mercredi, janvier 25, 2023

Mc 3, 20-21, 31-35. Jésus et ses proches, 3° semaine du temps ordinaire. 2023

 Jésus et ses proches. Mc 3, 20-21, 31-35

 

La lecture continue de l'évangile de Marc, en semaine, montre deux épisodes de Jésus avec ses proches; c'est dans le chapitre 3. Compte tenu de ses démêlés avec les pharisiens qui veulent le faire périr, Jésus a certainement dû quitter Capharnaüm. On ne sait pas trop où il se retire, mais on peut penser que ceux de son village d'origine commencent à s'inquiéter de cet énergumène, qui devient une sorte de danger public: se faire trop remarquer ce n'est jamais bon, et cela peut porter préjudice à tout monde. Seulement comme la première tentative semble ne pas avoir porté ses fruits, c'est la maman "Madame Joseph" et les frères qui sont envoyés. Et il semble bien qu'eux aussi reviennent bredouille. Certes, Jésus ne renie pas sa famille, mais il crée maintenant une autre famille: celle de ceux qui, comme lui, font passer la volonté de Dieu en premier. Il est bien évident que Marie, qui accomplit en permanence la volonté de Dieu, qui garde dans son cœur tous ces évènements, fait partie de cette grande famille que Jésus est en train de mettre au monde; famille qui, comme Jésus, apprendra à faire non pas sa volonté propre, mais la volonté du Père.

 

Le texte (Les textes)

 

20 Alors Jésus revient à la maison, où de nouveau la foule se rassemble, si bien qu’il n’était même pas possible de manger.

21 Les gens de chez lui, l’apprenant, vinrent pour se saisir de lui, car ils affirmaient : « Il a perdu la tête. »

 

On ne sait pas du tout de quelle maison il s'agit; ni à quoi correspond cette insistance que le fait qu'on n'a pas le temps de manger?Au chapitre 6, celui de la multiplication des pains, on retrouvera la même chose, quand les apôtres reviennent de leur première mission; Jésus leur dit: "Venez à l'écart dans un lieu désert, et reposez-vous un peu. Car il y avait beaucoup d'allants et de venants, et ils n'avaient même pas le temps de manger.

 

Il semble bien que ne pas trouver le temps de manger soit quelque chose qui pose question à cette époque-là. Importance du repas, du repas partagé? Encore quelque chose que Jésus semble ne pas respecter, mais dont il tient compte pour ceux qu'il a choisis .

 

On apprend donc que Jésus revient à la maison, que la foule se rassemble et devient tellement importante que la vie "normale" devient impossible. Mais je doute fort que ce soit cela qui ait fait bouger "les gens de chez lui". C'est plutôt le fait qu'il a dû quitter Capharnaüm parce qu'il attire sur lui les foudres des pharisiens, et aussi des Hérodiens, qui sont proches du pouvoir. Et le danger qui pèse sur lui pèse aussi sur sa famille qui pourrait être tenue responsable, voire même sur tout le village. Alors on veut le saisir de lui, ce qui est un terme violent, qui évoque ce qui se passera le soir de la passion. Mc 14, 13 " les autres mirent la main sur lui et l'arrêtèrent".

 

Est alors racontée entre les deux péricopes, l'arrivée des scribes   venus de Jérusalem qui eux ne le traitent pas de fou, mais de possédé, ce qui est peut-être bien pire. Je trouve que ce passage montre une grande douceur chez Jésus, qui ne réplique pas, qui ne polémiqque pas, mais qui essaye par le biais d'une parabole de leur faire comprendre que leur affirmation ne tient pas debout. Mais aussi son désir qu'ils comprenne que ce qui se passe là, dans le cœur, ce refus d'écouter, ce refus de voir ce qui est montré, c'est la pire des choses, c'est la fermeture du cœur à ce que Dieu veut leur entendre.

 

On ne sait pas ce qui se passe après, mais Marc rapporte l'arrivée de Marie (qui n'est pas nommée) et des frères.

 

31 Alors arrivent sa mère et ses frères. Restant au-dehors, ils le font appeler.

32 Une foule était assise autour de lui ; et on lui dit : « Voici que ta mère et tes frères sont là dehors : ils te cherchent. »

 

En pensant à ce texte ce matin, J'ai eu ce matin une très vilaine pensée…Je me suis dit que comme les "gens" n'ont pas réussi à mettre la main sur lui, alors on envoie Marie et les frères, et comme tout bon juif doit honorer son père et sa mère, surtout si la mère est veuve, Jésus devrait céder. C'est une sorte de piège. Une fois que Jésus ne sera plus protégé par ceux qui l'écoutent, on pourra mettre la main sur lui. 

 

Il y a aussi dans ce texte, du dedans et du dehors. Jésus est dedans, et eux restent dehors. Ils n'essayent pas d'entrer; quelque part la foule, fait office de garde du corps, de rempart.

La scène est comme figée. Puis quelqu'un se déplace pour prévenir Jésus qu'on le demande, et pas n'importe qui: sa mère. Et c'est le suspens: que va faire Jésus? 

 

Et là, un peu comme dans l'épisode de la femme adultère dans l'évangile de Jean (Jn 8), Jésus ne bouge pas, il reste assis, tout va se jouer dans la parole, ou plutôt une question. Mais quelle question. 

 

33 Mais il leur répond : « Qui est ma mère ? qui sont mes frères ? »

34 Et parcourant du regard ceux qui étaient assis en cercle autour de lui, il dit : « Voici ma mère et mes frères.

35 Celui qui fait la volonté de Dieu, celui-là est pour moi un frère, une sœur, une mère. »

 

Et à cette question, Jésus donne cette réponse qui est réconfort pour ceux qui sont là, avec lui, et peut-être pour nous, qui essayons à notre tour de rester assis auprès de lui et de mettre en pratique ce qu'il nous dit. Il fait comprendre que ceux qui sont là, assis autour de lui, qui sont là pour l'écouter, pour changer, ceux-là sont désormais sa famille à lui, ce qui ne veut pas dire que Marie n'est pas sa famille. C'est très large: tous ceux qui font la volonté de Dieu, sont, frère, sœur et mère. 

 

Il m'est alors venue l'envie, en mettant ensemble ces deux péricopes de laisser Jésus raconter.

 

 

Jésus raconte.

 

Je pensais bien que ça allait arriver, qu'ils viendraient me chercher pour me ramener dans ce qu'eux pensent être le bon chemin; il faut dire que ces guérisons que j'ai faites le jour du repos, ces péchés que j'ai pardonnés, même pour eux, qui me connaissent depuis toujours ça ne passe pas. 

Ils ont peur pour moi, comme si mon Père n'était pas là à chaque instant, par l'esprit qu'il a fait reposer sur moi et que me guide chaque jour, chaque heure. 

 

Que je guérisse plein de personnes, que j'expulse des esprits mauvais, ça, ça passe, mais que je fasse cela un jour où tout travail est interdit, même pour eux ça ne passe pas. Et il y a des scribes qui répandent le bruit que je suis possédé par le prince des démons, alors que moi, c'est le zèle pour la maison de mon Père qui me possède.

 

 Bref, il y avait tellement de monde qui se pressait autour de moi, que même dans la maison, on n'arrivait même plus à accéder à la cuisine. J'ai su ensuite, que le fait de ne pas arriver à manger, c'était la preuve que j'avais perdu la tête; n'importe quoi. 

 

Mais bon ils sont venus jusque-là, et ils n'ont pas pu entrer et je dois dire aussi que mes disciples, ceux que je venais d'appeler à ma suite, ils ont fait barrage. Seulement ceux de chez moi, ils n'en sont pas restés là. En fait, ils avaient peur pour la peau, peur qu'Hérode ou le procurateur Pilate ne s'en prennent à eux. Et ils ont envoyé ma mère et mes frères. Ils devaient être sûrs que si c'était ma mère, comme je dois l'honorer je serai allé à sa rencontre et ils auraient pu s'emparer de moi. 

 

Mais cela ne s'est pas passé du tout pour eux comme ils s'y attendaient. Là c'était quand même beaucoup plus calme. Je leur parlais du royaume, de ce qu'était se convertir, j'étais assis, j'étais bien.

 

Malgré tout, il y avait pas mal de monde, et plus personne ne pouvait entrer. Ceux qui étaient là, ceux qui étaient assis là autour de moi je les aimais et j'étais bien avec eux. . Quelqu'un est venu me dire que ma mère et mes frères étaient là, dehors. J'aurais certainement dû me lever, m'interrompre pour aller à la rencontre de ma mère, parce que les frères, eux c'est autre chose. La famille ce n'est jamais facile.

 

Et là quelque chose s'est passé, en moi. Je n'ai pas bougé, je ne me suis pas levé, j'ai regardé ceux qui étaient là, assis autour de moi, mes disciples, ceux que je venais de choisir et les autres, ceux qui se passaient de manger pour m'écouter, qui se nourrissaient de mes paroles, de ma présence. 

 

Et je les ai regardés, et j'ai dit à celui qui voulait que je m'interrompe, que ma mère et mes frères, c'étaient ceux-là, ceux qui étaient assis, là, avec moi et qui faisaient la volonté de mon père, qu'ils étaient pour moi, comme des frères, des sœurs, une mère. 

 

Ma mère a entendu cela, et j'ai vu le sourire qui naissait sur ses lèvres, car si quelqu'un a fait et fait la volonté de mon Père, c'est bien elle. Et elle a regardé ces hommes et ces femmes qui étaient là avec moi, et j'ai vu de l'amour qui débordait d'elle, cet amour qui m'a permis de devenir qui je suis. 

 

Et elle leur a dit à mes frères de me laisser, de retourner à Nazareth. Et ils sont partis. Et moi, je suis là, avec ceux que le Père a choisi pour moi, je suis là pour faire sa volonté, je suis là pour révéler à tous qu'il est leur Père.


Mon grain de sel.


En travaillant ces versets et en laissant travailler et résonner en moi, je voulais sortir des commentaires tellement entendus qui se centrent sur Marie, et qui montrent qu'elle qui a toujours fait la volonté du Très Haut est la mère par excellence. Je voulais aussi sortir même si c'est difficile d faire autrement du clivage entre famille biologique et l'autre famille. Et puis dans les psaumes, combien de fois lit-on que faire la volonté du Très Haut c'est qui fait la joie. Ce que je voulais montrer finalement c'est le lien entre Jésus et sa mère, la joie de l'un qui fait la joie de l'autre, ou la joie de l'une qui l'ait la joie de l'un et de laisser cette joie-là, agir en moi. et je dois dire que je peux compte tenu de mon âge, être (enfin cela c'est peut-être un voeux pieux) une père pour Jésus, ce qui est autre chose que d'être soeur ou fille, et bien cela me va très bien.

 

 

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