lundi, février 28, 2022

Marc 17-30. L'homme qui voulait avoir la vie éternelle en héritage.

Si on suit la chronologie de Marc, après la Transfiguration, au chapitre 9, Jésus est retourné à Capharnaüm, et c'est de là qu'il prend le chemin vers Jérusalem, ce qui fait quand même pas mal de kilomètres. 

 

Quand il arrive en Judée (ou du moins quand il atteint la vallée du Jourdain), les foules s'amassent, comme en Galilée; et comme en Galilée, des pharisiens veulent se faire une idée sur lui, en le mettant à l'épreuve par des joutes oratoires; et c'est la question de la répudiation des femmes par leur mari. 

 

Ensuite des parents conduisent leurs enfants à Jésus, et la réaction négative des disciples. Puis Jésus reprend son chemin. Sauf que quelque chose se passe: la rencontre avec celui que, selon les évangiles, on appelle le jeune homme riche ou l'homme riche - cas de l'évangile de Marc. 

 

Même si l'attitude de cet homme, dont on ne sait rien sauf qu'il est peut-être bien habillé, est très respectueuse, j'ai vraiment l'impression que Jésus a du mal à supporter qu'une fois de plus quelqu'un se mette sur son chemin et le retarde; car il a un rendez-vous à Jérusalem, il doit y être pour la fête de la Pâque. Mais cette rencontre mal commencée va se terminer par quelque chose de précieux pour nous: l'homme ne peut pas se sauver tout seul, ce qui est impossible à l'homme est possible au Très Haut. 

 

J'ai laissé la parole à un disciple. 

 

Un disciple raconte.

 

Décidément, entre les pharisiens, les parents, les demandes des uns et des autres qui se précipitent sur Jésus dès qu'il arrive près d'une ville ou d'un village, il y a toujours des inopportuns. Aujourd'hui, c'est un homme très bien habillé qui, juste au moment où nous allions partir, s'est jeté aux pieds de Jésus et l'a interpellé (enfin je dis interpellé, mais ce n'étais pas cela, c'était une demande avec de l'angoisse) en lui disant "Bon maître que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en héritage". 

 

Je ne sais pas pourquoi, mais Jésus a réagi vigoureusement. Il n'a pas aimé qu'on dise de lui qu'il était un bon maître. C'est vrai, qu'est-ce qu'il en sait cet homme? C'est un peu de la flatterie, pour être sûr d'être écouté. Jésus lui a demandé pourquoi ce qualificatif puisque le seul qui est bon, c'est le Très-Haut. Et puis peut-être que Jésus pensait que c'était encore un truc des pharisiens pour le disqualifier auprès de ses disciples. 


Et puis, avoir la vie éternelle en héritage, quelle drôle de demande. on voit bien qu'elle vient d'un riche. Peut-on hériter de cela? Qui peut donner la vie éternelle sinon celui que Jésus appelle son Père? 


Alors il lui a rappelé ce que tout le monde sait, pour "avoir" la vie éternelle; mais Jésus, ce "avoir", il ne l'aime pas du tout, parce que c'est posséder; et même s'il parle du royaume qui est présent, le royaume on ne met pas la main dessus. 

 

Donc il lui a rappelé les commandements donnés par notre père Moïse. Il lui a dit de ne pas commettre de meurtre, d'adultère, de vol, de ne pas porter de faux témoignages, d'honorer son père et sa mère; et il a ajouté: de ne faire de tort à personne. Il me semble que cela, c'est sa manière à lui de dire de faire du bien à son prochain. Comme beaucoup d'entre nous, il a dit que cela, il le faisait depuis toujours. Et moi, j'avais l'impression qu'il n'était pas venu pour entendre ce que Jésus venait de dire, qui est ce que les pharisiens aussi disent. Il y a eu un silence, et il m'a semblé que Jésus l'a regardé différemment. Autant son regard était énervé au début, autant là, il était devenu attentif, présent. 

 

Il a alors ajouté qu'une chose lui manquait, même si en apparence tout était parfait, et qu'il devait vendre tous ses biens, les donner aux pauvres, ce qui lui donnerait un trésor dans le ciel, et le suivre. Avoir un trésor dans le ciel, c'est bien ce qu'il voulait. Seulement quand on est riche, même si être riche est un gage de bénédiction du Très Haut, cela vous donne des responsabilités, et les lâcher ce n'est pas facile. 

 

Il a regardé vers le sol, il n'a plus rien dit, et il est parti, je dirais presque comme un voleur. 

 

La seule chose, c'est que Jésus lui aussi était triste. 

 

Un peu de temps a passé, enfin un temps très court; et, comme souvent, il s'est servi de ce qui venait de se passer pour nous faire comprendre quelque chose, enfin pour essayer de nous faire comprendre quelque chose, parce que nous n'avons pas compris.

 

Il nous a dit que c'était plus difficile pour quelqu'un qui a des richesses d'entrer dans le royaume, que pour un chameau d'entre par le trou d'une aiguille. Quelle drôle d'image. Ça m'a fait même rire, je voyais cet homme se transformer en chameau avec ses deux bosses et se contorsionner pour entrer dans un trou beaucoup trop petit. 

 

Sauf que nous on n'a pas bien compris, parce que pour nous, être riche, c'est signe que Dieu est avec nous; et beaucoup de pharisiens ont des richesses, ce qui leur prouve que Dieu est avec eux.

 

Mais du coup on se demandait qui pouvait être sauvé. Je veux dire: pourrait entrer dans le royaume. C'est vrai qu'il avait dit, au tout début, "bienheureux les pauvres, car le royaume de Dieux est à eux" (1). Est-ce que nous, nous sommes vraiment des pauvres? 

Et là Il nous a dit que ce qui était impossible aux hommes, était possible à Dieu. Alors là j'ai compris que si je me remettais complètement dans les mains de Dieu, je pourrais entrer dans ce royaume dont lui parle, que j'ai tellement de mal à imaginer, mais pour lequel j'ai quand même quitté beaucoup de choses, même si le seul fait d'être avec lui, remplit et comble.

 

Mais malgré tout, tout vendre, c'est dur. 

Une fois l'étape du jour trouvée, le repas partagé, Pierre a posé la question qui nous brûlait les lèvres. Il lui a demandé, quelle serait notre récompense à nous qui avions tout quitté pour le suivre. Il a dit qu'on aurait tout au centuple; mais - parce qu'avec lui il y a des "mais" - on aurait aussi des persécutions dans ce monde, et la vie éternelle dans le monde à venir.

 

Alors je me dis que nous ne sommes pas au bout de nos peines. Et maintenant que nous allons vers Jérusalem, je me demande, si nous le perdons lui, ce que nous allons devenir.


Il existe un billet plus ancien, qui est centré sur l'évangile de Matthieu.

 https://giboulee.blogspot.com/2017/08/tout-cela-je-lai-observe-que-me-manque.html

 

 

(1)Luc 6, 20. 

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