Mt 17, 1-9. La Transfiguration. Deuxième dimanche de Carême. Mars 2023
J'aime ces dimanches de Carême où année après année, reviennent les mêmes textes, textes connus et pourtant nouveaux, si on le veut bien. Textes à prendre aussi dans le sens d'une catéchèse baptismale, et je crois que beaucoup de catéchumènes, à leur manière, ont eu une expérience du ressuscité, mais dont ils ne peuvent parler, car ces expériences-là demandent du silence. Ce qu'ont vu et entendu les trois apôtres, comme nous aimerions parfois avoir été à leur place.
Je dois dire qu'en 1963, en montant à la montagne de la Transfiguration, il y avait une partie de moi qui le souhaitait; mais il y a eu juste le chant du vent dans les arbres, et l'expérience d'une certaine liberté, car cette montée se faisait au rythme de chacun et non pas en groupe. Je n'ai que ce souvenir là, mais c'est déjà pas mal. Les cieux ne se sont pas ouverts; et c'est le passé. Mais ce que je sais, c'est que quand il y a manifestation, tout l'être est touché et le corps n'est pas oublié.
C'est un texte qui depuis toujours m'a beaucoup fait réfléchir. Pour ceux qui le désirent voici les références de mes billets.
https://giboulee.blogspot.com/2011/02/illumination-transfiguration-mes.html 2011
https://giboulee.blogspot.com/search?q=la+transfiguration 2012
https://giboulee.blogspot.com/2020/08/transfiguration-mt-17-1-9-ne-parler-de.html
https://giboulee.blogspot.com/2022/02/marc-9-2-13-la-transfiguration.html
https://giboulee.blogspot.com/2022/03/luc-9-28-36-la-transfiguration.html
En pensant à ce texte ce matin, alors que je l'avais déjà un peu travaillé hier, il m'est venu la question des trois tentes; et aussi de la place de cet évènement dans les synoptiques. Noter également qu'un certain équivalent se trouve dans le chapitre 12 de Jean, quand des grecs, après la résurrection de Lazare, demandent à voir Jésus (Jn 12,18).
Cet évènement semble avoir plus l'importance dans l'évangile de Luc, car c'est juste après que Jésus a pris avec courage la route de Jérusalem; alors que chez Marc et Matthieu, Jésus séjourne encore un certain temps en Galilée puis en Judée. Mais même chez Luc il se passera beaucoup de choses entre cette théophanie et l'entrée à Jérusalem.
Si je reviens aux trois tentes, c'est que cela évoque pour moi d'abord la fête des Tentes (les cabanes) et que certainement parler de cela renvoie à la présence de Dieu durant le temps de l'Exode; à ce "tête à tête" avec Dieu. Mais c'est aussi la Tente où la Gloire de Dieu va résider dans le désert. Mais pourquoi, ici, trois tentes?
Pour moi, c'est un peu comme si Pierre, en les mettant chacun dans un lieu distinct, voulait peut-être permettre au temps de durer, chacun des trois personnages étant "dans sa niche"; et ça, c'est impossible, mais est-ce que ce n'est pas parfois notre rêve? Et puis peut-être )- si on fait référence au texte de Luc - Pierre aimerait-il que ces deux sommités ne parlent pas du départ à Jérusalem, puisque Jésus a dit que c'est là qu'il serait livré. En fait cela me fait un peu penser à ces autels entourés des grilles que j'ai vus jadis en Espagne. Ils sont chacun dans leur niche, et plus rien ne se passe. Mais le statique, ce n'est pas le dessin de Dieu; et Dieu réside-t-il dans une maison construite par la main de l'homme? L'évangéliste Jean ne dit-il pas: "Si quelqu'un m'aime, mon père l'aimera, nous viendrons en lui, et nous ferons en lui notre demeure"?.
Peut-être aussi que tout simplement, une fois de plus, Pierre parle un peu trop vite; mais les évangélistes ont tous retenu la même phrase.
Comme d'habitude j'ai trouvé intéressant de mettre les trois récits en parallèle. Une fois de plus la version mathéenne est la plus succincte.
Mt 17, 1-9 | Mc 9, 2-9 | Lc 9, 28-37 |
01 Six jours après, Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère, et il les emmène à l’écart, sur une haute montagne. | 02 Six jours après, Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean, et les emmène, eux seuls, à l’écart sur une haute montagne | 28 Environ huit jours après avoir prononcé ces paroles, Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il gravit la montagne pour prier. |
02 Il fut transfiguré devant eux ;
son visage devint brillant comme le soleil,
et ses vêtements, blancs comme la lumière.
| . Et il fut transfiguré devant eux.
03 Ses vêtements devinrent resplendissants, d’une blancheur telle que personne sur terre ne peut obtenir une blancheur pareille. | 29 Pendant qu’il priait, l’aspect de son visage devint autre,
et son vêtement devint d’une blancheur éblouissante. |
03 Voici que leur apparurent Moïse et Élie, qui s’entretenaient avec lui. | 04 Élie leur apparut avec Moïse, et tous deux s’entretenaient avec Jésus.
| 30 Voici que deux hommes s’entretenaient avec lui : c’étaient Moïse et Élie, 31 apparus dans la gloire. Ils parlaient de son départ qui allait s’accomplir à Jérusalem. |
04 Pierre alors prit la parole et dit à Jésus : « Seigneur, il est bon que nous soyons ici ! Si tu le veux,
je vais dresser ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. »
|
05 Pierre alors prend la parole et dit à Jésus : « Rabbi, il est bon que nous soyons ici !
Dressons donc trois tentes : une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. »
06 De fait, Pierre ne savait que dire, tant leur frayeur était grande.
| 32 Pierre et ses compagnons étaient accablés de sommeil ; mais, restant éveillés, ils virent la gloire de Jésus, et les deux hommes à ses côtés. 33 Ces derniers s’éloignaient de lui, quand Pierre dit à Jésus : « Maître, il est bon que nous soyons ici !
Faisons trois tentes : une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. »
Il ne savait pas ce qu’il disait. |
05 Il parlait encore,
lorsqu’une nuée lumineuse les couvrit de son ombre,
» |
7 Survint une nuée qui les couvrit de son ombre,
| 34 Pierre n’avait pas fini de parler,
qu’une nuée survint et les couvrit de son ombre ; ils furent saisis de frayeur lorsqu’ils y pénétrèrent. |
06 et voici que, de la nuée, une voix disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie : écoutez-le ! | et de la nuée une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! | 35 Et, de la nuée, une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi : écoutez-le ! » |
07 Jésus s’approcha, les toucha et leur dit : « Relevez-vous et soyez sans crainte ! » 08 Levant les yeux, ils ne virent plus personne, sinon lui, Jésus, seul.
| 08 Soudain, regardant tout autour, ils ne virent plus que
Jésus seul avec eux.
| 36 Et pendant que la voix se faisait entendre, il n’y avait
plus que Jésus, seul. |
09 En descendant de la montagne, Jésus leur donna cet ordre : « Ne parlez de cette vision à personne, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts. »
| 09 Ils descendirent de la montagne, et Jésus leur ordonna de ne raconter à personne ce qu’ils avaient vu, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts.
| Les disciples gardèrent le silence et, en ces jours-là, ils ne rapportèrent à personne rien de ce qu’ils avaient vu. |
Les textes sont très semblables. Il me semble qu'on peut voir plusieurs séquences; à chacun de choisir celle qui lui parle le plus et de se laisser saisir par elle. L'interruption de Pierre, sûrement pleine de bonne volonté, donne un avant et un après, qui aurait peut-être été différent s'il n'avait pas parlé.
Temps 1. Jésus monte avec Pierre Jacque et Jean, puis se retrouve seul avec Moïse et Elie. On est dans un autre lieu, un autre temps.
Temps 2. Irruption, ou interruption, de Pierre, avec son désir que cela reste tel quel. Chacun dans sa niche… Et cela rompt quelque chose au niveau de la Paix.
Temps 3. Irruption du la Présence, qui se manifeste par la nuée, mais qui crée une crainte chez les trois disciples, et aussi par la voix, qui évoque ce qui a pu se passer dans le Sinaï. Jésus est bien le nouveau Moïse, mais tellement plus. Il est le Fils Bien Aimé en qui le Très Haut met toute sa joie, et qui fait aussi la Joie du Très Haut. Et cela reprend un verset d'Isaïe" dans le premier chant du Serviteur, Is 42,1: "Voici mon serviteur que je soutiendrai, mon élu en qui mon âme prend tout son plaisir".
Temps 4 Le temps reprend son cours, Jésus rassure ses disciples, mais veut le silence sur cette manifestation.
Travail sur le texte.
1 En ce temps-là, Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère, et il les emmena à l’écart, sur une haute montagne.
2 Il fut transfiguré devant eux ; son visage devint brillant comme le soleil, et ses vêtements, blancs comme la lumière.
On a la haute montagne, quel que soit le lieu. La montagne, c'est un lieu possible de la Présence. Et c'est là que Jésus devient autre. Mais avec les mots d'aujourd'hui, je dirais que Jésus n'est pas éclairé de l'extérieur, comme par un projecteur; l'éclat vient du dedans. Il est la lumière. Et si les disciples peuvent voir ce qui se passe, c'est que ce qu'ils voient n'est pas insoutenable, mais beau.
3 Voici que leur apparurent Moïse et Élie, qui s’entretenaient avec lui.
Ici, on ne sait pas du tout ce qui se dit entre ces trois personnes. Mais il y a l'idée que Jésus, comme il l'a dit, récapitule en lui la Loi (Moïse) et les prophètes (Elie).
4 Pierre alors prit la parole et dit à Jésus : « Seigneur, il est bon que nous soyons ici ! Si tu le veux, je vais dresser ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. »
Pourquoi ces trois tentes? Pour les protéger du soleil, (un peu comme Jonas avec son ricin)?
Gentil Pierre, mais bon, c'est un peu parler pour ne rien dire.
Jadis Elie a quitté la terre sur un char de feu, Moïse certes a été mis en terre au pays de Moab, mais Dieu seul connait le lieu de sa tombe: ces deux hommes sont des figures de Jésus, qui montera lui aussi dans le ciel, mais d'une manière que Pierre ne peut accepter.
Pour moi, bâtir ces cabanes, ce serait un peu figer le temps. Mais les mots ici font rupture de ce temps d'éternité. Le ciel pourtant s'ouvre, et la nuée, signe de la présence, se montre. Ce signe que les pharisiens réclament et réclameront à corps et à cri, seuls les trois, sur la montagne, le voient.
5 Il parlait encore, lorsqu’une nuée lumineuse les couvrit de son ombre, et voici que, de la nuée, une voix disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie : écoutez-le ! »
6 Quand ils entendirent cela, les disciples tombèrent face contre terre et furent saisis d’une grande crainte.
On peut penser que la voix qui sort de la nuée couvre totalement celle de Pierre; et fait peur. Crainte de tout l'être devant son créateur, alors qu'auparavant il n'y avait pas de crainte. Et c'est aussi la phrase prononcée dans Matthieu lors du baptême (Mt 3, 17).
7 Jésus s’approcha, les toucha et leur dit : « Relevez-vous et soyez sans crainte ! »
Étonnante, cette phrase. Elle évoque pour moi ce qui se passera après la résurrection. "Se releve"r est aussi une image de résurrection: Jésus, "relevé d'entre les morts", dira Pierre je crois.
8 Levant les yeux, ils ne virent plus personne, sinon lui, Jésus, seul
.9 En descendant de la montagne, Jésus leur donna cet ordre : « Ne parlez de cette vision à personne, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts. »
Et c'est la demande de silence, ne rien dire "maintenant"; garder cette expérience visuelle, auditive et corporelle pour plus tard, dans le secret; mais la révéler ultérieurement. La laisser peut-être maturer. Expérience trinitaire? Ils ont vu et ne sont pas morts. Ils ont entendu et ils sont vivants.
Bien des années après Pierre , proche de sa mort, raconte, un peu comme pourrait le faire un conteur. 2P 1, 14. 16-18
Je vais vous raconter que quelque chose qui s'est passé avec le Maître, quelque chose dont j'ai très peu parlé, parce que d'une part, jésus nous avait interdit d'en parler jusqu'à ce qu'il revienne à la vie, et aussi parce que je ne suis pas sûr d'avoir été à la hauteur. Quoi que vous pensiez de moi aujourd'hui, je suis et j'ai été lent à comprendre, et parfois je me demande ce que je serai devenu si l'Esprit Saint n'était pas descendu sur nous en ce jour béni de la fête de Pentecôte qui a suivi la résurrection de mon Jésus.
Il faut d'abord vous dire qu'avant l'histoire que je veux vous conter, il s'était passé autre chose.
Nous étions sur la route qui est dans la région de Cesarée de Philippe, pas loin du Mont Hermon; Jésus nous avait demandé ce que les gens que nous rencontrions dans nos missions disaient de lui.
Et nous ce que nous entendions, c'est que certains pensaient qu'il continuait la mission de Jean le Baptiste, d'autres que le prophète Elie se manifestait en lui, puisqu'un de nos prophètes, Malachie, a annoncé son retour avant que n'arrive le jour du Seigneur. D'autres encore pensaient à Jérémie, mais Jérémie n'annonçait que de mauvaises choses, alors que Jésus, lui, parle de bonheur. Ils ne voyaient pas en lui le messie, mais un prophète, un de plus.
Jésus nous a alors demandé qui il était pour nous, nous les disciples de la première heure, nous les douze. La réponse a jailli de mes lèvres, mais je sais que je parlais au nom de tous les autres. J'ai dit qu'il était le Messie, le Fils du Dieu vivant.
Vous savez que je suis prompt à ouvrir la bouche, et que ça n'a jamais changé. Mais là, manifestement c'était la seule réponse possible: il était non seulement l'envoyé, l'oint, mais le Fils. Il m'a regardé comme lui seul sait le faire, et il m'a dit - et cela je ne l'ai jamais oublié, et aujourd'hui, j'entends encore ses mots: "Simon fils de Yonas, ce n'est pas la chair et le sang qui t'ont révélé cela, mais mon Père qui est dans les cieux."
Vous vous rendez compte, c'est un peu comme si j'étais devenu un prophète.
Mais il ne s'est pas arrêté là, il m'a dit qu'il me donnerait les clés du royaume des cieux! Vous vous rendez compte, devenir l'intendant de ce royaume qui était le sien! Et que tout ce que je lierai sur la terre serait lié au ciel, et ce que je délierai sur la terre serait délié au ciel. Je dois dire que je n'ai pas compris, mais ces clés, c'était inimaginable.
Mais ensuite les choses se sont gâtées. Moi, j'étais sur mon petit nuage. Seulement quand il a dit un peu après qu'il devait aller à Jérusalem, qu'il devrait souffrir beaucoup, qu'il serait mis à mort et que le troisième jour il ressusciterait, mon sang n'a fait qu'un tour.
Moi, vivant, je ferais tout pour empêcher cela. Je reconnais que je n'avais rien compris, vraiment rien! Que le Messie qu'il était n'était pas celui qui viendrait délivrer des envahisseurs humains, mais d'un autre envahisseur: le démon qui va et vient, qui rôde, cherchant qui dévorer. J'avais pris Jésus un peu à l'écart pour lui dire que ce n'était pas possible; et là, ce qui s'est passé, c'est comme s'il m'avait donné un soufflet: il m'a traité de Satan, et m'a dit de m'écarter de lui. Alors je peux vous dire que, de mon petit nuage, je suis descendu, et que je me sentais mis dehors. Aujourd'hui je comprends, mais quand c'est arrivé, non, parce que je l'aime trop, et que je ne voulais pas qu'il soit tué. Mais j'aurais voulu disparaître sous terre tellement j'avais honte.
Et puis, un matin très tôt, il m'a appelé, ainsi que Jacques et Jean les fils de Zébédée, et nous avons compris qu'il nous prenait avec lui, dans un des moments qu'il passait avec son Père et où il disparaissait. Il nous a emmenés sur les pentes de l'Hermon. Nous l'avons gravi avec lui, comme jadis Moïse avait gravi le Sinaï pour recevoir les Paroles. C'était dur de le suivre, parce que lui, il allait vite. Il y avait le vent, il y avait le silence, surtout le silence. Un bon silence, un silence plein. Et un air qui était léger.
Arrivés tout en haut, je dois dire que je me suis couché sur le sol, tellement j'étais fatigué, et les autres ont fait de même. Nous avions besoin de retrouver notre souffle. Et là, là, il s'est passé quelque chose d'inimaginable et c'est ce que je veux vous raconter.
Jésus avait dit un peu avant que certains d'entre nous ne verraient pas la mort avant d'avoir vu le Fils de l'homme venir dans son règne, et je crois que c'est un peu ce qu'il nous a donné à voir.
Ce qui s'est passé, c'est difficile de le dire avec nos mots. Le visage de Jésus était comme éclairé de l'intérieur, ce n'était pas soleil qui venait sur lui et l'éclairait, non c'est lui qui rayonnait comme le soleil; et ses vêtements sont devenus d'un blanc éclatant, qui faisait presque mal aux yeux. Il était là, devant nos yeux, c'était lui et ce n'était pas lui, il était le Glorieux. Et avec lui sont apparus Moïse, et Elie avec son manteau en poils de chameaux et sa barbe; ils parlaient tous les trois. Je ne sais pas de quoi ils s'entretenaient, mais j'aurais voulu que cela dure, dure, dure.
Alors, j'ai proposé de leur faire des tentes. Je ne sais pas trop ce qui m'a pris. Comment peut-on vouloir mettre la Gloire dans une Tente? Mais pourtant la Gloire du très Haut est bien entrée dans la Tente de la Rencontre et dans le Temple construit par Salomon. Et puis, quand nous célébrons la fête des Tentes, nous célébrons le temps passé au désert, où Dieu était au-dessus de nos têtes, jour et nuit et nous protégeait. Mais pourquoi ai-je dit trois tentes, comme si je voulais les immobiliser? Tout simplement, ils étaient trois, alors trois tentes, cela me paraissait normal. Je suis comme ça, ne l'oubliez pas, et les mots s'échappent de ma bouche. Et puis peut-être que tout au fond de moi je voulais les garder avec moi, pour toujours, pour que Lui ne meure pas comme il l'avait annoncé. Peut-être que Moïse et Elie pourraient l'en dissuader.
Seulement à peine avais-je fini de parler, que j'ai eu la sensation que j'avais rompu quelque chose, que j'avais parlé trop vite. Et un énorme nuage est venu sur nous, un de ces nuages tout noir qui fait peur, un de ces nuages rempli d'une présence, ce nuage ou plutôt cette nuée qui a guidé notre peuple dans le désert. Jean, Jacques et moi, nous étions pétris de peur, et une voix, s'est fait entendre. C'était cette voix dont parle les psaumes quand ils parlent de la voix qui effrayent les biches , qui les fait mettre bas, qui fait jaillir les éclairs, qui fait trembler le désert. Et cette voix s'adressait à nous, et nous sommes tombés face contre terre, elle disait que cet homme, ce Jésus était son fils bien aimé en qui il avait mis toute sa joie. Toute la joie du Très Haut en un seul homme, mais aussi un homme qui pouvait remplir de Joie l'Unique, en faisant sa volonté.
Aujourd'hui, je peux parler de cela, mais je garde malgré tout le sentiment de frayeur intense que j'ai eue quand c'est arrivé. La crainte de Dieu, je l'ai vécue ce jour-là. Heureusement, ça n'a pas duré longtemps, mais je dis cela, et je n'en sais rien; le temps n'existait plus. Jésus est venu vers nous, nous a touché la tête, nous a dit de ne plus avoir de crainte. Je me suis relevé, et tout était normal, comme si rien ne s'était passé, comme si nous ne l'avions pas vu avec cet éclat qui venait de tout son être.
Nous avons pris le chemin du retour. Le Maître nous a interdit de parler de ce que nous avions vu et entendu, avant qu'il ne soit ressuscité d'entre les morts.
Ce que je veux aussi vous dire, c'est que certes j'avais vu cela, mais que quand l'arrestation est venue, par trois fois j'ai fait comme si je ne connaissais pas Jésus. La peur a été la plus forte; et pourtant mes yeux avaient vu, mes oreilles avaient entendu.
Alors mes petits enfants, ce que j'ai vu, ce que j'ai entendu, puissiez- vous le garder en vous, et que cela devienne parole de vie pour vous guider dans vos combats, pour vous protéger du malin, et pour rendre, mieux que je n'ai su le faire, témoignage à notre Seigneur ressuscité et vivant dans la Gloire de son Père. Que la paix soit avec vous.
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