samedi, août 22, 2009

2 SI Dieu est pour nous qui sera contre nous: Rm 8, 31

Première partie : la place de la volonté de Dieu dans ce qui nous arrive.

J’ai choisi ce court passage du livre de Jonas, livre récent dans la bibliothèque biblique, pour montrer comment dans l’univers antique, tout cataclysme est mis en lien avec une faute. Ici, il s’agit du refus de Jonas d’obtempérer à l’ordre d’aller à Ninive.
4Mais le SEIGNEUR lança sur la mer un vent violent ; aussitôt la mer se déchaîna à tel point que le navire menaçait de se briser. 5Les marins, saisis de peur, appelèrent au secours, chacun s'adressant à son dieu, et, pour s'alléger, ils lancèrent à la mer tous les objets qui se trouvaient à bord. Quant à Jonas, retiré au fond du vaisseau, il s'était couché et dormait profondément. 6Alors le capitaine s'approcha de lui et lui dit : « Hé ! quoi ! tu dors ! ... Lève-toi, invoque ton dieu. Peut-être ce dieu-là songera-t-il à nous et nous ne périrons pas. »
11« Qu'allons-nous te faire, pour que la mer cesse d'être contre nous ? » lui dirent-ils, car la mer était de plus en plus démontée. 12Il leur dit : « Hissez-moi et lancez-moi à la mer pour qu'elle cesse d'être contre vous ; je sais bien que c'est à cause de moi que cette grande tempête est contre vous. » 13Cependant les hommes ramaient pour rejoindre la terre ferme, mais en vain : la mer de plus en plus démontée se déchaînait contre eux. 14Ils invoquèrent donc le SEIGNEUR et s'écrièrent : « Ah ! SEIGNEUR, nous ne voulons pas périr en partageant le sort de cet homme. Ne nous charge pas d'un meurtre dont nous sommes innocents. Car c'est toi SEIGNEUR qui fais ce qu'il te plaît. » 15Les hommes hissèrent alors Jonas et le lancèrent à la mer. Aussitôt la mer se tint immobile, calmée de sa fureur. 16Et les hommes furent saisis d'une grande crainte à l'égard du SEIGNEUR, lui offrirent un sacrifice et firent des vœux.

Ceci se trouve au chapitre 1 du livre de Jonas. On peut en déduire que tout catastrophe (ici la tempête) est attribuée à la colère d’un dieu qui a été offensé et qui se venge ; il faut donc l’apaiser ici en jetant à l’eau Jonas (qui dort tranquillement comme jésus dormira alors que la mer menace de remplir la barque). Quand Paul se rend à Rome par bateau, les marins sont prêts à le jeter à l’eau pour apaiser la tempête qui menace, car pour eux il est évident que ce prisonnier est la cause de tous leurs ennuis.

D’une manière très générale, les catastrophes ont pour origine la colère d’un Dieu, et si on lit le premier testament avec cette optique là, on se rend très vite compte que la dérive consiste à dire tout malheur est la conséquence d’une faute, voire d’une désobéissance.

Dans ce même livre de la Genèse, les catastrophes qui touchent le genre humain ( perte du jardin des origines, errance de
Caïn, Babel, le déluge, et plus tard la destruction de Sodome) sont des punitions. Dans le livre de l’exode, les récriminations du peuple (manque de confiance alors qu’il a vu ce que « son » Dieu a fait à pharaon, sont punies très sévèrement. La suite de l’histoire (juges) montre que lorsque le peuple renonce aux idoles (et aux femmes) des peuples environnants tout se passe bien : victoire et main mise sur les habitants de ces contrées. Quand le roi s’appuie sur YHWH et lui seul, alors la victoire lui est donnée, même parfois dans des conditions étonnantes. Le discours des prophètes renforce cela; les catastrophes qui arrivent sont dues à un manque de confiance. L’exil est du à la fois au roi qui n’a pas écouté les prophètes, mais aussi au péché des impies qui mettent leur confiance dans eux-mêmes et non en YHWH et qui font du mal à leurs frères. Dieu seul permet la vie pour son peuple à deux conditions : le reconnaître pour le seul Dieu et avoir une relation de non convoitise avec les frères de race) :. Si vous ne me tenez pas vous ne vous maintiendrez pas !Is 8 )

Il s’agit toujours d’interpréter la catastrophe qui vous prive d’un territoire ou même de la liberté comme une punition. Dieu est certes un Dieu jaloux mais avec la théorie de la rétribution il se crée une logique du malheur : le malheur arrive si l’homme fait le mal. La perte est la conséquence d’une faute, donc peut-être comprise comme une punition.
Le livre de Job, le livre de Quohélet, certains psaumes montrent qu’il existe un questionnement par exemple on peut lire dans
le psaume 44 qui manifestement est un psaume post exilique et une réflexion sur le pourquoi d’un tel échec, d’une telle souffrance.

18Tout cela est venu sur nous sans que nous t'ayons oublié : nous n'avions pas trahi ton alliance.
19Notre cœur ne s'était pas détourné et nos pieds n'avaient pas quitté ton chemin
20quand tu nous poussais au milieu des chacals et nous couvrais de l'ombre de la mort.
21Si nous avions oublié le nom de notre Dieu, tendu les mains vers un dieu étranger, 22Dieu ne l'eût-il pas découvert, lui qui connaît le fond des coeurs ?

Le verset 23 « C'est pour toi qu'on nous massacre sans arrêt, qu'on nous traite en bétail d'abattoir sera repris par Paul dans l’épître aux romains mais dans un contexte différent (je cite tout le passage)

31Que dire de plus ? Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? 32Lui qui n'a pas épargné son propre Fils, mais l'a livré pour nous tous, comment, avec son Fils, ne nous donnerait-il pas tout ? 33Qui accusera les élus de Dieu ? Dieu justifie ! 34Qui condamnera ? Jésus Christ est mort, bien plus il est ressuscité, lui qui est à la droite de Dieu et qui intercède pour nous ! 35Qui nous séparera de l'amour du Christ ? La détresse, l'angoisse, la persécution, la faim, le dénuement, le danger, le glaive ? 36selon qu'il est écrit : A cause de toi nous sommes mis à mort tout le long du jour, nous avons été considérés comme des bêtes de boucherie. 37Mais en tout cela, nous sommes plus que vainqueurs par celui qui nous a aimés. 38Oui, j'en ai l'assurance : ni la mort ni la vie, ni les anges ni les dominations, ni le présent ni l'avenir, ni les puissances, 39ni les forces des hauteurs ni celles des profondeurs, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu manifesté en Jésus Christ, notre Seigneur.

Il arrive au juste de se plaindre, mais comment faire comprendre que ce qui vous arrive n’est pas lié à votre péché quand toute le théologie est bâtie la dessus et quand d’une certaine manière elle renforce ce vécu de la naissance : perte du ‘environnement idéal.

Si on s’enferme dans la culpabilité, elle peut devenir dévastatrice d’autant qu’elle maintient la toute puissance de la pensée (je suis responsable de ce qui arrive, j’ai pensé et c’est arrivé) qui crée aussi un environnement très menaçant : l’univers se venge sur moi de ma méchanceté.

Qu’est ce que Dieu attend de l’humain ? Que veut il lui faire comprendre en se comportant comme cela envers lui ? La crainte du seigneur conduit elle à la vie ou à une certaine mort ?

Il peut alors se créer en nous un raccourci : il m’arrive un vilain truc, c’est que j’ai fait quelque chose de mal. Si on lit l’histoire du peuple juif, sous cet angle on peut penser que ce lien augmente considérablement le sentiment de culpabilité et peut pousser à une vision déformée de monde. Bien sûr cela peut donner du « sens » mais le sens donné est celui que trouve un enfant tout petit qui ne dispose pas de mécanismes intellectuels suffisants pour comprendre par exemple que le sevrage n’est pas une punition parce qu’il se sert de ses dents toutes neuves pour agresser physiquement (morsure) mais aussi mentalement (elle ne me donne pas ce que je veux, alors je la mets en morceaux et je la perds) celle qui est la source du bon.

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