jeudi, janvier 24, 2013

Dieu d'Israël, Dieu de l'univers?

Il y a dans le livre de l'Exode au chapitre 32 (juste après la destruction du veau d'or) un petit passage que j'aime beaucoup: Dieu dit à Moïse qu'il va détruire tout le peuple et que de Moïse qu'il fera de lui une grande nation. Et Moïse de dire: " Pourquoi, SEIGNEUR, ta colère veut-elle s'enflammer contre ton peuple que tu as fait sortir du pays d'Egypte, à grande puissance et à main forte ? 12Pourquoi les Egyptiens diraient-ils : “C'est par méchanceté qu'il les a fait sortir ! pour les tuer dans les montagnes ! pour les supprimer de la surface de la terre !
 Reviens de l'ardeur de ta colère et renonce à faire du mal à ton peuple".

 En d'autres termes plus triviaux: "De quoi auras tu l'air face aux égyptiens que tu viens de vaincre?  Que vont ils penser de toi? Vont ils te connaître comme le dieu qui est au dessus de pharaon et des autres Dieux? Ne vont ils pas se moquer de toi, et donc ne pas reconnaître qui tu es? J'ai presque envie de dire  pour schématiser "tu aurais l'air de quoi"? 

En tous les cas ce discours apaise YHWH... 

Ne peut-on pas penser que le but de  (des) alliances entre YHWH et un peuple, est bien que comme le dit la Genèse que "le nom de YHWH" soit connu sur toute la terre". 


Au fur et à mesure de l'histoire de ce peuple, celui ci se rendra compte que son rôle est par sa manière de vivre (et de vaincre les adversaires) de révéler la présence de son dieu. Ne trouve t on pas ans le psaume 115: s 115:1 Non pas à nous, Éternel, non pas à nous, Mais à ton nom donne gloire,

Pour donner cette gloire, il faut bien qu'elle soit manifestée dune manière ou d'une autre, que ce soit par la victoire du peuple Israël sur ses ennemis (ce qui prouverait que son Dieu est plus fort que les autres dieux et que c'est donc celui là vers le quel il faut se tourner, car il donne le salut), ou si le peuple  n'est pas capable de faire cela, c'est alors à YHWH de faire comprendre aux ennemis que c'est lui l'Unique et le plus fort. N'est ce pas ce qu'écrit le Siracide, alors que le peuple est sous domination grecque et dispersé un peu partout après l'Exil? 

La prière du chapitre 36 de l'Ecclésiatique est éloquente à ce niveau là: cela pourrait se résumer par "casse leur la gueule pour qu'ils se rendent compte, comme nous avons dû nous en rendre compte à notre corps défendant, que c'est toi qui est le Dieu de l'univers: 






1Aie pitié de nous, Maître, Dieu de l'univers,



2répands ta crainte sur toutes les nations.



3Lève ta main contre les nations étrangères

pour qu'elles voient ta puissance.



4De même que tu leur as montré ta sainteté à l'œuvre chez nous,

ainsi montre-nous ta grandeur à l'œuvre chez elles.



5Qu'elles te reconnaissent comme nous avons nous-mêmes reconnu

qu'il n'y a pas de Dieu en dehors de toi, Seigneur.



6Renouvelle les signes et répète les merveilles.



7Glorifie ta main et ton bras droit.



8Excite ta fureur et déverse ta colère.



9Supprime l'adversaire et anéantis l'ennemi.



10Hâte le temps, souviens-toi du moment fixé

et qu'on raconte tes hauts faits.



11Par un feu vengeur, que soit dévoré le survivant

et que ceux qui maltraitent ton peuple trouvent leur perte.



12Brise les têtes des chefs ennemis

qui disent : « Il n'y a personne comme nous ! »



13Rassemble toutes les tribus de Jacob.



16b Remets-les en possession du patrimoine comme au début.



17Aie pitié, Seigneur, du peuple qui porte ton nom

et d'Israël que tu as traité en premier-né.



18Aie compassion de la cité de ton sanctuaire,

Jérusalem, le lieu de ton repos.



19Remplis Sion du récit de tes exploits

et ton temple de ta gloire.



20Rends témoignage à ce que tu as créé au commencement,

accomplis les prophéties prononcées en ton nom.



21Donne leur récompense à ceux qui t'attendent

et que tes prophètes soient trouvés véridiques.



22Exauce, Seigneur, la prière de tes serviteurs

selon ta bienveillance à l'égard de ton peuple,

et que tous ceux qui sont sur la terre reconnaissent

que tu es le Seigneur, le Dieu des siècles.



Comme beaucoup de textes du premier testament ce Cantique peut faire un peu frémir par sa violence, mais quand on est un pays conquis, n'est pas comme cela que l'on pense? Ne désire-t-on pas rentrer dans ses terres, de mettre les oppresseurs dehors? 



Si on regarde l'histoire d'Israël telle que ous pouvons la lire dans le premier testament, il ne semble pas que le Dieu de ce peuple ait été reconnu comme un Dieu Unique par le monde entier, or il me semble que c'est cela le projet de Dieu: se faire connaître et être reconnu.

Que le mode de vie de ce petit peuple puisse poser question aux autres nations et leur permettre de reconnaître ce Dieu différent des dieux des autres nations, n'est ce pas ce qui est écrit dans le chapitre 4 du deutéronome: Dt 4,"6vous les garderez, vous les mettrez en pratique : c'est ce qui vous rendra sages et intelligents aux yeux des peuples qui entendront toutes ces lois ; ils diront : « Cette grande nation ne peut être qu'un peuple sage et intelligent ! » 7En effet, quelle grande nation a des dieux qui s'approchent d'elle comme le SEIGNEUR notre Dieu le fait chaque fois que nous l'appelons ? 8Et quelle grande nation a des lois et des coutumes aussi justes que toute cette Loi que je mets devant vous aujourd'hui ?". 

Il me semble que le rôle d'Israël est bien d'annoncer aux nations la présence et l'existence de ce Dieu qui est le Dieu de l'Univers. Mais le moins que l'on puisse dire c'est que l'histoire biblique montre que les choses ne se sont pas passées comme cela. 


La conquête du pays de Canaan aurait dû montrer aux peuples présents que ces tribus peu armées, parce qu'elles avaient un Dieu autre, pouvait vaincre. Seulement les hommes de ce temps là n'en n'étaient pas surs et du coup se détournaient de leur Dieu et donc se faisaient battre (c'est toute l'histoire du livre des juges jusqu'aux livres de rois).


 Par certains côtés on peut penser avec un certain recul que le temps de l'Exil a permis non seulement à la foi de s'exprimer en mots en histoire, mais surtout de permettre un certain rayonnement en quittant la terre promise et en s'installant justement parmi les nations, avec un mode de vie qui certes provoque la persécution car il y incompatibilité entre rendre un culte à un empereur qui se voit comme un dieu et rendre un culte au Dieu Unique, mais qui va poser question aux autres et peut être leur donner envie de choisir ce mode de vie là, qui permet d'acquérir la bienveillance de Dieu et de donner un sens à la vie. 


Quand on arrive au temps de Jésus est ce que le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob était un Dieu qui donnait envie de le servir? Par certains côtés il est certain que oui, puisque tant l'évangile que les actes nous parlent de prosélytes, de craignants Dieu, mais ce Dieu là, semble être un Dieu qui impose beaucoup de pratiques qui semblent un peu paralysantes et c'est bien ce que Jésus passe son temps à dénoncer.


Il me semble aussi que le message de Jésus est d'annoncer que Dieu ne sauve pas du conquérant (que l'ennemi ce n'est pas cela), mais qu'il sauve du Malin qui lui est à l'intérieur de nous et qui peut prendre de multiples visages. Le Dieu de Jésus est un Dieu qui aime au sens fort du terme, car il va jusqu'à perdre tous ses privilèges pour devenir l'un d'entre nous, pour mourir comme un tout à chacun et pour redevenir vivant pour entrainer ceux qui croient, dès leur aujourd'hui, dans la vie éternelle c'est à dire dans une vie dans laquelle l'amour essaye d'être central.


Quand Paul dit que "de deux peuples il en a fait un", (même si c'est loin d'être réalisé car hélas la haine demeure entre ceux qui continuent à vivre dans l'éthique du premier testament, si séduisante soit elle), il montre un changement radical: le Dieu qui s'est révélé dans la crainte et le tonnerre sur l'Horeb est devenu un Dieu qui se laisse appeler Père et un Dieu pour tous les hommes sans distinction de race ('Rm 2, 12). . 


Par Jésus et par le don de son Esprit, le Dieu du peuple Israël est devenu (au delà des déformations inévitables liées aux hommes) celui qui est présent à chacun, quelle que soit son origine ou son histoire, il est bien le Dieu de (des) Univers. Maintenant il reste à chacun à le découvrir et à se laisser petit à petit transformer pour que le vivant qui est en chacun d'entre nous devienne flamme.









mardi, janvier 22, 2013

Reflexions sur Cana, suite.

Le prêtre des Arcs (un ancien êveque qui a repris du service à Bourg Saint Maurice) m'a donné du grain à moudre par son commentaire de cet évangile. Il a repris beaucoup de "détails" en insistant par exemple sur  Marie qui est celle qui regarde (et on peut remplacer le "ils n'ont pas de vin" par d'autres choses, comme le travail, un toit etc.) et qui aurait beaucoup "évolué" depuis la fugue de Jésus à laquelle elle n'avait rien compris, puisque maintenant elle peut dire aux serviteurs: tout ce qu'il vous dira faites le, ce qui montre l'intensité de sa confiance.

Je me suis rendue compte que j'ai toujours imaginé que le miracle de Cana avait lieu en fin de journée, pour moi, or rien n'est moins sûr, puisqu'un mariage peut durer plusieurs jours. Et curieusement pour moi, le fait que ce signe (miracle) puisse se passer en plein jour et non pas en fin de journée, au moment où tous les chats sont gris, me semble intéressant. Ce n'est pas quelque chose qui est fait à la sauvette.

Il a aussi rappelé que ces cuves de pierre qui servaient à la purification de fait ce sont des espèces de baignoires. Il a employé le terme de lavabo, qui pour moi a fait image, car demander aux serviteurs de prendre de l'eau dans un lavabo, de le mettre dans une cruche et de l'apporter au maître de cérémonie, cela nécessite de leur part une sacrée dose de foi.

Je me suis dit aussi que ces cuves il fallait les remplir et qu'il n'y avait pas d'eau courante. Peut être une citerne, mais cela a dû demander un certain travail aux serviteurs qui obéissent à une femme qui leur a juste dit: ce qu'il vous dira faites le.

Les serviteurs prennent donc de l'eau, ils savent d'où elle vient. Ils remplissent une amphore et la présentent au maitre de cérémonie. Et là, il s'est passé quelque chose en chemin: l'eau s'est transformée en vin. Et je ne peux m'empêcher de penser que celui qui a apporté l'amphore ou la cruche au maître de cérémonie, ne devait pas être très à l'aise. Imaginez le dire à cet homme qui dirige tout: "il y a ce Jésus qui nous a demandé de vous apporté cela... Et le serviteur lui, sait très bien que ce qu'il apporte c'est de l'eau. Il se demande comment il va se faire recevoir et de fait il donne l'objet et disparait. . Or pendant le transport, l'eau s'est changée en vin. Peut être que le serviteur ou les serviteurs connaissaient Jésus de nom et le pensaient capable de faire des miracles. Mais ce qui est important pour moi, c'est que ce miracle se fait en deux temps. Il se passe quelque chose sur le chemin. Certes ensuite l'eau des cuves est transformée en vin, mais tel que les choses sont racontées, c'est après. Et cela repose sur la confiance, sur la foi. Cela évoque les 10 lépreux qui sont guéris en chemin, mais il me semble que c'est bien une caractéristique des signes de l'évangile de Jean.

 C'est le cas du le fonctionnaire romain dont le serviteur est malade Jn 4 (retourne chez toi), de l'aveugle-né Jn9 (va te laver à la piscine de Siloé) de la multiplication des pains Jn 6 (car il faut d'abord que les disciples trouvent un petit peu de pain), et même la résurrection de Lazare Jn 12, car Jésus en quelque sorte attend la proclamation de foi de Marthe.

Cela m'a amenée à me dire que pour qu'un miracle se passe, il nécessite la foi de celui qui le demande ou de celui qui sert d'instrument. Jésus n'est pas un magicien. Il a certes le pouvoir de faire, mais pour que cela se réalise ou prenne sens, il faut la confiance, la foi de celui qui demande.

Et je me disais que quand le prêtre prononce les paroles "ceci est mon corps" pour que cela devienne réellement le corps, il faut que celui qui va le recevoir, puisse reconnaitre dans ce morceau de pain qui est présenté, autre chose que le pain, qu'il fasse confiance à celui qui a dit: ceci est mon corps livré pour vous. Et cela ne concerne pas seulement le célébrant mais les participants.

Et si on voit les choses comme cela, on sort du côté magique du miracle.

Pour que quelque chose se passe, il faut que cela se passe entre deux personnes. Il y a celui qui pron
once une parole (lève toi, rentre chez toi, va te laver) et celui qui au fond de son coeur, reconnait que cette parole fait sens pour lui, ou qu'il a suffisamment confiance en celui qui prononce pour l'accepter et la faire sienne.

Il y a un verset de psaume 14, 4 que j'aime beaucoup:"Eux ils dévorent mon peuple comme on mange le pain". Cela renvoie à des occupants (ou aux méchants)  qui vivent sur le dos des habitants (de leurs frères) , qui leur prennent tout ce dont ils ont besoin pour vivre. Comparer le peuple a du pain, du pain que l'on peut dévorer, m'a toujours fait penser à Jésus.  Quand Jésus dit que son corps est le pain, cela pour moi signifie qu'il donne absolument tout, qu'il  ne garde rien pour lui. Mais cela ne se réalise que lorsque les disciples consomment ce pain, car c'est à ce moment là par leur foi en celui qui va bientôt disparaître que se joue le changement.

Mais pour que cela se réalise aujourd'hui, il est important que moi, je puisse dire quand je reçois ce morceau de pain que ce pain est bien plus que cela. C'est peut être cela le sens de cet Amen qu'il nous est demandé de prononcer quand nous recevons le pain qui est corps.

lundi, janvier 21, 2013

Les croix de Jésus.

On parle toujours de la Croix de Jésus, comme le summum de l'amour pour nous et aussi le summum de la souffrance pour Lui.

Mais dans sa vie de tous les jours, telle qu'elle nous est rapportée par les évangiles, il y a beaucoup d'occasion où Jésus est comme chacun d'entre nous confronté à l'incompréhension, à l'égoïsme de ceux qui l'entourent.

Je sais bien que Jésus quand il parle de lui, dit "venez à moi car je suis doux et humble de coeur" et que qui parle de douceur et d'humilité, normalement ne peux se mettre en colère. Mais pour moi, la douceur de Jésus est sa capacité à apaiser la douleur, la souffrance de ceux qui sont en face de lui, et son humilité c'est sa capacité à se mettre à notre niveau (du moins dans une certaine mesure), à vivre de notre vie et de notre mort.

Ce que je veux dire, c'est que quand Jésus rembarre Pierre en le traitant de Satan, ce dernier n'a pas du se sentir bien dans sa peau, alors qu'il exprimait de fait son amour pour son maître. Je pense que Pierre a dû se sentir blessé, comme peut être l'ont été Jacques en Jean quand ils auraient voulu faire tomber le feu sur un village qui ne voulait pas d'eux, ou même les vendeurs du temple qui après tout étaient là, parce que les grands prêtres l'avaient permis.

Ces réactions souvent vives de Jésus, me permettent d'imaginer que tout Dieu qu'Il soit, il a dû en son fors intérieur pester bien souvent contre ces foules qui ne lui laissent pas le temps de souffler, contre ces disciples qui ne comprennent rien, contre sa mère qui le prend pour un fou et veut le ramener à la raison en le faisant rentrer chez lui, contre ces pharisiens qui passent leur temps à vouloir le mettre en défaut. J'imagine que quand il les voyait arriver en groupe il pouvait penser: qu'est ce qu'ils vont encore inventer pour me mettre en difficulté, est ce qu'ils ne vont pas me lapider et de se demander si tout ça, ça sert à quelque chose, si cette usure portera du fruit. Ne pas être compris, il me semble que c'est malgré tout une sacré croix.

Et puis même les guérisons, ne sont elles pas une croix? Tous ces gens qui viennent pour se faire guérir, tous ces gens que l'on dépose parfois à ses pieds des paquets, comme comment le considèrent-ils? une machine à faire des guérisons ou un être rempli de d'amour?

Alors déjà avec tout ça, Jésus aurait bien mérité d'avoir la croix puisque de nos jours porter une croix est signe honorifique.

Mais il y a l'autre croix, qui est déjà en germe dans ces petites (enfin c'est très relatif) croix quotidiennes qu'il a assumé durant sa vie publique.

L'autre croix, c'est celle du supplice, c'est celle qui fait de lui un être déchu de sa dignité (lui qui est le fils de Dieu), c'est celle qui le met à mort alors qu'il est la vie. L'autre croix, c'est celle de l'abandon, c'est celle de la douleur, c'est celle de la souffrance de l'amour qui n'est pas aimé, pas reconnu, pas accueilli. L'autre croix c'est celle qui va lui permettre d'attirer comme un aimant attire la limaille de fer tous les hommes à Lui et passer avec lui de la mort à la vie.

dimanche, janvier 20, 2013

De Cana à la croix

Dans l'évangile de Jean, Marie apparaît deux fois: à Cana et au pied de la croix. Là encore on pourrait parler d'une construction: au début de la vie publique et à la fin de celle ci.

Ce matin je me disais que à Cana, l'eau est transformée en vin, ce qui peut d'une certaine manière faire de Jésus le nouveau Moïse qui a transformé l'eau du Nil en sang, pour que Pharaon croit en l'existence de ce Dieu qu'il ne connaît pas. Ce miracle, fait à la demande de Marie (même si celle ci semble se faire rabrouer par son fils) est un signe fort pour les disciples qui croient en Lui. On peut dire que ce signe du vin crée d'une certaine manière l'église des disciples, de ceux qui vivront d'une manière différente.

Au pied de la croix, il y  a me semble t il une alliance qui se noue, une alliance qui se scelle dans le sang qui coule. On peut parler de noces de sang, noces entre le Fils qui représente le Père et l'humanité. Mais mon intelligence est complètement dépassée par cela, et je ne comprends pas (compréhension) ce qui se joue réellement, et il reste un mystère qui me dépasse.

Maurice Zündel dans la prière à Saint François écrit: "apprends moi à épouser ta croix, pour qu'au coeur de mon coeur, je puisse éprouver la douleur de Dieu". Ces quelques mots: épouser et éprouver sont été très éclairants pour moi. Regarder Jésus sur sa croix, c'est non pas aller dans le dolorisme mais regarder cet amour qui se donne et qui n'est pas reçu, ou par si peu.

Je me disais que les paroles adressées par Jésus à sa mère et au disciple sont des paroles qui déplacent complètement les liens de filiation et que cela peut avoir une signification pour moi, aujourd'hui.

Bien sûr, on peut penser que Jésus pense au triste avenir de sa mère, veuve et sans fils pour subvenir à ses besoins, car après ce qui vient de se passer, sera t elle acceptée dans sa famille? Cela c'est possible, mais il me semble qu'il s'agit d'autre chose. Dire à sa mère "femme voici ton fils", peut aussi vouloir dire que Marie devient comme la mère de tous ceux qui vivront dans l'Esprit comme son fils a lui même vécu, et qu'elle est dans un engendrement différent de celui qu'elle a vécu jusque là. Il y a une sorte d'universalité. Marie dépasse complètement (et c'est peut être un des fruits de la mort de son fils) la relation à un, pour passer à une autre relation, à tous. C'est peut être aussi l'éclatement de son coeur, qui devient comme celui de son fils.

Quant à ce qui est demandé à Jean, c'est aussi un changement. Car qui que ce soit cet homme, fils de Zebébée ou pas, il a bien eu ou il a peut être encore une mère biologique qu'il aime ou a aimé. Et là on lui demande en quelque sorte de changer de matrice. Il devient en quelque sort le prototype de tous ceux qui ce jour là sont engendrés au Père par la mort du Fils. Prendre soin de l'autre, de celui qui est dans la peine, dans l'abandon, dans le besoin.

Alors si Cana est dans la joie, on peut peut être penser que ce jour là, est aussi un jour de joie, même si c'est un jour de sang, car un nouveau monde est en train de se créer.

Maintenant que ce soit dans le sang, montre bien que rien n'est définitivement gagné et que la facilité n'est pas de ce monde, mais le vin nouveau est là et bien là.

samedi, janvier 05, 2013

Ouverture et Fermeture de l'Evangile de Jean

Le premier chapitre de l'Evangile de Jean se clôt par la rencontre avec Nathanael. Celui-ci reconnait la divinité de Jésus: "Tu es le Fils de Dieu, le Roi d'Israël" (Jn 1, 49) et Jésus confirme cela: voir le ciel ouvert et les anges monter et descendre au dessus du Fils de l'homme.

Viennent alors les signes: Cana et autres.

Le dernier chapitre le chapitre 20 (le 21 ayant été rajouté) se clôt lui par la rencontre avec Thomas, qui reconnaît lui aussi la divinité de Jésus"Mon seigneur et mon Dieu"Jn 20, 28 et un autre type de confirmation: la béatitude pour tous ceux qui croiront sans avoir vu.

Viennent alors d'autres signes miraculeux, non rapportés dans l'Evangile de Jean, mais qui confirment la divinité du Fils de l'homme.