mercredi, février 16, 2022

Mc 8, 11-22. Les disciples n'ont qu'un seul pain avec eux.

Marc 8, 14-21: ils avaient oublié de prendre de pain 

S'il n'y avait pas eu la fête de Cyrille et Méthode, nous aurions entendu hier ce qui se passe après la multiplication des pains en territoire païen. On aurait entendu que Jésus - mais on ne sait pas très bien où il est - aurait été trouvé par les pharisiens qui sortent (mais d'où sortent-ils?), et qui lui demandent, d'une manière certainement très autoritaire, de prouver son identité, en faisant "un signe venant du ciel". A croire qu'ils attendent une éclipse de lune ou de soleil ou un arrêt du soleil comme le fit jadis Josué. Le fait que les prophéties d'Isaïe se réalisent en Jésus ne leur suffit pas.

 

Mais là, Jésus semble excédé. On connaît la traduction de la Bible Bayard, qui fait dire à Jésus: "Plutôt crever!". Pour ma part, je préfèrerais "allez -vous faire voir", avec un refus formel de donner le moindre signe venant du ciel. On sait que dans d'autres évangiles il parlera du signe de Jonas. Il s'en va, et reprend la barque avec ses disciples, et c'est l'épisode de ce jour. 

 

Il me semble que très souvent Jésus, comme tout enseignant, utilise quelque chose qui vient de se passer, pour partir du concret et aider ses disciples à aller plus loin. Et là, il parle donc des pharisiens, avec leurs beaux discours sur la loi, mais qui ne sont pas capables d'ouvrir les yeux; qui peuvent séduire les foules. Et aussi d'Hérode, ou des partisans d'Hérode, qui doivent faire plein de promesses (on dirait des promesses électorales) pour attirer à eux des adhérents. Jésus lui, n'est pas ça, et ses disciples se devront d'être différents. 

 

Seulement les disciples, eux, qui ont peut-être embarqué à la hâte, se rendent compte qu'ils n'ont pas de pain, et cela les préoccupe tellement qu'ils en oublient ce que Jésus a fait par deux fois en donnant à manger aux foules avec très peu de denrées; et ce que dit Jésus, qui parle de levain donc de pain, leur passe complètement au dessus de la tête.

 

Peut-être faut-il reconnaître que lorsque nous sommes pris par la peur du manque, faire confiance, écouter la parole, et s'en nourrir est loin d'être facile.  

 

 

Un disciple raconte.

 

Jésus venait, si je puis dire, de s'en prendre plein la tête avec les pharisiens. On avait à peine débarqué, mis le pied à terre, qu'ils lui ont sauté dessus en lui demandant un signe venant du ciel. Comme si lui n'était pas le signe venant du ciel. Mais non, ils sont tellement dans leurs écritures qu'ils sont incapables de voir autour d'eux. Et là Jésus a haussé le ton pour leur dire (enfin il ne l'a pas dit comme ça) qu'ils pouvaient aller se faire voir, que de signe il n'y en aurait pas. Et il nous demandé, à nous qui espérions pouvoir nous poser, de reprendre la barque et d'aller ailleurs. 

 

Tout ça c'est bien gentil, seulement une fois embarqués on s'est rendu compte qu'on n'avait qu'un seul pain; et comme avec lui on ne sait jamais si on pourra trouver un endroit pour manger, on était très inquiets. Et en plus, comme normalement l'un d'entre nous doit s'arranger pour que l'on ait toujours un minimum pour manger, et qu'il ne l'avait pas fait, on était en colère contre lui. 

 

Et voilà que Jésus se met à nous parler de levain. Oui, il faut du levain pour faire du pain, et du pain on n'en n'avait pas. Il nous dit de nous méfier du levain des pharisiens et du levain d'Hérode. Pour les pharisiens, on connait tous leurs belles paroles et on voit bien qu'elles sont souvent vides, pour Hérode ou ses partisans, lequel d'entre nous écouterait ses discours où il promet monts et merveilles à ceux qui veulent l'indépendance du pays, la restauration d'Israël et le départ des Romains. Cela nous passe au-dessus des oreilles, et en plus, là, nous avons faim et du pain nous n'en n'avons guère. 

 

Il a bien vu que nous ne l'écoutions pas, et là, il nous a vraiment engueulés. Il nous a reproché de nous préoccuper du pain qui allait manquer. Il nous a dit qu'on était bouchés, qu'on avait des yeux pour ne pas voir et des oreilles pour ne pas entendre; et c'est vrai que là, on n'avait pas envie de l'entendre et de discuter avec lui comme les disciples le font avec leur Maître. Alors, comme souvent, nous avons regardé nos pieds, et là il nous a rappelés ce qu'il avait fait avec cinq pains et deux poissons, et avec sept pains et quelques poissons. Et c'est vrai qu'il y avait eu une surabondance. Je crois qu'il voulait nous dire que tant qu'il est avec nous, nous serons toujours dans l'abondance, et qu'il fera ce qui est nécessaire pour cela. Mais bon, c'est vrai que mes yeux sont bouchés et que j'ai du mal à croire, à voir en lui une machine à distribuer. Mais je reconnais aussi que nous ne lui avons pas demandé de faire quelque chose. 

 

Heureusement nous avons accosté, et du pain nous en avons trouvé. Mais qu'est ce que je n'aime pas quand il est déçu par nous.

 

 

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