jeudi, février 17, 2022

Marc 8, 27-33. La profession de foi de Pierre.

Cette profession de foi de Pierre est bien connue, puisque dans l'évangile de Matthieu elle fait de Pierre le "chef" de l'Eglise qui va naître un jour. 

Mais dans l'évangile de Marc c'est beaucoup plus sobre, sauf que Pierre, qui se considère certainement comme le meilleur ami de Jésus, se permet de dire ce qu'il pense de l'annonce faite par Jésus de sa fin - peut conforme à celle de l'Oint, et se fait traiter de Satan. Et peut-être que quand Jésus lui demande de passer derrière lui, c'est un moyen de lui dire de reprendre sa place de disciple, "un parmi d'autre". J'avais évoqué cela dans un billet de 2019: https://giboulee.blogspot.com/2019/02/passe-derriere-moi-satan-mc-8-27-33.html

Le Père Favre, dans le MOOC des Bernardins "Voyage Biblique" , que je suis avec beaucoup de plaisir en ce moment, se centre sur le texte de Matthieu (Mt 13, 16-23) et commente le "heureux es-tu Simon fils de Jonas" d'une manière qui m'a beaucoup surprise. Je me permets de citer.

"Pourquoi Simon est fils de Jonas ? En quoi Pierre peut-il ressembler au prophète Jonas ? Jonas est le prophète qui a coulé dans l'eau pour être pris dans un poisson. Pierre a vécu cette expérience de s'enfoncer dans l'eau et c'est, peut-être, parce qu’il a vécu l'expérience de sa propre faiblesse, de son propre doute, que c’est à lui qu’est donnée la grâce de pouvoir dire que Jésus est Fils de Dieu et Christ. Mais cela ne vient pas de lui, c'est une pure grâce. Cela nous oblige aussi à nous interroger sur cette profession de foi de Pierre, puisqu'elle ne vient pas de lui. 

SI vous allez au chapitre 50 du Siracide, vous verrez qu’on nous parle d’un certain Simon fils d’Onias, un grand prêtre. Est-ce que, à ce moment-là, Pierre ne serait-pas un grand-prêtre ? Qu'est-ce qui peut faire dire cela ? Parce que si vous continuez un peu plus loin, au chapitre 17, verset 1, vous vous apercevez que la Transfiguration est six jours après. Or Pierre, on le verra dans la vidéo suivante, propose de mettre des tentes


Donc la Transfiguration se vit au moment de la fête des Tentes. 


Et six jours avant la fête des Tentes que nous vivons là, c'est la fête du Yom Kippour, du Grand Pardon, et qu'est-ce qui se passe dans le Temple le jour du Grand Pardon ? Caïphe, le fils d'Hanne, rentre dans le Saint des Saints, c’est la seule fois de l’année où il peut rentrer dans le Saint des Saints, et il va balbutier le nom de Dieu et la tradition juive dit’ il le balbutie parce que c’est l’Esprit de Dieu qui le dit en lui’. 


Pendant que, à ce moment-là, Caïphe, fils d’Hanne, à Jérusalem, va, pour le Yom Kippour, balbutier le nom de Dieu pour obtenir le pardon des péchés, Képhas, l'autre nom de Pierre, fils de Yonas, va, ici même, prononcer le nom de Dieu, Jésus-Christ, fils de Dieu. 


Et ce n’est pas lui qui le prononce, c'est l’Esprit de Dieu qui le prononce en lui et il obtient le pouvoir de pardon des péchés. Ici, Jésus est en train de rendre caduque le sacerdoce de Jérusalem, les grands-prêtres de Jérusalem, et il est en train de le transférer sur Pierre qui dorénavant a un pouvoir que seuls les grands prêtres de Jérusalem avaient au Yom Kippour, c’est-à-dire, le pouvoir de pardon des péchés .


Cela me rend un peu perplexe, parce que j'avais toujours pensé que le père de Simon se nommait Jonas, et si on se réfère à Jean 21, c'est bien "Simon, fils de Jean m'aimes-tu " et non pas fils de Yonas. 


Je trouve cette analyse interessante, sauf que c'est l'évangile de Matthieu et non celui de Marc qui nous est donné ce matin. 


Si je reprends l'évangile de Marc, il y a la double interrogation de Jésus, un peu comme un Rabbi qui interroge pour enseigner, mais ici ce qu'il va enseigner, "qu'il fallait que le Fils de l'homme souffre beaucoup, qu'il soit rejeté par les anciens, les grands-prêtres, et les scribes, qu'il soit tué et qu'il ressuscite le troisième jour" a de quoi surprendre. 


Alors ce matin encore, j'ai laisse Pierre raconter.


Nous étions partis vers le nord du pays, en direction de Césarée de Philippe. Jésus allait dans les synagogues, enseignait, guérissait les malades, et la vie suivait son cours. Un jour, pendant qu'on marchait, il nous a posé une question qui semblait très importante pour lui. Il voulait savoir ce que les gens disaient de lui. 

Je pense qu'il devait le savoir, mais il nous a interrogés, un peu comme un Maître, un Rabbi, interroge ses disciples. Nous lui avons répondu que pour beaucoup il était comme Jean le prophète mis à mort par Hérode, ou bien le nouvel Elie, celui qui doit revenir à la fin des temps, ou encore un prophète. Mais cela revenait à faire de lui comme le double d'un autre. Il n'était pas reconnu pour ce qu'il était. Oui, il est bien de la lignée de prophètes, mais il est tellement plus que cela. On n'a jamais dit pour le prophète Jérémie qu'il était un nouvel Isaïe. Alors dire de Jésus qu'il est comme un prophète du passé, ça ne va pas. Mais c'est ce que disent les gens.

 

On a continué à marcher, et il a repris ses questions. Il voulait savoir ce que nous, nous pensions de lui. Alors là, je n'ai pas eu le temps de réfléchir, la réponse est sortie toute seule et je me sentais le porte-parole des autres. 

 

J'ai dit qu'il était le Christ, et pour moi, il est vraiment celui qui a reçu l'onction du Très Haut, il est le Messie, le Roi que nous attendons et qui va sauver Israël, le nouveau David qui avait vaincu les forces des Philistins, qui voulaient nous chasser de notre pays. Et puis il est aussi celui qui a la sagesse, mais une sagesse bien plus grande que celle du roi Salomon. Il nous a regardés et nous a dit de garder cela pour nous, de ne pas le répéter. Bon, quand il commande, on obéit, même si on ne comprend pas trop. 

 

Nous nous sommes arrêtés, et là il s'est mis à dire des choses horribles, qui faisaient froid dans le dos. En même temps, vu ce qui se passe avec les pharisiens, ce n'est pas tellement étonnant. 

Il a dit qu'il serait rejeté par les scribes et les grands-prêtres, qu'il serait tué, et que le troisième jour il ressusciterait. Et il a repris la marche. Alors là, mon sang n'a fait qu'un tour. Ce n'était possible que ça finisse comme cela. Ressusciter, je ne sais même pas ce que ça veut dire pour parler franc. Alors je l'ai rattrapé, et je lui ai fait des reproches. Et là, au lieu de comprendre que je voulais lui dire que je l'aimais, que je ne voulais pas que cela arrive, que je ne voulais pas que ça se termine comme ça, cette aventure que j'avais commencée avec lui, il s'est retourné, m'a regardé avec une sorte de colère et m'a dit une phrase horrible, il m'a dit que j'étais Satan, le tentateur, celui qui met des mauvaises pensées dans la tête des hommes, et que je ne comprenais rien; que mes pensées n'étaient pas les pensées de Dieu mais celles des hommes. 

 

Je me suis senti humilié, et j'aurais voulu rentrer sous terre, mais ce que j'avais dit je l'avais dit. J'ai repris la marche avec les autres, et je crois que je n'ai pas compris sa réaction. Peut-être a-t-il peur que je le détourne de sa mission, mais qui peut l'en détourner? Il faut que je me fasse à l'idée que ça finira mal. Mais qu'est -ce que cela me fait peur.

 

 

 

 


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