Marc 7, 31-37. La guérison d'un homme sourd et muet.
On est presque à la fin du chapitre 7. Jésus, un peu à son corps défendant, a expulsé un démon qui rendait malade une petite fille qui avait une maman païenne. Il n'y a pas eu contact avec cette enfant, un peu comme pour la guérison du fils ou de l'esclave du centurion, épisode non raconté par Marc, mais qui montre l'efficacité de la Parole, même en pays non juif, et aussi la foi de cette mère.
Jésus prend une route qui va le ramener en Galilée. Et c'est là que se passe, dans un lieu inconnu, la guérison rapportée.
C'est un texte que j'aime beaucoup, parce que pour une fois, comme dans la scène de la résurrection de la fille de Jaïre, on a une parole de Jésus en araméen.
Et puis il y a aussi cette demande qui est faite à Jésus de "poser les mains sur lui", car cela évoque pour moi un chant que j'aime: "Ta main me saisit, ta droite me conduit, tu as posé sur moi ta main". (https://www.abiif.com/chants/ta-main-me-conduit-mp3)
D'un point de vue symbolique, on peut penser que cette ouverture des oreilles et de la bouche montre (d'autant que Marc a œuvré avec Paul) que les oreilles des non juifs vont s'ouvrir à la bonne nouvelle; que eux aussi apprendront à écouter, et que leur bouche proclamera la louange de Dieu qui se laisse connaître par tous les hommes.
Mais revenons à la péricope d'aujourd'hui.
J'avais dans le temps écrit un billet sur cet épisode où je me demandais comment Jésus avait fait pour mettre à la fois ses doigts dans les oreilles, et mettre de la salive sur la langue https://giboulee.blogspot.com/search?q=guérison+du+sourd-muet Aujourd'hui j'aimerais penser que Jésus par ces gestes, fait comprendre à l'homme, un peu comme avec une langue des signes, ce qu'il va faire pour lui. Et c'est alors qu'il peut prononcer ce mot; et là je me plais à imaginer que l'homme entend au moins la fin du Ef fa ta, et que là il comprend qu'il est guéri, et que sa langue va lui permettre de parler et d'être compris. Je pense ensuite que quand Jésus lève les yeux au ciel et qu'il soupire, c'est qu'il s'adresse à son Père du plus profond de lui-même, et que peut-être il pense non pas à cet homme unique, mais à tous ceux qui un jour, par ce qui se passera sur la croix, seront sauvés.
J'ai laissé un disciple raconter cette scène, qui sera suivie de la deuxième multiplication des pains, où l'on voit (et en cela c'est différent de la première multiplication) la sollicitude de Jésus pour cette foule qui est restée trois jours (et non plus une journée) à l'écouter, et qui pourrait défaillir, si elle revient sans alimentation. Et le dernier verset de la péricope d'aujourd'hui "Il a bien fait toutes choses, il fait entendre les sourds et parler les muets" (Isaïe 29,18), si on le remet dans son contexte, annonce la venue d'un temps nouveau, d'un temps où "les humbles se réjouiront de plus en plus dans le Seigneur, et les malheureux exulteront en Dieu, le Saint d'Israël." Is 29, 19.
Un disciple raconte.
Nous avons quitté le beau pays de Sidon, et repris la route vers chez nous, en passant par la Décapole. La Décapole, nous y avions fait un bref séjour, c'était quand le Maître avait expulsé d'un pauvre homme un tas de démons qui l'empêchaient de vivre dignement. Seulement ces démons, une fois sortis, avaient trouvé asile dans un troupeau de porcs et les porcs, sûrement pour leur échapper, s'étaient précipités dans le lac, ce que les gardiens n'avaient pas apprécié; et on nous avait demandé de décamper, ce que nous avons fait. Et nous revoilà dans ce territoire. Je pense qu'on a dû parler de Jésus, car dans un village on lui a amené un homme sourd, qui s'exprimait un peu, pour qu'il pose la main sur lui.
C'est beau, cette demande, "poser la main sur lui". Juste poser la main et espérer que le contact permettrait à leur ami de sortir du monde du silence, de sortir de l'enfermement.
A notre surprise, il a regardé l'homme, qui bien sûr regardait Jésus avec beaucoup d'étonnement; il n'a pas posé la main sur lui, mais il l'a conduit à l'écart, puisque lui, il n'avait jamais entendu parler de lui, et pour cause. Là, ils se sont assis. Jésus à mon avis, a voulu lui faire comprendre qui il était, un guérisseur. Alors il a mis ses doigts sans les oreilles de l'homme. Et il l'a regardé. Puis il a pris un peu de sa salive, et il a touché la langue de l'homme. Un peu de temps a passé. L'homme semblait attendre.
Et Jésus a levé les yeux vers le ciel, comme il l'avait fait le jour où il avait donné à manger à tout le monde, au bord du lac, et il a murmuré, soupiré, effata. Il ne s'adressait pas à l'homme, mais à celui qu'il nomme son Père. Il lui demandait que ses oreilles s'ouvrent, que sa langue de délie pour qu'il puisse ouvrir sa bouche et peut-être chanter les louanges de notre Dieu.
Et l'homme s'est mis à parler. Jésus l'a reconduit au village, et tous étaient dans l'admiration; mais il leur a demandé de ne rien dire à personne. Là, c'était lui qui leur liait la parole si je puis dire. Et tous s'extasiaient car oui, il n'est pas un guérisseur comme les autres. Nous sommes partis très vite, comme s'il se sentait appelé à autre chose. Peut-être qu'il veut que ces non-juifs puissent s'ouvrir à la Présence du vrai Dieu, et que le Dieu d'Israël devienne vraiment le Dieu de tous les hommes.
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