jeudi, août 06, 2009

Quand deux ou trois sont réunis en mon nom... Mt18,20



« Quand deux ou trois sont réunis en mon nom Je suis au milieu de vous»


Curieusement ce verset m’est venu en mémoire pendant que j’écoutais au festival de musique de chambre des Arcs de la musique dite de chambre de Brahms. En regardant ce petit groupe de personnes réunies pour nous donner le plaisir de découvrir ces œuvres, pas toujours tellement connues et jouées, je me suis demandée (et c’est une question qui me taraude toujours) comment fait-on pour jouer sa partie, pour jouer à l’unisson et ce à la perfection sans pour autant perdre son individualité. Et je me demandais aussi, Qui est au milieu d’eux ? Brahms, Schumann
..
Une réponse non sur le Qui, mais sur « ce qui unit » a été apportée par un compositeur contemporain qui a crée de courtes œuvres pour instrument seul pour ce festival. Il disait que ce qui caractérise tous ces musiciens qu’ils soient interprètes ou compositeurs, c’est l’amour de la musique et le désir d’aller toujours plus loin c’est à dire de découvrir des possibilités nouvelles que ce soit dans la technique que dans la composition. Il y a une sorte de curiosité et c’est peut-être cela le moteur. Il me semble donc que ces deux mots amour et curiosité sont importants.

Nous les chrétiens quand nous nous réunissons avons nous ce même amour et ce même désir d’aller au delà ? Qu’est ce qui nous réunit, que nous soyons en assemblée dominicale ou en groupe ?




Il me semble donc que le moteur qui constitue tout groupe et qui lui permet de prendre corps c’est bien l’amour de quelque chose (ou de quelqu’un) et le désir de dépasser ce que l’on sait, ce que l’on fait. Simplement, mais est ce si simple que cela, ceux qui se disent chrétiens sont mus par une source qu’il n’est possible de localiser : je veux dire l’Esprit Saint. Car c’est bien cette présence là, qui nous permet de faire corps.

Ces interprètes permettent à la musique de prendre corps, car eux font corps. Et nous qui écoutons, nous devenons le corps des « mélomanes », corps qui a une existence éphémère puisqu’il n’existe plus dès la fin du concert. Est ce au corps ecclésial de faire de nous le corps des croyants ? Ceci peut poser la question de la transmission et aussi de la hiérarchie, mais cela c’est une autre histoire.


Je suis revenue au verset, Mt18, 19-20« Je vous le déclare encore, si deux d'entre vous, sur la terre, se mettent d'accord pour demander quoi que ce soit, cela leur sera accordé par mon Père qui est aux cieux. 20Car, là où deux ou trois se trouvent réunis en mon nom, je suis au milieu d'eux. »

Et comme souvent je me suis rendue compte que ce verset, même si cette fois ci je ne l’avais pas tronqué, venait compléter une affirmation que nous évacuons quand nous utilisons ce verset. Jésus est présent « au milieu » comme le cœur au milieu de corps, parce qu’il y a prière adressée au Père, au nom de son Fils.

Et ce verset succède à un questionnement sur ce qu’il faut faire quand un frère a un comportement qui risque de le faire exclure de la communauté. On retrouve la phrase « tout ce que vous lierez sur terre sera lié au ciel. » qui donne un pouvoir énorme à la nouvelle communauté crée par Jésus.



S’il s’agit de la force donnée aux disciples de lier les forces du mal, mais pas la personne qui est en proie à ces forces, alors c’est superbe, car il s’agit alors de délivrance et Jésus est venu pour cela. Mais s’il s’agit de condamner un frère que l’on considère pécheur (sans que le péché soit nommé dans le texte retenu par la tradition) frère qui semble être devenu aveugle et sourd, et que la condamnation soit pour l’éternité, cela me semble dramatique, et presque contraire à ce qu’a pu écrire le prophète Ézéchiel sur le Juste qui se détourne et du Méchant qui se convertit. (Ez 18 23. Prendrais-je donc plaisir à la mort du méchant - oracle du Seigneur Yahvé - et non pas plutôt à le voir renoncer à sa conduite et vivre ? » Jésus ne dit –il pas, « Je suis venu pour que tous aient la vie et l’aient en abondance ».

Jésus a pratiqué pour son compte la prière « individuelle ». S’Il insiste sur la présence de deux ou trois, c’est peut-être que la demande se situe dans du juridique : que faut il faire pour le frère qui « offense » soit un autre frère, soit la communauté ?

Il faut aussi se référer au premier testament et à ce que la loi dit sur les témoins et le témoignage : à savoir que le témoignage d’un seul n’est pas suffisant pour condamner quelqu’un à mort. Dt 19.15 « Un seul témoin ne suffira pas contre un homme pour constater un crime ou un péché, quel qu'il soit; un fait ne pourra s'établir que sur la déposition de deux ou de trois témoins. »

La première des choses est déjà de passer dans l’objectif: ce n’est pas mon propre ressenti qui compte, ce n’est pas ma sensibilité. Ce que moi je pense être mauvais, est ce que d’autres l’ont aussi vu ainsi? Et je pense que cela est important, car nous avons bien souvent tendance à faire cavalier seul. Quand on veut noyer son chien on l’accuse de la rage et Jésus qui connaît bien l’être humain, sait à quel point il faut parfois se méfier de ce que nous croyons être la poutre chez l’autre.
Ce verset est inséré dans toute une réflexion sur ce que doit faire l’église quand il s’agit justement de condamner quelqu’un.

Pour en revenir au verset 20, je trouve que ce verset nous l’utilisons souvent, en particulier quand nous nous réunissons entre chrétiens. Mais parfois durant ces réunions, on parle de tout autre chose, ça dérive, on (je) s’ennuie pendant ces réunions, on (je) se demande ce que l’on fait là, et quand on pense à cette petite phrase : « je suis au milieu de vous », on a un support, une sorte de récompense : non on ne perd pas son temps ni celui des autres ; Mais Jésus est Il là comme avec les les disciples d’Emmaüs, je suis loin d’en être certaine.

Car si on remet la phrase dans le contexte, ce que je vais faire maintenant, il ne s’agit pas simplement d’être ensemble au nom de Jésus, mais de demander quelque chose de précis au Père qui est au ciel. Il s’agit d’être ensemble et de prier, et si je fais le lien avec le verset du prophète Ézéchiel, ne s’agit il pas de prier pour celui qui semble pécheur change, mais de demander que cette force mauvaise qui semble être en lui, soit « lié » pour qu'il en soit délivré. Que cette force ne le ligote plus, qu'elle l’empêche plus de laisser vivre Christ en lui. Alors cette demande là sera entendue au ciel.


Si on se réfère encore au premier testament, pour être entendu de Dieu, il faut bien souvent (permettez moi l’expression) faire un sacré ramdam. Il s’agit des fêtes rituelles, avec ses sacrifices, ses chants, son cérémonial.



Là Jésus annonce quelque chose de différent. Pas besoin de battre du tambour ou de la trompette, si deux sont d’accord pour demander une chose au nom de Jésus (au nom de Seigneur) alors Jésus lui –même est au milieu d’eux.

Si on fait une recherche sur ce mot « au milieu », indépendamment du sens géométrique Jésus est au milieu de deux malfaiteurs, un à droite, l’autre à sa gauche, il y a ces expressions ou YHWH dit être au milieu de son peuple . Il y a toujours cette impression qu’il faut qu’il y ait un rassemblement pour que Dieu soit présent (ce qui ne l’empêche pas d’entendre le cri du malheureux).

Je reprends maintenant les versets de 15 à 20 ;
18 ,15 « Si ton frère vient à pécher, va le trouver et fais-lui tes reproches seul à seul. S'il t'écoute, tu auras gagné ton frère.

Attitude première : si tu te rends compte qu’il y a déviance chez ton frère, va le voir, dis lui ce que tu ressens et peut-être que cela aura un effet, mais avant de faire un scandale, va le voir et parle. Ce qui insiste sur la force de la parole. Pas si facile comme attitude, parce que on prend aussi un risque de se faire jeter.


16 S'il ne t'écoute pas, prends encore avec toi une ou deux personnes pour que toute affaire soit décidée sur la parole de deux ou trois témoins.

Attitude deux : constituer un petit groupe, ce qui fait que la parole prend du poids. Et à nouveau discuter avec lui. Il ne s’agit plus de le prendre en quatre z yeux, mais de convoquer une réunion où les autres peuvent aussi trouver que le premier s’est trompé dans son jugement.


17 S'il refuse de les écouter, dis-le à l'Eglise, et s'il refuse d'écouter même l'Eglise, qu'il soit pour toi comme le païen et le collecteur d'impôts.

Troisième temps, la communauté large qui a le droit d’exclure, de mettre dehors. Il me semble intéressant de noter que Matthieu qui était collecteur d’impôt à du vraiment souffrir de l’exclusion de la synagogue. Peut-être a t il commencé à vivre quand jésus l’a appelé.. (Ceci est un commentaire personnel).


18 En vérité, je vous le déclare : tout ce que vous lierez sur la terre sera lié au ciel, et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié au ciel.

On retrouve ici la phrase donnée à Pierre, mais dans un sens plus large et surtout avec un pouvoir considérable ; on pourrait presque dire d’une manière triviale : "ce que tu as fait là, ne t’imagines pas que ça va en rester là. Tes actes ont une portée éternelle et tu ne l’emporteras pas au paradis". C’est peut-être oublier la miséricorde de Dieu, mais une église qui se construit a peut-être besoin de règles simples.

Vient alors le verset au quel j’ai fait allusion, Mt 19-20« Je vous le déclare encore, si deux d'entre vous, sur la terre, se mettent d'accord pour demander quoi que ce soit, cela leur sera accordé par mon Père qui est aux cieux. 20Car, là où deux ou trois se trouvent réunis en mon nom, je suis au milieu d'eux. »

Je préfère scinder ces versets en trois, car la notion même de « être au milieu » n’est pas si simple.

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19 « Je vous le déclare encore, si deux d'entre vous, sur la terre, se mettent d'accord pour demander quoi que ce soit, cela leur sera accordé par mon Père qui est aux cieux.

Les mots terre et ciel font certainement lien avec ce pouvoir du lien donné à l’église.

De par la présence de Jésus, il y a comme une ouverture et les deux lieux communiquent. Cela évoque un peu pour moi la prière de Daniel dans la fournaise, où le lien entre la terre et le ciel est manifeste. Je sais que c’est un peu elliptique. Mais ces hommes sont sur la terre dans un lieu de mort, et le ciel sous la forme d’un ange est aussi présent. La louange permettant cette jonction de deux univers qui sont disjoints.

Si on admet que l’on est dans un contexte juridique qu’est ce que ces deux ou trois (ces témoins d’une action d’un frère) vont demander au Père dans la prière ?

Ce n’est pas toujours si simple de se « mettre d’accord » et c’est peut-être déjà cela (œuvre pour moi de l’esprit saint) qui fait que ces deux là deviennent quelque chose de plus que un plus un. Le « quoique ce soit » est très vague. Est-on dans la démarche précédente de demander que le frère reconnaisse ses erreurs, ou prier pour lui pour qu’il se convertisse, ou pour que cet incident ne soit pas cause de division, ou encore pour que l’ennemi soit lié je ne sais. En général ce verset est entendu dans le cadre d’une prière de demande, d’intercession et il insiste sur le fait que prier ensemble pour demander la même chose a du poids.

C’est le fait d’être réuni au nom de Jésus qui permet que le ciel s’ouvre et que la demande soit exaucée. Cela change considérablement des sacrifices qui devaient être offerts à date régulière et en nombre non négligeable, pour que Dieu s’occupe de son peuple et en quelque sorte manifeste sa présence. Il y a donc quelque chose de radicalement nouveau la foi en Jésus libère du poids d’une certaine tradition sacrificielle.

20 »Car, là où deux ou trois se trouvent réunis en mon nom, Je suis au milieu de vous»
Le « car « est important. il se passe quelque chose d’autre. Ce n’est pas du « je+ je » c’est du nous et ce nous incluse Jésus qui est notre centre. Jésus est présent et si le Père et Lui ne sont qu’Un alors notre prière prend une autre dimension, mais les pensées de Dieu ne sont pas les pensées des hommes alors peut-être que l’exaucement aura lieu, mais pas du tout comme nous l’avions prévu.

Quant à cette notion de milieu, aujourd’hui je la ressens non comme une présence de quelqu’un lui serait là parmi nous (un parmi d’autre) mais comme une présence à la fois interne et singulière pour chacun et en même temps unifiante. Il est en nous, il est au milieu de nous, mais c’est lui qui décide, ce n’est pas nous qui le tenons.

Comme je l’ai noté ce chapitre est presque uniquement consacré au pardon. Il est dit à Pierre de pardonner à l’infini et que vient ensuite la parabole du roi qui remet une dette qui ne peut être remboursée.

Petites réflexions sur le pardon.

Il m’arrive souvent de penser que pardonner systématiquement à quelqu’un qui soit refait sans cesse la même chose qui vous irrite, soit qui trouve plus facile de vous demander de pardonner que de changer de comportement, c’est stupide, et tant pis si ce n'est pas évangélique.

Ce que je veux dire, c’est qu’il me semble que dans l’écriture, le pardon va de pair avec la conversion. La pardon pour le pardon, ça ne me va pas

Alors parfois je trouve qu’il est bien plus thérapeutique de dire non, surtout si l’autre s’attend à un pardon automatique. Je peux ne pas pardonner un acte ou une parole, mais continuer à aimer et à éprouver de la compassion. Et dire non cela me permet aussi de dire ce que moi je ressens et vis.

Il y a des non qui de mon point de vue, peuvent provoquer une prise de conscience, un changement et si ce non est prononcé avec respect et amour, alors il a bien plus de profondeur qu'un pardon accordé comme cela, avec oui faut bien que je le fasse, si je veux être chrétien.

Normalement le fait de pardonner devrait provoquer le changement, mais si ça ne marche pas, alors pourquoi ne pas essayer autre chose. Je veux dire que si l’on s’attend à un pardon automatique, il y a quelque chose qui est perverti.

Mais au fond de moi (peut-être changerai-je) je refuse de faire comme si ça ne m’avait rien fait. Bien sûr ce que je dis concerne un adulte, pas d’un enfant. Je peux dissocier l’acte de la personne, mais je n’ai pas envie de dire, je vais faire comme si tu ne m’avais rien fait, alors que j’ai été blessée par ce que tu as dit ou fait. Cela reviendrait à nier ce que je vis pour te donner bonne conscience.. Il faut du temps pour qu’une blessure guérisse et Jésus sur la croix n’a pas pardonné mais à demandé à son Père de pardonner.

Si mon « Je » ne peut pas accorder le pardon demandé, il peut comprendre pourquoi on en est arrivé la dans la relation, il peut se mettre en cause et demander à l’Esprit Saint d’agir.

Et peut-être que là si deux ou trois sont avec moi pour demander que j’apprenne à pardonner, alors la présence de Jésus parmi nous rendra possible l’impossible.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Alors je trouve qu'il est bien plus thérapeutique de dire "non" et la suite et fin de la réflexion....JE SUIS D'ACCORD
Faire prendre concience à l'autre du mal qu'il a fait est essentiel plutôt que de pardonner sans prise de concience car on deviendrait
"bonasse" dans une société qui vous
traitera de "con"...Il faut se faire respecter car nous ne sommes pas comme le Seigneur prêts "à se faire crucifier" par les moqueries
des malfaisants-Nous ne sommes pas des saints
Tout ce que vous lierez sur la terre....
Oui dans notre prière prions qpour que "l'esprit du mal" soit "lié"
disparaisse, soit abolit comme dans le notre Père:délivre- nous du mal!!! Quand "ensemble" nous prions pour cela "l'Esprit" du Seigneur ne peut que se réveiller
Car par notre parole nous appelons son aide et qu'il est tout prêt à nous envahir de "ses valeurs"...
Nous avons aussi besoin d'être délivrés du mal: la jalousie, les pulsions agressives, notre ego qui se croit important

Depuis toujours (le péché originel)
nous rêvons d'être comme des dieux
qui connaissent, décident du bien et du mal... Est "bien" ce qui est bien pour nous bien souvent....

TOURNESOL