu'il faudrait aller en Galilée, car le descendant d'Hérode pouvait chercher lui aussi à nous détruire.  Nous nous sommes établis à Nazareth. 


Comment expliquerai-je à mon petit garçon ce que nous avons vécu durant sa petite enfance? Oubliera-t-il cette fuite en pleine nuit? Comment lui parler de la méchanceté du roi Hérode, de ces enfants innocents qui ont été mis à mort par la folie meurtrière d'un roi qui avait peur pour son héritage pour sa descendance? Comment l'aider aussi à ne pas oublier l'accueil que nous avons reçu quand nous étions exilés, pauvres parmi les pauvres; mais aussi lui parler de ces savants venus de si loin pour plier genou devant lui? Tout cela c'est son histoire, et moi qui garde toutes ces choses dans mon cœur et qui les médite, je les lui raconterai et je lui montrerai aussi combien Joseph qui a agi aux demandes de l'Ange est le meilleur père du monde, lui qui s'est ajusté à la volonté du Très Haut, et qui nous a pris sous sa protection au risque de sa vie. Que le Seigneur soit loué pour tout ce qu'il a fait pour nous et pour son peuple Israël. 

Que nous trouvions maintenant dans ce village le lieu désiré par le Père de mon enfant pour qu'il se développe en grâce et en Sagesse et que l'Esprit saint soit en lui. .

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