"Qui mange ma chair et boit mon sang, demeure en moi et moi en lu"i. Jn6, 56
Je pense n’avoir pas fini de buter sur ce verset qui depuis fort longtemps me pose question. J’ai souvent pensé que si j’avais écouté ce discours sur le pain de vie, j’aurais fait comme la plus part des juifs présents, je serais partie (peut-être même en me bouchant les oreilles).
Il me semble avoir pourtant ces jours derniers, trouvé quelques éléments qui permettent de comprendre un peu mieux.
Il y a le paradoxe de la phrase. Quand nous ingérons de la nourriture, nous ne nous transformons pas en elle, elle se transforme en nous, elle nous donne l’énergie dont nous avons besoin pour vivre. Que communier au corps et au sang nous donne une énergie autre, oui, mais comment peut-on devenir l’Autre ?
Si le corps et le sang de Jésus nous permettent de nous transformer (ou de nous laisser transformer) en Lui, c’est qu’un processus autre est l’œuvre, comme celui qui permet de renaître d’en haut. Ces inversions du « naturel » sont fréquentes dans l’Evangile de Jean et difficiles à comprendre, même à entendre .Or quand Jésus propose ces inversions, c’est qu’Il se présente comme le Tout Autre, comme le Fils de Dieu. On passe de l’ordre charnel à l’ordre spirituel et les règles de dernier peuvent être bien différentes de celles qui régissent notre univers.
Peut-être est-il possible de dire que lorsque Jean l’évangéliste fait prononcer à Jésus de telles phrases, c’est qu’il veut nous faire comprendre que Jésus se situe dans sa filiation et avec une autre logique. Dans cette hypothèse, ltout le discours sur le pain de vie devient plus facile à entendre.
Par ailleurs si comme le fait remarquer Marie Balmary dans son livre « Abraham ou le sacrifice interdit » chaque fois que dans la Bible (en particulier dans la Genèse) qu’il y a séparation des éléments, c’est qu’il y a création, il est possible de penser que lorsque Jésus le soir de la Cène donne le pain comme son corps et le vin comme son sang, il y a création. D’une certaine manière le nouveau corps de Jésus (celui d’après la résurrection) est déjà présent et de ce fait notre recréation à nous.
Cette séparation en corps enveloppe (qui est en fait ce qui reste de l’homme après son décès, quand le souffle est parti) et sang (identité de la personne, essence, vie) donne lieu à une création. La mort annoncée, réalisée devient vie.
De même que nous participons à cette mort, car en mangeant et en buvant nous participons à la destruction, nous sommes vivifiés et transformés par la Vie qui nous est alors donnée.
Actuellement je pourrais dire que manger ce qui fait figure de chair à savoir le pain et boire ce qui fait figure de sang à savoir le vin permet d’une part de voir en Jésus l’agneau pascal dont on a mangé la chair rôtie le jour de la Pâques et dont le sang badigeonné sur les portes a permis le peuple d’échapper à la mort des premiers nés. Il y a bien là une notion de rédemption de salut : la mort sauve.
Mais surtout et d'autre part la séparation de corps enveloppe et du sang ne conduit plus à la mort mais à la vie. Chaque fois que nous participons à ce repas, c’est la Vie qui se manifeste en nous et qui nous permet petit à petit de nous identifier (devenir comme) à Jésus. Et là c’est bien Lui qui demeure en moi.Il devient alors possible de dire avec Paul, « Ce n’est plus moi qui vit, c’est le Christ qui vit en moi ».
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