dimanche, août 25, 2024

JEAN 6, 60-71 21° DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE. AOÛT 2024

 JEAN 6, 60-71  Les conséquences de l'enseignement de Jésus.  

 


 

Pas facile ce découpage, proposé par la liturgie. 


Que les paroles de Jésus soient rudes, c'est plus qu'évident. Pour les entendre, pour qu'elles fassent sens, elles nécessitent de croire en celui qui est là, qui prend la parole, qui enseigne, qui explicite avec ses mots à lui, cette relation entre lui et son Père. 

 

Ces paroles obligent aussi à faire une sorte de saut, ne pas s'attacher au concret, comprendre comme le dit Jésus que c'est l'Esprit qui fait vivre et que les paroles qui sont écrites là, après avoir été prononcées, sont esprit et elles sont vie. 


Mais pour ma part, sans le don de l'Esprit, sans le renouvellement de l'intelligence, cette gymnastique qui oblige à faire du sans filet et finalement à avoir une confiance totale en celui qui parle et qui promet cette vie éternelle et cette résurrection, est loin d'être facile. 

 

Ce qui est frappant, c'est que ce chapitre se termine de manière abrupte, qui va avec les paroles "rudes". Les disciples partent, les apôtres restent, mais on sait que l'histoire se terminera mal, comme si, dès ce moment Judas, (que Jean à mon avis déteste), avait déjà résolu de livrer ce Rabbi, qui dit des choses qui sont source de scandale et qui n'a pas saisi l'occasion de prendre le pouvoir, ce qui aurait été possible après la multiplication des pains.

 

J'avais dans un premier temps imaginer de faire raconter cette fin par par André, le frère de Simon-Pierre. De fait il est le premier à avoir suivi Jésus, et il est celui qui a trouvé le jeune garçon avec ses cinq pains et ses deux poissons, et qui a donc permis cette manne, puisqu'il faut bien un quelque chose pour que le miracle se fasse.  Et puis c'est un peu pour le réhabiliter, car c'est lui qui a conduit son frère Simon à Jésus, et c'est ce dernier, qu'on peut supposer être le cadet, qui prendra la première place, comme bien souvent dans la Bible. 

 

Mais voilà, même si cette idée reste en arrière-plan, il m'a semblé que faire parler Jésus, était peut-être ce qu'il y avait de mieux. Il a parlé en "vérité" et tous ou presque l'abandonnent, se détournent de lui, lui tournent le dos. Et même ses disciples de cœur, ceux qu'il a choisi, ceux dont l'évangéliste nous donne certains prénoms, ont-ils supporté ces paroles? Ne vont-ils partir eux-aussi… Alors les paroles de Simon-Pierre, comment vont-elles résonner en Jésus? Il est d'ailleurs difficile de ne pas les rapprocher de ce que l'on appelle "la confession de Pierre" dans les synoptiques, "Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant", des paroles prononcées ce jour là, mais qui ne peuvent être dites que parce que Simon écoute ce que le Père lui fait dire. 

 

Si je parle des synoptiques, c'est que la confession de Pierre avec la primauté qui lui est conférée à cette occasion et ce récit qui termine ce chapitre, c'est un peu la même chose. C'est Simon Pierre qui est en quelque sorte le porte-parole du groupe des douze, mais c'est lui qui en sera le chef, même si dans l'évangile de Jean, on ne peut pas dire qu'il ait le beau rôle, ke beau rôle étant celui du disciple bien-aimé qui lui croit non pas que Jésus est le messie attendu, mais qu'il est bien plus que cela, qu'il est Présence du Père, qu'il accomplit ce que le Père lui dit de faire, et que sa Présence à Lui, en nous, nous permet de demeurer dans le Père, ce qui est bien avoir en soi la Vie Éternelle.

 

 

 

Jésus raconte.

 

Je me doutais bien que ceux qui se disaient mes disciples, mais qui finalement me suivaient surtout parce qu'ils étaient étonnés par ce que je faisais, mais qui n'écoutaient pas vraiment ce que je disais, seraient scandalisés. Et scandalisés, ils l'ont été, mais ils sont passés d'une certaine ouverture, quand ils m'ont demandé ce qu'il fallait faire pour travailler aux œuvres de mon Père, à une fermeture totale, quand j'ai affirmé que celui qui croit en Moi, celui qui se nourrit de moi, qui me mange, qui m'incorpore, celui-là, il aura la vie éternelle, cette vie après laquelle ils courent tout en interprétant la loi, en la décortiquant, en essayant de faire, alors qu'il suffit juste de croire en moi. Je me demandais d'ailleurs comment les douze(1) eux allaient réagir. 

 

Ces disciples, Ils étaient dans une partie de la synagogue, ils parlaient entre eux, mais moi, je savais bien qu'ils récriminaient entre eux. Et qu'ils étaient très fâchés. Un jour, un proverbe dira: "on ne prend pas les mouches avec du vinaigre", et pourtant c'est ce que j'ai fait, parce que je voulais qu'ils choisissent vraiment. En fait, je crois qu'ils se sont désignés eux-mêmes comme disciples, mais que mon père ne les a pas choisis, qu'ils n'ont pas été attirés par lui. Suivre un homme qui vient de donner à manger à plus de cinq mille personnes, c'est facile. Suivre un homme, dont ils disent connaissent les origines, c'est facile, mais suivre un homme, qui est la Parole de Dieu, qui est le Verbe de Dieu, qui était là dès le commencement, c'est autre chose. Je ne leur en veux pas, mais les voir partir, cela me peine. Mais je me demande si Judas n'est pas aussi perturbés qu'eux. 

 

Les douze les ont vu partir. Je leur ai demandé s'ils voulaient partir eux-aussi. Je veux qu'ils se sentent libres. Et là, Simon-Pierre, a dit des mots inspirés par mon Père. Il m'a regardé dans les yeux, et il m'a dit, que les paroles que je disais, ces paroles si rudes, elles étaient des paroles de vie, et que ces paroles, j'étais le seul à les prononcer, à les affirmer, à les dire. Il a dit que j'étais le Christ, le Saint de Dieu. Il a reconnu avec ses mots à lui, que je suis le chemin, la vérité, la vie. Mais ce que j'ai aimé dans ce qu'il disait, c'est que sans moi, il était perdu. Il m'a donné une grande joie. Mais j'ai vu le regard noir de Judas, et mon cœur a saigné. Un jour, il me livrera, quand la déception sera à son apogée. Pauvre Judas. Non il n'est pas un démon, même si le démon a pu envahir son cœur, il ne sait plus où il va, lui il est perdu. Et pourtant, ceux que mon Père m'a donné, ceux qu'il a choisi pour moi et avec moi, je ne veux pas qu'ils se perdent. 

 

Nous avons quitté la synagogue. Le repas pascal nous l'avons pris chez Simon, et nous sommes restés en Galilée, parce que certains veulent me tuer pour mes propos. Et mon heure n'est pas encore venue.

 

(1) L'évangéliste parle là, des "douze", mais dans les récits on trouve au chapitre 1, l'appel d'André et de Simon, de Philippe et de Nathanaël. Plus tard on rencontrera les noms de Thomas et de Jude. Celui de Judas apparait très tôt. Si on compare avec la liste donnée par Matthieu, il manque surtout les fils de Zébédée, et Matthieu: Mt 10, 2-4 02 Voici les noms des douze Apôtres : le premier, Simon, nommé Pierre ; André son frère ; Jacques, fils de Zébédée, et Jean son frère ;03 Philippe et Barthélemy ; Thomas et Matthieu le publicain ; Jacques, fils d’Alphée, et Thaddée ;04 Simon le Zélote et Judas l’Iscariote, celui-là même qui le livra.

 

 

André raconte, nous raconte..

 

 

Et bien là, si je peux m'exprimer ainsi, "chapeau à mon frère". Là, il a rudement bien parlé, mon petit frère, mon cadet. Nous étions restés seuls avec lui, nous je veux dire ses apôtres, ceux que vous appelez les douze. Vous en connaissez certains, pas tous. Il y a moi André et mon frère Simon que Jésus a surnommé Pierre, il y a Philippe, Nathanaël, celui qui passait du temps à comprendre la loi et les prophètes. Il y a eu Thomas, celui dont le prénom signifie jumeau, ce qui laisse à penser qu'il a eu un petit frère avant lui qui n'a pas vécu et dont il aurait dû prendre la place, le remplacer, il y a Jude, mais aussi Judas, celui qui sera le maillon faible, il y a les deux autres de Bethsaïde, Jacques et Jean, Matthieu le publicain  et deux autres..

 

Quand je dis seuls, c'était vraiment seuls. Du monde il y en avait eu, après le signe qu'il avait fait en leur donnant du pain et du poisson à satiété, (vous savez ces cinq pains d'orge et ces deux poissons qu'un jeune garçon a accepté de me donner et qui ont nourri cinq mille hommes). En plus de nous, il y avait des juifs pratiquants, très pratiquants, qui comme Nicodème étaient intrigués par notre Rabbi, mais qui étaient relativement hostiles à tout changement. Il y avait ceux qui se disaient disciples. Et même ceux-là, ils ils sont partis, parce qu'ils ne comprenaient pas ce que Jésus leur disait en affirmant que le pain de Dieu, c'est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde.  Ils n'ont pas compris ou pas voulu entendre qu'il parlait de lui. Il disait encore qu'il était le pain de la vie, et que celui qui vient à lui n'aura plus jamais faim et que celui qui croit en lui n'aura plus jamais soif. 

 

Quand il parlait de la soif qui est apaisée, moi je pensais à cette femme de Samarie, celle qui venait puiser de l'eau en plein midi, à qui il avait dit que celui qui boit de l'eau que lui seul pouvait donner, cette eau deviendrait en lui une source d'eau jaillissante pour la vie éternelle. Moi, cette image de la source qui ne tarit pas, qui jaillit en permanence, c'est l'image de la vie, et cette image je la porte en moi, car Jésus, c'est ce qu'il est, cette source, cette eau vivante

 

Il leur a dit et répété que croire en lui, croire qu'il était descendu du ciel, c'était cela (et pas d'obéir à la loi) qui donnerait la vie éternelle, cette vie que les pharisiens cherchent sans cesse sans la trouver, et qu'au bout la résurrection serait donné par lui. 

 

Il faut dire que lorsqu'il a dit que pour avoir cette vie éternelle il fallait le manger lui et boire son sang, c'était quand même un peu révoltant, énorme même.  Mais s'ils connaissaient Jésus, ils sauraient qu'il ne faut pas prendre les choses au pied de la lettre, mais aller ailleurs et par exemple se souvenir que l'homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu, que la parole est une lampe, que la parole est vie. Mais cela ils l'ont oublié, ils n'ont pas compris et ils lui ont tous tourné le dos, sauf nous. 

 

C'est alors qu'il nous a demandé si nous aussi, nous voulions partir. Et c'est là que dans le silence qui a suivi mon frère a pris la parole et a dit ce que nous étions incapables de formuler, à savoir qu'il était notre chemin, que lui seul avait les paroles de la vie éternelle et c'était lui et lui seul que nous suivons. Il a affirmé que nous, nous croyons et nous savons qu'il est le Saint de Dieu.

 

La réaction de Jésus a été bizarre. Il nous a tous regardés les uns après les autres avec une certaine tristesse. C'est vrai que lui, il sait ce qu'il y a dans l'homme. Il a ajouté qu'il nous avait sélectionnés, choisis, mais que le diable était déjà à l'œuvre pour qu'il soit livré comme un agneau à la haine des hommes.  Mais cela, nous avons fait comme si nous n'avions pas entendu. Puis nous avons quitté la synagogue et la vie a repris. Nous avons préféré rester en Galilée et attendre un peu, peut-être pour que les remous se tassent et Jésus puisse retourner à Jérusalem sans se faire lapider.

 

 

Travail sur le texte

 

60 Beaucoup de ses disciples, qui avaient entendu, déclarèrent : « Cette parole est rude ! Qui peut l’entendre ? »

 

Il ne s'agit plus "des juifs", qui a priori sont opposés à ce qu'ils entendent, qui ont le cœur endurci, mais des disciples, des hommes qui ont peut-être vu les miracles, mais là, sont dépassés. Une parole rude, c'est une parole difficile, qui fait même de la casse, qui peut abîmer. Là pour eux, trop c'est trop.

 

61 Jésus savait en lui-même que ses disciples récriminaient à son sujet. Il leur dit : « Cela vous scandalise ?

62 Et quand vous verrez le Fils de l’homme monter là où il était auparavant !...

 

 

Ce qui est étonnant si on lit simplement c'est que d'un côté il y a ce groupe de disciples déçus, qui récriminent entre eux, mais qui ne s'adressent pas à Jésus et peut-être le groupe ""Jésus et les douze. Jésus leur montre qu'il sait ce qui se passe pour eux. Ce qui est étonnant c'est que le verset 62, est très proche de ce que Jésus a dit à Nathanaël, Jn 1, 1 "Et il ajoute : « Amen, amen, je vous le dis : vous verrez le ciel ouvert, et les anges de Dieu monter et descendre au-dessus du Fils de l’homme. » Il y a bien une affirmation qui va dans le sens du Prologue, il est venu chez lui, et les siens ne l'ont pas reçu, mais il y a bien un lieu, un ailleurs, où il retournera.

 

 

63 C’est l’esprit qui fait vivre, la chair n’est capable de rien. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et elles sont vie.

 

Peut-être que là, se trouve la clé. Les paroles sont esprit mais elles sont vie, elles sont donc nourriture. 

 

64 Mais il y en a parmi vous qui ne croient pas. » Jésus savait en effet depuis le commencement quels étaient ceux qui ne croyaient pas, et qui était celui qui le livrerait.

65 Il ajouta : « Voilà pourquoi je vous ai dit que personne ne peut venir à moi si cela ne lui est pas donné par le Père. »

 

L'auteur, montre ici l'omniscience de Jésus, qui bien qu'il n'ait pas entendu, sait ce qui se passe, de même qu'il sait qu'il sera livré par un des siens. Et c'est la reprise du verset 44; nul ne peut venir à Jésus si cela n'est pas donné par le Père. 

 

66 À partir de ce moment, beaucoup de ses disciples s’en retournèrent et cessèrent de l’accompagner.

 

Paroles peu efficaces, puisque beaucoup s'en vont.

 

 

67 Alors Jésus dit aux Douze : « Voulez-vous partir, vous aussi ? »

 

Peut-être que Jésus sent ou sait que même parmi les douze, ça passe mal, ces paroles. Et il les laisse libre de partir (ou de rester). 

 

68 Simon-Pierre lui répondit : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle.

69 Quant à nous, nous croyons, et nous savons que tu es le Saint de Dieu. »

 

Ici, Simon-Pierre est bien inspiré. Il a compris que les paroles dites sont des paroles qui donnent la vie autre, la vie qui vient de Dieu. La phrase suivante pour moi évoque ce que dit le peuple à Moïse, au moment du choix, après le don du décalogue. 

Ici,  c'est "nous croyons", donc la foi en premier (ce qui renvoie bien au don fait par le Père, pour reconnaître en Jésus l'envoyé), et ensuite le savoir, qui permet de dire que l'homme qui est là, est le saint de Dieu, celui qui est rempli de la Présence du très haut. Les versets que l'on trouve dans l'Exode et le Décalogue sont :

- Ex 24, 7: Nous ferons tout ce que l'éternel a dit, et nous obéirons(je crois qu'obéir et écouter sont un seul et même mot en hébreu).

- Deut 5, 27: "tu nous rapporteras tout ce que te dira l'Éternel, notre Dieu, nous l'écouterons et nous le ferons".

 

 

70 Jésus leur dit : « N’est-ce pas moi qui vous ai choisis, vous, les Douze ? Et l’un de vous est un diable ! »

71 Il parlait de Judas, fils de Simon Iscariote ; celui-ci, en effet, l’un des Douze, allait le livrer.

 

Le chapitre se termine bizarrement. On sait déjà que l'un des douze, un de ceux choisis par Jésus sera celui qui le livrera, et là, Jésus parle de l'un des douze qui serait un diable, et l'auteur appuie le trait en nommant Judas, ce que Jésus ne fait pas et ne fera pas, puisqu'après le lavement des pieds, Jésus dira simplement à Judas, ce que tu as à faire, fais-le. Et les autres ne comprennent pas qu'il s'agit de livrer leur maître. Mais il y a le choix de Dieu, puisque c'est lui qui a choisi et donc la soumission du Fils au choix du Père, et donc la vision dès le début de la trahison et du sang versé. 


Un texte plus ancien qui donne peut-être une vision plus globale de cet enseignement: https://giboulee.blogspot.com/2019/12/le-pain-que-je-donnerai-cest-ma-chair.html

 

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samedi, août 17, 2024

JEAN 6,52-58 20°DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE. AOÛT 2024

 

JEAN 6,52-58. discours dans la synagogue de Capharnaüm, suite.

 

  Si on lit le texte du livre des Proverbes, pour accompagner le texte johannique, on pourrait dire que Jésus est la Sagesse de Dieu. Mais une sagesse qui certes prépare sa table, mais qui ne se laisse pas saisir facilement! Faisons-nous partie des sots? Parfois je le crois...


Si la sagesse est un don de l'Esprit Saint, peut-être est-il nécessaire de lui demande une intelligence renouvelée, pour essayer de saisir un tout petit peu ce que Jésus veut transmettre ou faire transmettre par le rédacteur de ce quatrième évangile. 


Je sais bien que cet écrit, est un écrit tardif, et qui s'adresse à une communauté qui. a l'habitude de partager le pain et le vin et qui si on en croit la première épitre, est composée de ceux qui ont reçu l'onction de celui qui demeure en eux, n'ont pas besoin d'enseignement, (1jn 2,27). Il  n'en demeure pas moins que cette catéchèse, qui montre aussi que Jésus est plus que clairvoyant : c'est ce que nous entendrons la semaine prochaine: "Jésus savait en effet depuis le commencement quels étaient ceux qui ne croyaient pas, et qui était celui qui le livrerait".Jn 6,64), que si on s'imagine dans cette synagogue de Capharnaüm, cet enseignement reste difficile et nécessite la foi en celui dont la parole est rapportée.  

 

Une chose qui me frappe dans cette péricope ce sont ces juifs qui se querellent pour savoir "comment il va donner son corps à manger". Cela montre à quel point ils restent empêtrés dans une logique de la terre (du monde) et que l'esprit n'est pas en eux. Cela évoque  Nicodème au chapitre 3:, Jn 3, 4 "un homme peut-il naître quand il est vieux? Peut-il entrer une deuxième fois dans le sein de sa mère et renaître ? et cela se reproduira plus d'une fois. 


C'est peut-être cela l'important. Essayer d'entendre autrement ces paroles qui sont choquantes et difficiles. C'est d'ailleurs ce que voudrait montrer le récit qui suivra. 


Mais avant de laisser parler mon conteur, je voudrai parler de ce qui m'a frappée dans ces versets (et peut-être dans ceux qui précèdent). Il s'agit de l'insistance portée par Jésus  (ou par le rédacteur), sur le "vivre éternellement" qui est le don fait à ceux qui croient en Jésus, don qui se concrétise par la promesse de la résurrection, que seul Jésus pourra donner quand les temps seront accomplis. il ne s'agit pas de sa résurrection à lui, mais de la notre.


Dans tout l'évangile de Jean, on trouve 14 fois l'expression, vie éternelle dont 6 fois au chapitre 6. La promesse de la résurrection revient 3 fois. De fait c'est à la résurrection de Lazare que jésus reprend cela en disant qu'il est lui, la résurrection et la vie. Ego Emei. 

 

C'est peut-être cette insistance qui est comme la clé de ce chapitre. Jésus est la vie, Jésus est la résurrection et ce, dès maintenant. Mais la manière dont il exprime cela, avec le manger et la boire reste quand même, difficile à intégrer, même si on pense non pas manger, mais incorporer, ce qui pour moi est différent, car incorporer est aussi un mécanisme psychique, où l'on prend en soi, ce qui semble bon chez un autre, pour pouvoir être comme lui. Et cela, c'est quelque chose qui demeure. 

 

Que les "juifs" comme l'écrit le rédacteur, eux qui effectivement sont en quête de cette vie éternelle, (là je me réfère aux synoptique où cette question revient souvent), pensent obtenir cette vie en respectant parfaitement la loi, en la suivant au pied de la lettre, soient tellement obnubilés par cette manière de vivre, qu'ils en deviennent  incapables de se réjouir de la guérison d'un homme, parce que la guérison a eu lieu un jour de Sabbat et que l'homme a été surpris portant sa civière, pose quand même question. Pourquoi cet aveuglement? 

 

Le Pasteur Antoine Nouïs, qui commente cet évangile, dit que Jésus, en étant aussi brutal dans ses propos, qui sont plus que choquants, aurait pour but d'obliger son auditoire à entendre la nouveauté radicale apportée par l'évangile. Peut-être oui, peut-être non.


Dans les synoptiques, il est souvent frappant de voir comme Jésus fait feu de tout bois, pour enseigner des disciples. Il me semble que c'est ce qu'il fait aussi ici, passer de ce qu'il a accompli en donnant du pain, à la manne à la manne comme signe du don de Dieu, et au don de Lui, qui se met met à la portée de chacun, en se laissant incorporer totalement, est un enseignement qui se situe à un autre registre et qu'il n'est pas facile de suivre, car le style du rédacteur complique quand même un peu les choses. 

 

Si j'ai été plus sensible à la promesse de vie éternelle, c'est peut-être parce que ce surplus de vie nous le cherchons tous, il est cherché par beaucoup de personnes (j'en connais) qui passent beaucoup de temps, dépensent beaucoup d'argent à participer à des formations de développement personnel pour atteindre par leur propres forces une plénitude qui est fort utopique, alors que la vie est là, à portée de main, à condition de sortir aussi de sa propre toute puissance. Accepter de se laisser nourrir, accepter de se laisser aimer, accueillir sa propre faiblesse et se laisser faire. 

 

Ce n'est pas ce que dira cet auditeur anonyme que j'ai choisi pour raconter comment il a réagi en entendant cet enseignement, mais je voulais montrer qu'un homme de bonne volonté, un homme simple, un de ces petits dont parle Jésus dans les synoptiques, pouvait certes être choqué, mais aller au-delà. 

 

Ce sera juste un homme qui est là, dans cette synagogue, parce que c'est le jour où l'on se réunit et parce qu'il peut espérer que jésus prendra la parole et qu'il a envie de l'écouter. 

 

 

Un habitant de la ville raconte

 

Moi je suis venu à la synagogue, comme la loi nous le demande, pour louer notre Dieu,  écouter sa parole, chanter, prier. A ma grande surprise, j'ai trouvé la synagogue pleine à craquer. Il y avait ce Jésus qui habite chez nous depuis quelques temps et qui fait du bien autour de lui, ses disciples, il y en a de Bethsaïde, il y a des pêcheurs, il y a même un publicain, un type que je déteste, et d'autres et d'autres venus d'un peu partout. Il faut dire qu'avoir donné à manger à plus de cinq mille personnes, ça a fait du bruit. Et puis la fête, notre fête, de la Paque est toute proche, et nous partagerons l'agneau et nous mangerons des galettes de pain non levé, pendant une semaine. 

 

Jésus a pris la parole, mais ce que je peux dire, c'est que ce qu'il raconte, ça crée de remous, des vagues, que ça discutaille dans tous les sens et que j'ai bien l'impression que beaucoup se retiennent pour ne pas le lapider. Lui il reste impassible.

 

Il a affirmé qu'il était le pain vivant qui était descendu du ciel,  et que celui qui mangera de ce pain, vivra éternellement. Vous vous rendez compte, vivre éternellement, ce serait être comme Adonaï, ne pas connaître la mort l Des anciens disent que si Adam n'avait pas mangé le fruit de l'arbre il aurait vécu aussi éternellement, mais d'autres disent que si Adam mange, c'est que la nourriture est nécessaire à sa vie, donc que de toutes les façons il devait mourir un jour, mais comme les disent nos écrits, il a vécu de très nombreuses années, puisqu'il est mort à neuf cent trente ans. Mais ensuite Jésus a dit que le pain que lui donnerait pour que ce soit possible, ce serait sa chair, donnée pour la vie du monde. 

 

Je dois dire que ça, ça me dépasse complétement. Il parle de pain qui fait vivre, il parle de lui qui donnerait sa chair, que cette chair il faudrait la manger, la consommer, mais que pourtant elle serait livrée pour sauver le monde. Et là, moi, mais je pense que je dois être un peu fou, j'ai pensé à la Paque qui arrive, à cet agneau dont nos pères ont mangé la chair, dont le sang a écarté l'ange de la mort. Je sais bien que c'était un vrai agneau, mais je me demande, mais c'est bien là, où je vous dis que je suis un peu fou, que ce Jésus, il est peut-être cet agneau qui a permis de sauver le peuple de l'esclavage puisque son sang a permis la vie pour nous et la liberté. Mais je ne sais pas pourquoi j'imagine ça, sauf que ce Jésus, il me plait bien. 

 

Mais dans la synagogue, ça a mis un peu la zizanie, et la zizanie, moi je déteste ça; ceux qui étaient là, ont commencé à lever la voix, à hurler, tellement fort que Jésus on ne l'entendait plus et pourtant il a une sacrée voix, très puissante ; il aurait dû être chantre, la vie aurait été plus facile pour lui, mais ce n'est pas son appel.

 

Ils étaient à deux doigts de se battre; ils voulaient savoir comment jésus s'y prendrait pour donner sa chair à manger. Peut-être qu'ils le prenaient pour un pélican qui semble donner da chair à manger, sauf que c'est le poisson qu'il a attrapé qu'il donne; mais il donne tout à ses petits.  Et puis, je trouve qu'ils sont bêtes ceux qui se disputent. Il n'est pas nécessaire d'être mort pour donner sa chair à manger, il suffit juste de penser aux mamans qui se laissent manger par leur petits, mais qui restent bien vivantes.  Je crois qu'il faut juste accepter de se laisser nourrir par sa présence et d'accepter ce qu'il dit, parce qu'il fait vraiment des choses étonnantes. Enfin, c'est ce que je pense, mais je ne suis pas un homme instruit, loin de là.

 

De fait, il n'a pas répondu au comment, mais il a dit et répété, comme pour faire bien rentrer dans la tête de ceux qui écoutaient que si nous ne mangions pas la chair du fils de l'homme et que nous ne buvions pas son sang, nous n'avons la vie en nous. Je me demande ce qu'il entend par "la vie", ce doit être bien autre chose que simplement vivre. 

 

Il faut dire aussi que pour faire ce qu'il a fait avec le pain, mais aussi remettre debout un homme paralysé depuis trente -huit ans, il doit y avoir quelque chose en lui que nous n'avons pas et qu'il se propose de nous donner. 

 

Il a encore redit que ce manger et ce boire, donnait la vie éternelle, comme si sa chair à lui et son sang à lui étaient autres, et surtout que ce manger et boire assurerait la vie éternelle. 

 

Si comme il le dit, il est l'envoyé du Dieu vivant, qui vit de la vie de Dieu, que lui appelle Père, alors se nourrir de sa présence, par des moyens qui me dépassent, cela donnera de la vie, cette autre vie que je ne sais pas imaginer, une vie de présence, de relation. Si je dis cela c'est qu'il a dit quelque chose qui m'a ému, il a dit que celui qui se nourrit de lui, demeure en lui, et que lui, Jésus demeure en lui. 

 

Je me demande ce qui va se passer maintenant. Est-ce que ceux qui se disent disciples vont rester avec lui, et les autres, les douze, qu'est-ce qu'ils vont faire maintenant. 

 

 

 

Travail sur le texte;

 

51 Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde. »

 

C'est le dernier verset entendu la semaine dernière. Jésus affirme, (et cela est très proche de ce qu'il a affirmé à la Samaritaine au chapitre 4), que celui qui mange de ce pain là (comme celui qui boit de cette eau -là),  non seulement n'aura plus jamais faim (ou soif), mais qu'il vivra éternellement. Et c'est bien là, comme au chapitre 3, avec Nicodème, que Jésus change de registre. On n'est plus dans le matériel, mais dans un autre univers.

 

52 Les Juifs se querellaient entre eux : « Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger ? »

 

Ce qui est frappant, c'est que le questionnement est sur le "comment" ce qui en soi est stupide, et qui ne permet pas de comprendre, d'entendre ce que Jésus leur annonce. 

 

53 Jésus leur dit alors : « Amen, amen, je vous le dis : si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’avez pas la vie en vous.

54 Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour.

 

La répétition montre bien l'importance de ce que Jésus affirme, d'autant qu'il y a aussi le doublement du Amen. Il faut se nourrir de lui, se laisser nourrir par lui, accepter aussi sa dépendance, le reconnaître comme le donateur, et recevoir ce qui permet à l'homme, comme le dira Irénée de Lyon, d'être un homme debout, un homme vivant.

 

55 En effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson.

56 Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui.

 

Importance du verbe demeurer. Il y a une permanence, une relation qui perdure et perdurera au-delà de la mort physique.  On peut dire que c'est un beau cadeau.

 

57 De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même celui qui me mange, lui aussi vivra par moi.

 

Jésus affirme ici, le lien qui reste sans cesse présent entre lui et le Père. Il y a ce lien, le fils vit par le Père, et si nous voulons nous faire de même, il nous vivre par lui, en lui, en le prenant en nous.

 

58 Tel est le pain qui est descendu du ciel : il n’est pas comme celui que les pères ont mangé. Eux, ils sont morts ; celui qui mange ce pain vivra éternellement. »

 

Affirmation finale: la vie éternelle est donnée, maintenant, aujourd'hui, à condition de se laisser nourrir par cette présence. 

 

59 Voilà ce que Jésus a dit, alors qu’il enseignait à la synagogue de Capharnaüm.

 

 

  

 

mardi, août 13, 2024

JEAN 6,41-51. 19°DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE. AOÛT 2024

 

JEAN 6,41-51.  

 

" Personne ne peut venir à moi, si mon Père ne l'attire".

 

 

Ces versets du chapitre 6, nous les connaissons bien peut-être trop bien, parce qu'ils glissent souvent sur nous. Oui Jésus est le pain de la vie, oui nous pouvons manger sa chair et boire son sang et croire en lui, croire que cela nous donne ce que Lui appelle la vie éternelle, et là que mettons-nous derrière cet adjectif? 

 

Mais ceux qui ont entendu cela, alors que dans les écritures, boire le sang qui est la vie, est un interdit antérieur à la loi donnée sur le Sinaï, puisque c'est à Noé et à ses fils que cette loi a été donnée: Gn 9, 4 "Mais, avec la chair, vous ne mangerez pas le principe de vie, c’est-à-dire le sang" .

 

Ce que je veux dire, c'est que même si tout juif sait en principe faire la différence entre la nourriture qui permet de vivre (par exemple la manne), et la nourriture qui permet de vivre une autre vie, "l'homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu," Parole qui comme l'affirme le prophète Isaïe is 55, 11,  ne  lui revient pas sans résultat, sans avoir accompli sa mission"; il est normal d'être choqué par ce Jésus qui dit qu'il faut se nourrir de Lui, de sa chair, pour avoir la vie éternelle, cette vie que les pharisiens pensent obtenir en respectant à la lettre les six cent treize commandements. 

 

Mais Jésus affirme quelque chose qui me semble important et qui serait certainement nourriture pour moi, quand il dit: Jn 6, 44: 44: " Personne ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé ne 'l'attire' et moi, je le ressusciterai au dernier jour".

 

Ce qui a résonné en moi, qui a pris du poids pour moi, c'est ce verbe attirer. Jésus l'emploiera pour lui-même un peu plus tard, quelques jours avant la passion, il dira: "quand je serai élevé de terre, j'attirerai tout à moi" et là j'ai toujours quand j'entends ou lis ce verset la représentation de la limaille de fer, attiré par un aimant, et qui ne peut rien faire d'autre que de venir en quelque sorte s'agglutiner. Et là, il y a bien en Français je jeu de mot possible sur l'aimant. Jésus est bien celui qui aime au-delà du possible. 

 

Seulement si la limaille ne peut résister, l'être humain c'est bien autre chose. Jésus semble dire, et là il est bien dans la lignée des prophètes, que ceux qui l'écoutent ont la nuque raide, qu'ils refusent d'écouter Dieu qui leur parle par Jésus. 

 

Il y aussi ce lien extraordinaire, du Père qui en quelque sorte crée l'attirance, qui fait le premier geste, et de Jésus qui va donner la vie éternelle, cette eau qui combe la soif, ce pain qui comble la faim, à ceux que le Père lui a donnés. Il y a là, pour moi une circularité qui me comble, cette relation qui nous est montrée, pour que nous soyons peut-être simplement adoration et merci puisque le Père nous a attiré vers son fils.

 

Puis un autre aspect s'est un peu dévoilé, que je mets en lien avec le verset de Jn 12. Jésus parle de l'arbre de la croix, mais moi j'ai pensé à ce fruit qui avait attiré celle qui ne s'appelait pas encore Eve, mais isha, juste celle qui est comme le complément du il, ce fruit de l'arbre de la connaissance. Puis j'ai pensé à l'autre arbre, celui de la vie. 

Alors ce qui s'est passé pour moi, c'est que Jésus sur la croix, permet ce passage à l'arbre de la vie, de cette vie qui est relation sortie de soi-même. 

 

Peut-être que ces réflexions transparaitront (ou pas) chez celui qui va raconter à sa manière ce qu'il a entendu.

 

Un juif pratiquant raconte.

 

Mais pour qui se prend-il ce Jésus? Il ne va pas nous faire croire n'importe quoi. Nous savons bien d'où il vient, ses parents nous les connaissons, alors qu'est- ce qu'il raconte en disant qu'il suffit de croire en lui pour avoir la vie éternelle et pour être ressuscité par lui au dernier jour? Qui est-il pour avoir ce pouvoir de ressusciter à la fin des temps? Seul notre Dieu, béni soit-il a ce pouvoir, lui a qui tout crée. 

 

Nous nous étions mis ensemble pour débattre entre nous de ce qu'il venait de dire, car certains pensaient qu'il était le nouveau Moïse, ce prophète qu'il nous avait annoncé en disant que cet homme serait plus grand que lui, qui avait avec la force d'Adonaï libéré nos pères du joug qui pesait sur eux, en Égypte? Mais ça discutait fort, et moi et d'autres, nous refusions de croire cela, et de fait nous étions très en colère contre lui, qui dit plein de belles phrases, qui nous aveuglent, et qui sont fausses. Comment un homme peut-il donner sa chair à manger et rester en vie? 

 

Il s'est alors tourné vers nous, en nous disant de cesser de récriminer, il nous parlait un peu comme si nous étions des enfants; lui qui n'a pas quarante ans. Puis, il a dit, que personne ne peut venir à lui, si celui qu'il nomme son Père, ne l'attire et que lui, ceux qui viennent à lui, il les ressuscitera au dernier jour. 

 

Si j'entends bien ce qu'il dit, cela veut dire que nous qui respectons tous les commandements, parce que nous refusons de voir en lui, autre chose qu'un homme comme nous, un homme dont nous connaissons les origines, nous n'aurons pas la vie éternelle? Cela veut dire aussi que nous refusons, comme nos pères autrefois dans le désert, d'écouter la parole de Dieu qui se dirait par cet homme? 

 

Là-dessus, il a cité les prophètes en disant que tous seraient instruits par Dieu, ce qui veut dire qu'il se prend pour le Très Haut. Peut-être qu'il pensait au prophète Jérémie, qui avait écrit: Jr 31, 34 "Celui-ci n'enseignera plus son prochain, Ni celui-là son frère, en disant: Connaissez l'Éternel! Car tous me connaîtront, Depuis le plus petit jusqu'au plus grand, dit l'Éternel; Car je pardonnerai leur iniquité, Et je ne me souviendrai plus de leur péché. Je trouve qu'il a un peu tourné le texte à son avantage, mais cela nous le faisons tous, quand nous voulons démontrer quelque chose en nous appuyant sur l'écriture.

 

Il a dit aussi qu'en dehors de celui qui est descendu du ciel, personne n'a jamais vu le Père, mais comment peut-il nous faire croire que lui, il est descendu du ciel. Pour qui nous prend il? Nous lui avons bien demandé un signe, mais il a refusé..  Et pourtant voir notre Dieu, qui d'entre nous n'en rêve pas. Que ne donnerions-nous pas pour voir ce que le prophète Ézéchiel a vu, la Gloire.

 

Puis, Il a affirmé qui celui qui croit, a la vie éternelle. Croire en qui? Croire qu'il est Dieu? Mais ça c'est un blasphème. 

 

Et aussitôt après, il a affirmé qu'il était le pain de la vie. Comme il a parlé de la manne juste après, en rappelant que cela ne les a pas empêchés de mourir dans le désert, je suppose qu'il veut nous faire admettre que ses paroles sont des paroles qui donnent vie. Là dessuis il a ajout" qu'il était le pain vivant descendu du ciel, que si quelqu'un en mangeait, il vivrait éternellement et que si quelqu'un mangeait de ce pain là il vivra éternellement. Et là,  il a dépassé les bornes, car il a dit que le pain qu'il donnerait, ce sera sa chair donnée pour la vie du monde. Mais là, comment entendre simplement ce qu'il raconte sans penser qu'il est fou? 

 

 Comment peut-on se nourrir d'un homme? comment un homme peut-il se donner à manger? 

 

Là, cela nous a mis encore plus en colère, d'abord parce que nous ne comprenions rien, parce que nous avions l'impression qu'il nous prenait pour des idiots, car qui peut donner sa chair à manger? 

 

Mais il y a ce "pour la vie du monde" et là, je dois dire que cela me fait penser à l'agneau pascal qui en donnant sa chair à manger, a permis au peuple hébreu d'échapper à la mort, puisque son sang a écarté l'ange de la mort. 

 

Je me demande bien ce qu'il va encore raconter ce fou, mais est-il si fou que cela? Je commence à me poser des questions. Ce qui est certain, c'est que ces mots, donner sa chair à manger, cela a mis le feu aux poudres entre nous et là, nous avons failli en venir aux mains. Il nous rend fou cet homme. 

 

 

Travail sur le texte.

 

                        Versets non retenus pour la lecture du dimanche.

 

35 Jésus leur répondit : « Moi, je suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim ; celui qui croit en moi n’aura jamais soif.

36 Mais je vous l’ai déjà dit : vous avez vu, et pourtant vous ne croyez pas.

 

Voir et croire, ou croire et ensuite on peut voir,. Jésus dira à Thomas, parce que tu as vu, tu as cru, heureux ceux qui croiront sans avoir vu. Jean au tombeau, voit les linges , cela fait signe pour lui, et il croit.

 

37 Tous ceux que me donne le Père viendront jusqu’à moi ; et celui qui vient à moi, je ne vais pas le jeter dehors.

38 Car je suis descendu du ciel pour faire non pas ma volonté, mais la volonté de Celui qui m’a envoyé.

39 Or, telle est la volonté de Celui qui m’a envoyé : que je ne perde aucun de ceux qu’il m’a donnés, mais que je les ressuscite au dernier jour.

40 Telle est la volonté de mon Père : que celui qui voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. »

 

                            Versets retenus pour le 19° dimanche 

 

41 Les Juifs récriminaient contre Jésus parce qu’il avait déclaré : « Moi, je suis le pain qui est descendu du ciel. »

 

Avec ce verbe récriminer, on a certes l'impression que ça râle dans ce groupe de juifs (pharisiens peut-être), mais c'est une répétition de ce qui se passe dans le ivre de l'Exode, et le très haut dit, me semble-il, à Moïse, ce n'est pas vraiment après toi qu'ils en veulent c'est après moi, c'est Moi, qu'ils rejettent.  Il y a là un rejet. D'autres traductions  disent "murmurer."

 

Il y a la phrase du chap 55 d'Isaïe, "ma parole ne revient pas sans avoir accompli sa mission." Et Jésus le verbe, (cf Prologue)  est la parole qui accomplit ce qu'il en est de l'amour donné et reçu et transmis. 

 

42 Ils disaient : « Celui-là n’est-il pas Jésus, fils de Joseph ? Nous connaissons bien son père et sa mère. Alors comment peut-il dire maintenant : “Je suis descendu du ciel” ? »

 

Là c'est comme dans la synagogue de Nazareth, mais la question de l'identité de Jésus, est bien tout le questionnement ou le fil de l'évangile de Jean. Ce qui descend du ciel, outre la manne, c'est bien souvent les destructions, mais aussi l'Ange du Seigneur (livre de de la Genèse, livre de l'exode, livre des juges). La parole comme une rosée.

 

43 Jésus reprit la parole : « Ne récriminez pas entre vous.

 

Là il s'adresse directement au groupe de juifs. Et il leur fait une leçon ou une explication de texte, mais bien difficile à comprendre..

 

44 Personne ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire, et moi, je le ressusciterai au dernier jour.

 

Si vous ne venez pas à moi, c'est que celui qui m'a envoyé ne vous a pas attiré, et vous ne serez pas ressuscité le dernier jour, contrairement à ce que vous croyez en obéissant à la loi. 

La résurrection c'est bien la préoccupation des pharisiens: "que dois-je faire pour obtenir la vie éternelle". Donc là c'est une sacrée menace qui dit aussi que Dieu, ils ne l'écoutent pas.

 

45 Il est écrit dans les prophètes : Ils seront tous instruits par Dieu lui-même. Quiconque a entendu le Père et reçu son enseignement vient à moi.

 

C'est une citation: Is 54, 13, Tous tes fils seront disciples de l'Éternel, Et grande sera la prospérité de tes fils.

La connaissance de dieu remplira le pays. Ils n'auront plus à s'enseigner les uns les autres. Jr 31  

 

Question de la surdité. La guérison de l'aveugle né, qu'on aura au chapitre 8, c'est bien aussi de ce refus de voir et d'entendre qui se manifeste. 

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46 Certes, personne n’a jamais vu le Père, sinon celui qui vient de Dieu : celui-là seul a vu le Père.

47 Amen, amen, je vous le dis : il a la vie éternelle, celui qui croit.

 

Là, il répond en quelque sorte à la question de son identité; Vous pensez me connaître mais vous ne me connaissez pas.

Ce qui donne la vie éternelle, ce n'est pas la faire, mais le croire, la relation permanente.

 

48 Moi, je suis le pain de la vie.

 

Est-ce que je "moi je suis le pain de la vie" est du même ordre que "moi je suis la lumière du monde, moi je suis le chemin la vérité et la vie, donc Egô eimi?

 

49 Au désert, vos pères ont mangé la manne, et ils sont morts ;

50 mais le pain qui descend du ciel est tel que celui qui en mange ne mourra pas.

 

Jésus qui affirme ici être descendu du ciel est bien différent de la manne, qui de fait vient de la terre.. Mais lui, il se définit comme nourriture d'éternité.

 

51 Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde. »

 

C'est étonnant que Jésus n'ait pas été lapidé à ce moment-là. Quant à donner sa chair, cela prendra sens plus tard. Il se donnera totalement, il ne gardera rien pour lui. 

 

Je me disais que lors du déluge, Dieu voit la méchanceté du monde et décide de tout détruire sauf Noé et sa descendance. Là, c'est la mort d'un seul, qui permet que la méchanceté soit mise à mal et que tous aient la vie. 

dimanche, août 04, 2024

JEAN 6, 24-35. 18° DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE. DISCOURS SUR LE PAIN DE LA VIE. AOÛT 2024

 

JEAN 6, 24-35. 

 

Le discours que nous nommons le discours sur le pain de la vie, ou l'enseignement donné dans la synagogue de Capharnaüm, est distillé sur les quatre dimanches du mois d'Août. Du coup, on perd complétement l'évangile de Marc, ce qui est bien dommage! Redémarrer au chapitre 7 en septembre, ne va pas être simple…

 

Du fait de ce découpage, la question qui se posait pour moi, était de trouver comment faire raconter et par qui, en montrant bien les difficultés de ce texte, qui ri nécessite de "croire" en Jésus, pour entendre ce qu'il veut faire comprendre (sans grand succès) à ses auditeurs.  

 

Je pense choisir des conteurs différents, mais à chaque semaine suffit sa peine. 

 

Pour Jésus, ce qui s'est passé sur "l'autre rive" ce pain donné en abondance, est un signe, c’est-à-dire qu'il nous faut trouver comment passer du pain qui permet de répondre à la faim, à un autre pain qui lui permet de répondre à une autre faim, une faim "spirituelle", mais une faim qui va bien au-delà, puisqu'il s'agit dès notre présent d'être dans ce que Jésus appelle la vie éternelle. Mais il est évident que dire "celui qui mange ma chair et boit mon sang' (je fais exprès de ne pas mettre la suite ou les suites) est plus que choquant. 

 

Bien sûr, il y a bien la parole du deutéronome et que Jésus a renvoyé au Satan, que l'homme ne se nourrit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu, qui montre bien que le pain n'est pas suffisant, que l'homme est plus que ce qu'il donne à voir. 

 

Quand nous mangeons ou buvons quelque chose, ce quelque chose devient nous, ou du moins nous permet de vivre au niveau biologique. Quand Jésus dit à la Samaritaine que celui qui boit de l'eau que lui, donne à boire, cette eau devient source d'eau jaillissante en vie éternelle, que faut-il entendre? Il me semble que c'est le verset que nous ne lisons pas cette semaine, mais que nous entendrons la semaine prochaine: "celui qui mange sa chair et boit son sang demeure en lui et lui en eux". E

 

t c'est cela la nouveauté. En l'incorporant,  nous devenons lui, nous devenons partie de lui, corps de lui, chair de lui, et par cela nous passons dans l'Être. Et surtout nous demeurons en lui (mais cela ne sera dit que vers la fin, donc j'anticipe).

 

 

Un homme de bonne volonté, raconte.

 

 

Moi, je suis de Capharnaüm, c'est ma ville. Le Jésus de Nazareth, cela fait un certain temps qu'il vient chez nous. Il guérit les malades, il enseigne, il a même guéri le fils d'un fonctionnaire royal, sans même aller lui imposer les mains. Il parait qu'à Jérusalem il a guéri un paralytique le jour du Sabbat et que comme ce dernier portait sa civière pour rentrer chez lui, les pharisiens en ont beaucoup voulu à Jésus. Je pense qu'il est là, pour mettre de la distance entre lui et eux, parce qu'ils ont la langue bien pendue et la pierre facile. Lui, il dit que ce ne sont pas des miracles, mais des signes. Moi, je veux bien, mais signes de quoi? Il faudrait voir quelque chose de plus? 

 

Des amis m'ont raconté qu'hier il a nourri cinq mille hommes avec quelques pains d'orge et deux malheureux poissons. Ils disent aussi qu'ils ont mangé à satiété, ce qui m'a fait penser à une phrase de psaume: ils ont mangé et ils ont été rassasiés. C'est un psaume que j'aime, qui parle du juste persécuté, qui est celui par qui le peuple reviendra au Seigneur. 

 

Alors avec d'autres nous sommes partis en bateau vers ce lieu, en espérant le trouver. Mais là il n'y avait personne. Mais c'était étonnant. Juste des gens venus comme nous d'un peu partout. Les disciples d'après ce qu'on m'a dit étaient partis, lui, il était resté quelque part dans une grotte, alors comment avait il fait pour partir, pour disparaître? 

 

Nous nous sommes mis à sa recherche. Il n'était pas loin de notre rive, et au lieu de lui demander comment il avait fait pour se retrouver là, quelqu'un lui a demandé, quand il était arrivé, parce que malgré tout, entre la montagne où il avait donné le pain et la ville, il faut du temps, surtout à pied. Et que par ailleurs il y avait eu une sacrée tempête pendant la nuit. 

 

Il parait qu'il répond rarement aux questions. En cela c'est un vrai rabbi. Et il a juste dit, que si on le cherchait, c'était pour avoir à nouveau le ventre plein et pas parce que quelque chose d'étonnant avait eu lieu, quelque chose qui aurait dû nous dire quelque chose. C'est là où il a reparlé de signe. Puis il nous a dit de travailler pour une nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle, celle que donnera le fils de l'homme. 

 

Je dois dire que là, j'étais complétement perdu. Nourriture, pour la vie éternelle, qu'est-ce que cela peut bien vouloir signifier? Déjà avoir de la nourriture pour la vie de tous les jours ce n'est pas si simple, croyez moi. Alors une nourriture qui d'une certaine manière serait toujours là, inépuisable, comment l'imaginer? 

 

Certains lui ont demandé ce qu'il fallait faire, il a répondu simplement croire, croire en lui. Bon ça je veux bien, mais après, qu'est ce que cela va changer pour moi. Croire c'est important, et moi je crois que notre Dieu, est le Dieu unique, qui nous a sorti de l'esclavage et j'ai de la reconnaissance, saut que ce Dieu, il me fait un peu peur. 

 

Enfin je dis ça, mais si je réfléchis un peu, ce qu'il a fait là, même si je ne l'ai pas vu, c'est donner de la nourriture, du pain à beaucoup, nettement plus que le prophète Élisée qui a donné à cent alors qu'il n'y avait que pour vingt. 

 

Et c'est autre chose que ce qu'a fait notre Père Moïse dans le désert, sauf que lui n'a rien fait, il s'est contenté de transmettre au Très haut les récriminations du peuple qui voulait retourner en Égypte, et la manne est alors tombée du ciel, comme un pain tombé du ciel. Moïse n'a-t-il pas parlé d'un prophète qui viendrait après lui et qui serait plus grand que lui? Est-ce que ce serait ce Jésus de Nazareth? 

 

Seulement s'il est ce prophète, il faudrait qu'il le prouve. Enfin là, j'exagère parce que ce qu'il a fait, ça montre bien que la Présence du très haut est en lui, ce qui s'est passé là, ce n'est pas l'ouvre d'un homme. Mais c'est bien ce que les autres lui ont demandé, qu'il accomplisse une œuvre qui prouve qu'il est bien ce qu'il dit être. Serait-il plus grand que Moïse qui d'après les écrits a donné à manger le pain venu du ciel?

 

Et là, à mon avis il a voulu, encore comme un vrai rabbi les faire réfléchir, parce que ça commençait à s'agiter pas mal. Il leur a fait comprendre que dans le désert, les hommes avaient certes mangé ce pain mais que ce n'était pas Moïse qui avait donné ce pain. Et là, il a dit que c'était son Père, qui donnait le vrai pain venu du ciel, et que ce pain c'était celui qui descend su ciel (est ce qu'il parle de lui, auquel cas, il est quand même un peu "gonflé", et qui donne la vie au monde. Donner la vie au monde, je n'avais jamais entendu une phrase pareille dans toutes les écritures, et elle s'est inscrite en moi. Donner la vie au monde.

 

Certains lui ont alors demandé de leur donner de ce pain-là (cela voudrait dire lui, et là je ne vois pas trop comment), mais ils étaient vraiment sincères dans leur demande.

 

Il leur a dit, que le pain qui donne cette vie, c'était lui. Que celui qui venait à lui, n'aurait plus jamais faim (il serait comblé, il serait rassasié) et que celui qui croyait en lui ,n'aurait plus jamais soif. 

 

Alors là, il veut dire que ceux qui le suivent, ceux qui en lui croient, dès aujourd'hui, sont comme transformés, vivent autrement et cela peut paraître fou, mais deviennent comme lui. Je ne peux pas expliquer, mais c'est ce que j'ai ressenti. Sauf qu'accepter cela, c'est faire un acte complétement fou;

 

Puis, il a eu un ton un peu désabusé Il a dit que cela il l'avait déjà dit, mais que personne ne l'avait cru. Peut-être qu'il avait dit cela ailleurs, mais moi c'était ma première fois.

 

Il a affirmé que lui, l'homme que nous voyons, était descendu du ciel, parce que c'était la volonté du très Haut, pas sa volonté à Lui, que celui qui l'avait envoyé voulait que ceux qui le suivent soient ressuscités au dernier jour. Ressuscité au dernier jour, cela veut dire que la vie continue après la mort, comme le croient d'ailleurs les pharisiens. Ce serait finalement avoir un avenir. 

 

La condition serait simplement de voir en lui, non pas simplement l'homme Jésus, mais le fils du très haut, béni soit-il, et de croire en lui , croire qu'il est la Présence de notre Dieu sur notre terre d'Israël, mais il me semble aussi, que ce n'est peut-être plus le Dieu de Moïse, ce Dieu qui suscite la crainte. C'est comme s'il parlait d'un autre Dieu, ce Dieu de tendresse et d'amour. 

 

Mais je doute que ce qu'il dit, puisse être entendu. Pour moi, ça a pris sens, mais je ne sais pas pourquoi, peut-être parce que j'en avais besoin, parce depuis des années, j'avais envie de quitter un dieu qui fait peur, un dieu qui demande de faire, un dieu qui demande de se conformer à tous ces commandements qui bien souvent ne riment plus à rien,  pour trouver un dieu amoureux, et de rencontrer quelqu'un qui saurait nous parler de de Dieu là..

 

 

 

Le texte.

 

Comme souvent, il me parait quand même nécessaire de mettre les versets qui précèdent le texte, à savoir cette tempête qui s'abat sur les disciples, et Jésus qui marche sur les eaux, et qui symbolise peut-être ce que les disciples vivront après la passion. Les versets qui suivent le texte entendu, permettent de mieux comprendre les récriminations de ceux que Jean appelle les juifs, qui sont très très forts pour récriminer dès que les choses ne se passent pas, comme elles le devraient. Le pauvre Moîse en a fait le sfrais plus d'une fois, et cela lui a couté son entrée dans la terre promise. 

 

17 Ils s’embarquèrent pour gagner Capharnaüm, sur l’autre rive. C’était déjà les ténèbres, et Jésus n’avait pas encore rejoint les disciples.

18 Un grand vent soufflait, et la mer était agitée.

 

19 Les disciples avaient ramé sur une distance de vingt-cinq ou trente stades (c’est-à-dire environ cinq mille mètres), lorsqu’ils virent Jésus qui marchait sur la mer et se rapprochait de la barque. Alors, ils furent saisis de peur.

 

20 Mais il leur dit : « C’est moi. N’ayez plus peur. »

 

21 Les disciples voulaient le prendre dans la barque ; aussitôt, la barque toucha terre là où ils se rendaient.

 

Il y a l'autre rive, il y a les ténèbres, il y a la tempête, la perte des repères et l'abandon. Et c'est ce qui se passera si on relit Jn 20. Et même quand Jésus se manifeste, il est pris pour un fantôme. Mais dès qu'il se manifeste, la terre ferme est là, le solide est là. 

 

 

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24 En ce temps-là, quand la foule vit que Jésus n’était pas là, ni ses disciples, les gens montèrent dans les barques et se dirigèrent vers Capharnaüm à la recherche de Jésus.

25 L’ayant trouvé sur l’autre rive, ils lui dirent : « Rabbi, quand es-tu arrivé ici ? »

 

Tel que c'est rédigé, Jésus se retrouve à Capharnaüm, d'abord au bord du lac, et je pense que c'est à ce moment qu'on lui pose la question du quand, puis, il va dans la synagogue. Peut-être qu'il reste en arrière- plan la proximité de la Pâque. 

 

Je ne comprends pas trop pourquoi Jean insiste tant sur l'autre rive, puisqu'au final tout se passe à Capharnaüm, mais il y aura une autre rive, celle de son passage par la mort. Je me dis aussi, que parfois pour trouver Jésus, il faut de la persévérance. Jésus ne se laisse trouver si facilement.

 

À la question du quand, qui est une bonne question, Jésus ne répond pas. 

 

 

26 Jésus leur répondit : « Amen, amen, je vous le dis : vous me cherchez, non parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez mangé de ces pains et que vous avez été rassasiés.

27Travaillez non pas pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle, celle que vous donnera le Fils de l’homme, lui que Dieu, le Père, a marqué de son sceau. »

 

Jésus ne répond pas, comme si c'était sans importance; il fait un reproche : vous ne me cherchez pas parce que vous avez vu un signe de la Présence de Dieu parmi vous, mais parce que vous avez eu le ventre plein. Là, il y a insistance sur le mot "pain" qui va vers nourriture, celle qui se perd et celle qui sera donnée (futur) par lui, le Fils de l'homme, marqué du sceau.

 

28 Ils lui dirent alors : « Que devons-nous faire pour travailler aux œuvres de Dieu ? »

29 Jésus leur répondit : « L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé. »

 

La bonne volonté continue. Une bonne question, que faut-il faire? On a la question et la réponse comme dans un livre de catéchisme, avec la centration sur "croire en lui".

 

30 Ils lui dirent alors : « Quel signe vas-tu accomplir pour que nous puissions le voir, et te croire ? Quelle œuvre vas-tu faire ?

31 Au désert, nos pères ont mangé la manne ; comme dit l’Écriture : ‘Il leur a donné à manger le pain venu du ciel.’ »

 

Là, arrive la question du signe. Moïse a parlé d'un prophète qui ferait des signes plus grands que ceux qu'il a fait. Et là, on insiste sur le fait que lui a donné le pain venu du ciel, la manne. Or jésus a pris du vrai pain donc ce n'est pas pareil.

 

32 Jésus leur répondit : « Amen, amen, je vous le dis : ce n’est pas Moïse qui vous a donné le pain venu du ciel ; c’est mon Père qui vous donne le vrai pain venu du ciel.

33 Car le pain de Dieu, c’est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde. »

 

Moïse n'a rien fait de lui-même, il a prédit parce que Dieu le lui avait dit, que le peuple aurait désormais du pain tous les jours. Mais là, il s'agit d'un autre pain, et c'est lui qui se désigne sous ce vocable. Il est le pain qui vient d'en haut et qui donne la vie au monde. 

 

34 Ils lui dirent alors : « Seigneur, donne-nous toujours de ce pain-là. »

 

Évocation de ce qui s'est passé avec la samaritaine: donne -moi de cette eau-là: Jn 6, 14-15

 

14 mais celui qui boira de l’eau que moi je lui donnerai n’aura plus jamais soif ; et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau jaillissant pour la vie éternelle. »

15 La femme lui dit : « Seigneur, donne-moi de cette eau, que je n’aie plus soif, et que je n’aie plus à venir ici pour puiser. » 

 

Mais, pour elle, c'est pour cesser de de faire un travail qu'elle déteste. C'est du pratique. 

 

 

35 Jésus leur répondit : « Moi, je suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim ; celui qui croit en moi n’aura jamais soif. »

 

Jésus complète ce qui commence à se dire de son identité. Il est le pain qui permet la vie, et il rassasie celui qui croit en lui et qui n'aura plus si faim ni soif.  

 

Le texte suivant nous dira que les juifs récriminent, puis se querellent; et se posent la question de l'identité de celui par parle. En fait ce qui est sous-jacent, c'est est ce qu'on peut vraiment croire que cet homme que nous connaissons et bien que plus que ce que nous voyons (il vu et il cru, dira l'évangéliste après la résurrection quand le disciple entre dans le tombeau et voit les linges pliés).

 

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Les versets suivants, manquants;

 

36 Mais je vous l’ai déjà dit : vous avez vu, et pourtant vous ne croyez pas.

 

37 Tous ceux que me donne le Père viendront jusqu’à moi ; et celui qui vient à moi, je ne vais pas le jeter dehors.

 

38 Car je suis descendu du ciel pour faire non pas ma volonté, mais la volonté de Celui qui m’a envoyé.

(N'est ce pas ce que Jésus dira au jardin des oliviers). 

 

39 Or, telle est la volonté de Celui qui m’a envoyé : que je ne perde aucun de ceux qu’il m’a donnés, mais que je les ressuscite au dernier jour.

40 Telle est la volonté de mon Père : que celui qui voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. »

 

Qu'est ce que les auditeurs pouvaient entendre de ce verbe ressusciter? Ce qui est étonnant, c'est que Jésus ne parle pas de lui, mais de nous.