vendredi, avril 01, 2005

Jésus, l'homme à l'accent de Galilée...

Catherine Lestang

Jésus Le bouseux , ou Jésus Le péquenot.

Pourquoi ce titre un peu provocateur ? Parce que en écoutant la passion selon St Matthieu et plus précisément ce que l’on appelle le « reniement de Pierre », il m’a semblé que l’accent de Pierre était identifiable et que Jésus, qui comme lui était galiléen, devait avoir le même, peut-être « moins à couper au couteau », mais accent qui montrait qu’il n’était pas de Jérusalem.

Bien sûr, nous nous savons par la tradition et par les discours de Pierre après la Pentecôte que Jésus était de la tribu de David, mais il semble bien que ceci n’était pas connu lors du temps de la prédication. Les évangiles de Luc et Matthieu n’avaient pas été écrits, et les pharisiens ne semblent pas être au courant des origines davidiques de Jésus.

Certes, il y a l’épisode des 13 ans de Jésus, quand il reste à Jérusalem à l’insu de sa famille.

A cette époque là, certes il avait déjà son accent, mais c’était encore un enfant, un petit Mozart par sa précocité et par son intelligence. « Ils le trouvèrent dans le temple au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant; et tous ceux qui l’entendaient étaient stupéfaits de son intelligence et de ses réponses ». Ce qui ne posait pas de problèmes au moment de la fin de l’enfance, en pose à l’âge adulte. La grâce de l’enfance est loin et l’homme inquiète.

Comment réagissons nous aujourd’hui à ces jeunes, et à leur manière de parler, si différente de la notre? Accepterions facilement un président à l’accent berrichon ou toulousain ? Pas évident. L’accent traduit les origines et les origines du Messie devaient être royales au sens fort du terme.

Ce que je veux dire, c’est que pour les pharisiens, Jésus n’appartenait pas à leur monde et que de ce fait, le reconnaître comme l’Envoyé, alors qu’Il s’écartait d’une certaine manière de la tradition leur était bien difficile.

Alors que Jésus ait guéri ou non un jour de sabbat, ce qui effectivement devait très difficile à admettre pour des personnes très respectueuses de la loi mosaïque, ne pouvait que corroborer la certitude que jamais Dieu, leur Dieu, celui qui les avait fait sortir d’Egypte et de Babylone, n’aurait choisi un « bouseux » pour être le sauveur.

Il en fallu du temps à David, le rouquin, le petit dernier, le gardien de moutons pour être reconnu comme le roi d’Israël ! Bien plus que les trois ans de la vie publique ! Et pourtant lui avait reçu l’onction du prophète en titre : Samuel. Car Jésus n’a pas reçu d’onction spécifique, celle qu’il a reçue en même temps que son baptême ne semble pas avoir eu une très large audience ou assistance.

Et puis outre l’accent, il y a autre chose. Si beaucoup ont fermé leur cœur et leurs oreilles, c’est que Jésus n’est pas un érudit. Il n’a pas étudié comme Paul le futur apôtre ces nations. Or l’étude, est fondamentale, elle est la clé de voûte du juif « pieux » qui consacre sa vie à l’étude donc à Dieu. Jésus ne se réclame que du « Père ». Délire mystique ?

Comment coopter quelqu’un qui a un accent ? Qui n’a pas suivi un cursus ? Qui d’une certaine manière s’autorise de lui-même, même s’il dit être mandaté par Dieu.

Alors pourquoi Yahvé qui est un Dieu juste et fidèle aurait il choisi ce charpentier ; ami des pécheurs du lac, sorti d’une province à mauvaise réputation, plutôt que l’un des leurs ? Pourquoi Lui, pourquoi pas un des leurs ?

On retrouve ce dépit, qui fait le lit de l’envie, cette envie qui est aussi convoitise, mène à la mort.

Pas celui là, parce qu’il n’est pas nôtres.

Pas celui là, parce qu’il s ‘est auto proclamé.

Pourquoi Lui, pourquoi pas nous ou l’un des nôtres ?

Et le risque demeure : comment écouter et respecter celui qui n’a pas la même éducation, le même savoir que le mien ? Comment ne pas s’enfermer de manière défensive dans ses certitudes, quand un autre différent se met à parler.

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