lundi, décembre 31, 2012

"aiguillon dans ma chair"2 Cor 12,7

On a toujours beaucoup glosé sur cet aiguillon mis dans la chair de Paul par Dieu (et c'est peut-être cela qui est important) qui a pour but de l'empêcher de s'enorgueillir de son parcours et de ses visions. 

Je cite les versets où Paul exprime ce qui lui est arrivé:7Et parce que ces révélations étaient extraordinaires, pour m'éviter tout orgueil, il a été mis une écharde dans ma chair, un ange de Satan chargé de me frapper, pour m'éviter tout orgueil. 

8A ce sujet, par trois fois, j'ai prié le Seigneur de l'écarter de moi. 

9Mais il m'a déclaré : « Ma grâce te suffit ; ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse. » Aussi mettrai-je mon orgueil bien plutôt dans mes faiblesses, afin que repose sur moi la puissance du Christ.

Bien entendu on ne peut pas dire que ce soit très clair, mais ce qui me semble évident aujourd'hui, c'est l'important n'est pas de savoir ce que Paul a vécu dans son corps, mais qu'il y a des choses que Dieu ne guérit pas, n'enlève pas et que même il permet (même si lui n'est pas l'auteur de ce mal). 

Les pensées de Dieu ne sont pas nos pensées.. 

En d'autres termes Dieu doit-il tout guérir? Même si nous le demandons au nom de Jésus. 

mercredi, décembre 19, 2012

Des histoires de brebis. Matthieu 18 et Luc 15.


Pour expliciter un peu le billet précédent... 





Dans la Bible, il est parfois questions de brebis, de berger, de querelles aussi…
Le psaume 23 rappelle ou révèle que Dieu est le berger qui s’occupe de sa brebis (ici le peuple Israël dans son intégralité) et qu’Il veille sur elle et la protège. Dans l’évangile de Jean, Jésus prend ce rôle : il est la porte qui permet aux brebis qui connaissent sa voix d’aller et de venir (liberté) et il connaît ses brebis et ses brebis le connaissent comme lui connaît le Père et que le Père le connaît. Si le psaume 23 est d’une certaine manière sélectif, ici on passe dans l’universel ce qui en soi est « la bonne nouvelle ». La brebis dépend de son berger.
Mais outre les paraboles du jugement dernier (Matthieu 25) où il est question de brebis et de chèvres qui représentent les élus et les rejetés, il est aussi des récits qui parlent d’une brebis égarée et de la joie du berger qui la retrouve. Un tel texte a été lu il y a peu de temps (Mt18, 12-14) et alors qu’il est très simple, il m’a posé un tas de questions, sur le berger, sur la brebis égarée et sur le troupeau…
Le texte de Matthieu qui précède ce court passage est centré sur la place des petits (des humbles, des sans instruction, des dépendants) et de la responsabilité future des apôtres vis à vis de ceux là qui deviendront leurs brebis. Il est intéressant de noter que ce passage commence par un questionnement : « A votre avis, si un homme possède cent brebis et qu’une d’elle vienne à s’égarer, ne va t il pas laisser les quatre-ving-dix neuf autres sur la montagne pour s’en aller chercher l’égarée ? »

Logiquement il faudrait répondre par oui ou par non et on peut penser que les avis pourraient être partagés. On peut aussi penser que ce berger là est un peu fou… Mais nous n’avons pas la réponse des auditeurs. Peut être est il intéressant de savoir comment nous nous aurions répondu, même si le berger a pris sa décision. Mais il est évident que si l’on remplace brebis par enfant, la question ne se pose pas !

Et l’histoire continue en se centrant sur la joie de pasteur : « Et s’il parvient à la retrouver, en vérité je vous le dis, il tire plus de joie d’elle que des quatre-vingt-dix-neuf autres qui ne se  sont pas égarées ».

On peut comprendre la joie du maître, mais en soi ce n’est pas très sympa pour les autres qui ont respecté les consignes. Certes il n’est pas dit que le berger l’aime plus ou d’avantage que les autres, mais on a l’impression que la joie qui éclot est à la mesure de la peur ou de la peine ressentie. Faut il se barrer du troupeau pour ressentir que l’on a de la valeur pour le berger ?

La finale de cette courte histoire étant : «  Ainsi on ne veut pas chez votre Père qui est aux cieux, qu’un seul de ces petits ne se perde ». La référence au Père qui est dans les cieux est importante car il y a un lien entre ce qui se passe ici et ce qui se passe la haut et ce qu’a fait le berger en permettant à la brebis de rejoindre le monde de la vie est dans le désir du Père.

Par certains côtés ce texte est quand même un peu rude pour les brebis qui restent seules dans la montagne, même si cela peut signifier que le berger peut leur faire confiance (ou confiance à d’autres gardiens). Peut être que ce qui est sous jacent ici c’est que si la brebis (le petit) s’égare il y a une responsabilité de ceux qui gèrent le troupeau et que les disciples auront à veiller pour que cela n’arrive pas. D’ailleurs dans la suite du chapitre, tout ce qui est dit sur le pardon peut aussi s’entendre comme : pardonner est bien supérieur à exclure (tendance par trop humaine et par trop facile).

Dans l’évangile de Luc, les choses sont un peu différentes, on n’est plus dans la montagne, mais dans le désert Luc 15, 14-17, mais il est aussi question de la joie dans le ciel pour celui qui se convertit car on est dans les paraboles (y compris celle du fils prodigue) qui parlent de la miséricorde. Jésus répond aux pharisiens qui lui reprochent de faire bon accueil aux pécheurs.

Mais que ce soit chez Luc ou chez Matthieu, on trouve un berger et une brebis bien particulière: celle qui n'est plus là quand on compte les têtes le soir et un troupeau. Et j’ai eu envie de réfléchir un peu sur ces trois entités.

Une brebis n'est pas un agneau et elle pèse un certain poids!

Prenons le berger.
Je peux comprendre qu'il soit heureux de l'avoir retrouvée sa brebis. Il a dû avoir un coup au cœur en se rendant compte qu'elle manquait à l'appel. Il est parti à toute allure, il l'a appelée, il a marché et là, il l'a retrouvée. Il lui a parlé et sa voix l'a rassurée. Il a vu qu'elle aussi était effrayée, qu'elle était fatiguée et il la prise sur ses épaules pour la ramener dans l'enclos et de là, il va aller raconter aux autres bergers la chance qu'il a eue et le joie qui est en lui. Il est fatigué parce que une brebis ce n'est pas un agneau et que ça pèse son poids, mais il est heureux. Et sa joie il veut la raconter, la faire partager. Peut être que sa joie est à la mesure de sa peur. Peut être que cela nous fait comprendre que le berger tient à nous, parce que qui peut dire qu’il ne s’est jamais égaré…  Ce berger là, il n’en veut pas à la brebis et ce regard là est un regard qui « sauve » car il ne juge pas.

Prenons la brebis, celle qui s'est égarée.
Pourquoi s’est elle égarée cette brebis ? Elle peut s'être égarée comme le fils prodigue de Luc en voulant fuir le troupeau, faire sa vie, faire ce qu'elle a envie de faire, être son propre maître, son propre Dieu. Les autres peuvent la regarder comme mauvaise. Mais nous savons que Jésus est venu justement pour ces brebis là alors qui sommes-nous pour juger? Et puis, elle peut aussi faire partie des ces brebis décrites par Ezéchiel: les chétives, les malades, les blessées, les égarées, les perdues (Ez 34,4) et là c'est différent, et nous nous ne savons pas pourquoi elle s'est égarée et ce n'est pas à nous de juger.

Cette brebis là, elle a retrouvé la sécurité, elle a aussi ressenti la joie de son maître dans le corps à corps du retour. Ce qui lui est peut être demandé c'est justement de témoigner de la joie de celui qui est parti pour elle.

Et je me suis demandée si pour connaître cette joie d'être porté par le berger, il faut faire de conneries (s'éloigner de l'enclos, aller vivre sa vie). Il est certain que trouver de la miséricorde là où humainement on s’attend à un rejet, cela doit changer complètement le regard sur le berger et sur l’amour qu’on lui porte.

Et maintenant prenons le troupeau, parce que là les choses sont plus compliquées.

Il est intéressant de noter la finale de la parabole : Luc 15, 7 :  « Je vous le déclare, c'est ainsi qu'il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit, plus que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n'ont pas besoin de conversion » car d’une part Jésus reconnaît que des justes (même si le juste pèche un certain nombre de fois par jour) ça existe (et si Lui le reconnaît pourquoi si souvent l’église fait elle comme si c’était impensable) et que d’autre part c’est au ciel que la joie est grande. Que le berger soit dans la joie, oui, mais que le troupeau le soit, cela n’est pas si sûr. Notre sens de la justice est très aigu et il n’est pas si facile de se réjouir pour accueillir celui qui revient, surtout quand il a commis des fautes graves.  

Si on revient à l'évangile du fils prodigue, la réaction de l'aîné est quand même bien proche de celle que nous aurions eue. Lui qui est resté dans l'enclos, qui a fait le travail demandé et qui découvre que son père fait la fête pour son idiot de frère qui est parti pour vivre comme un débauché, il se met en colère et peut être n'a t il pas tort. Il a juste oublier cette phrase fantastique quand on y pense:" tout ce qui est à moi est à toi". Objectivement cela doit être difficile de voir la fête qui est faite pour le déserteur qui rentre, quand soi-même on fait tout ce qu'on peut pour être un serviteur fidèle.

Mais si nous raisonnons comme lui, le fils aîné (et il faut reconnaître si nous sommes un peu honnêtes avec nous mêmes que notre première pensée risque d’être que ce n’est pas juste, qu’il devrait payer, avant d'arriver à nous réjouir pour lui ou pour elle) il faut bien reconnaître que contrairement à ce que nous pouvions imaginer nous ne faisons pas partie de ces quatre vingt dix neuf justes qui d'après Jésus n'auraient pas besoin de faire pénitence.

Alors au lieu de se dire que la brebis égarée c’est l’autre, peut être pouvons nous reconnaître que la brebis égarée c’est nous et que le berger est là pour nous, pour nous aimer et être aimé.

Alors peut être que au final, le troupeau est fait de brebis égarées qui ont un jour entendu la voix du berger, qui sont connues de lui et qui le connaissent et qui sont remplies de la joie de celui qui est prêt à donner sa vie pour elles.

Joie au ciel....

Peut -être y a-t-il au ciel plus de joie pour un pécheur qui se repent que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n'ont pas besoin de pénitence, mais je ne suis pas sûre que ce soit la même chose sur la terre!

Il suffit de penser à l'accueil qui était fait autrefois aux pécheurs publics.

mardi, décembre 11, 2012

Guérison du paralytique: Marc 2, 1-12

Une autre réflexion sur le texte de Marc.

Ce texte suit directement la guérison d'un lépreux, ce qui impliquait l'impureté de Jésus qui ne pouvait plus entrer dans les villes. Là il est à Capharnaüm, mais il est certain que les notables doivent le regarder d'un oeil un peu critique. Qui est il celui là qui brave les interdits rituels? Et devant leurs yeux il va accomplir une sorte de résurrection, mais toute guérison n'en n'est elle pas une?

Quand quelqu'un va en prison , on dit qu'il va "au trou". 
Quand quelqu'un est mort, on dit qu'il va "dans le trou".

Le paralytique de Capharnaüm est dans la prison de son corps, il est "au trou". Et ses amis le font tomber dans le trou qu'ils ont ouvert dans le toit, pour qu'il touche le sol, au fond du trou, là où Jésus l'attend. Quand il arrive là, il est bien "dans le trou".  Jésus se comporte en juge (tes péchés te sont pardonnés) puis il lui ordonne de se lever, de prendre son grabat et de rentrer chez lui. N'est pas pas là une scène de résurrection?  L'homme qui était comme mort est redevenu vivant.

lundi, décembre 10, 2012

Je suis le paralytique de Capharnaüm:.Marc 2,1



Je suis le paralytique que Jésus a guéri à Capharnaüm. Il fut un temps où je marchais comme tout le monde et puis petit à petit cela s'est grippé en moi et je suis devenu dépendant des autres, incapable de me mouvoir. Inutile de dire que cela m'était insupportable et que cela a agi sur mon caractère et que j'en voulais beaucoup à D ieu, béni soit-Il (encore que pour moi, Il ne l'était pas).

Je me demandais ce que j'avais bien pu faire pour que cela m'arrive. Certains disaient que c'était une punition parce que j'étais un peu trop porté sur le vin et sur les filles, mais ça c'est ce que eux disaient.

Mais malgré tout j'ai conservé des amis. Et un jour ils sont venus tout excités disant qu'il y avait un type qui allait de ville en ville en Galilée, qui disait que le royaume de Dieu était là, mais surtout qui guérissait les malades et les infirmes à tour de bras. Ils voulaient absolument que j'aille le voir. Alors comme je n'avais plus rien à perdre, j'ai accepté d'aller voir ce guérisseur, ce Jésus de Nazareth.

Par le bouche à oreilles on a appris qu'il était à Capharnaüm et nous y sommes partis. Comme je suis devenu lourd à force de ne pas me bouger, il a fallu 4 copains pour porter mon brancard. Mais quand nous somme arrivés, nous nous sommes rendus compte que nous n'étions pas les seuls. Incroyable le nombre de gens qui étaient là. On nous a dit que la maison était remplie de gens de la haute, des scribes, des prêtres, des pharisiens. Je me demandais pourquoi ils étaient là et pourquoi ils prenaient toute la place, car la porte était fermée, il y avait des gens dehors comme nous qui attendaient.

La maison était pleine, tellement pleine qu'on ne savait plus ou mettre les pieds et personne ne voulait ouvrir un chemin vers le guérisseur.Moi, j'aurais bien fait demi tour, mais paralysé comme je le suis, que pouvais-je faire? Mes amis ont refusé de se croire battus. Ils n'avaient pas fait tout ce chemin pour rien. Il ne m'avaient pas trimballé pour rien.  Alors ils ont eu une idée: passer par le toit. Eux ils sont montés sur le toit, ils ont enlevé des tuiles et ceux d'en bas se sont rendus compte que quelque chose de pas normal se passait. Ils ont dû se demander ce qui allait leur tomber dessus! Mais ils n'ont pas ouvert la porte pour autant.

Alors on m'a ficelé sur mon brancard, je ne sais même pas comment ils ont fait pour me hisser sur le toit, parce que j'ai commencé à avoir peur, peur de cette peur qui vous prend au ventre, qui vous empêche de crier... Je me suis retrouvé devant ce trou. En bas il y avait de la lumière. Moi j'avais froid et peur. Je ne sais pas comment ils m'ont fait descendre, mais j'ai eu l'impression que j'allais mourir, que ma dernière heure était arrivée et d'un coup m'est revenu tout ce que j'avais fait de mal dans ma vie et cela se bloquait en moi. j'avais l'impression à la fois d'être dans un cercueil que l'on descendait en terre et que j'allais glisser, glisser et que rien ne pouvait me retenir.

Et puis brusquement, mon brancard était au sol, moi dessus, vivant. Le guérisseur s'est tourné vers mes amis qui n'étaient pas peu fiers d'être arrivés à me faire descendre sans me tuer... Il les a regardés d'abord eux, puis moi.

On aurait dit qu'il savait ce que je venais de vivre (toute ma vie qui avait défilé devant moi, avec tout ce que j'avais loupé) et il m'a dit que mes péchés étaient pardonnés. Mes péchés je venais de les voir tous défiler devant moi et il y en avait un sacré paquet qui me pesait sur les épaules. Pas étonnant que je ne puisse plus marcher.Bien sûr je n'étais pas venu pour ça, mais cette phrase a été au plus profond de moi, dans le puits qui est moi et elle a lessivé, tout ce bourbeux qui était en moi et j'avais envie de danser de joie. Je me sentais à nouveau vivant, même si j'étais toujours couché sur mon brancard.

C'est là ou ceux qui prenaient toute la place dans la maison ont commencé à ronchonner et à dire que personne ne pouvait pardonner les péchés sauf Dieu. Mais moi, je savais bien que j'étais pardonné, que j'étais tout léger, que le poids de mon péché ne pesait plus sur moi et quand jésus -puisque c'est le nom du guérisseur- m'a dit de me lever, de prendre mon brancard et de rentrer chez moi, cela ne m' a posé aucun problème parce que j'avais déjà retrouvé ma vigueur.

Du coup, je n'ai pas même pas attendu mes amis, je suis sorti, j'ai respiré l'air du dehors, parce que dedans il faisait rudement chaud et mes amis sont arrivés. Ils m'ont dit que tout le monde était dans l'admiration de ce que cet homme était capable de faire (et aussi de river leur clou à tous ces gens porteurs de belles robes), et nous, on a pris le chemin du retour.

On imaginait tout ce qu'on allait pouvoir raconter aux autres de mon village, et la fête qu'on allait faire tous ensemble et je me disais que les copains c'est vraiment une belle chose. Alors j'ai pu moi aussi bénir mon D.ieu et le bénir d'avoir envoyé cet homme Jésus.

mardi, décembre 04, 2012

"Le sang de la croix"


Quand on participe à une célébration eucharistie, des phrases  telles que " Le sang de la croix" ne nous heurtent plus. Bien sûr, nous rétablissons les choses automatiquement: ce n'est pas la croix qui saigne mais le corps de Jésus qui se vide de son sang. Il est alors figure de l'agneau immolé de la Pâques et la prophétie d'Isaë 53  (4° chant du serviteur) est réalisée.

Seulement ce matin en entendant ces mots: "le sang de la croix", je me suis dit que le supplice de la croix était un supplice qui provoquait une mort lente par étouffement lié à la fatigue. Il est un supplice sans sang versé (bien sûr il y a des clous, mais pas toujours et c'est la flagellation qui semble elle  être systématique et qui a pour but d'affaiblir le condamné qui ouvre des plaies et donc du sang)  et c'est une morte lente.

 Jésus lui, ne meurt pas seulement d'étouffement mais bien du sang qui s'écoule de lui de son vivant: les plaies du fouet et de la couronne d'épines et après sa mort: de son côté (il en sorti du sang et de l'eau).
Ce n'est que peu de temps avant la passion que Jésus parle de la croix (Mat 20, 19 et Mat 26,2) comme mode de mise à mort.  Certes il a dit qu'il serait livré, mis à mort mais sans dire comment. Peut être que les apôtres n'auraient pas supporté d'imaginer leur maître mourir comme le dernier des esclaves. Il suffit de penser à la réaction de Pierre à Césaré quand Jésus annonce pour la première fois ce qui va advenir de Lui.

Je me disais que la croix est de fait le lieu où Jésus meurt, donc un autel. Il est là entre ciel et terre et comme Isaac, il est lié sur le bois. Sur le plan symbolique, il me semble que cela est très important mais si Isaac est "sauvé" Jésus "sauve". La mort sur la croix, c'est être "à bout de souffle", c'est donner ce souffle  jusqu'au dernier. Et ainsi  ranimer l'humanité et lui donner la vie.
Jésus accepte de se donner ce qui n'est pas le cas d' Isaac. Le sang versé, actualise, réalise les prophéties d'Isaïe et de certains psaumes.

Si la croix ( l'autel) est en dehors de la ville, cela montre  que le Temple n'est plus le lieu de la présence (déchirure du voile au moment de la mort de Jésus) et que le sang versé est bien l'accomplissement des paroles dites lors du dernier repas le sang la nouvelle alliance versé pour vous (les disciples) et la multitude (universalité).

Ne peut -on dire que quand Jésus parle la coupe de son sang, il prophétise quelque chose qui va se réaliser. Choisir le vin comme symbole de cela, c'est à dire prendre les grains pressés qui donnent tout ce qui est en eux, est une image de ce que Jésus va faire en mourant sur la croix: il se donne en entier, il est à la fois le blé qui meurt en terre et le raisin qui donne tout ce qui est lui et le souffle qui féconde.

Par ailleurs permettre à des hommes de boire le sang (symbole de la vie) qui normalement est réservé à Dieu seul, montre d'emblée ce qu'est la nouvelle alliance: participation à la Vie de Dieu (même si c'est quelque chose que chacun a à découvrir).

Et je pense que c'est ce don total, réalisé en toute connaissance de cause qui fait de lui l'agneau pascal, l'agneau "saigné" par les prêtres, et son sang versé devient signe de l'alliance nouvelle entre l'humanité et Dieu, alliance qui fait rentrer tous les hommes dans leur rôle de co-rédempteurs, car si nous sommes aussi corps du Christ, alors avec lui nous participons au salut chaque fois que l'amour nous emmène là où n'avons peut être pas forcément envie d'aller.

En écrivant ce billet, il m'est revenu un chant que j'ai aimé, mais je suis incapable de dire quand (époque) on le chantait, mais j'en aimais et la musique et les paroles...

Ô Dieu recois ce froment broyé, Vois comme est beau ce pain, qu'il soit son corps.
Ô Dieu reçois ce raisin pressé, vois comme est beau ce vin, qu'il soit son Sang.

Je ne suis même pas sûre que ce sont les bonnes paroles, mais peu importe.





samedi, décembre 01, 2012

"Réflexions pas encore assez approfondies sur le mal".



Ce billet se veut une réflexion sur le Mal. Ce n'est pas la première fois que j'aborde ce sujet, mais là c'est peu différent et je dois reconnaître que c'est difficile car il ne s'agit pas du malheur mais du mal commis qui fonctionne un peu comme un tsunami dévastateur, qui lamine pour le plaisir de laminer, qui détruit pour le plaisir de détruire et d'avilir. C'est un mal dirigé contre ce qu'il y a d'humain dans l'homme.  


La récente lecture d'un roman : "Tokio" est à l'origine de ce questionnement. Comme souvent je me suis demandé quelle est la réponse peut on trouver dans la bible quand le Mal est au delà du mal. Le mal peut -il être vaincu "aujourd'hui"? Et  m'est revenu un refrain appris lors d'un pélèrinage de Chartres,"la victoire que a vaincu le monde, c'est notre foi" qui aurait pu être une réponse, seulement voilà, aujourd'hui je trouve que telle quelle cette phrase n'a aucun sens. J'y reviendrai. 



Par ailleurs, j'aurais tendance à dire que la mort et le mal sont là depuis toujours, qu'ils n'ont pas été introduit par la désobéissance (désobeissance qui en soi est une bonne chose puisqu'elle permet que les yeux s'ouvrent et que l'extérieur soit conquis) et que le mal est (si on veut être positif) un excellent moteur. Quand il est dit (Gn1) que le chaos (régnait ) ne peut -on penser qu'il  a fallu combattre pour séparer, pour créer et rien ne dit que ce fut facile! Je me demande si si le serpent qui est à l'extérieur du jardin (Gn3) n'est pas une figure du "retour du refoulé"... Mais ceci est une parenthèse.  



Je pense qu'on oublie un peu trop souvent que le mal est présent et qu'il y a un réel combat (nous savons bien ce qui parfois se passe en nous. peut être que le livre de l'Apocalypse est précieux à ce niveau là: combat permanent avec les forces du mal). 


J'aurais aussi tendance à dire que la mort de Jésus est pas uniquement une réconciliation avec Dieu présenté non comme un Dieu de miséricorde et d'amour mais comme le Dieu de la Colère qui vient et de la Vengeance "car le Dieu Père, sait bien que  que nous sommes fragiles, fluctuants souvent incapables de faire ce que nous aimerions faire ) mais le prix à payer pour que le mauvais- celui qui se prend pour Dieu- perde son combat. Peut être a t il cru gagner une fois Jésus mort, mais la résurrection est bien le signe qu'il n'en n'est rien et que la mort et le MAL peuvent être vaincus, du moins qu'ils le seront. 


Mais peut être y a t il mal et Mal. Le Mal dont il est question dans le roman c'est ce mal qui détruit non seulement le corps mais qui va au delà. Il renvoie à ce qui s'est passé pendant la deuxième guerre mondiale et mais aussi à ce qui se passe dans les pays en guerre, où les civils sont pris pour cibles et considérés comme des objets, et peut-être même moins que des objets.


J’ai trouvé il y a quelques jours un texte qui est une somme de plusieurs textes, tous remarquables qui posent la question du mal à propos des femmes violentées dans la région des grands Lacs d’Afrique.
Voici le lien http://www.lavie.fr/actualite/monde/guerre-du-kivu-des-chretiens-au-chevet-des-femmes-violees-27-11-2012-33610_5.php. Il suffit ensuite de télécharger le document en pdf. Ce texte pourrait peut être servir ici en Europe, car le Mal ce n’est pas ailleurs et les abus sont aussi réels en Europe qu’en Afrique. Quand le mal déferle comme un tsunami sur une population que faire? 


J’en reviens maintenant à ma propre mouture. 

J'ai donc lu ce livre« Tokio » dont l’auteur est Mo Hayder. Il s’agit d’un thriller magnifiquement écrit, qui décrit entre autre l’invasion japonaise de la Chine en 1937, le sac de Shangaï et celui de Nankin. Une des questions posée tourne autour du mal commis. Pourquoi certains êtres humains (mais sont ils encore humains) se transforment ils en monstres capables de prendre la vie des autres pour s’en nourrir  (et là au sens propre de cannibalisme) ou pour le dire autrement pourquoi certains êtres humains dans leur désir de tuer, d’annihiler pour devenir les plus forts,  se transforment-ils en monstres.

Ce qui est décrit au fil de ce roman, c’est le Mal avec un M majuscule. Il s’agit non pas de détruire mais de détruire au delà de la mort. Or cela se passe chaque fois que quelqu’un s’érige en dieu et décide de faire da propre loi en devenant le plus puissant possible et en faisant régner la peur (c’est ce que nous voyons dans notre société dans les cas de maltraitance domestique).

 L’auteur du roman fait une différence entre les personnes qui font le mal pour leur propre profit, pour leur jouissance et ceux qui étant eux mêmes en grande souffrance, ne se rendent pas vraiment compte de ce qu’ils font. Elle appelle cela l’ignorance et cela fait penser à ce que Jésus dit de l’intendant qui connaît la volonté de son maître et ne la suit pas et qui de ce fait sera d’avantage puni (coups de bâtons) que celui qui ne connaît pas ce que le maître attend de lui (Luc 12,47).

Jésus dans les évangiles ne donne pas d'explications à la question du mal. Quand on lui parle des galiléens mis à mort par Pilate, il répondra que ces hommes ne sont pas plus pécheurs que les autres (donc pas plus mauvais et par conséquence que ce qui leur est arrivé n’est pas une punition), mais que ceci doit pousser les spectateurs à se convertir, c’est à dire à changer. De même pour l’aveugle né, il dira que ni lui ni ses parents n’ont péché  (donc cela n’est pas la conséquence d’un acte mauvais) mais que cela va avoir un sens aujourd’hui pour ceux qui sont là (et aussi bien sûr pour celui que est guéri). Ce qui est certain c’est que Jésus ne fait pas de lien entre le mal qui arrive à quelqu’un et une faute commise (thématique chère aux amis de Job) et c'est déjà très important de comprendre que le malheur n'est pas une punition, mais il ne l’explique pas.

Il y a quand même une phrase un peu étrange prononcée par Jésus dans l’évangile de Mattieu (10,28): « Ne craignez rien de ceux qui tuent le corps mais ne peuvent tuer l’âme ; craignez plutôt Celui qui peut perdre dans la Géhenne à la fois l’âme et le corps ».  Je crois que cela exprime une crainte très réelle, il y a des situations « infernales » dans lesquelles l’âme risque d’être détruite, déshumanisée aliénée. Elle ne sait plus qui elle est, elle risque de devient en quelque sorte la proie du Mal.

Les écrits de E.Hillesum, montrent qu’il est possible, du moins à certains, de refuser cela. Elle a refusé de se laisser détruire, elle a refusé le désespoir, elle a maintenu en elle la vie, et la vie avec un Dieu qu’elle voulait protéger, maintenir vivant. Il semble que ce soit le chemin car en faisant cela elle aimait à la fois ceux qu’elle rencontrait et le Dieu qui était au cœur de son cœur. Mais est-il possible pour tous ?

Résister à ce mal qui prend votre identité, qui vous réduit à l’état d’objet, ne pas plonger dans les ténèbres, c’est certainement ce qu’a fait Jésus à Gethsémani et sur la croix, mais sans que pour autant le Mal en tant que tel ne soit vaincu. Je veux dire que certes la mort a été vaincue puisque Jésus est le Vivant, mais à moins d’être aveugle, il est impossible de dire que nous vivons dans un monde où le Mal serait absent. Il s'agit d'un combat et le combat est actuel et de ce combat nous sommes parties prenantes comme le Christ l'a été. 

On dit encore souvent que la Mal a été vaincu par la croix. Mais je ne pense pas qu'il s'agisse de l’objet « croix » mais de bien autre chose. Bien sûr la croix c'est ce truc en bois sur lequel on mettait à mort par étouffement les malfaiteurs. elle a donc cette connotation d'objet de répulsion (une potence parle peut être mieux tellement nous sommes habitués à la représentation de la croix)qui devient objet de notre adoration puisque par la mort de l'un, la vie a été donnée à tous les autres. Mais je pense que la croix de Jésus c'est sa souffrance de ne pas avoir été entendu, d'avoir été abandonné par les siens (même si cela leur a permis de rester vivants , de recevoir l'Esprit et de devenir ses témoins) et surtout au delà même de la trahison de l'un de ses proches de n'avoir pas pu faire bouger ceux que Dieu avait choisi pour annoncer le salut à tous les peuples (message des prophètes).

La croix de jésus c'est son échec si l'on peut dire. Quand Il dit: si quelqu'un veut me suivre qu'il prenne sa croix, je pense que la croix dont il parle c'est la même chose que le grabat que le paralytique doit porter. Je veux dire que le grabat était le signe de la maladie, de sa paralysie et de la guérison. Prendre sa croix (c'est un geste actif qui s'oppose au passif de porter) c'est reconnaître sa fragilité, sa capacité à ne pas faire le bon, mais à ne pas se laisser écraser par la culpabilité; Jésus nous guérit de cela, de cette culpabilité qui paralyse, emprisonne et fait de nous des morts.

Je crois (ou j'imagine) que ce que vit  Jésus au jardin des oliviers c’est une vision du mal qui enserre tous les hommes et qui va provoquer chez lui cette compassion qui travaille au plus profond des entrailles jusqu’à les déchirer, et qui le met en  « agonie ». Que Jésus ait eu peur de ce qui l’attendait, oui, parce que pour devenir agissante cette passion devait aller jusqu’au bout, corps et âme, mais nous ne sommes pas absents de sa souffrance: je pense qu'il voyait bien au dela de sa mort à lui et que sa souffrance était sous-tendue par sa compassion pour nous. 

La résurrection nous permet d’entrevoir que désormais, en nous laissant aimer et en essayant d’aimer comme Il l’a montré, nous pourrons être vainqueurs du Mal (ce qui ne veut pas dire que le malheur nous sera épargné), que nous ne serons pas maîtrisé par cette force que nous subissons malgré nous. Elle ne nous détruira pas, elle ne tuera pas ce qui est de l’humain en nous.


Comme je le disais dans le début de ce billet, à condition de prendre une autre traduction, on trouve dans la première épître de Jean une réponse théologique (si l’on peut dire) à la question du mal la voici  (à condition d'entendre par "monde" le lieu où le Mal est présent en maître:

 1 Jn 5 : 4"parce que tout ce qui est né de Dieu triomphe du monde, et voici la victoire qui triomphe du monde : notre foi. 5Qui est celui qui triomphe du monde, sinon celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu" ?

En d'autres termes croire en Jésus comme le sauveur, le Fils de Dieu et apprendre chaque jour à aimer comme Lui a aimé, nous permet de vaincre les ténèbres dans lesquelles nous vivons même si nous ne le voyons pas (parce que la cécité c'est un peu notre lot), et donc de vaincre le mal. 


Savoir que Jésus est vainqueur des forces qui voulaient sa mort, savoir qu’il est tous les jours avec nous et qu’Il nous donne son Esprit peut nous permettre un jour après l’autre de résister à ces forces, qui pour moi sont autant en nous (cette bête tapie en nous qui nous convoite Gn4, 7) qu’à l’extérieur de nous . 



Alors que pouvons nous faire? Je dirai en utilisant cette définition du salut ( « En Christ, l´accomplissement du Salut réconcilie l´homme avec sa dignité première là où le péché l’en avait parfois écartée ») faire tout ce qui est possible pour chacun d'entre nous pour réconcilier l'homme avec sa dignité.