samedi, mars 05, 2022

Luc 5, 21-27. L'appel de Lévi.

 

En ce samedi après les Cendres, c'est l'appel de Lévi qui est rapporté, dans la version de Luc. Dans mon souvenir c'est la version de Marc qui est la plus fournie, curieusement celle de Matthieu étant la plus courte. 

 

J'ai alors mis en tableau les trois versions, dans la traduction liturgique. C'est quelque chose que j'aime bien faire, qui montre bien ce qui est en commun ou pas, avec des phrases qui souvent semblent les mêmes, mais sont quand même différentes.

 

Matthieu 9, 9-13 

Marc 2, 13-17

Luc 5, 27-32

 

 

 

 

 

 

 

09 Jésus partit de là et vit, en passant, un homme, du nom de Matthieu, assis à son bureau de collecteur d’impôts. Il lui dit : « Suis-moi. »

 

 L’homme se leva et le suivit.

 

 

 

 

 

 

 

10 Comme Jésus était à table à la maison, voici que 

 

beaucoup de publicains (c’est-à-dire des collecteurs d’impôts) et beaucoup de pécheurs vinrent prendre place avec lui et ses disciples.

 

 

 

 

 

 

11 Voyant cela, les pharisiens

 

 

 

 

 

disaient à ses disciples :

« Pourquoi votre maître mange-t-il avec les publicains et les pécheurs ? »

 

 

 

12 Jésus, qui avait entendu, déclara : 

 

« Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades.

 

 

13 Jésus sortit de nouveau le long de la mer ; toute la foule venait à lui, et il les enseignait. 

 

14 En passant, il aperçut Lévi, fils d’Alphée, assis au bureau des impôts. Il lui dit : « Suis-moi. » 

 

 

 

L’homme se leva et le suivit.

 

 

 

 

 

15 Comme Jésus était à table dans la maison de Lévi, 

 

beaucoup de publicains (c’est-à-dire des collecteurs d’impôts) et beaucoup de pécheurs vinrent prendre place avec Jésus et ses disciples, car ils étaient nombreux à le suivre.

 

 

 

16 Les scribes du groupe des pharisiens, voyant qu’il mangeait avec les pécheurs et les publicains, 

 

 

disaient à ses disciples : « Comment ! Il mange avec les publicains et les pécheurs ! »

 

 

 

17 Jésus, qui avait entendu, leur déclara :

 

« Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades.

 

 

 

 Je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs. »

 


 

 

 

 

 

27 Après cela, Jésus sortit et remarqua un publicain (c’est-à-dire un collecteur d’impôts) du nom de Lévi assis au bureau des impôts. Il lui dit : « Suis-moi. »

 

28 Abandonnant tout, l’homme se leva ; et il le suivait.

 

 

 

 

29 Lévi donna pour Jésus une grande réception dans sa maison ; 

 

ll y avait là une foule nombreuse de publicains et d’autres gens attablés avec eux.

 

 

 

 

 

 

30  Les pharisiens et les scribes de leur parti récriminaient en 

 

 

 

disant à ses disciples : « Pourquoi mangez-vous et buvez-vous avec les publicains et les pécheurs ? »

 

 

 

 

31 Jésus leur répondit :

 

 

« Ce ne sont pas les gens en bonne santé qui ont besoin du médecin, mais les malades.

 

32 Je ne suis pas venu appeler des justes mais des pécheurs, pour qu’ils se convertissent. »

 

 

 

 

 

J'ai utilisé les textes de la traduction liturgique, car c'est ce qui est proposé dans nos églises, mais cette traduction m'a posé un petit problème pour le verset 32 de Luc. 

 

Il s'agit de la réponse de Jésus aux pharisiens qui lui en veulent de manger avec des publicains et des pécheurs.

 

La traduction proposée dit "je ne suis pas venu pour appeler des justes, mais des pécheurs pour qu'ils se convertissent", ce qui peut se comprendre comme: je ne suis pas venu pour ceux qui s'estiment justes, mais pour ceux qui se reconnaissent pécheurs, alors que la traduction classique est "je ne suis pas venu pour appeler les justes, mais pour les pécheurs", ce qui est quand même un peu différent. On peut d'ailleurs se souvenir que plus tard, dans les paraboles de la miséricorde, Lc 15, 7 Jésus dira, "il y a plus de joie au ciel pour un pécheur qui se converti qui pour quatre-vingt-dix neuf justes qui n'ont pas besoin de conversion". 

 

Il est d'ailleurs intéressant de noter que l'évangile de Matthieu n'a pas ce verset. 

 

Ce qui m'a frappé aussi dans ce récit, c'est la phrase très courte dans cet évangile lucanien: l'homme, abandonnant tout, se leva et le suivi. Pour moi, c'est une résurrection, avec le verbe "se lever", qui se passe pour cet homme. Lui ne laisse pas ses filets ou sa barque, mais tout ce qui fait quand même sa profession. Il est bien de la même trempe que les premiers appelés; Simon, André, Jean et Jacques. 


On peut aussi remarquer que curieusement l'évangile de Marc, qui commence par "Jésus sortit pour enseigner" fait penser à la parabole du semeur, qui est dans ce même évangile. Et là, Jésus lance sa semence dans ce qui aux yeux de beaucoup n'est pas de la bonne terre, mais qui pourtant rapportera au centuple. 

 

Précédemment j'avais laissé l'évangéliste raconter lui-même, https://giboulee.blogspot.com/search?q=l%27appel+de+Matthieu , aujourd'hui, je laisse un convive raconter.

 

Un des convives raconte

 

Moi, je suis un collègue de Lévi; comme lui je suis collecteur d'impôts. Comme pour lui, les gens bien-pensants, les religieux, changent de côté quand ils me voient passer quand je me rends à mon poste. Parfois j'ai peur qu'ils ne s'attaquent à ma femme, mais les soldats romains leur font peur. Mais les injures, ça elle connait. 

 

Ce jour-là, j'étais avec lui à l'octroi. Pas loin de nous, il y avait cet homme de Dieu, celui qui a guéri un lépreux il y a peu, et un paralytique il y a quelques jours, et qui n'est pas en odeur de sainteté parmi ceux que j'appelle les bien-pensants, je veux dire les pharisiens et les scribes. Je crois qu'ils ont peur de lui, peur de ses miracles, peur de tous ces gens qui le cherchent pour se faire guérir et peur de son assurance et de son autorité. Il s'est approché du petit bureau de Matthieu (je sais que tout le monde l'appelle Lévi, "qui accompagne",  mais moi je préfère Matthieu, don de Dieu). 

 

Et voilà, que Jésus, c'est son nom, Jésus de Nazareth, s'arrête juste devant nous. Il regarde en direction de Lévi, il le regarde. Et il lui dit de le suivre. Alors là, je n'en suis pas revenu. Mon collègue s'est levé, il a tout laissé en plan, l'argent, les reçus, et il l'a suivi. Mais moi ce que j'ai vu, c'est que son visage qui d'habitude était renfrogné, était tout lisse, heureux. Je ne l'avais vu comme ça. 

 

Ce qui s'est passé ensuite je ne sais pas, mais je l'enviais un peu. Et puis il est revenu chez lui, et il a offert un repas en l'honneur de Jésus et il nous a tous invités, nous ses collègues, nous ses amis. Et il y a plein d'autres gens qui se sont invités, parce qu'ils voulaient voir Jésus. Et ces autres gens, eh bien ce sont des gens de tous bords, mais pour moi ce sont des gens de bonne volonté qui ont bien du mal à joindre les deux bouts.

 

Jésus était là, avec ceux qui sont toujours avec lui. Et puis, dans la rue, il y avait un petit groupe de scribes et de pharisiens. Je suis sûr qu'ils devaient chercher comment coincer le maître. Ils ont envoyé l'un des leurs demander aux disciples pourquoi leur maître mangeait avec des publicains et des pécheurs. Car c'est sûr que pour eux, voilà ce que nous sommes, un ramassis de gens atteints de la lèpre et qu'il ne faut ni toucher, ni regarder. 

 

Et là, c'est lui qui a pris la parole. Il est sorti, il a quitté le repas, il les a bien regardés, et il leur a dit que ce ne sont pas les gens en bonne santé qui ont besoin de médecin, mais les malades. Et moi je me disais en moi-même, bravo Jésus, tu leur as damé le pion. Et c'est bien vrai: un médecin, que ce soit un publicain ou un pharisien qui est malade, il ne se pose pas de questions, il va pour guérir. Sauf qu'eux, jamais ils ne reconnaîtront qu'ils ont besoin d'un médecin. Et il a ajouté qu'il n'était pas venu appeler des justes, mais des pécheurs, pour qu'ils se convertissent.  Se convertir, ça c'est le maître mot, et il a fait écho en moi ce mot. Et aujourd'hui je sais que j'ai besoin de changer, besoin de me convertir ou plutôt d'être converti par lui, d'être converti par sa présence, converti par son regard, converti par tout lui. Je vais garder mon métier, je ferai comme Jean le Baptiste l'avait déjà demandé, c’est-à-dire que ne pas demander plus que ce qui est dû. Mais aussi, je regarderai ceux qui viennent payer, non pas comme des machines à payer, mais comme des frères. Je crois que la conversion pour moi, c'est juste cela. 

 

Lévi, lui, il a vraiment tout abandonné et il est parti sur les routes. Peut-être qu'un jour il reviendra enous racontera tout ce qu'il aura vu et entendu.

  

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