lundi, février 21, 2022

Marc 9, 14-2. La guérison de l'enfant épileptique

Cette guérison est également rapportée par Matthieu, mais elle est absente chez Luc. Je me suis demandée si chez ce dernier la résurrection de la fille de Jaïre, que l'on trouve rapportée par les trois évangélistes, ne remplaçait pas cette guérison, spectaculaire, d'un enfant qui est tout le temps en danger de mort, et qui est sourd ,donc qui n'entend pas les appels, et muet, donc qui ne peut pas poser de questions. Ce que je remarque c'est que dans les deux cas Jésus prend la main de l'enfant, l'aide à se lever et dans les deux cas, l'enfant se met debout et se met à marcher. Et pour moi, c'est une scène de retour à la vie, de renaissance de résurrection. 

En 2019, j'avais laissé parler la maman de cet enfant, parce que des mamans d'enfants épileptiques, j'en ai connu, et que je peux imaginer leur drame au quotidien. https://giboulee.blogspot.com/2019/02/

 

Dès 2012, ce texte m'a fait réfléchir: 

https://giboulee.blogspot.com/search?q=la+guérison+de+l%27enfant+épileptique 

 https://giboulee.blogspot.com/2012/11/a-propos-des-guerisons.html


Pour avoir côtoyé des enfants et des adolescents épileptiques, les guérir de cette pathologie, celle que l'on appelle la petite mort, c'est vraiment leur redonner la vie.


Aujourd'hui, j'ai laissé la parole à un des disciples qui a participé à la guérison impossible de cet enfant.

 

 

Un disciple raconte. 

 

Jésus était parti avec Pierre, Jacques et Jean. Pourquoi n'a-t-il pas pris André, le frère de Simon-Pierre, c'est un mystère. Il nous a laissés continuer à annoncer que le royaume était proche. Nous sommes arrivés dans un village et un homme nous a parlé de son fils, qui est possédé par un esprit impur; mais cet esprit impur, il l'empêche de parler, il l'empêche d'écouter, bref il est sourd et muet. Pour moi, il est pas très normal cet enfant, et il ne marche pas bien. 

 

Cet enfant, il nous l'a amené, et André a ordonné à l'Esprit de sortir, mais il ne s'est rien passé. Parfois les esprits refusent de sortir, alors nous nous mettons en groupe, nous imposons les mains et nous interpellons l'esprit et il part. Mais là, même à plusieurs, rien. 


Nous étions très tristes pour cet homme et pour cet enfant, qui semblait complètement perdu. Il avait d'ailleurs un drôle de regard, ou plutôt il ne nous regardait pas, il était dans son monde. Il marchait, mais il ne semblait pas savoir où il allait. Quel âge avait-il? Peut-être sept ou huit ans. Je dois dire que vraiment je plaignais ses parents, et je me demandais ce qu'ils avaient fait pour vivre un pareil cauchemar. 

 

Seulement les scribes s'en sont mêlés, ils ont commencé à dire que nous n'avions aucun pouvoir, que notre maître ne nous avait rien transmis, que nous n'avions pas le droit de faire cela. Et voilà que Jésus arrive avec les trois autres. Je dois dire que cela m'a soulagé, parce que j'étais énervé et perdu. 

 

Il a pris les choses en main, avec autorité comme il sait si bien le faire. Il nous a demandé ce qui se passait, mais avant que nous ayons pu lui expliquer notre échec, le père s'est adressé à lui, en lui disant que son fils était possédé par un esprit impur qui le rendait sourd et muet, et qui le jetait au sol, en le faisant baver; il a dit "écumer", mais je crois que c'est de bave dont il s'agit. 

 

Alors là, je n'ai pas compris. Jésus a regardé la foule, il nous a regardé et il a dit une phrase que je n'ai pas aimée. Il a dit "génération incroyante, jusqu'à quand serai-je serai-je auprès de vous, jusqu'à quand devrai-je vous supporter? Il nous a traités d'incroyants. Et pourtant on voulait vraiment bien faire. C'est comme s'il nous disait que nous n'étions pas sûrs d'être de taille à affronter le démon, et au fond de moi, je reconnais que c'est vrai. Mais pour aujourd'hui, Jésus est là, avec nous et il va prendre les choses en main. Mais le doute, oui, il était bien là. 

 

Puis, il a demandé au père de l'enfant depuis combien de temps c'était comme cela. C'est rare qu'il pose des questions, mais je crois qu'il voulait en savoir un peu plus. Cela faisait presque penser à un médecin qui pose des questions pour se faire décrire la maladie. 

 

Le père lui a dit que c'était depuis sa petite enfance, et surtout que l'enfant était en danger, parce que le démon le faisait tomber là où on faisait des feux, et aussi dans l'eau. Cela il ne nous l'avait pas dit, mais je veux dire qu'avoir un enfant qui risque de se tuer, c'est horrible. Et il a ajouté que si Jésus pouvait quelque chose, il lui demandait de le faire, pour cet enfant et pour lui. Il lui demandait d'avoir de la compassion pour eux deux, de venir à leur secours.

 

Jésus l'a regardé, il n'a pas semblé avoir été ému par la demande de compassion, et il a eu cette phrase étonnante:  "Pourquoi dis-tu: 'si tu peux'. Tout est possible à celui qui croit"

 

Je n'ai pas trop compris. Mais ça fait deux fois qu'il parle de foi.  Est ce que cet homme, au fond de lui, n'est pas sûr que Jésus peut faire cela? Est-ce qu'il pense que c'est impossible? Que personne ne le peut? 

 

Et là il y a eu un silence. Je ne sais pas ce qui s'est passé, mais nous avons entendu une phrase qui nous a étonnés: car l'homme a répondu, comme s'il avait été touché au plus profond de lui-même: "Je crois, viens en aide à mon manque de foi". Curieusement cette réponse, j'aurais pu la faire moi aussi. 

 

Dans cet homme, quelque chose avait changé, il ne revendiquait plus un miracle pour son fils, il demandait quelque chose pour lui, qui le sortait de lui-même. 

Il y avait de plus en plus de monde. Jésus a alors menacé l'esprit qui rend sourd et muet, et lui a dit de sortir de l'enfant; de ne plus jamais y rentrer. Et là, l'enfant est tombé sur le sol, il s'est mis a trembler de tous les membres et à sortir de sons incompréhensibles. Il avait les yeux révulsés; c'était affreux. J'ai cru que le démon était sorti, mais qu'il était tellement furieux qu'il avait tué l'enfant: qui était maintenant tout mou sur le sol. Le père regardait effaré lui-aussi, mais ne disait rien. 

 

Jésus alors, a pris l'enfant par la main. Le regard était redevenu normal, il regardait autour de lui comme quelqu'un qui se réveille d'un cauchemar.


Jésus l'a aidé à se mettre debout et il l'a rendu à son père, qui l'a pris dans ses bras et qui est rentré chez lui sans rien demander. Mais il avait l'air tellement heureux. Pour moi, mais peut-être que je me trompe, c'est comme si le démon avait tué l'enfant et que Jésus lui a redonné la vie, comme il l'avait fait avec la fille de Jaïre.

 

J'étais vraiment décontenancé. J'étais heureux pour cet enfant pour sa famille, mais pourquoi est-ce que nous, nous n'avions pas réussi. Car ce démon nous l'avions menacé nous aussi. 

 

Une fois rentrés, nous lui avons demandé pourquoi nous n'y étions pas arrivés. Il a juste répondu que cette sorte de démon se chassait par la prière. Et c'est vrai que nous, nous nous sommes contentés de crier sur lui, mais nous n'avons pas demandé à notre Père qui est dans le ciel de venir à notre aide, de nous donner sa force pour que le démon laisse cet enfant. 


Je ne sais comment le dire, mais il y a eu un combat entre lui et nous, parce que nous pensions être les plus forts, alors que la force ce n'est pas la nôtre mais celle qui nous a été donnée par celui qui se nomme lui-même "le Fils de l'Homme".

  

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