vendredi, novembre 02, 2007

"Et les ténèbres ne l'ont pas saisie"Jn 1,5


Il y a longtemps que ce petit bout de verset me fascine, car il renvoie bien au combat entre la lumière et les ténèbres et d'emblée il annonce si je puis dire la couleur: les ténèbres (le mal) ne peut pas "attraper" la lumière, la vie, qui finit par triompher. Les ténèbres sont autre chose que la nuit, elles renvoient à une sorte de noir absolu.

Je viens de terminer le dernier Harry Potter, et pour les personnes qui ne l'ont pas terminé, je vais peut-être gâcher leur plaisir en révélant un peu de ce qu'il en est de la fin, mais ce roman comme les précédents donne à réfléchir.

Il s'agit bien d'un combat entre les ténèbres et la lumière. Harry qui représente la lumière, n'a jamais pu être "saisi" de manière définitive par le mal. Quand il se rend compte que pour anéantir le mal, il faut qu'il accepte lui, parce qu'une part de ce mal est enfermé en lui, d'être tué, alors les choses basculent et l'on revient qu'on le veuille ou non à une dimension christique. Celui qui perd sa vie "à cause de moi" la trouvera.

Mais Harry est un héros et moi, n'étant pas un personnage de roman je suis très loin de cet héroïsme.

Cependant il y a une autre thématique qui est pour moi importante dans ce livre, c'est celle de la dépression et de la lutte contre la dépression.

La dépression est personnifiée par les détracteurs, qui font l'obscurité autour d'eux et qui aspirent tout le potentiel de vie qui se trouve dans chaque personne. Il ne reste que le noir, l'horreur, la peur, l'incapacité. Quand Harry est confronté aux détracteurs dans "le prisonnier d'Azkaban", il se trouve physiquement mal, ce qui traduit bien les effets somatiques et dévastateurs du vécu dépressif.

Beaucoup de personnes qui ont été comme dépossédées de leur enfance par des parents abusifs, parlent de leur coeur, qu'elles voudraient arracher. Coeur lourd, coeur brûlant coeur glacé, coeur pesant des tonnes, coeur qui demande la mort comme pour répondre au souhait qui a pesé sur eux au moment de leur naissance.

Cette douleur physique dont je n'avais jamais entendu parler au cours de mes études, est un des aspects somatiques de la dépression quand elle se fait incisive surtout lorsque la nuit est là et que les terreurs de l'enfance remontent.

Baudelaire n'écrivait-il pas: " et l'angoisse atroce, despotique, sur mon crâne incliné plante son drapeau noir"ce qui est une belle mise en mots de cette douleur intense.

Pour en revenir à la sage Harry Potter, il y a comme moyen de récupération après une attaque (de panique) provoquée par les détraqueurs, le chocolat (qu'il soit magique ou non). Or chacun sait que le chocolat est un excellent antidépresseur. Mais il y a un autre moyen pour ne pas se laisser envahir par ces ténèbres, je veux parler des "patronus". Mais la création d'un patronus, figure protectrice et cependant propre à chaque individu, nécessite une certaine énergie et le désir même minime de vaincre.

Il est indispensable de faire appel à un ou à des souvenirs heureux, de retrouver une toute petite oasis à soi, où l'on est bien et ensuite symboliser ce moment de douce chaleur par un animal qui désormais vous représentera (une sorte de totem pourrait-on dire) et qui parviendra à faire fuir, (mais pas à détruire) ces représentations désespérantes.

J'ai déjà parlé dans mon autre blog de l'importance pour moi d'avoir retrouvé un souvenir de mon adolescence, où assise dans une embrasure de fenêtre, je voyais au premier plan un toit de tuiles romaines, puis dans le lointain la mer scintillante sous le soleil.

Cette image m'a beaucoup aidée durant ma radiothérapie. Elle est à moi, je peux la faire apparaître quand je le désire.

Et ce matin pendant un temps que je me donne pour essayer de sortir des choses à faire, et où je visualisais cette mer miroitante, deux phrases de psaumes: "Ah si j'avais les ailes de la colombe, je m'en irais gîter au désert" et "quand les ailes de la colombes se parent de reflets d'argent" me sont revenues . Se transformer en oiseau, se planer, utiliser le vent...

Mais pour moi, la colombe ne fait pas partie des oiseaux marins et je me suis vue comme une mouette dansant au dessus de l'eau. Je peux espérer que cette représentation pourra m'aider à accepter ces temps d'hiver.

Bien sûr je n'ai pas de baguette magique, mais j'ai des images de vie qui ne pourront pas être avalées par les images de mort, et c'est à moi de faire vivre en moi ces mouvements d'ailes qui sont évocateurs aussi de la force de l'Esprit qui planait sur les eaux.

Aucun commentaire: