jeudi, novembre 22, 2007

"Je tends la main vers toi"

Non, ce n'est pas exactement une phrase de psaume, même si ça y ressemble.

Cette phrase "j'ai tendu la main vers quelqu'un et ce quelqu'un ne l'a pas attrapée et cela m'a blessée"m'a été dite hier par une amie et je pense avoir fait un énorme contre-sens en l'entendant et surtout en y répondant un peu trop rapidement.

Cette phrase je l'ai comprise de la manière suivante: cette autre personne avait besoin de moi, j'ai tendu la main pour la sortir de sa difficulté et elle n'a pas voulu la prendre. Moi, je me suis retrouvée toute bête avec ma main tendue et ça m'a mise en colère. C'est toujours difficile de voir son offre rejetée et cela peut générer de la colère mais aussi un repli relativement légitime sur soi. Du coup on peut se sentir mauvais et nul, alors qu'on est pas en cause.

Jusque là c'est presque toujours comme cela que j'avais entendu cette phrase. Tendre la main à l'autre pour l'aider. Avec aussi un risque important, celui de perdre pied avec l'autre et de basculer avec lui. Ceci me permettant de comprendre une phrase d'un de mes analystes (phrase que j'avais détestée)"si vous vous accrochez à moi, nous risquons de basculer tous les deux et il n'en est pas question".

A l'époque j'avais trouvé cela bien dur, même s'il y a une part de réalisme. Pour moi c'était quand même non assistance à personne en danger.

Le geste de tendre les mains renvoie bien souvent à une demande de protection: je tends les mains vers toi, pour que tu me tires du bourbier, pour que tu me fasses échapper à mes ennemis ou à la mort.

Parfois la main tendue est signe d'une demande: celle du mendiant à la porte de l'église, dit: remplis ma main vide et sors moi de ma faim. Mais là se pose une question qu'est ce qui est le plus important: toucher cette main qui se tend c'est à dire regarder l'autre comme un proche ou simplement déposer quelque chose pour se donner une moins mauvaise conscience? Comment concilier les deux? Toucher engage beaucoup plus que déposer.

Alors pour en revenir à cette phrase, pour moi aujourd'hui elle veut dire: j'étais mal, j'ai essayé de tendre ma main juste pour sentir un contact, et comme l'autre personne s'est détournée, n'a pas touchée ma main qui se tendait vers elle, alors je suis dans une solitude sans nom, dans une souffrance son nom, d'autant que tendre la main m'est très difficile". Ce changement de sens a pour moi des effets que je pense être très importants: entendre autrement, entendre ce qui se hurle et que moi je n'ai pas forcément envie d'écouter.

Tendre la main, c'est espérer qu'une réponse sera là, qu'une chaleur sera là, c'est juste un contact, ténu mais présent.Et pafois ce geste est à peine esquissé, la main est prête à se refermer, alors il ne faut pas louper ce moment là.

Faire quelque chose, agir en donnant c'est relativement facile. Rester et tenir la main de cet autre qui est comme un petit oiseau qui ne peut dire sa peur c'est bien autre chose.

C'est peut-être pour cela que j'avais fait une sorte de contre-sens un peu dramatique à l'écoute de cette parole. Parfois le "Ephata" de Jésus au sourd-muet, prend tout son sens pour moi.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonsoir Giboulée,
Je viens de lire ton partage et j'aimerais te dire que moi, c'est différemment de toi que cette image me parle. Sur le top c, je suis "Main tendue". Main tendue vers les autres, pour les aider, les écouter, les accompagner pendant un bout de chemin. Pendant des années j'ai fait des camps comme "responsables", et ma prière était : "Seigneur que je ne passe pas à côté d'une personne qui aurait besoin"......et j'ai fait des rencontres extraordinaires, des liens et des amitiés se sont tissés qui perdurent encore avec les années. Des mains tendues vers les autres afin qu'ils ne soient plus seuls.......

Giboulee, a dit…

Ce que tu décris là, c'est ce que en tant que "porteuse d'eau" j'ai essayé et essaye encore de faire.

Simplement là c'est une autre approche. c'est peut-être pour moi, sortir encore plus du "faire" pour essayer de vivre dans l'être.

Merci de ta contribution.