dimanche, juin 24, 2007

Vocabulaire encore et toujours.


Catherine Lestang.

Péché.

Remplacer le mot "péché" par le mot "manquement" me convient beaucoup mieux. Mes manquements je peux les reconnaître sans pour autant me sentir "coupable". C'est un fait . Je n'ai pas fait, de même que Simon le pharisien n'a pas fait pour Jésus ce que la femme pécheresse a fait pour Lui.Ce n'est pas mal faire, c'est ne pas avoir fait plus. Reconnaître les manquements, c'est aussi prendre conscience qu'il est possible de faire autrement et que c'est cet autrement qui rend vivant et qui est changement, même si c'est très lent et très progressif.

Mon sang versé pour vous.

Je n'aurais jamais fini de réfléchir sur cette phrase. Mais si je pense à la notion de "libation" où finalement on verse par exemple sur le sol, une partie de la boisson que l'on veut consommer, ce qui est une manière de célébrer l'autre absent (le dieu), il me semble que quand Jésus prononce cette phrase, il dit aussi qu'il va tout verser donc tout donner. Il ne garde rien pour lui, ni son corps, ni son sang et c'est ce don total, où rien n'est gardé mais où tout est donné, qui apporte la vie.

Jean-Baptiste.

Je paraphrase la lecture proposée pour cette fête hier Zaracharie était muet, il avait perdu la voix. Jean lui a été la voix qui annonce la parole et la parole c'est Jésus qui la porte. Nous aujourd'hui nous ne sommes pas paroles, mais nous pouvons à certains moments être la voix.

samedi, juin 16, 2007

Jn5,1-14: Le paralytique de la piscine aux cinq portiques

Catherine Lestang
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Catherine Lestang
Jn 5, 1-14 : le paralytique de Bethzatha »


« Trente-huit ans déjà».

Aujourd’hui, cela fera trente-huit ans que je ne peux plus me servir de mon corps. Trente-huit ans que je suis impotent. Trente-huit ans que je me considère comme puni pour quelque chose que j’ignore, mais qui me colle à la peau, qui paralyse mes os et mes muscles. Je sais bien que je ne suis pas un « bon » juif, très pratiquant, mais il faut bien vivre avec les occupants, il faut bien parfois plier pour vivre.

Dans le livre du deutéronome, Moïse a écrit que au bout de 38 ans, la génération qui s’était détournée de YHWH étant morte, les descendants prirent enfin possession de la terre promise. Les maîtres à penser en Israël disent aussi qu’il faut 40 ans pour « rendre les armes devant le Seigneur »... J’espère au fond de moi qu’au bout de ce temps de désert, de ce temps qui n’en finit pas, cette mise à mort de mon corps cessera enfin. Peut-être que quelque chose changera enfin cette année, peut-être que mes forces refleuriront, peut-être que la sève circulera dans mon corps.

Depuis des années maintenant, je rêve d’être guéri par les eaux de la piscine de Bethzatha. Il faut dire que j’ai tout essayé, et que ces eaux qui bouillonnent lors du passage de l’Ange du Seigneur, sont mon seul espoir de guérison.Je sais bien que je ne suis pas le seul et surtout que ce lieu en dehors de la ville est fréquenté par toutes sortes de gens, qui comme moi quelle que soit leur croyance, sont impurs, mais c’est cela qui me permet de vivre jour après jour.

Chaque matin, quelqu’un de ma famille m’y conduit, chaque soir, quelqu’un vient me reprendre. Et à chaque fois c’est pour eux la même déception : non il n’est pas guéri, alors à quoi bon, combien de temps, cela va t il durer? Mais je suis encore le chef de la famille, alors tant que j’espérerai, ils me transporteront.

Aujourd’hui, c’est comme tous les jours. Je suis sur cette espèce de couche qui me sert de lit, qui sert à me transposter de chez moi à la piscine. Le même brancard que celui qui sert à transporter les morts. Depuis le temps, j’ai ma place sous un des portiques, toujours la même. Et comme tous les jours j’attends que l’eau se mette à bouillonner. Je ne suis pas le seul. Nous sommes si nombreux à espérer être guéri.

Un homme s’est planté devant moi. Je ne l’ai jamais vu. Je sais juste à son vêtement que comme moi, il est juif. Il me demande si je veux être guéri.

Quelle drôle de question. Si je suis là, c’est bien pour ça. Il devrait bien savoir que je ne peux pas me plonger dans l’eau au bon moment. Peut-être qu’il va me proposer de rester avec moi et de faire enfin cela pour moi. C’est ce que je lui fais comprendre en lui disant qu’il n’y a pas d’homme pour me plonger dans l’eau.

Il m’écoute et au lieu de m’approcher du bord de l’eau, ce que j’espérais, il me dit : « Lève toi, prend ton lit et marche ».

Et moi qui dépend des autres depuis 38 ans, moi qui ai tout le temps peur qu’ils ne me fassent tomber, je me suis levé, j’ai attrapé ce lit qui ne me servira plus jamais et je me suis mis à marcher.

Quelle joie de sentir la vie en moi, quelle joie de me mouvoir. J’en avais oublié que c’était Shabbat aujourd’hui et que porter était interdit. Peut-être que le repos en YHWH c’est ressentir en soi la force de la vie, sans l’utiliser. Mais lui, il m’a dit de me lever, de porter ce lit qui m’avait porté depuis tant d’années et de marcher et sa parole a été si forte que moi aussi je peux bien continuer à faire ce qu’il dit.

Sur le chemin qui conduit chez moi, je pensais à la fête que j’allais faire. Et voilà que des pharisiens m’ont interpellé. Ils m’ont dit que je n’avais pas le droit de porter quoique ce soit, que j’étais un pécheur parce que je ne respectais pas le repos de ce jour. Alors je leur ai raconté ce qui m’était arrivé, mais que je ne savais pas quel était le nom de cet homme. Un homme qui guérit et qui ne se plie pas à la Loi, qui peut-il bien être ? Pourquoi a t il disparu dans la foule ? Et pourtant j’aimerai bien le connaître car si quelqu’un doit participer à la fête que je vais donner c’est bien lui. Qui est Il celui là qui guérit « gratuitement » les brebis de la maison d’Israël.?