mardi, juillet 03, 2007

"S'adresser à Dieu?"

Catherine Lestang

Comment s'adresser à Dieu?


Depuis longtemps je suis sidérée au sens fort du terme -sidération- par les mots choisis par l'Eglise pour s'adresser à Dieu dans le rituel de l'eucharistie. Mais en général je passe au-delà. Je me demande parfois pourquoi il faut rapeller tant de choses à Dieu qui normalement ne devrait pas avoir ce genre de problèmes!

Mais la semaine dernière la phrase: "nous t'offrons une offrande vivante et sainte" a remis en route ma réflexion. Qu'est ce qu'une offrande vivante? Est ce que ça se met à tressauter, à bouillonner? Dois-je entendre et comprendre que derrière ces "espèces" en quelque sorte inanimées, il y a la vie? Bref, j'ai du mal à me représenter ce que cela signifie. Je veux bien que ce soit un mystère, je veux bien admettre mon incompréhension en espérant que peu à peu du sens viendra, mais aujourdhui le prêtre célébrant a choisi la prière eucharistique n°1. Et là je me suis sentie prise dans un discours qui s'adresse à un monarque de l'ancien régime. Pourtant ce canon (comme on disait autrefois) je le connais bien puisque c'était le rituel d'avant les années 60. Pourquoi s'adresser ainsi à un Dieu qui s'est incarné, qui a pris chair et qui a donné sa vie? Est ce nécessaire de marquer ainsi la distance entre le créateur et la misérable créature qu'est l'être humain?

Quand on s'adresse à un souverain, il y a un vocabulaire à respecter, sinon il ne vous écoutera pas. Cela ,soit.

Mais il y aussi la certitude que du fait de son pouvoir, de sa force, ce monarque peut faire de moi ce qu'il veut (y compris de m'éliminer): je ne suis pas de taille à lutter contre lui et il peut m'écraser (ou me faire écraser).

Alors il est indispensable pour conserver ce qui compte le plus pour moi, à savoir ma vie et celle des miens, premièrement
de le caresser dans le sens du poil (Le reconnaître comme le plus, et moi comme le moins), donc chanter ses louanges et le remercier parce qu'il me laisse la vie sauve (et me donne le moyen d'être vivant) et deuxièmement de de lui faire des cadeaux qui vont lui montrer mon bon vouloir, ma soumission, et qui doivent sortir de l'ordinaire. Le rôle de l'offrande dans les rituels de soumission et d'apaisement est fondamental.

L'offrande d'une certaine manière est un substitut à la vie propre. Si je peux lui offrir une offrande capable de désamorcer sa colère, alors je suis sûre de rester dans la vie.

L'eucharistie est une histoire d'amour. Elle n'est pas une histoire mue par la crainte. Jésus ne donne pas sa vie par peur, mais par amour.

Or le vocabulaire de la messe est pour moi révélateur de la peur, de la crainte et non de l'amour révéle. Et cela me dérange d'autant plus que dans le premier testament la relation entre l'homme et YHWH est une relation étonnamment libre. Je pense à Abraham qui marchande lors de la destruction de Sodome, à Gédéon qui demande "des preuves", à Moïse qui déclare qu'il ne sait pas parler, à Job qui fait un procès à Dieu, aux prophètes qui trouvent leur charge invivable.

L'image de Dieu est bien trop proche de ce que nous les hommes nous imaginons de la toute puissance, car une toute puissance libre du péché nous ne pouvons la concevoir. Le Dieu amoureux annoncé par les prophètes et révélé pleinement par Jésus est il un dieu terrifiant?

L'eucharistie devrait être un chant d'amour, comment lui redonner cette dimension?

2 commentaires:

Anonyme a dit…

ogJe t'ai bien lue et je peux comprendre tes questions...
je me demande ce que tu penses de ce qui suit!



Lettre Apostolique « Summorum pontificum » du Pape Benoît XVI

Le Pape Benoît XVI publie aujourd’hui la Lettre Apostolique « Summorum pontificum » et demande à tous les évêques d’appliquer ses directives qui concernent tant le rite Paul VI (rite "ordinaire") que le rite Saint-Pie V (rite "extraordinaire"). Le Saint-Père demande aux curés de porter une attention particulière à la beauté, ainsi qu’à la dignité des deux formes du même rite romain, et de répondre aux attentes pastorales des communautés. Les curés auront dès lors la délicate responsabilité d’apprécier la nécessaire mise sur pied de célébrations selon le rite tridentin, tout en maintenant en priorité le rite Paul VI. Pour ce faire, ils seront en constant dialogue avec l’évêque diocésain, premier responsable liturgique du diocèse.

Afin d’appliquer au mieux cette Lettre Apostolique, Mgr Bernard Genoud, évêque du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg, consultera, dans les plus brefs délais, les responsables concernés pour connaître plus précisément les demandes et attentes des fidèles par rapport aux rites précités. Le Conseil épiscopal traitera les réponses de cette consultation dès la rentrée. Mgr Genoud précisera alors l’application de ce motu proprio.

Dans sa Lettre Apostolique, le Pape rappelle la beauté du rite ordinaire habituel de Paul VI et invite à redécouvrir toutes les réflexions et réformes qui avaient conduit le Pape à la promulgation de ce rite. Benoît XVI entend par ailleurs favoriser davantage la possibilité de célébrer aussi la messe selon le rite tridentin.

Outre le rituel de la messe, le document concerne également les sacrements du baptême, du mariage, de la réconciliation, de la confirmation et de l’onction des malades.

Actuellement, en cinq lieux du diocèse (Fribourg, Bulle, Lausanne, Genève, Neuchâtel), la messe et certains sacrements sont déjà célébrés régulièrement selon le rite tridentin à la satisfaction des fidèles qui y participent.

Mgr Bernard Genoud appelle tous les agents pastoraux et tous les fidèles à accueillir l’interpellation du Saint-Père comme une invitation à approfondir et à vivifier toujours plus les pratiques liturgiques dans le souci particulier de ne pas les opposer et de développer toujours mieux une liturgie qui soit véritablement l’expression des Mystères du Salut dans l’unité de notre foi catholique.



Nicolas Betticher, attaché de presse


Les textes officiels sont disponibles sur le site de la Conférence des évêques suisses :

http://www.sbk-ces-cvs.ch

Giboulee, a dit…

J'ai reçu un commentaire me demandant ce que je pense du "motus proprio" autorisantla messe en latin.

Pour avoir connu cette forme de liturgie, je peux dire que je la trouve "reposante" car elle permet de s'abstraire un peu de ce qui se passe entre le prêtre et "son Dieu", mais si certains la regrettent, je n'en fais pas partie.

Merci à "anonyme" d'avoir écrit.