jeudi, juillet 26, 2007

Trinité

Catherine Lestang.

Il ne s'agit pas pour moi de faire un "cours" sur la trinité, mais juste de retransmettre des bribes de réflexions.

Qunhd on dit "Au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit" en se signant au début d'une prière ou d'une eucharistie , que dit-on, à qui s'adresse-t-on?

Quel est ce Dieu qui se décline ainsi? Que mettons nous derrière ce simple mot de Père, car même si comme le dit Paul nous pouvons dire "Papa" à ce Dieu Fondateur, créateur, sorte d'Ancêtre Universel, moi, je ne peux m'adresser à Lui ainsi. Que l'Esprit qui est en moi puisse un jour le faire, je le crois, mais aujourd'hui je ne le peux.

Qui est ce Dieu Fils ou Fils Dieu? Car si on accepte la mythologie lucanienne, Jésus est d'emblée un demi Dieu qui par l'épreuve qu'Il subit "donner sa vie par amour, injustement, sur la croix" en étant comme le représentant de tout l'espèce humaine, acquiert la totale divinité (qu'il avait accepté de perdre en prenant corps). Les textes disent tous que Dieu l'a ressucité au 3° jour, A ce propos, je ne sais si c'est pour signifier le lien qui unit le Père au Fils, que ceci est dit, mais pour moi, la ressurection commence dès que l'expiration de Jésus. Et pour moi, le Dieu vivant qui est en Jésus, est à l'oeuvre et d'une certaine manière la ressurection est en Lui et vient aussi de Lui. Tant pis pour le symbole de Nicée...

Qui est enfin ce Dieu Esprit, qui oeuvrait dès le commencement et qui continue à souffler pour que Dieu soit reconnu et que l'humain puisse de dégager de l'animal qui est en lui, pour accéder à son humanité?

Aujourd'hui, il me semble important de reconnaître que ces trois personnes, sont toutes Dieu dans la plénitude, sans qu'il y ait de préséance parce que dire qu'il y a Dieu " Père , Fils et Esprit" cela renvoie à des liens de supérieur et d'inférieur dans notre système de références. le Père Fondateur l'Ancêtre est plus que le Fils surtout si celui-çi se caractérise par l'obéissance. Quand on voit dans le Gloria le peu de place qui est donnée à l'Esprit Saint, on peut se poser des questions. Je me dis actuellement le Père est Dieu, le Fils est Dieu, l'Esprit est Dieu. Peut-être de manière différente, mais comment moi, petit être de chair puis-je me représenter ce qui est irreprrésentable?

On a coutume de dire quand on reçoit le pain et/ou le vin au cours de l'eucharistie que l'on a Jésus en soi. Certes, mais Jésus ne se dissocie pas du Père et de l'Esprit, donc c'est aussi la Trinité qui prend corps en nous. et je dois dire que la perception de ce poids (cette gloire) qui vient en moi, dans le receptacle si fragile que je suis est pour moi source d'une joie intense.

En lisant il y a quelques jours un texte de Paul (je crois les éphésiens), j'ai fait un lapsus de lecture qui m'a aidée à regarder un peu autrement. Au lieu de lire "laissez vous renouveler" j'ai lu "laissez vous remodeler" et j'ai aimé cette lecture; Il m'est alors venu une autre terminologie pour parler un peu la Trinité.

Remplacer Père par Modeleur ou façonneur, car c'est ainsi qu'Il crée, qu'Il crée les mondes et qu'Il crée les vivants quels qu'ils soient. Dieu Modeleur me parle plus que Dieu Père (au sens de fondateur, presque de super patriarche).
Remplacer Fils, par Appeleur ou Passeur, car Il fait passer de la mort à la vie crée ne moi plus de Joie que de me centrer sur la relation d'obéissance amoureuse qui existe entre le père et le Fils. .
Remplacer Esprit par Souffleur ou vivificateur comme dans la liturgie de premiers siècles), lui donne une présence que laquelle je peux m'appuyer et me laisser aller, car il est en action sans pouvoir jamais être saisi, mis en cage.


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mardi, juillet 10, 2007

Un parallèle?

Catherine Lestang

En écoutant aujourd'hui le texte de la Genèse32, 23-35 qui relate le combat entre Jacob et un "être" qui n'est pas nommé et qui ne se nomme pas,et qui se termine par la relative victoire de Jacob qui devient Israël, il m'est venu l'idée de rapprocher cet épisode qui renvoie à une sorte de désir de mort, de celui rapporté par Ex4, 24-26. Dans cet épisode là, on fait la rencontre de Yhwh qui cherche à faire mourir Moïse. celui ci ne trouvant son salut (la vie sauve) que grâce à son épouse qui d'une certaine manière "saigne" leur fils. Quel est ce Dieu étrange qui, la nuit (cela se retrouve dans les deux textes), vient pour se battre avec celui qu'Il a pourtant choisi.

Peut-on rapprocher cela de l'Ange qui demande à Abraham de sacrifier son fils?

Quel est ce Dieu "d'ombre" qui semble ainsi se dévoiler par moments.Est-ce la face cachée de l'humain qui se dévoile et qui est mise à mal? Je veux dire par là que Jacob qui a volé la bénédiction qui revenait à son frère jumeau, qui porte un partronyme lourd de sens, doit peut-être affronter ses démons intérieurs, de même que Moïse, qui a quand même tué un homme et qui est le survivant de nombreux petits males mis à morts par un pharaon.

Ou bien s'agit il d'un aspect de Dieu, celui qui permettra la mort du fils que l'on ne peut entrevoir que lorsque les ténèbres sont là? Passer par la mort pour devenir vivant?

mardi, juillet 03, 2007

"S'adresser à Dieu?"

Catherine Lestang

Comment s'adresser à Dieu?


Depuis longtemps je suis sidérée au sens fort du terme -sidération- par les mots choisis par l'Eglise pour s'adresser à Dieu dans le rituel de l'eucharistie. Mais en général je passe au-delà. Je me demande parfois pourquoi il faut rapeller tant de choses à Dieu qui normalement ne devrait pas avoir ce genre de problèmes!

Mais la semaine dernière la phrase: "nous t'offrons une offrande vivante et sainte" a remis en route ma réflexion. Qu'est ce qu'une offrande vivante? Est ce que ça se met à tressauter, à bouillonner? Dois-je entendre et comprendre que derrière ces "espèces" en quelque sorte inanimées, il y a la vie? Bref, j'ai du mal à me représenter ce que cela signifie. Je veux bien que ce soit un mystère, je veux bien admettre mon incompréhension en espérant que peu à peu du sens viendra, mais aujourdhui le prêtre célébrant a choisi la prière eucharistique n°1. Et là je me suis sentie prise dans un discours qui s'adresse à un monarque de l'ancien régime. Pourtant ce canon (comme on disait autrefois) je le connais bien puisque c'était le rituel d'avant les années 60. Pourquoi s'adresser ainsi à un Dieu qui s'est incarné, qui a pris chair et qui a donné sa vie? Est ce nécessaire de marquer ainsi la distance entre le créateur et la misérable créature qu'est l'être humain?

Quand on s'adresse à un souverain, il y a un vocabulaire à respecter, sinon il ne vous écoutera pas. Cela ,soit.

Mais il y aussi la certitude que du fait de son pouvoir, de sa force, ce monarque peut faire de moi ce qu'il veut (y compris de m'éliminer): je ne suis pas de taille à lutter contre lui et il peut m'écraser (ou me faire écraser).

Alors il est indispensable pour conserver ce qui compte le plus pour moi, à savoir ma vie et celle des miens, premièrement
de le caresser dans le sens du poil (Le reconnaître comme le plus, et moi comme le moins), donc chanter ses louanges et le remercier parce qu'il me laisse la vie sauve (et me donne le moyen d'être vivant) et deuxièmement de de lui faire des cadeaux qui vont lui montrer mon bon vouloir, ma soumission, et qui doivent sortir de l'ordinaire. Le rôle de l'offrande dans les rituels de soumission et d'apaisement est fondamental.

L'offrande d'une certaine manière est un substitut à la vie propre. Si je peux lui offrir une offrande capable de désamorcer sa colère, alors je suis sûre de rester dans la vie.

L'eucharistie est une histoire d'amour. Elle n'est pas une histoire mue par la crainte. Jésus ne donne pas sa vie par peur, mais par amour.

Or le vocabulaire de la messe est pour moi révélateur de la peur, de la crainte et non de l'amour révéle. Et cela me dérange d'autant plus que dans le premier testament la relation entre l'homme et YHWH est une relation étonnamment libre. Je pense à Abraham qui marchande lors de la destruction de Sodome, à Gédéon qui demande "des preuves", à Moïse qui déclare qu'il ne sait pas parler, à Job qui fait un procès à Dieu, aux prophètes qui trouvent leur charge invivable.

L'image de Dieu est bien trop proche de ce que nous les hommes nous imaginons de la toute puissance, car une toute puissance libre du péché nous ne pouvons la concevoir. Le Dieu amoureux annoncé par les prophètes et révélé pleinement par Jésus est il un dieu terrifiant?

L'eucharistie devrait être un chant d'amour, comment lui redonner cette dimension?