Le jeune homme riche Mt 19, 20
« Tout cela je l’ai observé,
que me manque-t-il encore? »
En lisant ce verset, je repensais
aux enfants qui doivent subir une intervention chirurgicale lourde et qui
posent à leur chirurgien la question attendue par ce dernier qui ne sait pas comment annoncer une pareille horreur, par exemple : « est ce
que tu vas me couper la jambe » ? question à laquelle le chirurgien
répond pas l’affirmative et pense que l’enfant « savait ce qui allait lui
arriver ». Or ces enfants m’ont appris que certes ils posent cette question,
mais ils s'attendent à entendre: « non je ne
vais pas couper ta jambe ». J’ai même connu une jeune fille qui pensait
que sa jambe coupée allait être soignée et qu’elle sera « recollée «
par la suite.
Alors en entendant cette
question, je me disais que peut-être ce jeune homme « riche » s’attend
finalement à une « bonne note », à ce que Jésus lui dise que c’est
bien et qu’il aura bien en héritage cette vie éternelle dont il rêve et dont il
est question.
La vie éternelle dans l’au-delà, cela veut
dire être vivant auprès de Dieu après la mort, être comme exempté de la
punition liée au péché à savoir la mort, être un juste. Et dans les trois récits qui
rapportent cette rencontre, il semble bien que le personnage (jeune homme
riche, homme ou notable) dont il est question a envie de s’entendre dire qu’il
est quelqu’un de bien, et ce d’autant plus qu’à cette époque, la richesse
peut-être entendue comme une récompense accordée à celui qui pratique la
religion de ses pères. Être riche quand on est jeune, c'est bien le signe que l’on
est béni de Dieu et donc que l’on suit scrupuleusement la Torah.
Or Jésus lui demande autre chose : de se
déprendre de ses richesses, de son statut, et de se mettre à sa suite. Si on
fait un lien avec l’évangile de Jean, la vie éternelle c’est croire que Jésus
est l’envoyé de Dieu, qu’il est le Fils du Dieu Vivant et qu’Il donne la Vie. A
l‘appui de cela, je reprends quelques versets johanniques qui font le
lien entre la foi en Jésus et la vie éternelle : « Celui qui croit au
Fils a la vie éternelle » Jn 3, 36, « qui écoute ma parole et
croit en celui qui m’a envoyé a déjà la vie éternelle » Jn 5,24,
« quiconque voit le Fils et croit en lui a la vie éternelle et sera ressuscité
au dernier jour » Jn 6,40 et enfin« la
vie éternelle c’est qu’ils te connaissent, toi le seul Véritable dieu et celui
que tu as envoyé, Jésus Christ » Jn 17, 3.
Ce qui lui est demandé, finalement, ce n’est plus de considérer Jésus comme un Rabbi parmi d’autres,
mais de reconnaître que cet homme est la perle rare, le trésor caché dans le
champ et que pour l’acquérir il faut bien vendre tout ce que l’on possède.
Que le jeune homme ne puisse s’y
résoudre, alors qu’il est pris par la gestion de ses biens, cela se conçoit.
Mais il est passé à côté que quelque chose, et il s’en rend compte. Voilà
comment lui raconte. ou racontera quand il aura décidé de "suivre" malgré tout.
J’avais entendu parler de Jésus, ce rabbi qui parle si bien et qui a à
peu près mon âge. Il y a une question qui me taraude : qu’est ce que je
dois faire pour avoir la vie éternelle. Je sais bien que je vais perdre la vie
un jour, et j’espère que ce sera le plus tard possible, j’espère fonder une
famille, avoir des enfants, transmettre mes richesses, m’occuper de mes
parents, mais au fond de moi, cela ne me satisfait pas. Tout le monde me
regarde comme un « béni » parce que je fais partie des riches et que
l’écriture fait comprendre que notre Dieu, béni soit-il, n’accorde pas la
réussite à ceux qui se détournent de lui; mais que se passera t il après ?
Car la vie éternelle, je veux l’avoir en héritage. Mais comment faire?
Alors, comme il n’était pas très loin de la route qui conduit à
Jérusalem, je me suis dépêché avant qu’il ne se soit éloigné. Mais quelle drôle
d’idée d’aller à Jérusalem, lui qui a tellement de mal avec les scribes et les
pharisiens.
Quand je l’ai vu, j’ai foncé sur lui, je ne voulais pas qu’il parte. Je
me suis incliné et je lui ai posé cette question concernant la vie éternelle,
mais les mots ne sont pas sortis comme je le voulais. J’ai demandé ce que je
devais faire de bon pour avoir la vie éternelle. A quoi il m’a répondu que Dieu
seul est bon. Cela je le sais bien, puisque tout ce que mon Dieu a créé était, est bon. Mais moi, je ne suis que poussière, et j’ai peur que la mort ne soit
une fin pour moi. Qu’y a-t-il après ? Et il a ajouté que je devais observer
les commandements, donnés par notre Dieu à Moïse. Mais les commandements et les
préceptes, cela rend un peu fou, et moi qui suis scrupuleux, je ne sais parfois
plus ce que Dieu veut ou ne veut pas, alors je lui ai demandé lesquels je
devais mettre en pratique.
Il a cité les cinq commandements qui figurent sur les tables de la
loi données à notre Père Moïse, et il a ajouté: tu aimeras ton prochain comme toi même. Cela m’a rassuré,
parce que ces commandements là, l’un dans l’autre, j’y arrive. Alors je me suis dit en moi-même : « Oui,
tout cela tu l’observes, alors ne t’en fais pas trop, la vie éternelle sera pour toi ». J’aurais dû en
rester là, mais j’avais trop envie qu’il me rassure, qu’il me dise que j’étais
« un bon juif, un juste », et au lieu de le remercier de m’avoir
répondu je lui ai demandé s’il me manquait quelque chose. Je pensais bien qu’il
dirait non. Mais …
Mais il m’a dit que si je voulais être parfait (mais est-ce-que c’est
possible d’être parfait, à nous qui comme le dit notre roi David sommes pécheurs
dès avant notre naissance?), je devais vendre tous mes biens, les donner aux
pauvres, que cela me ferait comme un trésor dans les cieux; et ensuite que je devais (ou pourrais) le
suivre.
Oh là là.. J’ai eu l’impression que tout s’effondrait. Je ne peux pas
tout arrêter comme ça, j’ai trop de responsabilités. Il me demande vraiment l’impossible.
Et moi qui étais si heureux de l’avoir rencontré, je m’en suis retourné chez moi
tout triste.
Et puis une idée m’est venue. Je
me suis dit que peut-être je pouvais prendre un intendant qui pourrait
s’occuper de mes affaires; et moi je pourrais suivre cet homme. C’est peut-être
une demi-mesure, mais cet homme et son regard, je ne veux pas les perdre. Je
pense que j’ai découvert un trésor, et ce trésor je le veux.
Je crois qu’Il a raconté une petite histoire qui parle d’un négociant en perles fines qui en trouve une qui surpasse toutes les autres, et qui vend tout pour avoir cette perle unique. Cette perle, je l’ai trouvée, et je la désire. Et je passerai bien ma vie, et ma vie future, à la contempler; et je suis prêt à tout donner pour l'avoir. cette perle unique.
Je crois qu’Il a raconté une petite histoire qui parle d’un négociant en perles fines qui en trouve une qui surpasse toutes les autres, et qui vend tout pour avoir cette perle unique. Cette perle, je l’ai trouvée, et je la désire. Et je passerai bien ma vie, et ma vie future, à la contempler; et je suis prêt à tout donner pour l'avoir. cette perle unique.
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