mardi, septembre 14, 2010

"Donner sa vie en rançon pour les multitudes"mt20,28

« Tu vas me le payer »

David a fait périr Urie pour avoir sa femme, alors Dieu  prend la vie du fils né de cette union...

Le peuple se détourne de Dieu et récrimine contre lui (nombres et exode) alors Dieu fit venir contre lui des serpents
 à la morsure brûlante

Pharaon pris la vie des enfants mâles du peuple d'ISraël, Dieu prit la vie de tous les premiers nés du peuple d' Egypte...

Les rois de Samarie et d' Israël adorent des idoles, leur maison est détruite et leur peuple déporté


Mt 20, 28 "Le fils de l’homme n’est pas venu pour être servi mais pour servir et pour donner sa vie en rançon pour les multitudes "

Is53:5 "%ais il était transpercé à cause de nos crimes, écrasé à cause de nos souffrances: le châtiment qui sonne la paix est (tombé) sur lui.C'est par ses meurtrissures que nous sommes guéris. 




"Tu vas me le payer": c'est une formule que nous connaissons bien. Il y en a d’autres : tu ne l’emporteras pas au paradis, c’est un chien de ma chienne, la vengeance est un plat qui se mange froid. 

L’important est que la sanction de la faute a un aspect monétaire ; il s’agit d’une dette qu’il faut rembourser.

La punition a donc un aspect économique ; elle est le règlement d’une dette. Celui a commis du mal est devenu le débiteur et il doit rembourser d’une manière ou d’une autre. Parfois la faute si elle n’est pas payée par la personne peut être transmise de génération en génération (est ce lui qui a péché ou quelqu’un de  sa famille demanderont les apôtres à jésus en regardant l’infirmité de l’aveugle né).

Ceci pour dire que tout ce qui atteint l’homme dans son développement tout ce qui est de l’ordre de la maladie peut être vécu comme punition d’une dette (péché) commis. Que de fois entendons dire autour de nous quand la maladie ou l’épreuve frappe : » qu’est ce que j’ai fait au Bon Dieu » ou encore « je n’ai pas mérité ça ». Sous entendu, je n’ai rien fait de mal donc je ne devrais pas subir cela.

Dans la société le remboursement d’un acte délictueux peut se faire soit sous forme d’amende (de l’argent à payer) soit sous forme d’emprisonnement (privation de liberté) soit par la mort : tu as tué, tu as pris une vie, donc la société te prend la tienne. Mais même lorsque cette peine est prononcée, est ce que la famille qui a perdu ainsi un membre de sa famille est « consolé’’. Oui justice est rendue comme on dit, l’honneur est sauf, mais est ce que cela s’arrête là ? N’y a t il pas une souffrance que la justice ne peut effacer ?

Ce que je veux dire, c’est que si la sanction finalement renvoie au « donnant donnant » tu as fait telle chose, donc tu dois en contre partie subir telle chose, c’est qu’il n’est pas sûr du tout que ce « donnant donnant » permette l’apuration de la dette. Je veux dire que la souffrance psychique n’est pas levée pour autant. Le pardon est un acte difficile car la mémoire est là, les événements ne s’oublient pas et les séquelles du mal commis peuvent perdurer très longtemps.
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On dit que Jésus a donné sa vie en rançon pour les multitudes ce qui fait référence au serviteur souffrant d’Isaïe 53 (bien que le mot rançon ne soit pas écrit). Ce serviteur là accepte ce qui lui arrive, mais ne le choisit pas contrairement à Jésus. Ce n’est d'ailleurs pas le mot prononcé le soir de la Cène : Ceci est la coupe de mon sang versé pour vous et la multitude pour le pardon des péchés Mt 26 ). Mais il suit dans le chapitre 20 la troisième annonce de la passion et donne le sens de celle-ci. Si Jésus donne sa vie, lui qui est le premier, s'il prendra la place du dernier des dernier, c'est dans un but précis: le salut de la multitude, la libération du poids du péché.

La rançon est le prix à payer pour rendre la liberté à quelqu’un qui a été enlevé (kidnapping) ou fait prisonnier (par exemple François 1° à Pavie). Mais est ce que la libération est suffisante pour vivre comme avant. Nous connaissons tous les témoignages de certains prisonniers qui même libérés n’ont jamais pu vivre comme avant leur incarcération.

On dit aussi que Jésus nous a par sa mort réconciliés avec son Père; que Celui ci désormais ne nous détruira plus (ceci est certainement une de nos peurs des plus archaïques, puisque l’espèce humaine a vécu bien des destructions dans son histoire). Mais est ce que la mort d’un homme est nécessaire et suffisante pour rétablir la relation ?

Cela veut-il dire que nous avons commis envers Dieu et envers les autres des infractions qui méritent une sanction, que cette sanction ne peut être que la mort et que Jésus a payé (pris cette peine) à notre place?

Je dirai aujourd’hui (mais peut être changerai-je dans quelque temps) que chaque fois que nous nous préférons à Dieu, chaque fois que nous ne tenons pas compte de lui (et c’est quand même cela qui rapporté en Genèse 3 : l’interdit de ne pas manger est gommé et ce n’est pas tant vouloir « être comme » qui est puni que le fait d’avoir fait comme si l’inter-dit n’avait pas été prononcé, comme si la parole n’avait pas été dite), alors d’une certaine manière nous mettons Dieu à mort. Nous L’oublions et nous perdons aussi une partie de nous même, mais cela nous ne le savons pas (et c’est peut être cela le rôle du Satan, nous faire perdre notre humanité et nous faire croire que nous sommes grands alors que nous sommes mutilés).

Finalement quand on lit le premier Testament on ne peut être que bouleversé par les efforts que fait Dieu pour se faire connaître et reconnaître par des hommes particuliers, puis par un peuple, puis enfin par tous (la multitude). Mais ces efforts semblent un peu voués à l’échec, car l’homme étant ce qu’il est, trouve facilement moyen même en « pratiquant » de  se faire l’auteur de la Parole alors qu’il n’en est que le récepteur ( N’est pas ce que jésus reproche aux pharisiens ?)..

Alors dans l’hypothèse du « Donnant Donnant » seule la mort choisie et consentie de celui qui est la Parole, permet de rétablir la relation totale, et ce par le don de l’Esprit. Nous n’en sommes pas capables, car nous ne savons pas Aimer comme un Dieu est capable d’aimer.

Ce qui permet le pardon (ou le retournement de Dieu, sa conversion) c'est que derrière cela, il y a un amour fou: Père je t'aime, Père je les aime. Alors Je te donne la vie que Tu m'as donnée non pas pour payer leur dette parce que cette dette n'a pas de sens, mais pour que Tu les aimes comme Tu m'aimes, que Tu les regardes comme Tu me regardes.

Et je pense que c'est ça qui crée un Dieu de miséricorde, un Dieu d'amour bien différent du dieu de mort que nous les hommes nous créons.

Ce que je veux dire c’est que la mort biologique de Jésus en tant que telle n’a pas de sens, ce n’est pas la mort qui réconcilie avec Dieu (en admettant ce que mot ait un sens), c’est la personne de Jésus, qui en choisissant cela en toute liberté, en nous prenant en Lui, Lui qui est « la porte, la Vérité, la Vie » nous donne une qualité de vie que nous avions perdue,  nous réconcilie avec nous même, avec notre partie perdue, et nous donne la vie en sa plénitude.

Je ne crois pas que par sa mort (et sa résurrection) Jésus nous évite à tout jamais la Colère de son Père. Cela ce serait du « Donnant Donnant ». 

Je crois que le Salut c’est bien autre chose. Le Salut c’est la possibilité d’avoir accès à la source qui nous permet jour après jour (et ce jusqu’à notre fin biologique) d’être Un comme Lui est Un avec le Père et l’Esprit.





6 commentaires:

Anonyme a dit…

Non, la dette ne pourra jamais être payée dans son entièreté car il ne s'agit pas d'une question matérielle mais bien d'une souffrance interne, viscérale que seul Dieu pourra guérir dans son entièreté et nous restituer ainsi comme au jour de la création.

Et oui, je pense que nous sommes incapables d'aimer comme Dieu nous aime mais je pense aussi qu'à notre mesure nous pouvons tendre à cet amour même si nous l'atteindrons que lorsque nous aurons rejoins notre Père et que nos serons auprès de Dieu càd dans la plénitude de l'Amour.

En tous les cas, le pardon , pour moi, n'est pas une chose aisée alors je le remet dans les mains du Père car cela est à ma portée et me permet de me pacifier intérieurement même si ce n'est pas facile et qu'il y a beaucoup de lutte, de peur mais aussi beaucoup ....d'amour.

CPG

Anonyme a dit…

" Le Salut c’est la possibilité d’avoir accès à la source qui nous permet jour après jour d’être Un" :
Oui, mais que le chemin de la source est difficile à trouver parfois.
Si Dieu est plein de miséricorde, il nous est à nous difficile de lui rendre pleinement son amour.
Comment face aux violences de la vie de pas être en colère ? Comment les accepter sans se révolter ? Comment ne pas tomber dans le "donnant / donnant" ?

TOURNESOL a dit…

je suis d'accord avec le deuxième commentaire d'Anonyme...
Je pense toutefois que Jésus nous mène vers une certaine "unité avec nous-même et avec l'autre" qui consiste à accepter humblement ce que la vie et les autres sont sans
toujours tout comprendre....
Nous devenons avec l'âge plus "entier", espérons plus humains...en sachant que chaque être humain a ses problèmes et que nous sommes frères,soeurs en blessures....
Le mal c'est de ne pas prendre conscience que l'autre peut avoir mal, souffrir, ignorer son existence.... J'ai pris conscience de cela en regardant un documentaire sur une personnalité pédophile...Mais cette perversité
s'enracine sans doute dans le fait de ne pas avoir été respecté
dans le passé....

Anonyme a dit…

Je suis entièrement d'accord avec les commentaires de Anonyme
"qu’est ce que j’ai fait au Bon Dieu ", c'est ce qu'a dit ma mère à la mort de mon frère, maintenant avec toute ma réflexion et mon travail sur elle, je réfléchis en lisant ton billet Giboulée
Merci encore à toi

VR a dit…

Merci pour cette nouvelle lecture. Je crois que Dieu, le Père, révélé par Jésus de Nazareth, n'est pas un Dieu sanguinaire qui exige la mort de son fils pour apaiser sa colère ou "payer une rançon". Comme l'écrit Marie-Noëlle Thabut "Commençons par ces derniers mots « rançon pour la multitude » : ils ont malheureusement complètement changé de sens depuis le temps du Christ, et nous risquons donc de les entendre de travers ; aujourd'hui, quand nous entendons le mot rançon, c'est dans le contexte d'une prise d'otage, il s'agit de payer la somme exigée par les ravisseurs, seul moyen d'obtenir la libération du prisonnier. Le mot « rançon » désigne le montant de la somme à verser. On dira, par exemple, que les preneurs d'otage exigent une « forte rançon ». Tandis qu'à l'époque du Christ, au contraire, le mot « rançon » signifiait la libération, c'est-à-dire la seule chose importante en définitive. Le mot grec qui a été traduit par rançon est dérivé d'un verbe qui signifie « délier, détacher, délivrer ». C'est donc un contresens, par rapport au texte grec de l'évangile d'imaginer que Jésus doive payer quelque chose pour nous. Ce contresens défigure complètement l'image de Dieu. ...nous savons bien que tous les prophètes ont lutté de toutes leurs forces contre l'horrible pratique des sacrifices humains, dont ils disaient que c'est une abomination. Donc, quand les disciples ont entendu Jésus leur dire « je dois donner ma vie en rançon pour la multitude », il ne leur est pas venu à l'idée une minute que Dieu pouvait exiger l'exécution de son Fils pour apaiser un quelconque courroux : ils savaient depuis longtemps que Dieu n'a pas de courroux contre l'humanité et qu'il ne veut pas de sacrifice humain. ... Clairement, ici, Jésus se présente non comme un roi triomphant mais comme le serviteur d'Isaïe dont nous lisions le portrait en première lecture : « Le Fils de l'homme n'est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie » ; Isaïe disait « Par lui s'accomplira la volonté du SEIGNEUR », c'est-à-dire le salut de l'humanité ; parce que la non-violence, le pardon, le service, l'humilité sont le seul moyen de changer le coeur de l'homme ; alors on comprend la phrase de Jésus : « Les chefs des nations païennes commandent en maîtres... Il ne doit pas en être ainsi parmi vous ». Vous, mes disciples, qui êtes le noyau et le ferment de l'humanité nouvelle, soyez à l'image du Fils de l'homme, faites-vous serviteurs. " Ainsi la croix et la persécution des témoins du Royaume ne sont que la conséquence d'une vie dévouée au service du prochain. VR

Giboulee, a dit…

Bonsoir V.R.

je suis bien d'accord que la traduction n'est pas correcte, mais malheureusement c'est celle dont nous disposons. ce serait tellement mieux de pouvoir entendre: pour vous libérer ...

Par ailleurs si vous avez chanté "minuit chrétien", il était bien question de "pour apaiser de Dieu le courroux". d'accord on ne le chante plus, mais ...

Amicalement