dimanche, février 14, 2016

Les tentations en Luc 4

Je me disais ce matin en relisant l'évangile des "tentations" que parler du diable c'est parler de ce qui se passe en soi, de ces pensées qui vont qui viennent, qui sèment le doute.

On peut incarner ces pensées en les mettant comme en dehors de soi, sur le dos de cet être malin, mais est ce que ce ne sont ps nos propres pensées, nos propres doutes?

Je me disais que Jésus, après avoir été nommé lors de son baptême " Fils Bien Aimé" a peut être pu se poser des questions sur ce que cela pouvait vouloir dire devenir le Messie, le Roi d'Israël.

Le rôle d'un roi, c'est de nourrir peuple, de ne pas le laisser mourir de faim. Alors si Jésus peut transformer les pierres en pain, le peuple sera heureux. Oui, mais ce n'est pas de ce pain là que le peuple a besoin mais de la parole.

Le rôle d'un roi c'est de gagner des guerres, de vaincre les autres, de laisser la violence régner. Oui, Jésus gagnera des royaumes parce que tout homme est un royaume, et il les gagnera par l'amour, pas par la force ou la violence. L'alliance ne se fera pas avec la violence mais avec l'amour.

Enfin un roi se doit de demeurer, d'avoir une descendance, ou pour le dire autrement d'être immortel. Cela c'est la tentation de se jeter du pinacle du Temple. Oui Jésus se jettera bien du pinacle du Temple, mais il passera par la mort et ce n'est que par ce passage que la vie éternelle sera donnée à tous.

Peu importe l'ordre dans lequel ces pensées aient assiégées Jésus, mais elles ont du être là, comme elles peuvent être là pour nous. A nous de nous servir de ses  paroles à Lui, pour ne pas nous laisser submerger par la violence, par le pouvoir, par la toute puissance.

samedi, février 13, 2016

Le "Surmoi de Jésus".

Quand je lis les évangiles synoptiques, je suis toujours surprise par la place que prennent les scribes et les pharisiens. J'ai l'impression qu'ils sont partout, prêts à surveiller, à critiquer, à rabaisser.

Et ce choeur de critiques me fait un peu penser au Surmoi: tu as vu tes disciples, pourquoi les laisses tu faire? Et c'est un véritable choeur qui scande les actes de Jésus.

Et pourtant, Jésus sait qu'il faut se laver les mains avant de se mettre à table, qu'il ne faut pas poser un certains nombres d'actions pendant le Shabbat, que les publicains ne sont pas recommandables., qu'on ne touche pas un lépreux, une femme qui perd du sang, un mort. Et pourtant...

On peut penser que Jésus a eu une bonne éducation, lui qui a été soumis à ses parents, il sait tout cela.

Parfois je m'imagine Jésus en train de penser: mes disciples sont en train de froisser des épis dans leurs mains, ils ne devraient pas, mais ils ont faim, alors qu'est ce que ça peut faire.. Et là dessus le choeur des pharisiens renforce la pensée fugitive.

Mais le Moi de Jésus, de Moi qui est en relation avec le Père, renvoie le Surmoi à sa place et ne le laisse pas bâillonner la bonne nouvelle.

Un jour le Surmoi semblera être vainqueur, mais le Moi jaillira libre.

La consécration comme la Pâques ...

Pendant la célébration d'aujourd'hui je pensais à cette dichotomie entre le corps et le sang, entre le pain et le vin.

Comme je l'ai déjà écrit, au Prieuré d'Etiolles ces deux temps se suivent sans interruption. Mais ce n'est pas le cas ailleurs. Dans ma paroisse la présentation du pain prend beaucoup de temps et se fait au son des clochettes et du gong. Il en va de même pour la présentation du calice. Je dirai que c'est très pompeux pour que le bon peuple se rende compte de ce qui se passe.

Et j'ai pensé à Abraham, qui en Genèse 15, s'appelle Abram et qui coupe en deux des animaux(génisse, chèvre belier, tourterelle et pigeon) que le seigneur lui demande de lui offrir. J'ai lu que en ces temps anciens certaines alliances se scellaient ainsi: les deux partenaires passaient dans ce couloir.

Au coucher du soleil Abram voit un feu passer entre les moitiés des animaux et Dieu conclut une alliance avec lui: il lui donne un pays: la terre promise.

Alors je me suis dit que au moment de la consécration, il y a d'un côté le pain et de l'autre le vin qui représentent ce qui va advenir de Jésus au moment de sa mort. Le pain rompu, le corps mort. Le vin versé, le sang offert.

 La parole du célébrant, fait en quelque sorte advenir l'Esprit (le feu) qui  passe entre ces deux parties mortes pour en faire des parties vivantes.

A chaque consécration, il y a un passage  la Pâque du Seigneur, qui fait passer de la mort à la vie et qui ouvre l'autre terre: le royaume de la fraternité, qui fait passer de l'esclavage à la liberté.


vendredi, février 12, 2016

M comme murmure


Dans le premier testament et même dans le second, ce mot est fréquent et il traduit en général un début de révolte.

Dans l'Exode, le peuple qui en assez de ne pas avoir une nourriture comme celle qu'il connaissait en Egypte, murmure, et murmure tellement fort que Moïse prend peur. Murmurer, c'est se révolter,c'est grogner , c'est râler. Et le murmure quand il s'amplifie devient grondement et parfois révolution.

On retrouve un peu cette dimension dans les évangiles où certains auditeurs "récriminent". Ce verbe est plus violent que murmurer, mais c'est la même idée. On n'est pas d'accord, alors on rouspète, on râle, on se fâche.

Mais pourtant il y a un autre sens qui lui renvoie à la douceur. Il y a le murmure du vent, le murmure d'un ruisseau, le murmure du "fin silence" entendu par Elie à l'Horeb (1R 19, 11). Ce murmure là il est ténu, il est présent, il dit la vie, mais parfois il faut tendre l'oreille de son coeur pour l'entendre.

Il y a quelque temps, les deux derniers versets du psaume 19, se sont mis à chanter en moi:" Que les paroles de ma bouche, que le murmure de mon coeur soient agrées en ta présence, Seigneur mon roc mon défenseur".

Quand je dis chanter, je veux dire que les mots: "le murmure de mon coeur" m'ont donné à penser peut être un peu autrement. Effectivement quand je prie, je prie avec des mots, même s'ils ne sont pas prononcés à haute voix. Je prie avec les mots de la prière du coeur. Bien sur ils sont répétitifs, mais curieusement parfois ils chantent..

Ces mots j'espère que Dieu les entend, et en même temps je me dis que ces mots comme un petit ruisseau murmurent au coeur de Dieu en permanence, au delà des mots eux-mêmes.

Ce murmure de mon coeur, même si je ne suis pas explicitement en train de dire des mots de prière, il est là.

 C'est comme si de fait l'Esprit Saint en moi, en agitant doucement l'eau du puits qui est en moi et où Il demeure, murmurait en permanence des mots que je ne connais pas, mais qui existent et qui se mêlent à d'autres murmures, et qui montent tout doucement vers cet ailleurs où repose celui que mon coeur aime. Pour reprendre encore le Cantique des Cantiques la phrase: je dors mais mon coeur veille, traduit ce que je ressens.

Même si je ne suis pas prise par un temps de relation avec le tout Autre, il y en en moi de l'eau qui coule, qui murmure qui chante. Et quand j'en suis consciente, alors de la Joie vient en moi et cette Joie c'est cadeau. Je veux dire que je sais que en moi, il y a ce murmure, cette relation.

Alors oui,  il y a en moi et ce murmure qui se met si facilement place quand ça ne va pas comme je le veux et aussi cette "murmuration"en moi au plus profond, qui me permet peut être de moins murmurer et plus d'écouter ce silence dans lequel Dieu parfois parle.

jeudi, février 11, 2016

"Se charger de sa croix" Luc 9, 23.

Dans l'évangile proposé aujourd'hui, mais qui est coupé un peu bizarrement, il y a deux parties.

 Dans la première partie du texte, Jésus s'adresse aux apôtres puisque dans les versets précédents (qui manquent pour la compréhension) Pierre a reconnu Jésus comme le "Messie" et Jésus casse la représentation du Roi-Messie et sauveur, pour annoncer sa mort. Il sera rejeté par ceux qui dans le peuple juif représentent le religieux. Souffrir, être rejeté, être tué et ressusciter. 4 verbes qui d'une certaine manière seront son chemin mais aussi le chemin à suivre.

Dans le seconde partie, Jésus s''adresse à la foule, et c'est là qu'il parle de "porter sa croix". Il y a 3 verbes: renoncer à soi-même (se renier) prendre la croix et suivre. Cela c'est le chemin de la foule. On a des verbes actifs alors que dans la première partie ce sont plus des passifs.

C'est sur le mot croix que je me suis interrogée ce matin. Si pour nous ce mot à une signification bien particulière: porter ce qui est difficile, porter ce qui fait mal, porter éventuellement un peu celle des autres (les aider), je pense que du temps de Jésus il n'en n'allait pas ainsi. Qu'est ce que ce mot pouvait représenter pour la foule?

La mort sur la croix est un supplice romain et  l'occupation romaine est relativement récente. Ceux qui finissaient sur la croix étaient des hors la loi, des vauriens, des brigands, des voleurs.

Alors je crois que quand Jésus dit "porter sa croix" il dit: reconnaissez que vous êtes mauvais, que vous êtes pécheurs. Quand il dit cela, il reprend ce que Jean le Baptiste disait avant lui et que Lui dit aussi: reconnaissez que vous devez changer, changer de conduite, alors convertissez vous.

Car se "renier soi même" c'est aussi cela se convertir.

Enfin le troisième terme  "suivre", c'est reconnaître que seul c'est impossible, mais en suivant Jésus, alors la conversion devient possible.

Il me semble donc que quand Jésus parle de croix Il nous clame haut et fort que nous avons besoin de Lui et pour voir ce qui ne va pas, mais aussi pour en sortir: se convertir et le suivre.

Alors en ce début de chemin qui va vers Pâques, peut être faut il entendre dans ce petit texte un appel, un appel à sortir de nos certitudes, à les regarder autrement, à accepter de changer et de nous laisser changer.

N.B. Je viens de lire un commentaire qui dit (ce qui est traditionnel) que porter sa croix c'est ne pas éviter le souffrance.. Mon propos est de dire que porter sa croix chaque jour, c'est chaque jour se reconnaitre pécheur et ce n'est pas si simple.. Je crois que seuls les saints y arrivent...La croix ce n'est pas la souffrance de la vie, les malheurs, c'est cela, mais pas que cela. Et le dolorisme non merci.

mardi, février 02, 2016

"Tous furent remplis de colère" Luc 4, 21

L'évangile de ce dimanche rapporte ce qui se passe dans la synagogue de Nazareth après que Jésus, ayant dit que les prophétie d'Isaïe se réalisent en lui , fait remarquer à ses auditeurs qu'ils ne lui font pas vraiment confiance. 

Dimanche dernier le prêtre qui commentait ce texte faisait remarquer que quand on connait quelqu'un, on a tendance à le "fixer" dans une certaine représentation, et qu'il est très difficile de changer son regard. 

Le fin du texte d'aujourd'hui se termine de la manière suivante: 
"Lc 429Ils se levèrent, le jetèrent hors de la ville et le menèrent jusqu’à un escarpement de la colline sur laquelle était bâtie leur ville, pour le précipiter en bas. 30Mais lui, passant au milieu d’eux, alla son chemin".


Je me suis toujours demandée pourquoi une réaction aussi brutale: non pas frapper, non pas lapider mais faire tomber, précipiter dans le vide. 

Ce qui est curieux c'est que dans l'évangile de Luc, cet épisode suit presque immédiatement la tentation dans le désert(Lc 4, 1-13) où le diable propose à Jésus "de se  jette d'ici en bas".. Et là c'est ce qui se passe, sauf que Jésus est poussé et qu'il est sauvé.


C'est un peu comme si le diable pas content de ne pas avoir pu "convaincre jésus de péché" s'empare de la foule, la pousse à la colère et à la violence. Sauf que Jésus, n'est pas victime.. 


A croire que ces gens au début curieux et bien disposés envers l'enfant du pays, deviennent des possédés qui veulent se débarrasser de lui. Jésus se rend ensuite à capharnaüm et dans les territoires autres. Mais si on pense à une certaine structure des écrits lucaniens, n'est ce pas ce qui va se passer plus tard à Jérusalem. L'enfant d'Israël va être mis en dehors de la ville pour être précipité dans la mort. Et cette mort permettra l'annonce aux nations païennes.


Si je reviens à mon questionnement sur cette réaction, il me semble que pour pousser des hommes qui sont dans un édifice religieux, qui célèbrent le "repos", il doit se passer quelque chose de grave, qui est insupportable pour eux. 


Et ce qui est insupportable d'une manière générales pour les juifs, c'est soit que l'on attaque leur foi (ce qui se passera avec Etienne dans les actes des apôtres), soit qu'on les humilie.


L'humiliation est quelque chose d'insupportable. Il suffit de penser à ce qui se passe parfois dans les stades entre supporters de telle ou telle équipe. Il faut venger l'humiliation. 


Qu'est ce que Jésus a dit pour les mettre dans un état pareil? D'une certaine manière il leur fait comprendre que s'il a pu opérer des guérisons à Capharnaüm, c'est que cette ville est "meilleure" que Nazareth. Or Capharnaüm est quand même une ville portuaire et  ces villes là, n'ont pas bonnes réputation. Alors oui, c'est humiliant. 


C'est humiliant aussi de vous entendre dire que vos lépreux et que vos veuves ont moins di'mportance que les veuves qui vivent dans les pays non juif et que les lépreux des autres contrées qui viennent se faire guérir par Jésus.


Dire à une ville qu'elle ne vaut rien, qu'elle n'a aucune droit, ce doit être dur à digérer alors l'offense ça se lave dans le sang. 


C'est un peu comme si Jésus leur avait dit: vous me regardez comme le fils du charpentier, vous ne m'acceptez pas dans ma mission, alors que les autres voient en moi Dieu qui oeuvre, Dieu qui se manifeste. Vous êtes des aveugles, vous êtes des lépreux. Alors celui qui dit de pareilles insanités, il ne doit pas vivre..