Marc 10, 28-31.
C'est la dernière fois qu'on lit l'évangile de Marc, puisque l'entrée en Carême c'est demain et qu'on ne retrouvera le temps ordinaire qu'à la fin juin, avec le début de l'évangile de Matthieu.
La péricope de ce jour, la question de Pierre consécutive à l'épisode de l'homme riche (qui ne peut accepter d'être confronté au manque et avoir la confiance de s'en remettre à un autre), sera suivie par la troisième annonce de la passion, puis par la demande un peu incongrue de Jacques et Jean, qui se voient peut-être comme Moïse et Elie à la droite et à la gauche de Jésus quand le royaume sera advenu après la mort de Jésus; et, sur la route qui mène à Jérusalem, par l'épisode de la guérison de l'aveugle de Jéricho, Bartimée.
C'est un disciple qui raconte la réaction de Jésus à la demande de Pierre.
Un disciple raconte
Je me doutais bien que Simon ne pourrait pas se contenir après ce que Jésus avait dit, lorsque cet homme qui voulait tout bien faire pour avoir la vie éternelle était parti quand Jésus lui a dit de vendre tous ses biens, de les donner aux pauvres et ensuite de la suivre.
Nous, nous en avons quitté des choses, en plus de nos familles et nos amis, mais on ne les a pas données aux pauvres. Je dois reconnaître que c'est un peu différent, parce que si nous retournons un jour chez nous, nous retrouverons ce que nous avons quitté. Mais là, ce que Jésus a demandé, c'est de tout donner; de ne pas rentrer dans ses fonds si je puis dire.
Et donc Pierre a demandé ce qui était prévu pour nous qui le suivons, qui sommes ses disciples, ceux qu'il a choisis.
Il a répondu que tout ce que nous avons quitté nous serait rendu, au centuple; et cela m'a un peu fait penser à Job. Seulement Job, il en bavé si je puis dire avant la récompense. Alors, quand il a ajouté que des maisons, des frères et sœurs, des champs, des familles, nous en aurons en centuple, mais avec des persécutions, j'ai compris que ce ne serait pas si facile.
D'ailleurs on le voit bien pour lui, qui a tout quitté. Sa famille pense qu'il est fou et aimerait le faire enfermer. Sa famille maintenant c'est nous, ses frères et ses sœurs c'est nous; sa maison, c'est celle qui nous accueille, mais c'est un peu comme une tente, parce que nous allons de maison en maison. D'ailleurs un jour il a dit qu'il n'avait pas de pierre pour reposer sa tête. Et les persécutions, cela fait plusieurs fois qu'il nous en parle et que nous nous bouchons un peu les oreilles, parce que ce qu'il annonce, c'est la mort.
Je crois que sa réponse a un peu douché Simon, qui a baissé la tête.
Et il a eu ensuite une drôle de phrase. Il a dit que beaucoup de premiers seront derniers, et beaucoup de derniers premiers. Je n'ai pas trop compris, mais j'ai pensé qu'il parlait des riches et des pauvres. Les riches, ils ont la meilleure part partout, les pauvres, on les montre du doigts, on les méprise. Cet homme qui aurait pu donner, il serait alors devenu pauvre comme nous, il serait venu avec nous, et il serait devenu riche de la Présence de notre Maître;
Un commentaire venant de Catherine de Sienne, sur le "centuple"(proposé par l'évangile au quotidien:
Cent pour un !
[Sainte Catherine a entendu Dieu lui dire :] À Pierre qui lui demandait : « Maître, nous avons tout quitté pour l'amour de vous, et nous vous avons suivi ! Que nous donnerez-vous en retour ? »,
ma Vérité fit cette réponse : « Je vous donnerai cent pour un et vous posséderez la vie éternelle » (cf. Mc 10, 28-30). – Comme s'il eût dit : Pierre, tu as bien fait de tout quitter ; c'était l'unique moyen de me suivre. En retour, moi, je te donnerai, en cette vie, cent pour un !
Quel est donc, très chère fille, ce centuple, que doit suivre encore la vie éternelle ? Qu'entendait et que voulait dire ma Vérité ?
Parlait-elle des biens temporels ? Pas spécialement, bien que je les multiplie parfois au bénéfice de ceux qui se montrent généreux dans leurs aumônes. Et qu'est-ce donc ? ‒
Entends-le bien, celui qui donne sa volonté, me donne « une » chose : sa volonté. Et moi, pour cette unique chose, je lui donne « cent ».
Pourquoi ce nombre de « cent » ? Parce que cent est le nombre parfait, auquel on ne peut rien ajouter, à moins de recommencer à compter par un premier.
La charité, elle aussi, est la plus parfaite de toutes les vertus ; l'on ne saurait s'élever à une vertu plus parfaite, et l'on ne peut ajouter à sa perfection qu'en revenant à la connaissance de soi-même pour recommencer une nouvelle centaine de mérites, mais c'est toujours au nombre « cent » que l'on arrive et que l'on s'arrête.
Voilà le centuple que j'ai donné à ceux qui m'ont apporté l'un de leur volonté propre, soit par l'obéissance commune soit par l'obéissance particulière. C'est avec ce centuple, que vous obtenez la vie éternelle (…).
Ce centuple c'est le feu de la divine charité. Et parce qu'ils ont reçu de moi ce centuple, ils sont dans une merveilleuse allégresse qui prend tout leur cœur.
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