dimanche, novembre 12, 2023

Mt 25, les trois dernières paraboles. Travail sur les textes;

Travail sur les textes.

 

Parabole vierges sages

 

 

J'ai écrit trois textes sur cette parabole qui est tout, sauf une histoire simple. 

 

https://giboulee.blogspot.com/search?q=vierges+sages  2010

https://giboulee.blogspot.com/2013/09/a-propos-des-vierges-prevoyantes-et-des.html   2013

https://www.blogger.com/blog/post/edit/9807826/187882803740152511  2017

 

 

 

1: «Alors le royaume des Cieux sera comparable à dix jeunes filles invitées à des noces, qui prirent leur lampe pour sortir à la rencontre de l’époux

2 Cinq d’entre elles étaient insouciantes, et cinq étaient prévoyantes :

 3 les insouciantes avaient pris leur lampe sans emporter d’huile, 

4tandis que les prévoyantes avaient pris, avec leurs lampes, des flacons d’huile

 

 

Le tableau est dressé et cela peut s’entendre comme une représentation de l’humanité. La première image est donc d’un groupe de dix jeunes filles, toutes sont belles, toutes désirent aller à la rencontre de l’époux. Elles veulent le voir, elles veulent entrer dans la salle des noces. Cela c’est leur désir. Et elles se mettent en route, avec une lampe pour voir dans la nuit, pour ne pas tomber. Elles sont invitées à des noces. Mais les noces de qui? Nous savons juste que Jésus parle du royaume, et ce n’est pas la première fois. Ce sera les trois dernières fois qu’il parlera du royaume dans cet évangile (52 occurrences). C’esr le lieu de la présence de Dieu, soit sur cette terre soit dans un ailleurs . 

 

Mais les unes partent, je dirais les mains dans les poches, alors que les autres se chargent de provisions pour leur lampe. Les unes ne voient pas plus loin que le bout de leur nez. Les autres se disent que cela pourra prendre un certain temps, et qu’il faudra bien se nourrir (elles ou leur lampe) et que, outre le pain, il y a la parole de Dieu qui est aussi nourriture: l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu). Et les prévoyantes, ce sont celles qui ont bâti et qui bâtissent leur maison sur le roc (Mt 7,24).

 

Ce qui me paraît étonnant, c’est que le mot « noces » ne figure pas dans le premier testament. Il est remplacé par Alliance. Il est question de fiançailles, de choix, mais pas de noces. Noces c’est un mot qui caractérise donc le nouveau testament, et qui renvoie à quelque chose dé définitif, lié à la nouvelle alliance. 


Dans le Premier testament, l’époux est le créateur: Is 54,5 "Car ton créateur est ton époux: L'Éternel des armées est son nom; et ton rédempteur est le Saint d'Israël: Il se nomme Dieu de toute la terre."  - Esaïe 62,4: "On ne te nommera plus délaissée, On ne nommera plus ta terre désolation; mais on t'appellera mon plaisir en elle, Et l'on appellera ta terre épouse; car l'Éternel met son plaisir en toi, et ta terre aura un époux.

 

Dans le Nouveau testament, dans les évangiles de Mc et Lc, on a la même définition: Jésus est l’époux : mais cela fait relativement peu d’occurrences: Luc 5:34 Il leur répondit: Pouvez-vous faire jeûner les amis de l'époux pendant que l'époux est avec eux ? Luc 5:35 Les jours viendront où l'époux leur sera enlevé, alors ils jeûneront en ces jours-là. Jean 3:29 Celui à qui appartient l'épouse, c'est l'époux ; mais l'ami de l'époux, qui se tient là et qui l'entend, éprouve une grande joie à cause de la voix de l'époux: aussi cette joie, qui est la mienne, est parfaite. 2 Corinthiens 11:2 Car je suis jaloux de vous d'une jalousie de Dieu, parce que je vous ai fiancés à un seul époux, pour vous présenter à Christ comme une vierge pure. Apocalypse 21:2 Et je vis descendre du ciel, d'auprès de Dieu, la ville sainte, la nouvelle Jérusalem, préparée comme une épouse qui s'est parée pour son époux.

 

Autrefois on disait les vierges sages et les vierges folles. Sagesse et folie, cela évoque pour moi le livre des Proverbes, où le sot est opposé à celui qui fait bien les choses; il y a aussi ces comparaisons données par Jésus avec les serviteurs ou les intendants: il y a ceux qui veillent, et ceux qui cessent de veiller. Mais surtout il y a cet homme prévoyant qui a bâti sur le roc et non sur le sable, ce qui veut dire qu’il a travaillé dur, il n’a pas ménagé sa peine (Mt 7,24). Si la parole est la lampe, alors ce verset "l’homme prévoyant est celui qui entend mes paroles et les met en pratique" est bien le prototype de tous ceux qui ont écouté et mis en pratique, alors que les autres sont comme ce chemin sur lequel la graine n’a pas germé, ce champ qui n’a pas permis à la graine de s’enraciner et de donner du fruit. Au-delà de cette image de jeunes filles, il faut penser à l’humanité, qui a entendu, qui a produit du fruit ou pas. C’était bien la même parole, la même lampe, mais l’une avait ce qu’il faut pour l’alimenter, et sa lampe a brillé alors que la lampe de l’autre s’est éteinte. 

 

Dans le livre des Proverbes il y a une description de la femme parfaite, qui est celle qui prévoit tout.  Pr 31, 10-31. On peut penser que les jeunes filles prévoyantes seront ces femmes qui gèrent leur maison elles-mêmes, qui dirigent, qui pensent, qui agissent . 

 

 

5 Comme l’époux tardait, elles s’assoupirent toutes et s’endormirent. 

 

Et voilà, le voyage est plus long que prévu. Il faut dire qu’il n’est pas très bien élevé cet époux, mais c’est bien une image donnée souvent par Jésus, que ce maître qui s’en va en voyage, qui disparait et qui laisse la libre ceux auxquels il a laissé son héritage.

 

Il y a alors deux phases, s’assoupir, puis s’endormir. De fait il y a un premier temps où une certaine vigilance demeure, puis le sommeil prend le dessus, le sommeil profond. Est-ce le sommeil de la mort? Toujours est-il que de ce sommeil, un cri permet d'en sortir. Et là, les imprévoyantes ne perdent pas le nord, puisque d’emblée elles demandent de l’huile, de cette huile qui ne se partage pas.  Auraient-elles dû ou pu changer de comportement à ce moment là? On nous parle de marchands, mais qui vend de cette huile là? S'agit-il de l'église? 

 

On sait bien que lorsque des drames arrivent, beaucoup se souviennent qu’il y a un Dieu, et qu’il faut le prier. Revenir à lui avant qu’il ne soit trop tard. Est cela dont il est question? Est-ce qu’il y a une chance au moment du passage de la vie à la mort, de la mort à l’autre vie de trouver ce qui est nécessaire pour commencer une autre vie, une vie relation ? 

 

10 Pendant qu’elles allaient en acheter, l’époux arriva. Celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui dans la salle des noces, et la porte fut fermée. 

 

Cela fait un peu penser à une morale: fin de l’histoire. Celles qui sont prêtes entrent dans cette salle mystérieuse; elles vont découvrir ce qui a été préparé, et la porte est fermée. On pourrait presque dire, fin.  Les gentils sont récompensés, les méchants (mais s’agit-il de méchants) sont punis. Ils resteront à tout jamais sur leur faim.

 

11 Plus tard, les autres jeunes filles arrivèrent à leur tour et dirent : “Seigneur, Seigneurouvre-nous !” 

12Il leur répondit : “Amen, je vous le dis : je ne vous connais pas.” 

 

Sauf que ce n’est pas fini. Qu’advient-il de celles (de ceux) qui sont allés se mettre en règle ? Elles peuvent penser que c’est tout bon. Alors elles frappent à la porte, et demandent que la porte leur soit ouverte. Sauf que la demande est entendue, mais non satisfaite, et que la réponse est terrible, cette réponse qui dit « Je ne vous connais pas ». Ne pas connaître, ne pas reconnaître, dire que celui qui frappe est un étranger. Et pourtant il a fait des efforts pour se mettre en règle, mais c’est trop tard. Et cela pose la question de cet « aujourd’hui de Dieu » ce temps favorable qu’il ne faut pas laisser passer. 


13 Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure. »

 

 Finalement on pourrait presque dire, ce n’est pas au dernier moment que vous pourrez changer les choses. Si vous n’avez pas choisi de bâtir votre vie sur mes paroles et de les mettre en pratique, vous avez fait le mauvais choix, et vous ne pourrez pas changer les choses, malgré toute votre bonne volonté . 

   

 

Parabole des Talents

 

C’est une parabole qui a été traitée par Marie Balmary, psychanalyste, qui revient au sens des mots en grec. Il s’agit du livre "Abel ou la traversée de l’Eden". J’en retiens quelques idées pour l’étude du texte. Mais à utiliser les mots des autres, on perd les siens propres et après avoir fait une première lecture du texte, en me servant d’un travail « tout mâché », j’ai ressenti une grande insatisfaction, et je reprends plus avec mes mots à moi, en suivant le texte, tel que je le lis aujourd’hui. 

 

 

14: « Un homme qui partait en voyage appela ses serviteurs et leur confia ses biens. 

15 À l’un il remit une somme de cinq talents, à un autre deux talents, au troisième un seul talent, à chacun selon ses capacités. Puis il partit. Aussitôt ..

 

 

Il s’agit donc là simplement d’un homme riche, très riche, mais aussi qui sur le point de quitter son domaine, appelle ses serviteurs et leur confie ses biens. Ce qui veut dire qu’il donne tout. Il ne s’agit pas d’un prêt, mais d’un don total; c’est une transmission comme pour un héritage. On peut penser que partir et tout donner, c’est vraiment faire confiance. Il transmet les pleins pouvoirs sur ses biens, et il transmet la capacité de faire ce qu’il a fait lui, à savoir d’en devenir le répondant, le propriétaire. 

 

Que peut vouloir dire « à chacun selon ses capacités ». Pour Marie Balmary, il s’agit de quelque chose d’assez étonnant, à savoir la capacité à recevoir, à faire sien ce qui a été donné, à le faire œuvrer pour qu’il fructifie. Il donne à chacun selon sa capacité, sa propre force à faire sien ce qui lui est donné. On n’est pas dans une injustice. Mais cela veut dire que comme les deux autres, il est capable de faire quelque chose avec cette somme.  

 

Ceci dit, on trouve dans les Actes une parole de Jésus, disant qu’il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir Ac 20, 35; or je trouve que parfois c’est bien plus facile de donner que de recevoir et je connais des personnes qui refusent tout don, parce que cela se termine mal d’après elles. 

 

Se pose pour moi la question de la place du aussitôt. 


Est-ce le maître qui donne et qui part aussitôt en voyage, qui fait comme le Dieu de la Genèse qui disparaît de la scène le septième jour ? Ce Dieu qui donne sa terre pour la faire fructifier, qui donne tout pouvoir sur les animaux de la terre et les oiseaux du ciel et qui laisse l’homme libre ? 

 

Ou bien, le aussitôt concerne ce que font les serviteurs, ce qui me semble plus cohérent. 

 

 

16 celui qui avait reçu les cinq talents s’en alla pour les faire valoir et en gagna cinq autres.

17 De même, celui qui avait reçu deux talents en gagna deux autres.

18 Mais celui qui n’en avait reçu qu’un alla creuser la terre et cacha l’argent de son maître.

 

Il est évident que pour faire valoir ces sommes, il a fallu du temps, beaucoup de temps. Les deux doublent la mise et d’une certaine manière deviennent des égaux dans la manière de faire, puisque l’un comme l’autre doublent la mise. Peut-être même que parfois ils ont perdu de l’argent, mais cela ne les a pas empêchés de continuer, et d’arriver à beaucoup plus que ce qui avait été confié au démarrage. 

 

Par contre le troisième, qui n’a pas pu faire confiance, se faire confiance, va creuser la terre, et cache l’argent du maître. Jésus dans une parabole parle de l’homme qui a trouvé un trésor dans un champ et qui ne le rend pas au propriétaire du champ. Celui qui trouve a le droit de prendre, et de ce fait, si le trésor est volé, ce n’est pas de la faute de son propriétaire. Le troisième se dédouane complètement, se lave les mains, refuse. La somme est vraiment enterrée, mise en terre, pour mourir. Alors que les autres lui ont donné vie. 

 

 

19 Longtemps après, le maître de ces serviteurs revint et il leur demanda des comptes.

 

Demander des comptes. Cela donnerait raison au troisième qui se méfie du maître. Mais il faut, parait-il, entendre cela comme (parce qu’il y a le mot logos qui est employé), comme raconter ce qu’ils ont fait. Quand on rend compte, on raconte. Ce qui me parait important, dans cette interprétation, c’est qu’il n’y a pas de jugement, mais la demande de raconter ce qu’on a fait pendant le temps de l’absence. C’est une autre image du maître. Il s’absente, il donne du temps, et il s’informe. 

 

20 Celui qui avait reçu cinq talents s’approcha, présenta cinq autres talents et dit : “Seigneur, tu m’as confié cinq talents ; voilà, j’en ai gagné cinq autres.”

 

Tel que c’est raconté, il ne présente pas les talents initiaux au maître. Je peux imaginer le nombre de brouettes remplies de pièces qu’il a fallu trouver. Mais c’est une image d’une certaine plénitude. 

 

21 Son maître lui déclara : “Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton seigneur.”

 

Et c’est les compliments. Tu es un bon serviteur, tu as été fidèle. Fidèle, c’est aussi une des caractéristiques de Dieu dans le premier testament, et cela caractérise aussi ceux qui ont été choisis et qui ont mené à bien leur mission : Moïse, Samuel, David. Et celui-là peut entrer dans la joie de son Seigneur. Il devient ainsi plus qu’un serviteur. Le maître se réjouit de ce que son serviteur a mené à bien. Et une promesse, en recevoir à nouveau .

 

22 Celui qui avait reçu deux talents s’approcha aussi et dit : “Seigneur, tu m’as confié deux talents ; voilà, j’en ai gagné deux autres.”

23 Son maître lui déclara : “Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton seigneur.”

 

Ce qui se passe pour le deuxième est analogue avec ce qui vient de se dire pour le premier. 

Quand ces serviteurs d’adressent à leur maitre, ils disent Seigneur, tu m’as confié. On est dans le dialogue, ce qui sera différent pour le troisième. 

 

24 Celui qui avait reçu un seul talent s’approcha aussi et dit : “Seigneur, je savais que tu es un homme dur : tu moissonnes là où tu n’as pas semé, tu ramasses là où tu n’as pas répandu le grain.

25 J’ai eu peur, et je suis allé cacher ton talent dans la terre. Le voici. Tu as ce qui t’appartient.”

 

Le "j’ai eu peur", peut évoquer Adam, qui se cache après que ses yeux se soient ouverts. Mais là, c’est la représentation du maître, une représentation d'un Dieu qui fait peur, qui est tout sauf un Dieu qui aime sa création. Ce Dieu là, est avide et injuste, et on ne peut  pas faire confiance. 

 

 26 Son maître lui répliqua : “Serviteur mauvais et paresseux, tu savais que je moissonne là où je n’ai pas semé, que je ramasse le grain là où je ne l’ai pas répandu.

27 Alors, il fallait placer mon argent à la banque ; et, à mon retour, je l’aurais retrouvé avec les intérêts.

 

Le troisième n’a pas pu croire au don. Mais il pense connaître son maître, il a un savoir sur lui. Et savoir l’autre c’est en faire un objet et être pour lui un objet.

S’il avait placé l’argent, il aurait au moins pu faire un choix, choisir un banquier, 

 

28 Enlevez-lui donc son talent et donnez-le à celui qui en a dix.

29 À celui qui a, on donnera encore, et il sera dans l’abondance ; mais celui qui n’a rien se verra enlever même ce qu’il a.

 

30 Quant à ce serviteur bon à rien, jetez-le dans les ténèbres extérieures ; là, il y aura des pleurs et des grincements de dents !” »

 

 

Cet homme qui a mis en terre le don est déjà lui-même dans la ténèbre, mais la ténèbre intérieure. Le jeter dehors, c’est le mettre en relation avec d’autres, le sortir de lui et lui permettre peut-être de faire un autre apprentissage. Enfin ça c’est ce que dit Marie Balmary. 

 

Là, il s’agit bien de ne pas rester inactif durant l’absence du maître qui a tout confié, mais finalement de faire ce qui est demandé dans la Genèse: faire fructifier.  

Le dehors est un peu précisé: c’est un lieu où a priori il ne fait pas bon vivre. Alors si on pense morale, c’est peut-être aussi un message pour faire comprendre que si on vit dans la peur de l’autre, on vit dans le malheur. 

 

 

Parabole du jugement dernier

 

 

31 « Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, alors il siégera sur son trône de gloire.

 

 

Comment entendre cette représentation de la fin des temps, surtout que cela est annoncé quelques jours avant la passion. Comment pouvoir imaginer que cet homme crucifié, cet homme pendu à une croix, sera un jour celui qui siège comme Dieu, sur un siège de gloire, ce que nous sommes incapables de nous représenter, enfin moi.

 

Est-ce une parole d’espoir pour les disciples? "Ne croyez pas que ce que vous allez voir. Souvenez -vous de ce qui je vous ai dit". 

 

32 Toutes les nations seront rassemblées devant lui ; il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des boucs :

33 il placera les brebis à sa droite, et les boucs à gauche.

 

Et là apparait la figure du Roi Berger, le nouveau David. Il y a séparation, et cela évoque la parabole de l’ivraie et du blé. La séparation est faite. Le bon et le mauvais ne sont plus mélangés. Il faut espérer que cela se passe aussi à ce moment-là dans le cœur de tous les êtres. 

 

34 Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : “Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde. 

 

C’est l’appel, c’est la reconnaissance de leur justice. Ils sont les bénis de son Père, et ils entrent dans un lieu, prévu depuis que Dieu est Dieu. 

 

35 Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ;

j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ;

j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ;

 

36 j’étais nu, et vous m’avez habillé ;

j’étais malade, et vous m’avez visité ;

j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi !” 

 

Le verset 35, peut évoquer les Béatitudes, car cette faim et cette soif de justice, beaucoup la ressentent et œuvrent dans ce sens. 

 Mais ne peut-on pas aussi penser à Jésus durant les heures de la passion et de la crucifixion , même si tout a été vécu en 24 heures?

 

Il n’a pas eu à boire, sauf ce vin aigre, il a eu faim (si on croit la chronologie de l’arrestation, du procès, de Pilate, Jésus ne mange rien après avoir donné le pain et le vin à ses disciples). Il est devenu comme un étranger: personne ne l’a accueilli; un inconnu. 


Il s’est trouvé dénudé, et cela c’est aussi la honte suprême. Il est important d’aider celui qui est nu, et cela peut s’entendre aussi autrement que physiquement, à trouver un vêtement, c’est-à-dire une identité, et bien entendu à ne pas souffrir du froid ou de la chaleur. 


Malade: là aussi, il y a beaucoup de formes de maladie. Si on lit bien les évangiles, la maladie pour Jésus est quelque chose qui vous lie, qui vous empoigne et que vous empêche d’être des vivants. Alors lutter contre la maladie, en allant voir ceux qui en sont porteurs, et ce, quelle que soit la maladie (somatique, psychique, acquise), c’est regarder l’autre comme d’abord un être vivant, qui a en plus une maladie. 


Et cela va avec la prison, car la prison c’est l’absence de liberté, et Jésus vient pour rendre libre, et cela, ce peut aussi être un message. Il ne s’agit pas de faire sortir de prison, mais d’aller vers celui qui est dans sa prison, quelle qu’elle soit. 

 

37 Alors les justes lui répondront : “Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu… ?

tu avais donc faim, et nous t’avons nourri ?

tu avais soif, et nous t’avons donné à boire ?

38 tu étais un étranger, et nous t’avons accueilli ?

tu étais nu, et nous t’avons habillé ?

39tu étais malade ou en prison… Quand sommes-nous venus jusqu’à toi ?”

 

40 Et le Roi leur répondra : “Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.”

 

En d’autres termes, Jésus est dans tous ceux qui sont humiliés d’une manière ou d’une autre, dans ceux que l’on ne regarde pas ou plus, dans ceux qui n’ont pas de place. Faire cela c’est donner déjà à l’autre, simplement par un regard et parfois par une action, une place. Est-ce arriver à voir en ces personnes Jésus dedans ? Moi je ne sais pas, je sais que ça je n’y arrive pas. Mais ce que je sais, c’est que cela me fait moi devenir plus comme on dit « frère en humanité ». 

 

41 Alors il dira à ceux qui seront à sa gauche : “Allez-vous-en loin de moi, vous les maudits, dans le feu éternel préparé pour le diable et ses anges.

42 Car j’avais faim, et vous ne m’avez pas donné à manger ;

j’avais soif, et vous ne m’avez pas donné à boire ;

43j’étais un étranger, et vous ne m’avez pas accueilli ;

j’étais nu, et vous ne m’avez pas habillé ;

j’étais malade

et en prison, et vous ne m’avez pas visité.”

 

44 Alors ils répondront, eux aussi : “Seigneur, quand t’avons-nous vu avoir faim, avoir soif, être nu, étranger, malade ou en prison, sans nous mettre à ton service ?”

 

 

Finalement c’est étonnant, parce que c’est un peu comme si ceux qui ont fait le mal (et là il y a ce qu’on appelle le mal par omission: vous n’avez pas fait) ne comprennent pas. C’est comme s’ils disaient: mais non tu te trompes, le mal on ne l’a pas commis, on n’a rien fait de mal; on ne nous a rien demandé, alors pourquoi aurions--nous agi ?  Ils n’ont pas vu, ils ont peut-être manqué de temps pour tout un tas de bonnes raisons (essayer les bœufs qu’ils ont acheté, ou leur nouvelle maison, ou leur changement d’état, je pense à la parabole des invités à la noce dans l’évangile de Luc, mais dans celui de Matthieu, avec la maltraitance et la mise à mort des serviteurs, on est bien au-delà de l’oubli.   

 

Ils sont sont restés avec leur bonne conscience. Parfois, on peut ne pas faire, mais au moins quelque part, s’en vouloir un peu. Ce qui est aussi étonnant, c’est la phrase « sans nous mettre à ton service ». Ceux qui sont à gauche connaissent Jésus, mais cela s’est arrêté là. Peut-être qu’ils sont comme les pharisiens, ils savent, mais la miséricorde ce n’est pas pour eux, parce qu’ils se mettent des œillères. 

 

45 Il leur répondra : “Amen, je vous le dis : chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait.”

 

Cette identification de Jésus aux petits évoque pour moi ce qui se passe sur le chemin de Damas. Saul entend Jésus lui dire : Saul Saul pourquoi me persécutes-tu, et demande: Seigneur qui es-tu; Jésus répond : Je suis Jésus que tu persécutes. Ces petits ce sont les siens, ceux qui l’ont choisi. 

 

46 Et ils s’en iront, ceux-ci au châtiment éternel, et les justes, à la vie éternelle. »

 

Là, c’est presque plus simple que ce qui est dit aux « justes » . Ce n’est plus « le plus petit de mes frères » (ce qui renvoie à une communauté) mais c’est l’un de ces plus petits, l’un de ceux qui sont considérés comme sans valeur, comme bons à jeter. Et c’est la cécité, l’aveuglement et souvent la bonne conscience. 

 

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