La transfiguration.
Étant allée en Palestine (maintenant on dit en Israël), la montagne de la transfiguration était pour moi le Thabor. J'y étais montée en 1963, et je dois dire que la montée n'était pas très rude, ce qui veut dire que c'était plus une colline qu'une montagne. Le Père Fabre, qui anime sur Internet le MOOC "Voyage biblique", propose l'Hermon comme lieu de la transfiguration . Cette haute montagne, qui peut avoir son sommet enneigé - neige qui renvoie à la blancheur des vêtements de Jésus, m'a paru être un lieu plus approprié que le Thabor.
Jésus prend avec lui, Pierre, Jacques et Jean, les trois qui ont entendu Jésus dire à la fille de Jaïre "Thalita Koum", et qui l'ont vue revenir à la vie. J'ai employé le mot ressuscitation et non pas résurrection car il me semble mieux rendre compte de ce qui s'est passé. La vie reprend pour cette jeune fille, là où elle l'avait laissé, mais un jour la mort fera à nouveau son œuvre.
Pierre étant le plus "actif " des trois je lui ai laissé la parole.
Pierre raconte.
Ce jour là, Jésus nous avait pris avec lui, sans trop nous dire où nous allions. Nous étions les trois qui avions assisté à la renaissance de la fille de Jaïre. Je dis renaissance parce que je n'ai pas d'autres mots. Je pourrais peut-être dire "ressuscitation", parce qu'un jour la mort refera son œuvre.
Il nous a emmené aux sources du Jourdain, puis nous avons entamé la montée de cette montagne, l'Hermon, et croyez moi, ça grimpe. L'Hermon, c'est cette montagne que les exilés qui rentraient des terres lointaines voyaient de loin., avec ses neiges éternelles.
Je dois reconnaître que nous en avions plein les pattes. Nous marchions avec lui depuis des heures. Finalement il a trouvé un endroit presque plat, et je dois dire que nous nous sommes assoupis.
Mais au bout d'un temps, que je ne sais pas évaluer, quelque chose nous a réveillé en sursaut.
Jésus, notre Jésus, celui qui pour moi est l'Oint du très Haut, était devenu lumineux. Pas seulement son visage qui irradiait de la lumière, une belle lumière blanche et douce, mais ses vêtements. Et il n'était pas seul. Avec lui, il y avait notre Père Moïse, et le prophète Elie avec son manteau en poils de chameau. J'ai regardé Jacques et Jean, et comme moi, ils avaient les yeux grands ouverts. Mais comme moi, ils étaient couchés sur le sol. J'étais incapable de me mettre debout: ce que je voyais dépassait mon entendement.
J'aurais voulu que ce moment dure éternellement. Alors j'ai proposé de leur construire de quoi se protéger du froid, trois tentes, mais c'était inutile, parce que d'eux rayonnait une certaine chaleur, et puis nous étions montés sans rien, mais c'était plus fort que moi. J'aurais voulu que cela dure, dure...
J'avais à peine fini de parler qu'une nuée, celle dont nos pères ont parlé, cette nuée qui les accompagnait dans le désert, qui était entrée dans le Temple de Jérusalem et qui un jour l'avait quitté quand le Temple a été détruit, s'est posée sur nous, et qu'une voix s'est fait entendre.
Je ne voyais personne et pourtant cette voix était bien là, dans mes oreilles. Cette voix nous disait d'écouter Jésus car il était le Fils Bien-aimé. C'était juste une phrase, mais elle résonne encore dans mes oreilles. "Écoutez-le".
Et puis, d'un seul coup, plus rien. Jésus était là, semblable à lui-même, nous regardant avec bienveillance. Ce que nos yeux avaient vu, nous ne pourrions jamais l'oublier. Quel bonheur d'avoir vu cela. Seulement il nous a demandé de ne parler de cela à personne, avant qu'il ne soit ressuscité d'entre les morts. C'est la deuxième fois qu'il emploie ce "ressusciter d'entre les morts", et je dois dire que je ne sais pas trop de qu'il veut dire.
Puis nous avons entamé la descente. Je dois dire que le voir avec Moïse et Elie, cela nous avait intrigué. Et puis ne dit-on pas que Elie doit revenir, du moins c'est ce que disent les scribes, ceux qui scrutent les écritures. Pour beaucoup Jean était une sorte de nouvel Elie. Et pourtant Elie était là avec lui.
Il nous a dit qu'Elie devait revenir pour tout "remettre à sa place", mais que ça ne serait pas suffisant parce que cela n'empêcherait pas le Fils de l'Homme de souffrir et d'être méprisé. Je crois que là, il pensait à ce qu'a écrit le prophète Isaïe, qui parle d'un serviteur qui sera méprisé et qui souffrira pour le peuple. Il nous a dit aussi que Élie était venu, et là je pense qu'il parlait vraiment de Jean.
Arrivés en bas, nous avons trouvé les autres, avec beaucoup de monde et les scribes qui discutaient avec eux. Et la vie a repris son cours.
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