lundi, août 24, 2009

"Dieu dépend il de nous"?



Il y avait autrefois un livre dont le titre était: "Dieu a besoin des hommes". Ceci est une affirmation, qui en soi pose question, une question un peu absurde mais qui se pose. Qu'est ce que l'homme face à Dieu? "Qu'est ce que l'homme pour que tu en prennes soucis" dit le psalmiste. S'il n'y a pas d'hommes pour parler de Dieu ( quelqu'Il soit ) est ce que Dieu existe? Spontanément je réponds oui, sauf que la question qui se pose alors est: "peut-on parler de la création" s'il n'y a pas d'yeux pour voir?

Un arbre qui tombe dans une forêt sans personne pour l'entendre, fait-il du bruit? Le bruit ou le non bruit est lié à une fréquence émise qui est perçue ou non par un appareil auditif. Pour que Dieu soit perçu, il faut que sa fréquence puisse être reçue et manifestement l'humain est équipé pour cela.

Toutes les mythologies racontent outre les mythes de création qui sont souvent à mettre en relation avec la géographie et le climat du pays, les relations entre Dieu ou les dieux avec les humains. Elles indiquent aussi ce qu'il faut faire ou ne pas faire pour se concilier la faveur de ces puissances supérieures, qui acceptent de se révéler à nous. Souvent elles montrent aussi quelles sont les conditions pour entrer en relation avec la divinité du lieu.

Winnicott, un psychanalyste anglais écrivait"un nourrisson sans sa mère, ça n'existe pas", c'est-à-dire que l'histoire de l'un ne va pas sans l'histoire de l'autre, et que d'une certaine manière le nourrisson crée la mère, car tant qu'il n'est pas né, la mère n'existe pas, même si bien entendu la femme existe. Est ce que Dieu a besoin de l'homme pour exister en tant que le Dieu du Credo?

Il est aussi un livre d'un auteur américain de sciences fiction: A.E.Van Vogt: le livre de Ptah. C'est un livre un peu curieux, mais qui part de l'hypothèse que si un Dieu est privé des prières de ses fidèles, il cesse d'exister, et un autre dieu ou déesse peut prendre sa place, à condition de veiller à ce que ce dieu là se perde dans le souvenir des humains. J'ai toujours pensé que quand Jésus dit à ses disciples: "faites ceci en mémoire de moi", c'est le moyen idéal pour qu'Il demeure dans notre coeur au fil des générations. Le faire mémoire permet de lutter contre l'oubli, contre la mort, contre l'absence. Même s'Il n'est plus là, Il est là ou comme on le chante parfois "Il est déjà là", car nous attendons son retour, même si souvent nous n'y pensons guère;

Pourquoi ce long préambule?

Au cours de l'homélie d'hier, le prêtre a parlé de l'amour du couple, et de la relation de dépendance qui se crée entre les deux partenaires. Je n'aime pas trop ce terme de dépendance, mais c'est sa manière à lui (le prêtre) de dire les choses; en fait il parlait je crois plus de la joie que l'on ressent quand l'être aimé est heureux, et de ce que l'on désire faire pour le rendre heureux; pour lui, ia dépendance c'était cette relation là. Puis il a embrayé sur Dieu, en disant que notre Dieu était un Dieu dépendant, qui attendait patiemment (enfin là je n'en suis pas si sûre) que l'homme se tourne vers lui.

Ceci revient à faire de Dieu le "très bas", celui qui se met presque en dessous de l'homme et qui attend en quelque sorte son bon plaisir.

C'est mettre Dieu en position d'attente. Mais de là, à en faire un Dieu implorant notre bon vouloir, ça ne colle pas en tous les cas pour moi. Que ça colle avec la gratuité du salut, certainement (C'est lui qui nous a aimé le premier). Cette représentation de Dieu ne me va pas.

Que le dieu qui a crée l'humain ait dû attendre des millénaires pour que celui ci soit capable d'entrer en relation avec Lui, certainement.

Mais ce que dit la premier Testament c'est que le Dieu créateur, est un Dieu très exigeant envers sa créature, je dirai presque qu'il a un peu surestimé l'humain et oublié d'où il sortait (que ce soit de la la glaise ou de l'évolution). J'ai souvent l'impression que le Dieu de la Bible (premier testament) a la main leste, qu'il est souvent décu par cette créature qui ne pense qu'à elle, qui ne pige rien, qui oublie si facilement d'où il vient. Dieu ne fonctionne pas du tout comme un parent "normal". Quel parent mettrait son fils à la porte à la première désobéissance et ce pour toujours? Quel parent noierait son fils si celui ci le déçoit?

Il y a aussi cette notion d'éternité qui interroge; certes Dieu Lui est éternel, mais l'homme ne l'est pas et une punition qui se veut éternelle, n'est elle pas disproportionnée? En tous les cas on peut supposer que c'est un bon moyen pour inculquer l'obéissance au moyen non pas de la crainte mais de la terreur, ce qui est bien autre chose.

Maintenant quand ce même Dieu décide d'envoyer son Fils pour ouvrir les yeux des hommes, alors là oui, un changement se fait. Mais est ce que cela fait de Dieu un Dieu dépendant?

C'est peut-être une manière plus séduisante de parler de Dieu, car c'est un Dieu père et mère qui est décrit, avec des attributs humains, mais n'est ce pas de la projection?

Je connais un certain nombre de personnes qui semblent en extase quand elles parlent de leur "papa céleste", pour moi c'est impensable. Et il me semble que le mot Abba est toujours accolé au mot Père, ce qui d'une certaine manière signifierait pour moi que Dieu le Père de jésus fait de nous des fils "adoptifs" mais parce que Jésus a donné sa vie pour cela. Il demeure une distance, jamais nous ne pourrons dire Abba tout court (comme jésus pouvait le dire) ou alors c'est l'Esprit saint qui s'exprime en nous, et nous sommes mus par autre chose.

En jésus le Dieu créateur s'est fait homme, oui c'est vrai, mais le Jésus des évangiles est une personne qui choisit, qui dirige, qui maîtrise. Il y a un projet pour Lui et ce projet il y a adhéré de toutes les fibres de son être, mais il n'est jamais passif: il reste Maître et seigneur. Le lavement des pieds n'est simplement le geste d'un abaissement car il s'agit d'un signe donc d'un projet.

Peut-être que Dieu a eu besoin des hommes pour inventer un type de relation réellement basé sur l'amour, pour que cette petite étincelle qui est en chacun de nous devienne un feu immense à la lumière duquel nous puissions enfin entrevoir et comprendre quel est cet être qui est là depuis toujours et qui guette nos changements (comme un parent se réjouit de la croissance de son enfant), qui attend que nous le reconnaissions et qui nous invite à entrer et partager la joie de sa trinité

Pour ma part j'aime aussi ces représentations de Dieu qui attend que l'humain fasse un geste de confiance avant de faire un miracle (en particulier lors de la sortie d'Egypte ce n'est que lorsque le peuple acculé par les égyptiens se met en route que la mer se fend) et ce Dieu là qui pour moi n'est pas un Dieu mendiant d'Amour, même s'Il attend que l'homme se tourne vers Lui pour agir, qui est le Dieu qui a ma confiance.


1 commentaire:

TOURNESOL a dit…

Je pense que Dieu le "le très bas" comme dit un livre de Christian Bobin est en même temps "le très haut" et aussi le "très près"(le royaume de Dieu est parmi vous)
Une comparaison un peu osée mais je le ressens comme cela
Il y a la fameuse parabole de l'enfant progigue ou du père miséricordieux qui décrit les trois sentiments qu'il y a entre un père et un fils.
Le père est le très haut (le fils ne peut comprendre l'amour du père
et ses exigences pour son bien--10commandements)et il part...
Pourtant le père est aussi le "très bas" car comme il est dit dans la parabole: il vit de loin
ce fils qui revient . Que n'a-til pas souffert de son absence ! et pour le lui montrer il fait la fête et provoque la jalousie de son frère.Que ne serait-Il pas prêt à faire!
Il a toujours été "le tout près"
car il n'a cessé de penser à ce
fils.
C'est la relation à nos propres
enfants où ces trois éléments sont présents qui nous font "un petit peu" comprendre notre relation à Dieu. Dieu est : exigeant,(très haut) proche(tout près),et prêt à n'importe quoi
pour notre bonheur (le très bas en Jésus qui vient de la part de Abba)
Ce qui est extraordinaire c'est que
notre foyer (mari-enfants) nous achemine petit à petit à comprendre un peu mieux pourquoi les chrétiens disent que DIEU EST PERE.Le mariage est un chemin qui mène vers la compréhension de Dieu -ABBA (et pas seulement la vocation religieusecomme voulue par l'Eglise pendant des siècles...)Tout chemin de vie mène vers LUI.
Tournesol