Après la mort
de Jésus, l’évangéliste Jean écrit : Jn 19 41 A
l’endroit où Jésus avait été crucifié il y avait un jardin, et dans ce jardin
un tombeau tout neuf où jamais personne n’avait été déposé. 42 En
raison de la fête juive de la Préparation, et comme ce tombeau était proche,
c’est là qu’ils déposèrent Jésus.
Si on lit ce texte, on apprend juste qu’il
y a un jardin, encore un autre puisqu’il y avait déjà le jardin où Jésus a été
arrêté; et dans ce jardin un tombeau tout neuf. Mais personne ne sait ni ne nous dit à
qui il appartient. Comme la fête de Pâques est proche, il semble donc que Joseph
et Nicodème posent ce corps, somme tout bien encombrant, dans ce tombeau qui
leur ouvre les bras; tombeau qui appartient certainement à quelqu’un, et à quelqu’un de
riche, puisqu’il ne s’agit pas d’un trou dans la terre. On peut imaginer que
cela s’est fait dans la hâte, et que même s’ils ont pris avec eux un linceul et
des aromates, ils n’ont pas été aussi soigneux qu’une femme aurait pu l’être. On a vraiment l'impression que ce tombeau qui se trouve là sur leur chemin est vraiment un cadeau de Dieu.. Ils peuvent faire leur devoir, et donner pour le moment un lieu décent à ce corps abîmé.
Puisque ce tombeau est dans un jardin, et
qu’il a peut-être été utilisé sans consulter son propriétaire, on comprend beaucoup mieux
ce qui se ensuite au chapitre 20: Marie-Madeleine entre dans le jardin, va vers l’endroit où elle sait que le corps a été
déposé: pour s’en occuper, pour le faire « beau ». Mais le corps n’est
plus là; après avoir averti Pierre et Jean, elle y retourne, avec peut-être le secret espoir que le corps est revenu, et là, malgré les hommes vêtus de blanc qui lui parlent et qu’elle
entend à peine, c’est la panique.
Qui a pris le corps de celui qu’elle aime,
corps somme toute déposé dans un lieu
qui n’est pas le lieu où il doit être déposé, pour le mettre ailleurs ? Alors, quand apparaît un homme qui pour elle est certainement plus le "gardien du jardin" qu’un "jardinier" au sens où nous pouvons l’entendre, il est certain pour elle que ce
homme a fait le ménage : il a pris le corps qui occupait une place qui ne
lui appartenait pas, il l’a mis ailleurs; et là, Marie, n’écoutant que son courage, se propose, elle une femme, d’aller prendre ce corps grand et lourd pour s’en
occuper. Le gardien a peut-être fait son travail de gardien, mais
elle, elle veut faire son travail de femme, elle veut rendre sa dignité à ce
corps.
En arrière plan de ce récit, on peut penser à un autre
jardin: ce jardin d'Eden où l’être humain doit justement être le jardinier; et dont il
a été exclu par le maitre du jardin, celui qui s’y promène à la brise du jour
(ou du soir), celui qui a crée ce jardin et qui y a mis l’ arbre de la vie et l’
arbre de la connaissance.
Et Marie, quand elle reconnaît ce
jardinier, qui est à la fois le nouvel Adam (dira Paul), et le Maître du jardin (Dieu), accède à la fois à l’arbre de la vie, car la mort a été
vaincue, et à l'arbre de la connaissance: car en Lui elle voit certes « son
Rabouni », mais surtout, au-delà de l’homme, elle voit celui qui est le
Fils; celui est redevenu le Vivant, et le Tout Autre.
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