Pour beaucoup de personnes
l’évangile de Jean est une merveille. Parfois je le trouve aussi, mais souvent
j’ai bien du mal avec ces écrits, ces discours, ces espèces de jeux de mots
permanents, ces couples lumière ténèbre, liberté, esclavage etc. Je ne sais pas
si on doit brûler ce qu’on a adoré, mais cet évangile que j'ai adoré autrefois, est parfois un vrai casse
tête et avant qu’il ne passe dans mon cœur, il faut du temps. J’ai souvent
l’impression à la fois d’un serpent qui se mord la queue, ou d’une matriochka,
où tout est encastré l’un dans l’autre. Le père est dans le Fils, le Fils est
dans le Père, l’Esprit Saint s’en mêle et parfois on ne sait plus qui dit quoi, qui fait quoi. Et ouvrir ces poupées ça prend du temps, on ne sait jamais trop ce qu’on va trouver, combien on va en trouver, si on va savoir remettre en place après.Les pharisiens avec leurs
questionnements qui pourraient être les miens se font ramasser en permanence. Et
puis il y a ces confrontations où l’on s’attend à ce que l’auditeur réagisse
sur un mot et il réagit sur un autre, qu’il prend de manière
« basique » alors que Jésus qui est d’en haut, le prend dans un sens
autre, qui doit certes pousser ses auditeurs à changer, mais qui bien souvent
renforce l’incompréhension et la mésentente ; on ne prend pas les mouches
avec du vinaigre.
Après la lecture de l’épisode de
la femme adultère, la lecture du chapitre 8 se poursuit dans le lectionnaire de semaine,et elle n’est pas
facile. Je me disais même que les auditeurs de Jésus, lorsque ce dernier dit « qu’il
est la lumière du monde » ont peut-être pensé qu’il était un
peu illuminé et quand par la suite ils lui disent qu’il est possédé par un
démon, de fait ils lui disent qu’il est un peu fou. C’est toujours très
difficile de se remettre en cause, de changer radicalement sa manière de
comprendre les écritures, d’accepter le vin nouveau. Ce n’est pas pour donner
raison aux auditeurs de Jésus, mais parce que accepter de croire quelqu’un qui
dit être de Fils - de celui dont on ne prononce pas le nom, qui est le Tout
Puissan-t, même si ce quelqu’un a fait des miracles, ce n’est peut-être pas si
facile.
Pour en revenir au chapitre 8,
hier la phase suivant m’a questionnée, et c’est de ce questionnement que je
voudrais parler.
Jn 8, 34 : « « Amen,
amen, je vous le dis qui commet le péché est
esclave du péché. L’esclave ne demeure pas pour toujours dans la
maison ; le fils, lui, y demeure pour toujours. Si donc le Fils vous
rend libres, réellement vous serez libres ».
La polémique portera
sur ensuite sur la notion d’esclave, les fils d’Abraham, les bons juifs qui suivent la Loi
de Moïse, ne peuvent pas être considérés comme des esclaves. Encore que vivre dans un pays occupé par les Romains est quand même un certain esclavage. Mais la référence à Abraham peut aussi
renvoyer aux démêlés de Paul avec ces fils d’Abraham, qui voudraient imposer
aux païens cette circoncision qui est le signe de l’appartenance au peuple
choisi, au peuple élu. Mais revenons aux morceaux de ce verset.
Qui commet le péché est esclave du péché. Cela je le comprends, surtout si je me réfère à ce que Jésus a dit (ce qui
est rapporté quelques versets plus haut) : « vous vivez dans votre
péché », un peu comme si le péché était un lieu, une sorte de mer dans
laquelle les auditeurs bien pensants, barbotent et s’en trouvent bien, parce
qu’ils refusent de voir qu’il y a la plage et la terre ferme qui les attendent.
Ce que je veux dire, c’est que le péché qui est employé au sens large (sauf que juste avant la possible lapidation d'une femme et peut-être de Jésus). C'est un peu comme un mode de vie dont on ne se rend pas compte, un endroit que l’on habite, où on prend l’habitude d’être, ce qui crée un aveuglement.
On se trouve tellement bien avec sa manière de fonctionner, de vivre, d'être qu’on ne se rend pas compte que justement ça dysfonctionne et on pense même que les autres sont nuls, ne comprennent rien et surtout on ne peut même pas imaginer qu’il ait moyen de vivre autrement. C’est la seule manière, la sienne qui est la bonne. Il est certain que Jésus qui a dit : je suis la lumière du monde, veut les faire sortir de leur lieu d’enfermement, comme Moïse jadis a fait sortir le peuple de l’esclavage. Mais comme pour le peuple d’autrefois, quitter un pays auquel on est habitué, est loin d'être évident.
Ce que je veux dire, c’est que le péché qui est employé au sens large (sauf que juste avant la possible lapidation d'une femme et peut-être de Jésus). C'est un peu comme un mode de vie dont on ne se rend pas compte, un endroit que l’on habite, où on prend l’habitude d’être, ce qui crée un aveuglement.
On se trouve tellement bien avec sa manière de fonctionner, de vivre, d'être qu’on ne se rend pas compte que justement ça dysfonctionne et on pense même que les autres sont nuls, ne comprennent rien et surtout on ne peut même pas imaginer qu’il ait moyen de vivre autrement. C’est la seule manière, la sienne qui est la bonne. Il est certain que Jésus qui a dit : je suis la lumière du monde, veut les faire sortir de leur lieu d’enfermement, comme Moïse jadis a fait sortir le peuple de l’esclavage. Mais comme pour le peuple d’autrefois, quitter un pays auquel on est habitué, est loin d'être évident.
C’est la phrase qui suit, qui est difficile pour moi : l’esclave ne demeure pas toujours dans la maison. J’ai suivi la ponctuation
donnée par la traduction liturgique, mais peut-être qu’il ne faudrait pas le
faire. Normalement il s’agit de la maison du maître. Certains esclaves je crois
pouvaient retrouver leur liberté. Est-ce que cela veut dire que celui qui est
esclave du péché, pourra sortir de la maison du péché, ou que celui qui est
esclave du péché, mais s’imagine vivre dans la maison du maître, sera mis
dehors ? Je suppose que c’est ce sens là qui doit être retenu, et là Jésus
n’est pas tendre pour ses auditeurs. Il leur dit : « vous pensez être
dans la maison de Dieu votre Père, mais vous vous trompez votre Père ce n’est
pas Dieu, vous n’êtes pas ses serviteurs, mais vous servez le Mauvais, parce
que au fond de vous, vous voulez que je me taise, et que je cesse de vous
mettre en cause ».
En d’autres termes, si vous ne reconnaissez pas que je suis le Fils, vous êtes dans l’erreur et les domestiques du diable (alors que vous pensez que c’est moi qui suis possédé). Alors vous allez être démasqués. Une référence possible est ce qui se passe avec Abraham qui doit mettre en dehors de chez lui, Ismaël et la mère après la naissance d’Isaac, mais je dois dire que je trouve la demande de Sarah parfaitement injuste, quoiqu’en dise Paul.
En d’autres termes, si vous ne reconnaissez pas que je suis le Fils, vous êtes dans l’erreur et les domestiques du diable (alors que vous pensez que c’est moi qui suis possédé). Alors vous allez être démasqués. Une référence possible est ce qui se passe avec Abraham qui doit mettre en dehors de chez lui, Ismaël et la mère après la naissance d’Isaac, mais je dois dire que je trouve la demande de Sarah parfaitement injuste, quoiqu’en dise Paul.
Le fils lui, y demeure pour toujours , ce qui voudrait dire que le fils, demeure dans la maison de son père et
que personne ne peut le mettre dehors. Le toujours peut renvoyer à la notion d’éternité,
ce qui sera sujet de polémique dans la fin du chapitre (Avant qu’Abraham fut ,
je suis).
Si le fils vous rend libres vous serez réellement libres. Ceci
renvoie à la liberté qui s’oppose à l’esclavage, mais aussi à la vérité, puisque la vérité vous rendra libre. La liberté donnée par le fils, c’est de reconnaître la
vérité, à savoir qu’il est envoyé par Dieu, (il n’est pas en visite sur la
terre, il y est présent par l’incarnation), et que reconnaître qu’il est Dieu,
cela rend libre, parce que le fils en envoyant l’Esprit Saint, rend les hommes
frères et les divinise. Il faudrait revenir sur ce terme, mais pas dans le
cadre de ce petit billet.
Bref, pas facile à comprendre. Toujours
cette impression d’un dialogue de sourds, à se demander si Jean ne fait pas
jouer ce rôle aux « juifs », c’est à dire à ceux que Jésus appelle
les « savants », comme il fait
poser des questions parfois stupides aux apôtres. Mais si ces derniers
acceptent de ne pas savoir, les juifs eux, quand ils ne savent plus que faire
ou que répondre ne connaissent que la violence et c’est peut-être là que Jésus
a raison quand il leur dit qu’ils mourront dans leur péché.
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