25 Mars 2006
Délivre nous du mal.
Cette petite phrase du Notre père, je l’ai entendue pendant longtemps comme: délivre nous de ce qui nous fait mal, de ce qui nous atteint, de ce qui nous blesse. Cette atteinte risquant de nous faire douter de toi et de ton projet sur moi. Car les épreuves (mais est cela le mal?) peuvent rapidement faire douter de Dieu, surtout si Dieu est perçu comme un Dieu protecteur.
J’ai déjà écrit dans un blog précédent ce que je pensais de cette notion du mal.
Mais j’ai vu il y a quelques mois un reportage sur les coraux. Ce reportage a été source de réflexion. J’y ai appris que ces «êtres bien primitifs en a priori non dotés d'intelligence » s’arrangent pour livrer des combats aux espèces qui ont la même structure qu’eux, pour s’emparer de leur territoire. Ceci pour dire que ces organismes, portent en eux cette capacité à détruire pour envahir, pour occuper unespace le plus grand possible. N’est ce pas ce qui se passent quand nous les hommes nous faisons la guerre: avoir un territoire plus grand, plus riche, pour pouvoir nous y répandre. Bien entendu les motivations avancée sont souvent très nobles, mais au final ne s’agit il pas de cela ?
Si ce fait a eu un tel impact sur moi, c’est qu’il m’a amenée à reconnaître que cette pulsion à détruire pour occuper, est comme fondamentale pour la survie de l’espèce. C’est le « que le meilleur gagne ». Alors cette violence, qui est aussi pulsion de vie (s’étendre, conquérir, procréer) est elle le mal ? Est-ce de cela dont nous devons être délivrés ?
D’une certaine manière oui, car se laisser aller à ce comportement qui se nomme « convoitise » va vers toutes les dérives possibles et empêche toute vie en société. La faute « tapie en nous » comme le dit la genèse (dialogue entre Caïn et Dieu), c’est bien cela, et elle va au meurtre. Les lois qui gouvernent un peuple sont bien là pour juguler ce désir de prendre pour son usage personnel, de faire sa loi et sa justice. Elles permettent le vivre ensemble.
Mais il y a derrière ce mal qui est comme une loi inscrite en nous et qui nous permet peut-être de ne pas avoir été une espèce en extinction, un autre mal très spécifique de l’humain, le faire du mal sans but réel, juste pour détruire, juste peut-être pour le plaisir de se savoir le plus fort, le maître.
Pour en parler, je vais parler d’un inc ident qui m’est arrivée quand j’étais encore une petite fille, mais qui a pris sens réellement ces jours ci.
Quand j’étais enfant, je dirai 7 ans, parce que je venais d’avoir des patins à roulettes pour mon anniversaire, je nageottais près du bord de la plage. Le soleil était là, j’étais fascinée par les changements d’ombre sur le fond. La mer était bonne et j’étais remarquablement bien. Et puis tout d’un coup, cela a chaviré. J’ai reçu une pierre en pleine tête, pierre qui m’a blessée. Outre la fait que la réaction de ma mère a été de m’attraper parce que mon cri la dérangeait, je me suis trouvée face à une grave interrogation, pourquoi cette attaque alors que j’étais là en toute innocence.
J’ai toujours imaginé que celui qui avait cela s’amusait à jeter des pierres dans l’eau et que par malchance j’en avais reçue une. Mais aujourd’hui, je sais qu’il n’y a eu que cette unique pierre, car une pierre jetée dans l’eau cela fait du bruit. Celui qui l’a envoyée l’a fait consciemment, avec le désir d’atteindre, de faire mal de faire du mal. J’ai imaginé que c’était un enfant comme moi, mais de fait je ne sais pas, parce que je n’ai pas vu.
Et ce désir de destruction celui là il est en germe en chaque humain et il pousse à détruire pour détruire. Et aujourd'hui, je dirai que cela c’est le mal. Et ce mal là, il est en moi et je ne suis pas capable de m’en libérer.
Etre pécheur c’est peut-être simplement cela : reconnaître cette force de destruction gratuite, détruire pour détruire, pas pour se défendre, -parce que là c’est autre chose-, détruire pour le plaisir, peut-être pour se « rassurer sur sa force », mais sans tenir compte de l’autre,de celui qui est en face.
Et de cette pulsion là, je ne peux m’en « délivrer » seule, j’ai besoin d’aide. Car si je la laisse s’exercer, vient alors la tentation de la laisser agir, et de se prendre pour un petit dieu qui a oublié que seul l’amour est porteur de vie.
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