J'ai passé ma journée d'hier à entendre un (des) exposé sur Henri Le Saux. C'est un moine bénédictin qui est parti aux Indes tout se suite après la proclamation de l'indépendance de ce pays en 1947.
Il a beaucoup été question de "non dualité" et d'éveil.
En ce qui concerne la non dualité j'ai retenu ceci: un maître ami de Le Saux avait coutume de demander à un disciple qui disait: je suis fatigué ou je suis triste ou je suis heureux, qui est triste, qui est fatigué, qui est heureux? J'ai trouvé cette approche très intéressante, car elle permet d'une certaine manière de s'unifier.
A la question qui est fatigué, il y a bien des réponses possibles. En ce qui me concerne, la fatigue dont je parle si souvent était présente hier dès la fin de la matinée. Cette fatigue elle n'est pas une partie de moi, elle est moi, elle est en moi et d'une certaine manière l'important est d'apprendre à vivre avec elle, de faire un avec elle, car elle veut peut-être me mener quelque part.
Pour l'éveil, comme j'ai déjà lu pas mal de choses dans le livre tibétain de la vie et de la mort, je n'ai pas appris au sens intellectuel, mais il m'est venu une drôle d'idée concernant Moïse et l'exode.
C'est ce qui justifie le titre de ce billet.
J'ai toujours été frappée par les durées: 3 fois 40 ans pour la vie de Moïse, ce qui lui donne un âge plus que respectable pour diriger un peuple qui fuit. Il y a les 40 jours qu'il passe dans la nuée, au cours desquels il reçoit si l'on peut dire un enseignement, puisqu'il redescend avec les tables de la loi. A nouveau 40 jours pour revenir avec les nouvelles tables, mais surtout avec une conception, une vision de son Dieu complètement différente.
Il parait quand même étonnant que l'Exode n'ait laissé aucune trace exploitable par des archéologues. Ceux ci disent d'ailleurs que l'exode a concerné un petit nombre d'individus, alors de quoi parle-t-on? Exode mythique pour redonner du coeur aux exilés en Babylone? Ou l'histoire d'un fondateur (comme Bouddha) qui passe par une série d'expériences d'Eveil.
Finalement la description de la théophanie inaugurale n'est pas tellement différente de ce que l'on retrouve dans les visions d'Isaïe ou d'Ezéchiel. Ces visions mettent en jeu un Dieu redoutable violent, volcanique, je dirai bien humain par certains côtés.
Ce Dieu qui s'est révélé une première fois dans le buisson ardent (Ex3) qui a donné son nom "Je suis celui qui suis" mais qui parallèlement peut dire "Je serai avec toi" ce Dieu là éveille Moïse à une autre réalité.
Les plaies d'Egypte peuvent aussi figurer les combats que Moïse doit faire en lui, pour pouvoir devenir un Chef, lui qui s'est jadis enfui après un meurtre. Il a des peurs qu'il faut vaincre un jour ou l'autre.
La première séquence de 40 jours, dans le feu, la tempête, le bruit est une vision apocalyptique qui renvoie à certaines visions de l'après mort dans les NDE. Elle se termine par une sorte d'épuration brutale du peuple. Mais surtout par un code de vie qui est une alliance.
La seconde séquence de 40 jours se termine par la conception d'un Dieu Autre, celui qui lui dit: Ex 34,22:" Quand passera ma gloire, je te mettrai dans la fente du rocher et je te couvrirai de ma main jusqu'à ce que je sois passé. Puis j'écarterai ma main et tu verras mon dos; mais ma face on ne peut la voir".
Ce Dieu là n'a plus besoin de cette bimbloterie volcanique pour se révéler et pour se laisser trouver. C'est le même qui au bout de 40 jours choisit de se montrer à Elie non pas dans le bruit mais dans le son d'un silence subtil.
Si le visage de Moïse luit d'une autre lumière c'est bien le signe qu'un Autre est présent en Lui. Et cet autre comme le dit le Deutéronome, il n'est pas à chercher dans le ciel ou dans les abîmes, mais dans le coeur de l'homme.
Voilà le fruit d'une journée finalement assez étonnante.
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