dimanche, février 06, 2022

Lc 5, 1-11 La pêche sur les bords du lac de Tibériade

 Dans l'évangile de Luc, Jésus vient d'essuyer un échec dans la synagogue de Nazareth. L'évangéliste dit qu'après le baptême et les tentations, Jésus parcourt la Galilée et enseigne dans les synagogues. Alors peut-être que cet échec le pousse à inventer un autre mode de prédication: parler dehors à qui veut bien l'écouter, et c'est ce qui se passe ce matin là, à Capharnaüm. 

Toujours sans cet évangile, on ne sait rien de Simon, d'André et des fils de Zébédée, contrairement à l'évangile de Jean. C'est pour cela que je vais suivre la trame de cet écrit, en supposant qu'il s'agit d'une première rencontre, et en racontant ce que Simon a vécu ce jour-là. C'est le seul évangile qui rapporte ce miracle, qui sera repris par Jean, après la résurrection (Jn 21).

Simon, le pêcheur, raconte comment il a décidé de suivre Jésus.


 Toute la nuit sans rien prendre, toute la nuit. Cela arrive mais c'est rare. Et du poisson, j'en ai besoin pour pouvoir faire rentrer de l'argent à la maison. Rien. Nous avons regagné, André et moi, la rive, remplis de fatigue. Nous avons fait les gestes habituels, de remettre les filets dans la barque avant de les laver et de vérifier que les mailles sont en bon état. 


Nous étions vraiment découragés; et la fatigue de cette nuit sans sommeil nous accablait. Pour Zébédée et ses fils, qui sont nos compagnons, ce n'était guère mieux; un peu mieux quand même.

 

Mais sur le quai il y avait du monde, même beaucoup de monde, ce qui est rare en semaine et à cette heure là. Il y avait un homme qui parlait, mais sa voix ne portait pas vraiment. Je ne sais pas trop ce qu'il racontait. Peut-être un disciple de Jean, l'homme qui baptise sur le Jourdain et qui nous parle de la venue du Royaume. Ce Jean, je l'aime bien moi. Parfois je pense à le suivre.

 

Et voilà que cet homme, il me dit qu'il s'appelle Jésus et qu'il vient de Nazareth; il monte dans ma barque et il me demande de s'écarter un peu du large, ce que je fais pour lui faire plaisir. Il y a quelque chose dans sa voix, dans son regard, qui fait qu'on ne peut pas résister. Il s'assied, et là il parle, il parle. J'entends, mais je n'écoute pas trop. Je suis tellement fatigué et tellement déçu. 

 

Et puis il y a comme un silence, et il s'adresse à moi. Je pensais qu'il voulait que je le ramène au bord, mais non. Il me dit d'aller au large, en eau profonde et de jeter mes filets. Je l'ai regardé comme s'il était fou, mais il avait l'air de savoir ce qu'il voulait. Et puis, comme je l'ai dit, une autorité émanait de lui. 


Alors André et moi, nous avons pris nos rames, nous avons ramé, et nous avons jeté les filets. Ramer quand on est épuisé, c'est dur et en plus, jeter les filets en plein midi, jamais personne ne fait cela. 

Seulement quelque chose s'est passé. Il y avait, non pas un banc de poissons, mais des bancs de poissons, de races variées qui entouraient la barque, et ils se prenaient dans nos filets. Jamais nous n'avions vu une chose pareille. Les filets étaient sur le point de se rompre. On a fait signe aux fils de Zébédée pour qu'ils viennent nous aider. Les filets étaient tellement remplis qu'on avait du mal à les faire passer dans la barque. Et nos barques étaient tellement remplies, qu'elles s'enfonçaient. 

 

Quelque chose s'est passé en moi, j'ai ressenti quelque chose de l'ordre de la crainte. Qui était cet homme qui avait pouvoir sur les créatures de la mer? Je me suis senti misérable devant lui, je suis tombé à ses pieds, et je lui ai dit une phrase qui ne m'appartenait pas vraiment, une phrase prononcée autrefois par le prophète Isaïe lors de sa vision du Temple du Tout Puissant et de sa Gloire. Je lui ai demandé de s'écarter de moi, car j'étais un homme rempli de péché, et que lui il était rempli de la Puissance du Très Haut.

 

Il m'a regardé, et je me suis senti aimé. Il m'a aidé à me mettre debout, et il m'a dit de ne pas avoir peur, qu'il ferait de moi un pêcheur d'homme. Je ne sais pas ce que cela veut dire, attirer des hommes dans mes filets, mais manifestement il sait ce qu'il dit. Alors je lui ai fait confiance.

 

Nous avons regagné la terre ferme, les poissons ont été mis avec l'aide de tous dans des paniers, et des amis se sont chargés de la vente, parce que nous, nous les quatre, nous les amis depuis toujours, nous avions compris que nous avions trouvé le Maître que nous attendions, que nous cherchions; et nous l'avons suivi.

 

 

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